Chapitre 22
Des salauds.
« Répète-moi ça ?! Si Katsuki avait l’esprit embrumé en décrochant son téléphone à un peu plus de trois heures du matin, les mots de Todoroki l’avaient réveillé aussi efficacement qu’une douche froide.
- On a surpris un nouveau crime et on a arrêté deux des vilains des avis de recherches. Mais je ne peux pas t’en dire plus, je suis à l’hôpital. Rien de grave, c’est de la simple sécurité.
- J’arrive. »
Avant que Todoroki n’ait le temps de répondre, Bakugou avait déjà raccroché le téléphone, sautant dans des vêtements propres. Lui qui avait eu une journée si calme la veille se retrouvait chamboulé par un nouveau crime. Et Shoto avait été blessé par un des vilains impliqués. Bien que le bicolore lui ait assuré qu’il n’avait rien de grave, le cœur de Katsuki refusait de se calmer. Il avait besoin de le voir, de vérifier par lui même que Shoto allait bien.
Attrapant ses clés en se glissant dans son manteau, il sortit précipitamment du bâtiment. Il marchait vite, ressentant l’urgence de voir le garçon au double alter. En chemin, il pensa avertir Kirishima. Après tout, il était au courant de toute l’enquête maintenant. Lorsqu’il constata que le rouge ne répondait pas, Katsuki enfouit son téléphone dans sa poche. Il avait les mains gelées et les températures négatives de ce début d’année ne l’aidaient en rien.
Une fois devant l’hôpital mentionné plus tôt par Shoto, Katsuki entra par le service des urgences, montrant son permis héroïque à l’hôtesse et demandant où se trouvait le héros. La charmante brune lui indiqua quelle direction prendre et, deux minutes plus tard, il se retrouva devant une chambre d’où sortait une infirmière ainsi qu’un médecin. Après avoir frappé deux coups, il entra dans la pièce. Son regard tomba sur Todoroki, assis sur le lit mécanisé, lui souriant avec tendresse, ce qui le soulagea immédiatement. Puis il remarqua vite que le garçon était torse nu, un bandage entourant son bras gauche de l’épaule jusqu’au coude.
Ouvrant son blouson, il s’approcha du garçon sans chercher à cacher son soulagement.
« Quand t’as utilisé le mot blessure, je m’attendais à pire.
- J’ai dit qu’il n’y avait rien de grave. Si tu n’avais pas raccroché si vite, tu m’aurais entendu ajouter que ce n’était pas nécessaire que tu te déplaces.
- Comme si j’allais t’écouter. J’ai pu vérifier que tu allais bien et, maintenant, on va voir ce que disent ces enfoirés.
Todoroki réprima un tendre sourire face à l’inquiétude de Katsuki et se leva dans le but de remettre son haut de costume. C’est non sans mal qu’il atteint son objectif, la douleur dans son bras semblait plus vive maintenant que l’adrénaline était retombée.
- Allons au commissariat, Shinso doit s’y trouver.
- J’ai essayé d’avertir Kirishima mais cet idiot ne m’a pas répondu. Il doit dormir paisiblement.
- Laisse-le se reposer dans ce cas, il aura le compte-rendu d’ici quelques heures. »
Katsuki hocha la tête et, une fois passés par l’accueil avec l’autorisation de sortie, les deux héros retrouvèrent le froid extérieur le temps d’un chemin silencieux jusqu’au commissariat.
Ils atteignirent leur objectif en quelques minutes, motivés par le désir de faire avancer cette enquête qui les épuisait.
Ils furent rejoints par Shinso, qui fut à peine surpris par la présence de Katsuki. Le héros à l’alter mental expliqua que, depuis qu’il avait relâché les deux suspects de l’emprise de son alter, ceux-ci restaient muets comme des carpes, ne s’autorisant que des sourires moqueurs vis-à-vis de toute personne tentant de les interroger.
Bakugou se trouvait ici en simple spectateur et fut donc emmené derrière le miroir sans tain, contraint d’être uniquement un observateur de l’interrogatoire. Les policiers, Shinso et Todoroki se succédèrent afin de les faire parler mais aucun des deux hommes ne semblait vouloir lâcher le moindre son.
Katsuki s’impatientait, consultait régulièrement l’heure ainsi que son téléphone portable pour guetter les nouvelles de Kirishima.
À six heures, c’est un Shoto dépité qui le rejoint dans la petite pièce, armé de deux cafés.
« Ils ne craqueront jamais… Dit-il, tendant l’un des deux gobelets à Bakugou.
- Ils doivent avoir la pression. Ils finiront par craquer. Tout le monde craque.
