Chapitre 3


Noyer son chagrin.

La musique était assourdissante. L’alcool courait dans ses veines. Les lumières l’éblouissaient. Tout était flou autour de Katsuki, les personnes devenant simplement des masses sombres, sans visages, sans noms. Une petite brune l’avait embarqué de force sur la piste, lui faisant quitter son verre et le beau barman. Il avait finalement suivi le déhanché de la demoiselle et se retrouvait à danser, entassé au milieu de dizaines et dizaines d’inconnus. À chaque mouvement, il sentait une épaule frôler la sienne, le dos que quelqu’un contre le sien, une main sur son épaule. La jeune femme se collait un peu plus contre lui, une main tenant sa nuque et l’autre sur son torse, enserrant sa chemise comme si elle avait peur qu’il prenne la fuite. Mais pourquoi il partirait ? Et surtout où est-ce qu’il irait ? Il continuait de se laisser porter au rythme de la musique, ses problèmes ayant disparu. Jamais il ne s’était senti aussi léger. 

Il revint sur terre quand il sentit des lèvres sur les siennes et une langue s’insinuant dans sa bouche. Le goût de l’alcool ne le perturba pas plus que cela, sa cavité buccale en étant déjà bien imprégnée. En revanche, se qui le fit reculer fut le goût prononcé et, à ses yeux écœurant, du tabac. Pendant un éclair de lucidité, il se défit des bras de la demoiselle et, se faufilant à travers la foule, retrouva le comptoir qui lui évita une chute certaine. Voyant le beau barman se diriger vers lui, il lui sourit et commanda un nouveau verre. 

Il n’avait absolument aucune idée du temps qu’il avait passé dans le club, ni de l’heure qu’il était. Deux heures du matin ? Cinq heures peut-être ? Il ne ressentait aucune fatigue, et n’avait aucune envie que cette soirée s’arrête. Il vida le shot et sentit la douce brûlure de l’alcool descendre tout le long de son œsophage. Il souriait toujours au barman et allait pour parler quand il se fit à nouveau embarquer sur la piste. Une main était accrochée à son poignet. Une fois au milieu de la foule, il recommença à danser, suivant le rythme. Il se concentra sur le visage face à lui et réussi à identifier des cheveux blonds. Son cœur rata un battement avant qu’il ne se rende compte que la personne en face était une jeune femme. Au bout d’un petit moment, elle s’avança, criant quelque chose à son oreille qu’il ne comprit pas, avant de s’en aller en direction du bar. 

C’est quand il allait, lui aussi, faire son premier pas en direction du bar qu’il sentit deux mains sur ses hanches. De grandes mains, avec une sacrée poigne. Soit il s’agissait d’Itsuka Kendo, soit c’était enfin un homme qui s’était approché de lui. Il eut vite sa réponse quand il sentit un corps musclé et plus grand que lui se coller dans son dos, enserrant plus fermement sa taille. Il ferma les yeux, se laissant aller. Il s’en fichait de savoir qui c’était. Il se sentait juste bien dans la chaleur de ses bras inconnus qui le berçaient lentement. Il sentit un visage s’enfouir dans son cou et des lèvres y déposer des baisers. Les mains caressaient ses hanches sensuellement. C’était un délice. Il finit par se tourner vers le jeune homme et distingua des cheveux bruns. Ainsi qu’un sourire éclatant. Il voyait cette main saisir son poignet et l’emmener vers la sortie. Puis, plus rien. Le trou noir. 

C’est avec difficulté que Katsuki ouvrit les yeux, les refermant tout aussi vite. Les rayons du soleil avaient agressé ses pupilles. Il grogna et se tourna sur le ventre, sentant des douleurs dans son corps engourdi et tout particulièrement un horrible mal de crâne, et enserra l’oreiller moelleux dans ses bras, enfouissant la tête dedans. Le tissu avait une douce odeur d’adoucissant à la pêche. Pourtant, il était certain de ne pas avoir ça dans son appart. Il grogna à nouveau en se tournant une nouvelle fois sur le dos et réouvrit lentement les yeux, les plissant afin de s’habituer à la luminosité régnant dans la pièce. Quand il put enfin distinguer ce qui l’entourait correctement, son cœur accéléra et il se redressa brutalement. Suite à ce geste, la tête lui tourna et il manqua de peu de tomber du lit où il se trouvait. Mais ce n’était pas important. Il était dans une chambre qui lui était totalement inconnue. La lumière qui filtrait dans la pièce provenait des rideaux entrebâillés de ce qui semblait être une baie vitrée à sa droite. Un grand lit – où il se trouvait en ce moment même – était contre le mur adjacent à la baie vitrée. Il distinguait une armoire sur sa gauche, une commode en face du lit, ainsi que des étagères sur lesquelles trônaient livres comme bibelots. De chaque coté de la commode, il y avait une porte. 

