Chapitre 28

Même les étoiles ont pleuré.

Hanta faisait les cents pas dans la salle d’attente de l’hôpital où il avait été conduit. Il était rongé par l’inquiétude. C’était tout à fait compréhensible, sa petite amie depuis maintenant trois longues années – et accessoirement la femme qu’il aimait de tout son être et avec qui il comptait passer sa vie – était en bloc opératoire, gravement blessée. Le brun passait sans cesse les mains dans ses cheveux, nerveux. Il savait que Mina était forte. Il se serait certainement moins inquiété si la jeune femme ne devait lutter que pour sa propre vie. Malheureusement, ce n’était pas le cas. 

Ils n’avaient même pas eu l’occasion d’annoncer la grossesse de la jeune femme. Ils avaient découvert il y a peu qu’elle était enceinte de tout juste deux mois et avaient préféré attendre un peu. Ils réfléchissaient toujours, cherchant à savoir si un enfant à vingt et un ans n’était pas trop précipité. Certes, ils vivaient ensemble et avaient des emplois stables depuis trois ans. Pourtant, ils étaient conscients des responsabilités qui allaient de paire avec un enfant et leurs métiers étaient loin d’être sans risques. 

Mais, à tourner en rond dans la salle d’attente, Hanta savait qu’il ne voulait perdre aucune des deux personnes qui faisaient partie intégrante de sa vie. Il voulait revoir la jeune femme, la serrer dans ses bras et la chérir, et les protéger, elle et l’enfant. Iida, qui attendait avec eux, avait abandonné l’idée de calmer Sero, se contentant de bercer Mei. Cette dernière, dont le sourire ne quittait habituellement jamais son visage, pleurait à chaudes larmes dans les bras de Tenya, effondrée. Shinso avait déjà été blessé auparavant mais jamais de façon si violente. C’était la première fois qu’elle risquait réellement de le perdre et cette simple pensée suffisait à lui faire verser un nouveau torrent de larmes. Assise sur une chaise de la salle, la fiancée de Sen, Yui Kodai, attendait, tournant d’un air absent la bague qu’elle arborait au doigt. Celle-ci, habituellement neutre, ne pouvait cacher son inquiétude face à la situation. La brune retenait avec difficulté ses larmes, voulant être forte jusqu’au bout. Ce n’était pas le cas de Tetsutetsu qui, assis à coté de Yui, masquait son visage souillé par les larmes de ses mains, attendant désespérément des nouvelles de Kendo. Il avait toujours été fou amoureux de la rouquine et ils sortaient ensemble depuis peu de temps. Soutenant son ami, Kirishima avait une main sur l’épaule du héros métallique. Mais même ce dernier était incapable de parler. Il soutenait Tetsu mais espérait rapidement obtenir des nouvelles de Bakugou et de Mina. 

Un homme entra dans la pièce, d’une cinquantaine d’années, observant des feuilles qu’il avait sous les yeux. Il releva les yeux, scrutant les personnes présentes dans la salle d’un regard où l’émotion s’était atténuée au fil du temps. Iida et Kirishima, reconnaissant le médecin pour être déjà passé entre ses mains expertes, furent les premiers à demander des nouvelles. 

« Comment vont-ils ? Le regard carmin d’Eijirou était suppliant. Il avait besoin de nouvelles, que toute cette pression insoutenable ne retombe. Il était presque cinq heures du matin et tous étaient épuisés. De plus, ça faisait presque trois heures que leurs amis se trouvaient entre la vie et la mort. 

- Docteur, vous avez des nouvelles ? Fit Tenya, le plus calmement qu’il le put

- Oui. Itsuka Kendo est sortie du bloc opératoire. Elle se trouve actuellement en salle de réveil. Tout s’est bien passé mais elle a besoin de repos. Vous pourrez la voir demain, dans la journée, mais les horaires de visite seront minimes. Un léger rire nerveux et rempli de soulagement franchit les lèvres de Tetsu, des larmes de joie et de soulagement dévalant ses joues. 

- Merci docteur… 

- Et ensuite ? Quelqu’un d’autre ? L’anxiété gagnait Kirishima. 

- J’allais y venir. Mina Ashido. Le médecin porta son regard sur Hanta, ses épaules s’affaissant imperceptiblement. Ce n’est jamais facile à dire. Nous avons fait tout notre possible. Mais nous n’avons pas pu sauver l’enfant. Tous étaient surpris par l’annonce. Kirishima porta son regard sur le brun qui pleurait silencieusement. Elle est forte et se remettra de ses blessures mais cela risque d’être un coup dur psychologiquement. Veillez sur elle dès son réveil, elle aura besoin de soutien. 

