Chapitre 33
Qu’est-ce que j’ai manqué ?
Katsuki s’était très vite fatigué le vendredi et ce fut la même chose le samedi. Il se remettait lentement et avait encore besoin de beaucoup de repos. Aucun des trois n’avait voulu laisser le garçon seul. Mitsuki était donc resté avec lui le vendredi soir, relayée de bonne heure par son mari. Shoto, quant à lui, avait veillé sur Bakugou à partir du milieu d’après-midi jusqu’au lendemain matin puisque, ce soir-là, il ne travaillait pas. Mitsuki l’avait remplacé au petit matin, laissant le héros se reposer pour sa garde du soir.
Katsuki, qui avait passé ces deux jours à somnoler, était bien réveillé le dimanche matin. Son coté impatient ressortit très rapidement lorsqu’il apprit qu’il devrait encore passer cinq jours de repos, à rester allongé dans ce lit sans pouvoir espérer en sortir. Il crut qu’il allait faire un malaise à cette annonce.
Il avait du mal à digérer cette nouvelle. Lui qui était une personne d’action, qui aimait bouger, sortir, faire du sport, qui avait simplement du mal à rester en place, se sentait déjà étouffer dans cette chambre. Pourtant, aux vues du ton ferme du médecin et de sa mère, il n’aurait pas d’autre choix que d’attendre s’il voulait sortir. Son bras droit était toujours perfusé, et il ne le bougeait quasiment pas, saisissant son gobelet de la main gauche lorsqu’il voulait boire ou qu’il avait besoin d’appuyer sur l’énorme bouton rouge qui bipait les infirmières.
Reportant son attention sur sa mère, il vit que celle-ci était fatiguée, les yeux cernés et plissés à cause du manque de sommeil qu’elle avait dû accumuler pendant son coma, et depuis qu’il était réveillé. Il assura à cette dernière qu’il pouvait rester quelques heures seul mais la blonde refusa fermement, bien décidée à veiller sur son petit démon.
Il était un peu plus de huit-heures trente lorsque deux infirmières entrèrent dans la chambre, sur ordre du médecin, afin d’aider Katsuki à faire les premiers mouvements avec ses jambes depuis bien trop longtemps. Mitsuki sortit se prendre un café, laissant les demoiselles faire leur travail. Assise sur une chaise en plastique blanc, touillant son café noir contenu dans le petit gobelet cartonné distribué par la machine, la blonde reconnut une voix familière s’élever depuis l’accueil. Elle releva la tête et aperçut, sans grande surprise, Kirishima. S’armant d’un sourire, elle se dirigea vers le garçon.
« Eijirou, ça fait plaisir de te voir mon garçon.
- Oh Madame heu… Mitsuki. Se ravisa le garçon face au regard meurtrier que lui avait envoyé la blonde. Vous allez bien ? Je venais voir Baku vu qu’il est réveillé mais apparemment je peux pas… Fit le héros, une moue chiffonnée sur le visage.
- Je vais bien, c’est gentil. Oui, il est en ce moment-même entre des mains expertes.
- Oh, sa toute première séance de rééducation ?
- Oui, même s’il va devoir rester allongé. »
Ils se sourirent, imaginant déjà les difficultés que pouvaient rencontrer les infirmières. Kirishima suivit la blonde et prit lui aussi un café au distributeur, s’asseyant et discutant avec la mère de son meilleur ami. Ce n’est qu’une bonne demi-heure plus tard qu’ils virent les deux femmes, l’air exténuée, revenir et signaler à leur collègue que les visites pouvaient reprendre.
Ils montèrent donc dans la fameuse chambre 3112. Katsuki était dans un état similaire à quelqu’un venant de faire du sport, ou plutôt d’étirer de grosses courbatures. Sa respiration était légèrement saccadée, il mordait sa lèvre, sentant certainement une sensation peu agréable parcourir ses membres inférieurs fraichement sollicités. Pourtant, lorsqu’il vit sa mère et son partenaire entrer, il fronça les sourcils, tentant de dissimuler ce qu’il pouvait ressentir. Kirishima, bien qu’il le remarqua, préféra ne rien dire et simplement s’asseoir sur la chaise proche du lit.
« Salut bro, la petite sieste est finie ? Il lui sourit gentiment et Katsuki leva les yeux au ciel.
- Yep. J’en ai déjà marre d’être coincé dans ce lit. Sa voix était encore enrouée mais elle ne l’abandonnait plus lâchement en plein milieu d’une phrase, alors il la supportait ainsi.
- Pourtant, il faudra t’y faire encore jusqu’à vendredi. Mitsuki, debout derrière Eijirou, observait son fils. Ce dernier soupira, détournant le regard.
- Ouais. Je sais.
- Enfin, si Eijirou est là pour te tenir compagnie, je vais rentrer à la maison un peu.