- Mais ça risque de prendre des heures, voire des jours pour faire craquer ces deux-là. Et ce nouveau meurtre implique un nouvel enfant kidnappé. Qui sait ce que ces petits subissent depuis tout ce temps ? Todoroki était abattu. Katsuki posa sa main sur l’avant-bras du garçon dans un geste tendre. Son cœur se comprimait à la vue de ce si beau visage arborant une expression si poignante.
- On va sauver ces gamins, Shoto. Je te le promets. Quelque soit le prix à payer. Même si je dois venir les tabasser pour qu’ils avouent où est leur planque.
Cette dernière réplique fit esquisser un fin sourire au bicolore.
- Ne mets pas en danger ta carrière comme ça. Il suffit qu’ils prononcent un seul mot pour que Shinso puisse les faire parler.
Soupirant, Katsuki se rassit un peu plus confortablement sur sa chaise.
- La patience, ça a jamais été mon fort. »
Les deux héros prirent quelques gorgées de leur café. Shinso était resté à la porte. Il avait surpris la conversation et, ne voulant interrompre cette dernière, s’était décidé à attendre que le silence règne avant d’entrer à son tour dans la petite pièce. Il tendit aux deux autres héros les rapports préliminaires sur le nouveau crime, l’identité de la jeune fille disparue ainsi que les premières informations dégotées sur les deux vilains capturés.
Lorsque Katsuki remarqua qu’il était déjà huit heures, il expliqua aux deux autres qu’il était en retard pour prendre son service, prit ses affaires et, lançant un vague ‘on se tient au courant’, il quitta le bureau de police, prit la direction de son agence tout en consultant son téléphone portable. Les trois appels manqués de Kirishima lui firent exécuter une moue peu gracieuse et il pressa le pas. La situation serait bien plus simple à expliquer en face.
Arrivé au grand bâtiment héroïque qui l’employait, il dû commencer par s’excuser pour son retard ainsi que son absence de justification qui avait conduit à un remaniement des groupes de patrouilles. Il détestait devoir s’excuser. Katsuki finit par expliquer les raisons de son absence ce matin. Son chef de service comprit l’importance de l’affaire et passa outre le retard du héros. Bakugou put enfin rejoindre Kirishima et se changer. Le rouge était mort d’inquiétude. C’était extrêmement rare, voire carrément exceptionnel lorsque Bakugou appelait et il avait loupé son appel. De plus, avec le manque de réponse et le retard du cendré, tout un tas de scénarios lui étaient passés par la tête. Alors, à peine avait-il vu Katsuki qu’il lui avait sauté dessus, heureux que celui-ci ne ce soit pas fait enlever – ou pire – par sa faute.
« Bakugou ! Je suis tellement heureux que tu ailles bien ! Pourquoi tu m’as appelé ? Qu’est-ce qui s’est passé ?! Maintenant que l’inquiétude était passée, c’est la curiosité qui prenait le dessus.
- L’affaire des boucheries. Nouveau crime cette nuit. Je t’expliquerai pendant la patrouille. »
C’est ce qu’ils firent. Katsuki expliqua toutes les nouveautés à Kirishima qui était partagé entre le choc et la joie. Le garçon à l’alter de durcissement était bouleversé qu’un nouveau crime aussi ignoble ait été commis et qu’un nouvel enfant ait disparu mais il était heureux de savoir que deux des criminels derrière ça avaient été appréhendés et que, par conséquent, l’enquête pourrait avoir une grande avancée.
Les deux coéquipiers décidèrent de faire un crochet par le commissariat avant de rentrer chez eux, bien déterminés à s’informer de la moindre avancée concernant cette enquête. Comme on pouvait s’y attendre, ni Shoto ni Shinso n’étaient présents, eux aussi ayant leurs patrouilles à faire.
Bakugou envoya un message à Todoroki, proposant qu’ils se voient tous les quatre afin de discuter du dossier et, au vu de leurs emplois du temps respectifs, ils arrivèrent à la conclusion qu’ils ne pourraient se voir que le neuf janvier dans l’après-midi et Shoto proposa que la réunion se déroule chez lui. Ce que les trois autres acceptèrent en vitesse.
Les jours qui suivirent passèrent à une vitesse effroyablement lente, l’inquiétude ne quittant pas l’esprit des héros. Chaque jour, les deux groupes passaient au commissariat pour prendre des nouvelles et voir si l’un deux avait craqué, mais rien. Les deux vilains se terraient dans un mutisme impressionnant, sachant pertinemment qu’il s’agissait de leur seul moyen de ne rien dire. Ces deux criminels semblaient animés d’une volonté de fer et conservaient en permanence cet air moqueur qui tapait sur les nerfs de tous les représentants de la loi.
