Chapitre 34

Un aperçu de l’enfer.

Son regard hétérochrome se posa immédiatement sur Bakugou, adossé contre le haut du lit, redressé dans une position assise. Le cendré avait le regard perdu sur ses draps, le visage relativement calme. Todoroki s’avança dans la pièce, un fin sourire étirant ses traits, et se posta à coté du lit, debout, attirant enfin le regard rubis qu’il aimait tant sur lui. 

« Bonjour, Katsuki. Comment tu te sens aujourd’hui ? Questionna le bicolore en s’asseyant sur le rebord du lit, les yeux rivés sur le visage du garçon. À vrai dire, il ne savait pas s’il devait l’embrasser ou non. Cet acte s’était fait le vendredi et, depuis, ils n’avaient pas eu l’occasion d’en parler. 

- Ça pourrait être mieux. Mais ça va. Répondit le convalescent, détournant le regard vers la fenêtre où on apercevait un morceau du parking de l’hôpital, quelques arbres du petit parc encore dépourvus de feuilles, et une partie du ciel nuageux de cette fin février. 

Il y eut un silence, quelques longues secondes où aucun des deux héros ne voulait prendre la parole, ne sachant pas vraiment comment s’y prendre. Shoto fut le premier à rompre ce léger malaise. 

- J’ai croisé Kirishima avant d’entrer. Il m’a dit qu’il devait partir. Il a également parlé de résultats que le médecin t’apportait. Bakugou reposa son regard sur le bicolore, dans un premier temps surpris, puis certainement frustré. Devant son silence, Todoroki continua. Il s’agit de tes analyses sanguines ? De ton bilan général ? Est-ce que tu veux en parler ? 

L’inquiétude qui perçait dans les yeux du garçon percuta Katsuki de plein fouet, lui faisant baisser la tête. 

- Mes analyses sont plutôt bonnes. J’ai plusieurs carences à cause de leurs perfusions merdiques mais, avec une alimentation correcte – que je pourrais bientôt retrouver – ça devrait vite se rétablir. 

- Ça, c’est une bonne nouvelle. Todoroki souffla, rassuré. Il t’a dit quelque chose d’autre ? Pour ta rééducation ? 

- À ce propos… Bakugou s’arrêta, déglutissant avec peine, chose qui alerta Shoto. J’ai commencé pour les jambes ce matin. Mais ils veulent des analyses complémentaires pour mes bras, surtout le droit. Il pinça violement ses lèvres juste après avoir finit sa phrase, fronçant les sourcils afin de masquer la peur qui grandissait en lui. Le bicolore posa sa main sur celle du garçon, caressant sa peau de son pouce dans un geste rassurant. 

- Qu’est-ce qu’il t’en a dit, exactement ? Sa voix était douce, ne voulant pas brusquer le cendré. 

- Il a parlé d’une… D’une paralysie de l’épaule. Il n’en connaît pas la gravité potentielle et il veut tester mes muscles et tout le bordel qui va avec. Chaque mot semblait atrocement difficile à articuler pour Katsuki. Le garçon serrait les draps dans ses mains, se sentant impuissant. Je peux bouger ma main et mon coude, mais pas plus. Pourtant, j’y arrive avec le gauche… 

Todoroki remarqua les larmes qui menaçaient de couler sur les joues du garçon. Il posa tendrement ses mains sur celles-ci, relevant au passage le visage de Bakugou vers lui. 

- Katsuki, tu sors d’un coma de plus d’un mois, tu as besoin d’une longue récupération après une telle épreuve. Si ça se trouve, il s’agit d’un simple blocage. Attendons les examens complémentaires, d’accord ? Mordant sa lèvre inférieure, les yeux ancrés aux pupilles hétérochromes de Shoto, le cendré hocha imperceptiblement la tête, voulant faire confiance au héros qu’il aimait. Puis, même s’il s’agit bien d’une paralysie, il doit y avoir des traitements possibles contre ça. On fera ce qu’il faut, ce que tu veux. 

La simple mention d’un « on » fit bondir le cœur de Katsuki, qui fut ravi d’être enfin débarrassé du monotoring qui aurait trahi ses ressentis. Ils s’observèrent ainsi, sans bouger ni parler, juste perdus dans l’intense regard opposé. Un sentiment d’apaisement planait dans la pièce, les enveloppant dans un cocon de sérénité plus qu’appréciable. 

Katsuki baissa les yeux quelques instants sur les lèvres du bicolore, brisant le cocon afin d’obtenir des réponses. 

- Shoto… Pourquoi tu m’as embrassé vendredi ? 

- Pourquoi tu m’as demandé de recommencer ? Répliqua du tac au tac Todoroki, faisant ainsi piquer un fard au cendré. 