- Je comptais rester jusqu’à cet après-midi. Ça fait une éternité que j’ai pas parlé à Baku. Vous pouvez rentrer vous reposer, Mitsuki. Kirishima lui adressa un grand sourire lumineux comme il savait les faire. La blonde hocha la tête et, déposant un baiser sur la joue de son fils – qui râla pour la forme – ainsi que sur celle du héros viril, elle quitta l’hôpital, laissant les deux jeunes hommes dans la pièce. Un léger silence flotta mais fut brisé par le cendré.
- T’as des choses à me raconter, Kiri. Devant le regard perdu que lui adressa son ami, Katsuki soupira avant de reprendre. Qu’est-ce que j’ai manqué, pendant plus d’un mois ?
- Oh, ça ! Je suis bête ! Alors, par où je commence…
- Par le début. Il s’est passé quoi après l’explosion ?
- Oh… Quand ça a explosé, on était tous paniqués. On savait qu’avec Denki, vous étiez là-bas. Donc on a immédiatement commencé les recherches pendant que les blessés étaient soignés ou emmenés à l’hôpital. On vous a rapidement retrouvés. T’étais dans un sale état, mec. Ton dos était brûlé, saignait de partout, on sentait à peine ton pouls. T’as pris le plus gros de l’explosion et la blondinette qui était avec toi n’a quasiment rien eu. Tu lui as littéralement servi de bouclier. Denki a eu quelques dégâts mais s’en est vite remis et l’autre jeune s’en est bien tiré aussi. Grâce à toi.
- Bon, c’est déjà bien. Y’a eu beaucoup de blessés ?
- Quelques uns. Kendo était dans un sale état mais va bien mieux maintenant, Shinso est resté hospitalisé un bon moment, dans un coma artificiel comme toi, mais moins longtemps. Sen, le coéquipier de Shinso, n’a pas eu autant de chance. Il a été enterré y’a un mois. Mina aussi a été gravement blessée mais elle s’en est remise. Par contre, le bébé…
- Quoi ? Quel bébé ? Katsuki était confus, ne sachant pas de quoi parlait le rouge.
- Ouais… En fait, ils ne l’avaient pas encore annoncé, mais Mina était enceinte de deux mois. Les médecins ont pu la sauver elle, mais pas le bébé.
- Merde. Ils vont comment, avec Hanta ?
- C’est difficile, pour eux. Surtout pour Mina. Elle se sent coupable. Il y eut un silence douloureux, où chacun des deux garçons pinça ses lèvres. Enfin, les autres blessés étaient plutôt légers. Todoroki avait un bras et une cheville d’abîmés mais a vite été remis sur pied. Katsuki hocha la tête, toujours attentif aux paroles de son ami. D’ailleurs, il était énormément inquiet lorsqu’il t’a vu blessé. Tellement qu’il a tenu à t’accompagner jusqu’à l’hôpital. Et, une fois ici, il est resté jusqu’à ce qu’on ait des nouvelles de Shinso et de toi. Même après, il a refusé de rentrer avant de t’avoir vu. Et il a fallu qu’on le force, avec Midoriya, à rentrer chez lui.
Bakugou observait le héros, surpris par ces aveux.
- Vraiment ?
- Ouais, il s’était endormi sur cette chaise, en te tenant la main. Katsuki sentit ses pomettes chauffer rien qu’à imaginer cette scène dont Kirishima avait été témoin. Le garçon remarqua la gêne de son ami et décida d’enfin obtenir ses réponses. C’est sur lui que tu craquais ? Le cendré tourna son visage vers la fenêtre, évitant tout contact visuel avec le héros. Mais son rougissement était visible jusque sur ses oreilles, ce qui fit sourire un peu plus Kirishima. Tu sais, Baku, t’as pas besoin de me cacher des choses. Si ça me dérangeait, je t’en parlerais pas. Puis, t’as pas à avoir honte de quoi que…
- J’ai pas honte, crétin ! Repris Bakugou, haussant la voix tout en faisant volte-face, complétement embarrassé. Notant le regard amusé de Kirishima, il fit claquer sa langue contre son palet avant de poursuivre, plus calmement. Ouais. C’est lui.
- Ah ! J’avais raison ! Momo me doit vingt balles ! S’exclama le rouge, le poing levé vers le plafond, devant le regard incrédule de Katsuki.
- Vous avez parié … ?
- Ouais ! Elle pensait que tu craquais pour Denki, bien qu’il soit en couple, et que c’était pour ça que tu ne voulais pas en parler. Katsuki manqua de s’étouffer, sentant la gêne l’envahir une nouvelle fois. T’as vu ça ? Elle a été chercher ça loin !
- Ouais… en effet…
- Et donc, avec Todoroki ?
- Bah quoi ?
- Genre, vous en étiez où ? Et maintenant ? Parce qu’il s’inquiétait bien plus que pour un simple ami.
- Y’avait rien de particulier… Kirishima, les yeux posés sur son ami, scrutait son visage, ses réactions, attendant la suite. Jusqu’à ce qu’il m’embrasse vendredi. Confessa ce dernier, le visage brûlant. Eijirou ouvrit la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Je ne sais pas vraiment si ça signifie quelque chose de particulier, on en a à peine parlé, en réalité. Je comptais éclairer la situation dès que je le verrais.