Hanta hocha la tête, pinçant les lèvres fermement. Mina était vivante et devait être sa seule et unique priorité pour l’instant. 

- Enfin, reprit le médecin tout en réajustant ses lunettes, Sen Kaibara. Sentant le regard perçant de Yui sur lui, il affronta tout de même ses yeux où l’inquiétude était reine. Je suis désolé, mais nous n’avons rien pu faire. Toutes mes condoléances. 

Yui, qui jusque là contenait ses émotions, éclata en sanglots suite à ses mots. Tetsu enserra la jeune femme qui se débattait, tremblait, hurlait de douleur, pleurait, frappait le torse du héros avec force, colère et tristesse. Elle refusait d’y croire et pourtant savait pertinemment que tout était réel. Bien trop réel. Mei s’agrippa un peu plus à Tenya, tremblant elle aussi. 

- Et pour Bakugou et Shinso ? S’enquit Eijirou, déglutissant avec difficulté. 

- Tous deux sont encore en salle d’opérations, menant un combat de chaque instant pour vivre. Mais je ne vous cache pas que, plus le temps passe et plus les choses risquent de mal finir. Mais nos équipes font tout ce qui est en leur pouvoir pour les sauver. »

Une fois la bombe lâchée, le médecin fit un bref signe de tête et quitta la salle, laissant les héros présents. Yui finit par se calmer – notamment à cause de la fatigue – et se contenta de pleurer dans les bras de son ami métallique. Ce dernier resta à la bercer, se sentant coupable d’être si soulagé lorsqu’elle venait de tout perdre. Kirishima vint parler avec Hanta, se changeant les idées et espérant en faire de même avec le brun, confiant à Iida la tâche de soutenir Mei. 

De son coté, Shoto était soulagé de savoir que ni Bakugou ni Shinso n’étaient mort. Cependant, savoir qu’ils étaient toujours en danger continuait de le ronger intérieurement. Il jeta un regard à la montre de la brune. Déjà trois heures qu’ils étaient à l’hôpital. Et pendant que des personnes qui comptaient plus que tout pour lui se battaient pour survivre, lui somnolait dans un lit à cause d’une petite blessure. D’un geste décidé, il se tourna et posa ses pieds au sol. Il savait qu’il ne pourrait certainement rien faire, mais se savoir totalement inactif, à attendre que l’heure tourne, le bouffait. Cependant, une fois debout, il tangua et se retint au lit, Momo ayant saisi son bras non blessé par sécurité. 

« Tu devrais encore te reposer, Shoto. De toute façon, on ne peut rien faire d’autre qu’attendre… 

- J’en ai rien à foutre. J’ai besoin de bouger, j’étouffe. »

Cette vulgarité ne lui ressemblait pas. Lui qui savait si bien se contrôler habituellement craquait complètement sous tant de pression. D’un pas hésitant à cause de sa cheville douloureuse, il se dirigea vers la porte de sa chambre, suivi de près par la brune. Déambulant dans les couloirs où les blessés légers se trouvaient, ils passèrent devant celle de Kaminari, qui avait en effet deux côtes cassées ainsi qu’une épaule démise et une légère commotion cérébrale due au choc contre le sol suite à l’explosion. Néanmoins il était éveillé, bien conscient et s’en remettrait. C’était une question de temps. 

Ils restèrent pour parler un peu mais dès que l’électrique demanda des nouvelles de Bakugou, Todoroki quitta la pièce d’un pas pressé. Momo répliqua en vitesse que, pour le moment, ils n’en savaient rien, puis sortit elle aussi, cherchant le bicolore. Elle le retrouva bien vite, au bout du couloir, le teint pâle et respirant lourdement. Tout ce stress lui donnait la sensation qu’il allait dégobiller à n’importe quel moment. Comme si une main s’amusait à trifouiller l’intérieur de son corps, retournant ses organes un à un. La brune lui prit le bras et, l’accompagnant jusqu’à un siège non loin, l’aida à s’asseoir afin qu’il puisse se calmer. 

Le téléphone de l’héroïne vibra dans sa poche et elle décrocha, parlant à voix basse. 

« Oui ? 

- Yaoyorozu-san ? Comment vont les autres ? Fit une voix agitée qu’elle connaissait bien. 