- J-J’ai posé la question en premier ! Répond, idiot. Todoroki, ne s’attendant pas à une telle réaction, laissa échapper un petit rire qui embarrassa d’autant plus le garçon. Se ressaisissant vite, il prit une inspiration en fermant les yeux, puis les rouvrit, portant toute son attention sur Bakugou. 

- Très bien, comme tu veux. Tu te rappelles de ce que je t’ai dit vendredi ? Quand j’ai cru te perdre, j’ai vraiment cru que ma vie entière s’écroulait. Je n’avais pas réalisé la place immense que tu avais à mes yeux. Jamais je n’aurais pensé que tu puisses devenir si important pour moi, en si peu de temps. Je veux dire, on a passé trois ans d’études ensemble et on se supportait à peine. Pourtant, depuis ce soir de septembre où je t’ai ramené chez moi, je n’ai cessé de m’inquiéter pour toi, de vouloir te connaître mieux, te découvrir, te comprendre, t’aider, te faire rire, te rendre heureux. À tel point que mes sentiments pour toi ont dépassé le simple stade de l’amitié. Tu me plais, Katsuki. Comme personne ne m’a plu depuis longtemps. J’ai tellement regretté de ne pas t’avoir dit ça plus tôt. Je me suis maudis de ne pas avoir compris avant mes vrais sentiments à ton égard. Mais tu t’en es sorti et je ne veux pas passer à coté d’une seconde chance que l’on m’offre. Alors, Katsuki Bakugou, est-ce que tu accepterais de sortir avec moi et de devenir ainsi mon petit ami ? 

Le monologue du garçon avait sidéré Bakugou. Il ne s’attendait clairement pas à une déclaration en bonne et due forme. Pourtant Todoroki était là, attendant sa réponse avec un regard tendre et certainement une bonne dose de stress. La distance qui les séparait était relativement courte. Tant et si bien que Katsuki saisit le col du bicolore de sa main gauche et l’attira à lui, plaquant ses lèvres contres leurs jumelles dans un baiser euphorique. Il avait l’impression que tous ses problèmes venaient de disparaître. Que, si Shoto était là, alors tout irait bien. 

Les deux garçons se séparèrent et, afin de ne pas laisser le moindre doute au héros numéro deux, Katsuki prit directement la parole. 

- Au cas où tu te poserais la question, ça veut dire oui, idiot. »

Shoto lui offrit un grand sourire – chose qui était très rare de sa part, malgré une grande évolution de ses émotions – qui fit fondre le cœur de l’explosif, avant de prendre possession de ses lèvres une seconde fois, pour un baiser plus passionné et long que le précédent.

Les lèvres de Katsuki contre les siennes étaient une douce caresse à laquelle il savait qu’il serait très vite accro. Ils s’embrassèrent ainsi sans se lasser, pendant de longues minutes, appréciant la proximité de l’autre. Ils durent néanmoins reprendre contenance lorsqu’une infirmière entra dans la chambre afin de changer la perfusion de Bakugou. 

Après ce moment de gêne où, tels des gamins en train de faire une bêtise, ils s’étaient fait surprendre par la jeune rousse en blouse blanche, ils s’étaient contentés de discuter, restant proches l’un de l’autre, leurs mains entrelacées amoureusement. 

Le médecin fut de retour vers six heures, de nouveaux papiers en main. Katsuki resserra sa prise sur la main de Todoroki, faisant comprendre à ce dernier, par la même occasion, qu’il voulait qu’il reste. L’homme en blanc, après un regard à son patient, commença à parler. 

« Bien. Les examens supplémentaires qui ont été faits confirment mes soupçons. Nous avons effectivement une atteinte de l’épaule. Nous allons procéder à un examen neurologique afin d’étudier la motricité de l’ensemble de vos muscles de façon individuelle. De cette façon, nous aurons le meilleur diagnostic possible et pourrons agir en conséquence. 

- Et qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Demanda Katsuki tout en observant le médecin faire le tour du lit et s’asseoir sur le rebord de celui-ci. 

- Je vais commencer par une palpation des muscles. Vous devrez me dire si c’est douloureux. Ensuite, je vous demanderais certains mouvements et vous les exécuterez comme vous le pouvez. Enfin, on verra les mobilités passives. En clair, je bougerai votre bras. Ok ? Le cendré hocha la tête, sentant la main de Shoto enserrer sa sienne fermement, lui prouvant qu’il était là. L’homme débuta sa palpation de l’épaule de Bakugou. Ce dernier sentait ses muscles tiraillés, mais rien de bien important. Jusqu’à un touché qui fut bien plus douloureux, le faisant grimacer. Hum… Le deltoïde est touché. Je n’en perçois pas d’autres comme ça. Bien, voyons les mouvements que vous pouvez effectuer. »

 Aidant le garçon à se redresser du mieux possible dans le lit, le médecin effectua divers mouvements, demandant à Katsuki de les reproduire. Notamment la rotation du coude vers l’extérieur, mettre la paume de main vers le haut, replier l’avant-bras dans le dos, une élévation du bras vers l’avant ou l’arrière, de même qu’en latéral. Pour tous les mouvements où l’épaule était impliquée, Bakugou les exécuta avec difficultés, avec des angles de mobilité réduits par rapport à la normale. Quand aux tous derniers, il fut simplement incapable de les réaliser. Puis, avec le bras droit de Katsuki, l’homme réalisa divers mouvements, demandant en permanence à Bakugou d’évaluer sa douleur sur une échelle de 1 à 10. Shoto observait toute la scène se dérouler devant ses yeux, impuissant, attendant le diagnostic du docteur.