- Je vois… Fin, pour moi, c’est clair. J’attendrai quand même que tu me le confirmes, bro. »
Kirishima lui sourit, sûr de lui tandis que Katsuki regardait droit devant lui, déstabilisé. Le cendré détourna la discussion, cherchant à savoir ce qu’étaient devenus les enfants qu’ils avaient sauvé. Kirishima lui apprit que la plupart avait été récupérés par des membres de leur famille. Pour ceux qui, malheureusement, n’avaient que leurs parents, ils s’étaient retrouvés en famille d’accueil ou attendait encore d’en trouver une. Tous étaient suivis par des psychologues et devraient surmonter un traumatisme certain mais, dans l’ensemble et au vue de la situation, ils allaient relativement bien.
Ils discutèrent un long moment, Kirishima racontant tout en détail de ce que le cendré avait loupé. Comme le jeune étudiant de Yuei avec qui il faisait équipe depuis un mois ou le fait qu’il vivait presque en permanence chez Momo, bien qu’il garde toujours son appartement pour le moment. Il lui expliqua également, avec une joie non dissimulée, comment en peu de temps pas mal de choses avaient été bousculées.
L’annonce de l’homosexualité de Bakugou avait fait du bruit, à l’époque. Mais la façon dont il l’avait assumée, fermement et fièrement, avait fait qu’il avait eu autant de réfractaires que de personnes le soutenant. Or, le sauvetage des enfants était au cœur des sujets depuis un mois. En effet, il s’agissait d’une des plus grosses opérations depuis un bon moment. Alors, lorsqu’il avait été dévoilé l’implication du héros Ground Zero dans cette enquête, et le sacrifice qu’il avait fait, se retrouvant entre la vie et la mort pour protéger cette petite fille, les réfractaires s’étaient faits moins nombreux, plus tolérants. Les quelques rares qui restaient encore butés uniquement sur la sexualité du héros étaient remis en place par d’autres personnes très vite.
Si bien qu’actuellement, une vague de tolérance semblait planer suite à cet acte d’héroïsme. D’autres en avaient profité, sortant eux aussi de l’ombre dans laquelle ils se cachaient depuis des années. Ça avait été le cas pour Tamaki qui, lors d’une interview récente, avait avoué être en couple depuis plusieurs années avec Mirio Togata. Ensuite, Present Mic et Aizawa avaient – grâce au blond – également exposé leur relation, suivant le courage de leur élève explosif. Mount Lady avait assumé sa bisexualité et l’une des WildWildPussycats, son attirance pour les femmes. Les révélations affluaient et peu osaient les contrer. Peut-être qu’il ne s’agissait que d’une phase de tolérance, mais les héros y croyaient sincèrement et se dévoilaient entièrement à leurs fans, souhaitant un réel changement de ce coté-là.
Kirishima venait de finir son récit sous le regard brillant et fier de Bakugou lorsque le médecin entra, papiers en main, signalant qu’il avait les résultats. Eijirou sortit, laissant Katsuki s’entretenir avec le médecin de longues minutes. Après tout, ce genre de conversation restait de l’ordre du privé et, si Bakugou le souhaitait, il lui en parlerait.
Alors qu’il réfléchissait, il vit quelqu’un se diriger vers lui depuis l’extrémité du couloir. Il releva la tête et retint un sourire en détaillant de haut en bas Todoroki, vêtu d’habits civils. Ce dernier le salua et allait pour rentrer avant que Kirishima ne le retienne.
« Bakugou est en pleine conversation avec le médecin. Il a dit qu’il avait ses résultats.
Shoto sentit une pointe d’appréhension grandir en lui. Il espérait de tout cœur que Katsuki aille parfaitement bien.
- Merci de m’avoir prévenu.
- C’est normal ! Puis, repensant à sa discussion avec le cendré, Kirishima reprit la parole. De toute façon, je vais devoir y aller, Momo m’attend. Je te le confie, Todoroki. »
Lui donnant une tape virile sur l’épaule, accompagnée d’un grand sourire, le rouge partit à la vitesse de l’éclair, laissant un Shoto plus que surpris, seul, en plein milieu de ce couloir calme. Néanmoins, il n’eut pas le temps de se poser beaucoup de questions qu’il vit la porte s’entrouvrir, laissant sortir l’homme en blouse blanche qui lui adressa un bref signe de tête avant de reprendre son chemin. Todoroki avala sa salive durement puis, abaissant la poignée de cette porte qu’il n’avait que trop franchie, il entra dans la pièce où se trouvait le garçon qu’il aimait.
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Hey ! Voici enfin la suite !
Vos messages de soutien ont été vraiment adorables ! Merci beaucoup ! 😙
Il me reste encore deux partiels à passer mais le plus gros est fait ^^
J'espère que ce chapitre vous plaira, et je vous dis à dimanche prochain pour la suite ;)
Sur ce baiser monochrome et à bientôt,
-DianaV🌺
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