- Midoriya ? Mina et Kendo sont hors de danger. Les autres n’ont que des blessures légères. Par contre, Sen est décédé. 

- Et merde. Et pour Shinso ? Et Kacchan ? 

La brune se pinça les lèvres, observant le visage de Shoto. Elle se décida à faire quelques pas afin que ce dernier n’entende pas à nouveau ces quelques mots. 

- Ils sont toujours dans un état critique, au bloc opératoire. Et toi, où est-ce que tu es ? 

- Je suis avec Neito et Kyouka. Dis aux autres qu’on a eu cette garce. On arrive. »

Avant qu’elle n’ait le temps de raccrocher, elle entendit la tonalité caractéristique et comprit qu’Izuku l’avait déjà fait. Elle soupira de soulagement et annonça la capture de la vilaine à Shoto, puis ils partirent rejoindre leurs amis en salle d’attente. Tout le monde était à cran. Jamais Izuku ne parlait de la sorte, et en tant qu’équipière, elle connaissait le garçon sur le bout des doigts maintenant. 

Sachant que le vert n’allait pas tarder, Todoroki sortit – toujours accompagné de Momo – et c’est devant l’hôpital qu’ils attendirent les trois héros manquants. Une pluie fine tombait et Shoto releva le visage vers les nuages, laissant les gouttes s’écraser contre sa peau. La brune resta à ses cotés, sous son parapluie, lui laissant une place s’il le voulait. 

Dix interminables minutes plus tard, ils virent enfin les héros arriver. Neito se précipita à l’intérieur, cherchant immédiatement Yui et Tetsu. La rockeuse salua brièvement les deux héros et rentra à son tour, voulant prendre des nouvelles de son petit-ami. Shoto regarda Midoriya, les yeux rougis et suppliants. Un regard qui fendit le cœur du numéro un. Les larmes envahirent ses prunelles émeraudes. Comprenant qu’elle était de trop, Momo rentra à l’intérieur, laissant de l’intimité aux deux amis. 

À peine la brune partie, Izuku s’approcha du bicolore et celui-ci vint enserrer fermement le plus petit, enfouissant son visage dans ses boucles vertes déjà trempées par la pluie, laissant une nouvelle fois les larmes ravager ses joues. Midoriya passa ses bras autour du héros, le serrant contre lui et pleurant lui aussi silencieusement. Tant qu’il traquait la vilaine, il avait pu se concentrer sur autre chose. Mais savoir que ses amis étaient actuellement en danger et qu’il n’y pouvait rien lui fit un choc, une immense douleur. ‘On ne peut pas sauver tout le monde’. Il ne savait plus d’où lui venait cette phrase mais il la détestait. Et il détestait davantage son impuissance face à la situation. 

Ils restèrent un moment comme ça, sans bouger, sans parler. Les mots n’étaient pas nécessaires, de toute façon. Puis, sentant la poigne de Todoroki se relâcher dans son dos, Izuku fit de même, reculant d’un pas et observant son ami. Il l’avait très rarement vu pleurer. Shoto avait toujours été fort, partageant peu ses émotions. Surtout les plus douloureuses comme la peine ou la colère. Il les gardait généralement en lui, les étouffant lentement. Le vert supposait que toute cette angoisse concernait surtout Shinso. Il fit un signe au bicolore et, se tournant, entama quelques pas vers la porte de l’hôpital. N’entendant pas de bruit derrière lui, il jeta un coup d’œil et vit que Shoto observait l’horizon, les gouttes de pluie chutant encore sur lui. Il manquait encore deux à trois heures pour que le soleil se lève sur cette nuit infernale. Le vert allait parler lorsqu’il vit Todoroki lui faire face, une moue triste peinte sur le visage. 

« Cette nuit est un cauchemar interminable. Même les étoiles ont pleuré. » 

Izuku se pinça les lèvres, baissant la tête. Il ne savait pas quoi répondre. Après tout, qu’est-ce qu’on pouvait répondre à ça ? Il remarqua que Shoto se dirigeait vers lui pour entrer à nouveau dans le bâtiment et, suivant son ami, Midoriya partit à la recherche de ses collègues. 

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Hey ! Voici la suite !

Un peu plus d'explications mais toujours de la tension !

Et, de nouveau, un fantastique dessin de Dynamalya ! Merci de consacrer autant de temps à faire ces petites merveilles pour illustrer cette fanfiction !

J'espère que ce chapitre vous a plu, et je vous dis à la semaine prochaine pour la suite de cette histoire !

Baiser monochrome,

-DianaV🌺

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