L’homme relâcha enfin le bras de Katsuki, annotant rapidement quelques mots sur les papiers qu’il avait. 

« Vous souffrez d’une paralysie du deltoïde, certainement due à une atteinte du nerf axillaire. Cela explique l’impossibilité des mouvements extenseur du bras, que ce soit en avant, en arrière ou en latéral. Vous devez également sentir une perte de force par rapport à votre bras gauche, n’est-ce pas ? Katsuki se contenta de hocher la tête, les pires scénarios lui venant déjà à l’esprit.  Il vous faudra une rééducation adaptée pour votre bras, et longue. Les regards des deux jeunes hommes s’illuminèrent d’espoir. 

- Vous voulez dire que je vais pouvoir bouger normalement à nouveau ? 

- Il y a de grandes probabilités que vous retrouviez votre liberté de mouvement. Soit grâce au rétablissement de votre muscle, soit à la compensation partielle d’autres muscles. Il est également possible que, malgré la rééducation, aucune amélioration ne se fasse. 

Cette idée plomba quelque peu Katsuki. Ce fut Shoto qui posa les questions suivantes. 

- La rééducation durera combien de temps ? S’il n’y a pas d’amélioration, qu’est-ce qu’on peut faire ? 

- C’est variable, mais nous estimons la récupération spontanée possible jusqu’au cinquième mois environ. Après, il est possible d’effectuer une exploration chirurgicale du nerf vers le 6ème mois, puis voir pour une neurolyse ou même une greffe, ce qui implique une récupération des fonctions dans un laps de temps de huit à quatorze mois. En dernier recours, il reste les transferts palliatifs. Ils se font généralement un an et demi après et impliquent une récupération bien moins bonne. 

- Et pour mon métier ? Je pourrais toujours être un héros après ça ? La voix de Katsuki était tremblante, comme s’il était sur le point de craquer et de fondre en larmes. 

- Si votre récupération se passe bien, d’ici quelques mois oui, avec des précautions et un équipement renforcé afin de ménager votre articulation. Mais, dans l’éventualité ou ça se passerait mal…

- Merci docteur. C’est tout ce que j’ai besoin de savoir pour l’instant. »

 Bakugou avait interrompu l’homme avant qu’il ne passe aux aspects négatifs. Savoir qu’il pouvait s’en remettre lui donnait l’espoir suffisant et, même si son regard était triste, une pointe de détermination y brillait, semblable à une frêle flamme dansante. Il n’allait pas se laisser abattre par un nouveau coup dur de la vie. Il était Katsuki Bakugou, après tout. 

Le médecin quitta la pièce après avoir précisé que, avec le diagnostic maintenant complet, sa remise en forme commencerait réellement dès la semaine prochaine. 

Les deux héros se regardèrent une nouvelle fois. Le regard vairon de Shoto n’exprimait que de la douceur et Bakugou fut soulagé de ne pas y voir de pitié. Il était fort, et il allait lui prouver. 

« Je vais la faire, cette rééducation. Je vais m’en remettre parfaitement et retrouver ma place dans le top cinq des héros. Hors de question qu’une pauvre paralysie à la con ait raison de moi lorsque j’ai vaincu une explosion. »

Soulagé par tant de détermination et de volonté provenant du garçon, Shoto ne put que sourire, acquiesçant lentement aux paroles de Katsuki avant de se pencher pour l’embrasser chastement. 

Imaginer rester paralysé était un aperçu de l’enfer suffisant pour Katsuki. Si bien que c’est impatient qu’il entama sa longue remise en forme. Il était loin d’être le patient idéal depuis qu’il était réveillé : grognon, maudissant tout ce qu’il pouvait, de la nourriture aux machines et passant pas les entraînements qu’il avait ou même – seulement parfois – le personnel médical lui-même. 

Finalement, c’est les infirmières qui eurent cet aperçu de l’enfer en s’occupant de lui au quotidien. 

◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇◇

Hey ! Voici le chapitre 34 !

Déclaration et résultats mêlés, combinés avec un superbe fanart de celle que je n'ai même plus besoin de vous présenter mais que je vous présente quand même : Dynamalya ! 😙

J'espère que ce chapitre vous a plu et je vous dis à la semaine prochaine pour la suite !

Baiser monochrome,

-DianaV🌺

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top