Chapitre 32

Larmes de joie.

À cause de leurs mauvais comportements l’un envers l’autre, les deux étudiants de Yuei s’étaient vus obligés de se coltiner la paperasse tout le début de semaine. Todoroki, ayant peur que ces deux-là ne s’ennuient – ou par léger sadisme – avait demandé à ses collègues de laisser leurs rapports à rédiger, précisant que les deux apprentis le feraient avec plaisir. Ces derniers s’étaient vu travailler comme des acharnés du dimanche soir jusqu’au mercredi soir afin de finir à temps. 

Si, le dimanche soir, ils avaient eu suffisamment de forces pour se pourrir à la moindre occasion, la surcharge de travail les avait tellement épuisés que, le mercredi, tous deux s’étaient simplement tolérés, sans vraiment porter attention l’un à l’autre, et avaient même terminé le dernier dossier ensemble afin d’aller plus vite, sachant pertinemment que tant que tout ne serait pas fini, aucun d’eux ne serait libéré de ses obligations. Cette dernière action avait fait sourire Todoroki. De tout leur stage, il s’agissait de la première coopération sans problème qu’ils exécutaient. Donc, lorsqu’il arriva le jeudi soir, voyant déjà les deux étudiants assis sagement à leurs bureaux attitrés, il eut un bref sourire avant de reprendre son ton habituel. 

« Sakibara, Keith. En costume. On part dans dix minutes. »

Il n’eut pas besoin de le répéter, les deux jeunes s’étaient précipités afin d’enfiler leur tenue, de peur que le héros ne change d’avis. Ils étaient ravis d’enfin bouger à nouveau. 

Ils échangèrent un regard entendu, aucun des deux ne voulant retourner à leur précédente occupation. Ils partirent tous trois, explorant des quartiers que les deux jeunes n’avaient jamais inspectés pour l’instant. Les deux apprentis héros étaient sur leurs gardes, attentifs au moindre mouvement suspect dans les sombres rues. 

Ils eurent rapidement l’action qu’ils recherchaient en voyant deux hommes prendre la fuite. Aussitôt, Shoto et les deux élèves s’élancèrent à leur poursuite. Afin de les empêcher de fuir, Todoroki congela toute la ruelle, obstruant l’extrémité d’un épais mur de glace infranchissable. Les vilains s’arrêtèrent, contraints à faire face aux héros. Ils reconnurent sans mal le héros numéro deux et, cherchant à diminuer le danger auquel ils faisaient face, concentrèrent leurs attaques sur le pro, l’un le projetant contre le mur le plus proche grâce à un alter d’attraction et l’autre le paralysant en laissant une poudre colorée s’échapper de ses mains et atteindre le héros. Tout le corps de Shoto semblait engourdi et, mis à part parler, le héros de pouvait rien faire d’autre. Gisant au sol, à quelques mètres des vilains, Todoroki ne pouvait qu’observer les futurs héros, impuissant. 

Ces derniers se jetèrent un regard, ne sachant pas vraiment quoi faire. Keith attaquait au corps à corps, son alter ‘amplification’ lui servant généralement à augmenter sa force physique. Il l’avait très peu utilisé d’autres façons. Quelques fois en amplifiant momentanément la taille d’objets mais il préférait de loin attaquer au corps à corps. Or, dans cette situation, ce genre d’attaque s’avérait risqué. Sakibara, elle, avait un alter appelé ‘zone blanche’. Elle était capable de créer une zone où seul le vide existait. Aucun son, aucune lumière ne filtrait lorsqu’on était à l’intérieur. La notion du temps disparaissait, ainsi que tous les sens. Même les machines prises dans cette zone dysfonctionnaient un certain temps. Le problème était que, plus la zone à gérer était grande et plus s’était difficile pour elle. Elle avait des difficultés à maintenir la taille et la durée de la zone en question. 

Néanmoins, elle n’eut pas le temps de réfléchir bien plus longtemps qu’elle vit Keith s’élancer vers les deux vilains, amplifiant sa taille et sa force. Son alter paraissait impressionnant à voir. Le vilain à l’alter d’attraction se contenta d’esquiver les coups du garçon tandis que le second propulsa de la poudre dans sa direction. Sakibara entra elle aussi dans la bataille, créant une zone de vide autour du vilain à l’alter paralysant avant que la poudre n’atteigne Keith. Ce dernier recula, fronçant les sourcils de mécontentement à l’idée d’avoir été aidé par elle. 