Momo s’inquiétait pour son petit ami. Il était préoccupé en permanence, avait refusé de sortir avec ses amis et perdait même l’appétit. Tant et si bien qu’elle avait fini par le supplier de parler. Kirishima avait donc raconté le dossier à sa petite amie, passant outre les détails les plus sordides et cette dernière, horrifiée, comprit toute la tension qu’elle sentait s’accumuler depuis un bon moment déjà. Le garçon viril expliqua que Bakugou faisait partie de l’enquête depuis le début, tout comme Shinso et Shoto. Évidemment, la brune demanda à faire partie de l’enquête mais le rouge refusa, expliquant qu’elle avait déjà suffisamment à faire avec ses patrouilles mais que, le jour où ils obtiendraient des informations supplémentaires, si elle voulait prendre part à l’assaut final, il serait ravi de l’avoir à ses cotés.
Le jour de la réunion arriva lentement, trop lentement aux yeux des héros. Reprenant le dossier de long en large, relevant les modes opératoires, le témoignage, les informations qu’ils avaient sur les deux vilains capturés, ils firent travailler leurs neurones à toute allure jusqu’à ce que Shinso ne se penche sur un autre point : les alters des enfants.
Notant son soudain intérêt pour les disparus, Shoto se mit à lire par dessus l’épaule de son partenaire et tous deux stoppèrent leur lecture sur la même personne. Une jeune fille de six ans, disparu il y a déjà deux mois, et dont l’alter était ‘sirène’.
« On tient quelque chose. Affirma le héros mental.
- Vous avez trouvé quoi ? S’enquit le garçon viril qui s’arrachait les cheveux à force de lire des dossiers.
- L’alter d’une petite fille se nomme ‘sirène’. Regardez sa photo, ça ne vous rappelle pas vaguement quelque chose ? Fit Shoto, montrant l’image d’une petite blonde vêtue d’une robe blanche. Katsuki se mit immédiatement à fouiller dans les portraits robots et sortit celui de la jeune fille que le voleur avait vu avec les criminels.
- On dirait la même. Mais tous les gosses se ressemblent un peu non ?
- Je pense que c’est la même petite fille. Vous vous rappelez du témoignage de l’homme caméléon ?
- Ouais, il avait dit que, d’un seul coup, tout était blanc et qu’il ne pouvait pas bouger puis, quand ça s’était arrêté, il avait vu les deux corps et les deux enfants terrorisés avec les vilains. Fit Eijirou, fier de se souvenir aussi bien du témoignage.
- Exact. Avec Shoto, dans la ruelle, on a eu le même genre de sensation. Intervint Hitoshi, regardant le cendré et le rouge. Tout est devenu blanc dans mon esprit, impossible de voir ni d’entendre quoi que ce soit. Je ne pouvais pas bouger non plus. Et d’un seul coup, tout s’est arrêté. Mais je me rappelle d’une chose avant cet état.
- La voix d’une petite fille… Le coupa Todoroki. Shinso hocha simplement la tête. Ça peut être elle. Ça expliquerait pourquoi elle était présente ce jour-là.
- Ça explique aussi pourquoi les victimes ne se débattent plus. Nota le partenaire de Shoto.
- Tu veux dire… qu’ils utilisent une pauvre petite fille innocente pour commettre leurs crimes immondes ? Fit Eijirou, se pinçant les lèvres, le regard douloureux. Katsuki posa une main sur l’épaule du rouge dans une tentative de réconfort.
- Ce sont des salauds, c’est plus à démontrer. Mais faut se méfier du coup. S’ils contrôlent la gamine, il nous faudra un équipement qui nous protège de son alter. Sinon ça sera la mort assurée.
- Je demanderai à Momo de nous fabriquer ça, elle voulait tellement prendre part dans cette enquête… Dit Kirishima, passant une main dans ses cheveux carmin.
- Bien. Vu l’heure, on ferait mieux de rentrer chez nous. On prend notre garde dans une heure et demie, Todoroki. »
Le garçon au double alter hocha la tête et, après de brefs au revoir, chacun des héros rentra chez lui. Les deux héros de la nuit enchaînèrent sur leur garde tandis que les deux autres, même une fois chez eux, eurent du mal à trouver le sommeil.
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Hey ! Cette histoire avance plutôt bien ! Déjà le chapitre 22 ! ^^
Un chapitre centré sur l'enquête, je le sais bien, mais j'espère qu'il vous plaira malgré tout !
Baiser monochrome,
-DianaV🌺
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