Il se rassura quelque peu en constatant que personne n’était dans le lit avec lui mais son inquiétude revint rapidement en remarquant l’absence de la plupart de ses vêtements. Il n’était vêtu que de son boxer noir. Il se leva du lit, tanguant sur ses jambes, constatant par la même occasion, avec soulagement, qu’il n’avait pas de douleur aux hanches, cherchant ses vêtements dans la pièce. Mais aucune trace des précieux habits. Il se déplaça jusqu’à la première porte et l’entrouvrit. C’était une salle de bain classique. Il s’avança et observa quelques secondes son reflet dans le miroir. Les cheveux en bataille – plus que d’habitude – les yeux rouges et cernés, l’air fatigué. Puis ses yeux s’agrandirent lorsqu’il remarqua le suçon dans son cou. Il ne se rappelait pas de la totalité des évènements de la veille. Seulement de s’être fait largué, d’avoir fini dans cette boite, dansant et buvant, puis d’un sourire éclatant et après… rien d’autre. Plus il essayait et plus son mal de crâne se faisait puissant.

Il fit couler de l’eau et se rinça le visage afin d’être bien réveillé. Puis, de retour dans la chambre, il ouvrit l’armoire. Hors de question de se balader presque nu chez un inconnu. Il prit un t-shirt noir, simple ainsi qu’un bas de jogging trouvé au même endroit. Une fois habillé, il ouvrit la seconde porte qui donnait sur un couloir. Il ne savait pas où il devait se diriger mais, sentant une douce odeur de nourriture, il se décida à la suivre. Il arriva rapidement dans un salon, avec cuisine ouverte, spacieux, et se figea en voyant la personne qui cuisinait. 

Simplement vêtu d’un jean noir, dévoilant un dos musclé et une peau pâle, un jeune homme aux cheveux bicolores était concentré. Impossible de confondre, il était donc chez Shoto Todoroki. Mais, qu’est-ce qu’il foutait ici ? 

Le bicolore se tourna afin d’attraper des épices et remarqua le blond qui le fixait. Un fin sourire lui échappa.

« Je comptais te dire de te servir dans la penderie mais, visiblement, c’est déjà fait. Je ne pensais pas que tu te lèverais si vite. Mal au crâne ? Tu as faim ? »

Bakugou grogna, hochant la tête en réponse, et s’avança jusqu'à la table, observant ce que préparait son ancien camarade. Ça sentait bon et avait un air appétissant. 

Shoto sortit une aspirine et tendit un verre d’eau au blond qui le prit, remerciant intérieurement le garçon. 

« Tu peux me dire comment je suis arrivé ici ? Et pourquoi j’ai pas mes fringues ? Il avait une voix de rogomme qu’il trouvait très peu agréable. Il se racla la gorge, tentant d’éclaircir celle-ci. 

- Et bien, je venais de finir mon service, vers cinq heures du matin, et j’allais pour rentrer chez moi quand j’ai entendu du bruit venant d’une rue adjacente. En allant vérifier, je t’ai trouvé en compagnie quelque peu douteuse et dans un état second. L’homme qui t’escortait s’est approché et m’a dit t’avoir trouvé à la sortie du club. Il t’a lâché puis est parti. Tu avais du mal à tenir debout et je ne pouvais pas te laisser là. Je t’ai donc ramené chez moi mais, à peine arrivé, ton estomac a décidé de… se libérer du surplus d’alcool. Tes vêtements étaient salis et tu étais épuisé. Je t’ai déshabillé, nettoyé le visage et couché. Tes habits sont en train de sécher. Ta veste est sur le canapé avec le reste de tes affaires. »

Todoroki avait sorti tout ça avec un air naturel, tout en mettant la table pour deux. Le cendré, lui, était juste mort de honte. Double-face l’avait vu dans un état lamentable. Bakugou partit donc récupérer le reste de ses affaires. Il prit son téléphone dans sa poche, vérifiant la présence de ses clefs et de la stupide boite qu’il avait toujours. L’heure affichée sur l’écran indiquait treize heures et trente-cinq minutes. Son ventre gargouilla, lui rappelant que son dernier repas remontait à la veille au midi. 

Résigné, il s’approcha à nouveau de la table où Todoroki – qui, entre temps avait enfilé un t-shirt – lui faisait signe de s’asseoir. Il ne voulait simplement pas faire face aux questions que le garçon allait certainement lui poser. 

Ils commencèrent le repas – qui, à sa surprise, était très bon – dans un calme apaisant pour son mal de crâne. S’il s’était trouvé avec l’un de ses amis, il aurait été ensevelit sous les questions. Finalement, ce n’était peut-être pas si mal que ce soit Shoto qui l’ait trouvé. 

De son coté, le bicolore mourait d’envie de poser certaines questions mais savait que ce n’était pas approprié. De plus, il se voyait mal dire au cendré ‘Au fait, hier, dans un état second et de manière totalement involontaire, tu as mentionné une rupture, éclaté en sanglots dans mes bras et dit avoir perdu l’amour de ta vie. Tu m’expliques ?’. Surtout qu’il n’était clairement pas la personne la plus proche de Katsuki. 