« Pourquoi t’es intervenue ?! Je l’avais ! 

- T’avais rien du tout crétin, sauf une paralysie ! 

- Tu sers vraiment à rien, à part me faire foirer mon travail. 

- Si tu avais été moins impulsif et sûr de toi, j’aurais pas eu besoin de venir à ton secours. »

Notant la mauvaise entente des deux héros, les vilains lancèrent une nouvelle attaque, tentant de les paralyser. Mais elle fut une nouvelle fois stoppée par la jeune fille. Néanmoins, la zone à couvrir était telle qu’elle avait manqué d’en perdre le contrôle. 

Keith soupira devant la ‘faiblesse’ de sa partenaire mais, se rendant compte que l’attaque avait été majoritairement dirigée vers cette dernière, il comprit rapidement que son alter avait dû inquiéter les vilains. Il pensa un instant à attaquer de nouveau, en amplifiant les objets qu’il avait dans ses poches, mais oublia vite l’idée, se rendant compte qu’il risquait de blesser Shoto par la même occasion. C’est désespéré qu’il fit un geste encore plus fou. Il prit la main de Sakibara. Cette dernière tenta de la retirer brutalement mais elle fut maintenue par la force du garçon. Tournant son regard énervé vers lui, elle remarqua sa mine étrangement sérieuse. 

« Foire pas ton coup, ok ? » 

Et, avant qu’elle n’ait le temps de poser la moindre question, elle sentit une intense chaleur parcourir ses veines, en provenance de la main du garçon. Elle sentait affluer une force qui lui était inconnue mais qui lui paraissait étrangement facile à contrôler. C’est sans la moindre hésitation qu’elle créa une nouvelle zone, la délimitant parfaitement autour des deux vilains tout en évitant le héros. Keith lâcha sa main mais cette force continuait d’affluer en elle. Le garçon s’approcha de la zone où les deux vilains entraient dans un état de panique, privés de leurs sens. Elle le vit à nouveau amplifier sa force et sentit cette puissance l’abandonner peu à peu. Elle relâcha la zone avant d’en perdre le contrôle et le jeune garçon ne perdit pas une seconde, profitant de la confusion des vilains pour les assommer d’un seul coup de poing. 

Sakibara reprenait son souffle, observant les deux vilains au sol. Elle releva les yeux vers Keith, lui souriant sincèrement. Ce dernier eut la même réaction, un regard fier dirigé vers elle. 

Ils furent coupés par un raclement de gorge provenant du héros. 

« Je ne veux pas vous déranger dans votre moment de complicité, mais on devrait appeler la police tant qu’ils sont inconscients, et je ne peux toujours pas bouger. »

La jeune femme sortit rapidement son téléphone tandis que Keith redressait le héros, le soutenant afin qu’il tienne debout. Les policiers arrivèrent en quelques minutes et embarquèrent les vilains encore sonnés tandis que les deux jeunes rentraient avec leur mentor, que Keith portait sur son dos, à l’agence. Ce dernier commençait à bouger à nouveau ses doigts lentement. Lorsqu’ils furent arrivés, Shoto marchait seul, mais avait l’étrange sensation que son corps était parcouru de fourmillements. Ils expliquèrent toute la situation, non sans une grande fierté, à toute l’agence tandis que le bicolore était parti se changer. Lorsqu’il revint, il observa encore une fois les deux jeunes. 

« Au fait. Tous deux se retournèrent immédiatement, scrutant le visage impassible du héros numéro deux. Ils furent sous le choc lorsque ce dernier esquissa un sourire fier. C’était du très bon boulot ce soir. Félicitations. »

Shoto obtint deux intenses sourires en retour et rentra chez lui, se reposant quelques heures. C’est lorsqu’il émergea, vers treize heures, qu’il remarqua qu’on était vendredi vingt-deux février. Un seul mot s’imposa à son esprit : Bakugou. 

Peut-être qu’à cette heure-là, il était déjà réveillé. Est-ce qu’il était seul ? Ou quelqu’un lui tenait compagnie ? Mitsuki ? Kirishima ? 

Le bicolore se précipita sous la douche, s’habillant à toute vitesse. Il quitta son appartement sans prendre la peine de manger et se dirigea immédiatement en direction de l’hôpital. En le voyant entrer, les infirmières le saluèrent d’un sourire mais, cette fois-ci, il était pressé. Il sentait son cœur tambouriner dans sa poitrine et résonner jusque dans ses oreilles. C’est avec une main tremblante qu’il ouvrit la porte de la chambre 3112. 

Il resta abasourdi, dans l’entrebâillement de la porte, les yeux rivés sur le lit. Bakugou était là, le dossier du lit redressé afin qu’il soit presque assis, regardant par la fenêtre. Il n’avait plus son masque sur le visage mais avait toujours ses perfusions accrochées à son bras gauche. Les rares rayons de soleil qui filtraient à travers les nuages de fin février éclairaient sa peau pâle, lui donnant un aspect irréel. Le moment semblait figé pour Todoroki. Cependant, il vit Bakugou tourner lentement la tête vers lui, ses pupilles rouges si intenses se posant sur lui, le faisant frissonner de la tête aux pieds. Puis le cendré lui offrit un tendre sourire qui fit fondre le héros sur place. 

« Shoto. Sa voix était enrouée, c’était pénible pour Bakugou de parler, ses cordes vocales n’ayant pas été sollicitées pendant un long moment. Todoroki sentit des larmes de joie envahir ses yeux et, sous le regard étonné du cendré, il se précipita à ses cotés, attrapant sa main dans la sienne, ses yeux hétérochromes ne quittant pas les pupilles rubis voisines. 

- Katsuki… Katsuki. »

Le soulagement était visible sur le visage de Shoto et, avant que Bakugou ne fasse le moindre geste, le bicolore lâcha sa main et encadra son visage, l’inclinant suffisamment pour planter un baiser sur ses lèvres sèches. Il n’avait pas réfléchi un seul instant à son geste. Il avait besoin de ce contact. Les yeux fermés et les lèvres plaquées contre celles de Bakugou, mouvant très légèrement, il se sentait au paradis. 

Cependant, il fut ramené à la réalité par le bruit strident d’une machine. Se reculant de quelques centimètres, il put voir le visage de Katsuki, les pommettes écarlates et les yeux grands ouverts. Il pivota la tête, apercevant le monotoring complètement emballé. La machine affichait un rythme supérieur à 120 pulsations ce qui, en temps normal, n’était pas vraiment bon. Il ne fallut que quelques secondes pour que deux infirmières ne débarquent dans la chambre pour vérifier l’état de Bakugou. Quand elles se rendirent compte de la proximité des deux garçons et que le rythme cardiaque du blond semblait redescendre, elles supposèrent rapidement la cause d’un tel emballement et quittèrent la pièce, souriantes. Elles étaient soulagées que ce ne soit qu’une fausse alerte. 

Katsuki voulut parler mais sa voix refusa de sortir, sa gorge sèche le brûlait douloureusement. Il insista, voulant savoir pourquoi Shoto l’avait embrassé à l’instant mais seul un son plaintif franchit ses lèvres, ce qui le frustra davantage. 

Shoto reporta son attention sur le garçon, les joues teintées de rose suite au baiser. Son regard était tendre et ses mains, toujours sur les joues du garçon, caressaient lentement la peau recouverte d’une fine barbe blonde. Katsuki dévia le regard, ses pulsations augmentant à cause des gestes du garçon. 

« Je suis tellement heureux de te voir éveillé, Katsuki. Tu m’as fait peur, si tu savais. Shoto posa son front contre celui de l’autre garçon, fermant les yeux. Il sentait son cœur s’apaiser maintenant qu’il était proche de Bakugou. Je ne veux que verser des larmes de joie pour toi, plus jamais de peur. Il s’écarta un peu, observant le visage du cendré. Tu es réveillé depuis longtemps ? Bakugou essaya une nouvelle fois de répondre mais se fut un nouvel échec. Alors, il secoua légèrement la tête. Tu étais seul ? Il secoua une nouvelle fois la tête et, alors que Todoroki allait enchainer avec une autre question, la porte s’ouvrit sur Masaru, tenant une bouteille d’eau ainsi qu’un gobelet en plastique en main. 

- Bonjour, Shoto. L’homme eut un fin sourire que lui rendit aussitôt le bicolore tout en relâchant les joues de Bakugou.

- Oh, bonjour Masaru. C’est pour Katsuki ? 

- Oui, les médecins ont dit qu’il pouvait boire, mais de très petites quantités pour le moment. 

Todoroki hocha la tête avant de poser une nouvelle question. 

- Mituski n’est pas avec vous ? 

- Elle travaillait ce matin, mais elle ne devrait plus tarder. Si tu es avec Katsuki, je vais aller l’accueillir. »

Shoto hocha la tête et Masaru quitta la pièce, rassuré que son fils ne soit pas seul cette fois. 