Il n’avait jamais été particulièrement proche du garçon pendant leurs années lycée et, depuis leur diplôme, chacun menait sa vie. De plus, à cause des rondes de nuit qu’il faisait, Shoto avait manqué les quatre dernières réunions de sa classe. Il était peu au courant de la vie de ses camarades – hormis pour Izuku avec qui il était en contact régulier, Fumikage et Shinso qui travaillaient dans son agence et Momo avec qui il avait gardé contact après leur rupture l’année dernière – et ne savait pas du tout que le cendré avait quelqu’un dans sa vie. Peut-être qu’Izuku en savait plus ? 

Le bicolore releva les yeux de son assiette, les posant sur le cendré face à lui. Il avait l’air épuisé. Ses yeux rouges, qu’il avait toujours connu brillant de défi, d’ambition, semblaient éteints. En observant son visage, le bicolore se rendit compte que les traits du garçon étaient relâchés. Il semblait beaucoup moins menaçant sans ses éternels sourcils froncés et sa moue énervée. En six ans qu’il le connaissait, le blond avait changé, c’est vrai. Mais il restait Katsuki Bakugou. Rempli de fierté et de détermination. Alors le voir dans cet état, sans qu’il sache réellement pourquoi, lui provoquait un pincement au cœur. 

« Bakugou… Tu … ne travailles pas aujourd’hui ? 

À l’entente de son nom, le cendré s’était tendu. Mais, quand il eut la question complète, il se relaxa, s’asseyant plus confortablement. 

- Nan, j’avais ma journée. 

- Ça vaut mieux. Je dois partir à vingt et une heure. Si tu veux rester jusqu’à ce moment là, ça ne me pose aucun problème. Mais je me doute que tu vas vouloir rentrer chez toi rapidement.

Le cendré baissa la tête, fixant soudainement sa fourchette. Une pointe de douleur était revenue.

- Ouais… Je vais rentrer. J’vais pas abuser, j’ai déjà dormi et mangé ici. 

- Tu sais, ça me change de ne pas être seul à cette table pour déjeuner. Katsuki leva les yeux vers le bicolore, surpris.

- Genre, tu t’es retrouvé personne depuis Yaoyorozu ? T’as pas d’amis à inviter ? 

Shoto secoua doucement la tête.

- Je vois peu de personnes, surtout en ce moment. Ça me laisse encore moins de place pour une vie sentimentale. 

- Mais ça fait plus d’un an vous deux. J’pensais que t’aurais retrouvé quelqu’un.

- Tu en sais beaucoup sur mon histoire avec Momo. Katsuki ouvrit puis referma la bouche sans qu’un son ne sorte, avant de détourner la tête. Cette réaction fit sourire le bicolore. 

-J’y peux rien, ça fait quatre mois que Kirishima ne me parle que de Momo. J’crois qu’il craque pour elle et apparemment ils parlent bien. Du coup, même si je l’écoute pas, à force je retiens des trucs. 

Il entendit un léger rire provenant du garçon au double alter et le regarda, choqué. Il l’avait déjà vu sourire, de loin, mais jamais pouffer de rire de la sorte. 

- Je vois. Kirishima est quelqu’un de bien, Momo sera heureuse avec lui. 

- Ça te fait rien de plus ? 

- Pourquoi ça devrait ? Nous sommes certes sortis ensemble pendant deux années, mais ça fait déjà un an que l’on est séparés. Puis, nous sommes restés en bons termes malgré tout. Donc, non, je serai juste heureux pour elle. »

Katsuki ne savait pas quoi répondre. Il ne put s’empêcher d’imaginer Denki avec quelqu’un d’autre et contracta les mâchoires. Ce geste n’échappa pas au bicolore qui plissa les yeux, refusant de montrer la peine qu’il ressentait pour le cendré. Il savait que son ancien camarade le prendrait mal. Mais il ne pouvait simplement pas ignorer son regard rempli de souffrance. 

« Bakugou… Je sais qu’on est pas vraiment proches, toi et moi. J’ignore ce qui peut t’affecter autant mais, si tu en as besoin, je peux t’écouter. 

- Non. J’vais bien. J’ai besoin ni de ta pitié, ni de ton attention. »

La réponse avait été tranchante. Todoroki s’y attendait, il se contenta de soupirer. Au moins, il avait essayé. Katsuki, lui, s’énervait de sa propre faiblesse. C’était tant visible qu’il allait mal ? Pour que double-face lui dise ça, c’est que ça devait crever les yeux, même à un aveugle, qu’il était brisé. Ce qu’il pouvait détester être faible. 

Après cela il aida Shoto à ranger la cuisine, dans un silence presque tendu. Puis, le cendré récupéra ses affaires propres et se changea – après avoir prit une douche – puis, il se décida à partir. Sur le pas de la porte, il murmura un simple merci, tournant le dos à Shoto. Ce dernier sourit simplement en regardant Bakugou disparaître à l’intérieur de l’ascenseur qui lui permettrait de sortir de l’immeuble où le jeune héros numéro 2 habitait.

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Hey ! Voici le chapitre 3 !
Et l'arrivée de Shoto ! On l'attendait notre glaçon !

Le chapitre 4 est pour bientôt ! ;)

J'espère que ce chapitre vous plaira autant qu'à moi !

Baiser monochrome,
-DianaV🌺

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