Todoroki reporta son attention sur le cendré qui essayait encore de parler, sans succès.

« Tu as soif, peut-être. »

Passant sa langue sur ses lèvres sèches, Bakugou hocha la tête et le bicolore lui servit l’eau dans le gobelet. Katsuki tenta de le saisir mais son corps engourdi l’en empêcha, le faisant grimacer et soupirer. Shoto esquissa un léger sourire amusé et, approchant le gobelet des lèvres du cendré, l’aida à boire lentement, le trouvant attendrissant lorsqu’il était gêné de la sorte. Ses joues étaient rouges et chaudes, et son regard rubis fuyait celui du bicolore, confus. Puis, une fois désaltéré, il se racla la gorge afin d’éclaircir sa voix. 

« Shoto… Pourquoi tu…

- Pourquoi je t’ai embrassé ? Le coupa le bicolore, rougissant vivement. 

Bakugou hocha simplement la tête, attentif aux paroles du garçon. 

- Je… tu m’as fait extrêmement peur. J’ai cru que je t’avais perdu. Et mon monde s’est écroulé. Je ne peux pas te perdre, Katsuki. Je me suis beaucoup trop attaché à toi. Je sais que ça doit te paraître complètement bizarre et inapproprié, mais je n’ai pas pu m’en empêcher et j’en suis déso…

-Recommence. Le bicolore le regarda, étonné au plus haut point. Katsuki réitéra sa demande, d’une voix un peu plus forte. Recommence, Sho… »

Il n’eut pas le temps de finir sa phrase que les lèvres du garçon étaient contre les siennes, savourant avec tendresse le contact tant désiré par les deux garçons. Tous deux auraient pu en soupirer de satisfaction si toute leur attention n’était pas portée sur le baiser qu’ils échangeaient. Le bruit de la machine s’emballant à leurs cotés ne les fit pas bouger cette fois-ci, Shoto caressant avec douceur la joue du cendré. Au bout de longues secondes, ils se séparèrent finalement, plongeant dans les yeux de l’autre et y perdant la notion du temps, le monde ayant disparu autour d’eux comme par enchantement. 

Le bruit de la porte de la chambre s’ouvrant les fit revenir à la réalité. La main de Todoroki quitta la joue de Katsuki, et tous deux tournèrent la tête vers l’entrée où se tenaient Mitsuki et Masaru. La mère du garçon avait les larmes aux yeux, les contenant avec difficulté, et s’approcha instantanément de son fils, engloutie par un intense soulagement.

Le médecin les suivait de peu, entrant également dans la chambre qui, contenant autant de personnes, paraissait soudainement plus petite. 

« Bien, comment vous sentez-vous, monsieur Bakugou ?

- Bien… Sa voix, encore frêle, s’estompa de nouveau, le laissant momentanément muet. 

- Votre voix reviendra peu à peu, ne vous en faites pas. En attendant, ne forcez pas trop, d’accord ? Contentez vous de hocher ou de secouer la tête pour répondre. Après un bref hochement de tête, le médecin continua ses questions. Avez vous des vertiges ? Des nausées ? La vision trouble ? Il obtint trois réponses négatives qui le rassurèrent. Bien, alors je vais effectuer une prise de sang pour que l’on puisse vous faire un bilan de santé et je vais également tester vos membres, articulations et la sensibilité que vous avez actuellement, pour vérifier que tout aille bien. »

Joignant le geste à la parole, le médecin s’exécuta, observant les signes ou mouvements de son patient, notant mentalement chacune de ses réactions. Puis, une fois chose faite, il préleva le sang nécessaire aux examens et, saluant formellement les personnes présentes, quitta la chambre, laissant les Bakugou ainsi que Shoto au calme afin de pouvoir passer un peu de temps avec le garçon tout juste réveillé. 

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Hey !!! Voici le chapitre 32, en temps et en heure !

Ceci est le dernier chapitre de cette année ! Ça fait bizarre de dire ça ^^ mais je suis contente, on finit l'année sur une bonne nouvelle ici ! 😊

Encore une fois, merci à Dynamalya pour son illustration qui est une petite merveille, comme à chaque fois ;)

J'espère que ce chapitre vous aura plu, et j'espère également que vous passerez tous de bonnes fêtes de fin d'année malgré la situation actuelle !

Je vous dis - normalement -  à la semaine prochaine pour la suite de cette histoire !

Baiser monochrome,

-DianaV🌺

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