Chapitre 13


Interview.

L’alarme de Todoroki sonna à neuf heures, le réveillant à moitié. Entrouvrant les yeux, il put voir le plafond de sa chambre d’amis. Puis, sentant un poids sur son torse, il baissa le regard pour voir une adorable bouille blonde, au visage calme et détendu, qui dormait paisiblement sur ses pectoraux. Sa respiration était lente et régulière, ses lèvres roses séparées de quelques millimètres. Une des mains de l’endormi était fermement agrippée au t-shirt du bicolore, comme s’il avait peur qu’il ne l’abandonne ; l’autre reposait nonchalamment sur l’oreiller. Le bras de Shoto entourait toujours Katsuki, sa main posée au creux de ses reins tandis que son second bras était replié, sa tête reposant dessus. Le bicolore se sentait curieusement bien ainsi, leurs deux cœurs battants à l’unisson. Il aurait aimé que ce moment ne s’arrête jamais. Tant que Katsuki dormait, la réalité, le monde extérieur, les gens, rien ne pouvait lui faire de mal. 

Malheureusement, Shoto savait que, tôt ou tard, le cendré devrait se réveiller, quitter son appartement et ses bras pour retrouver son agence et les vautours de la presse. 

Le sortant de ses pensées, le cendré bougea, ouvrant lentement ses yeux rubis qui plongèrent immédiatement dans ceux, vairons, de Shoto. Se rendant compte de la position dans laquelle il se trouvait, le blond voulu se relever mais une main dans son dos l’empêcha d’effectuer son geste. Le rouge brûlant ses joues et la gêne l’inondant, il détourna le visage, cachant ce dernier au bicolore. Katsuki rougissait jusqu’aux oreilles ce qui provoqua un léger rire à Todoroki qui vint enfouir la main dans sa chevelure blonde indomptable. 

« Tu as bien dormi, Bakugou ? 

Le cendré mit quelques secondes à répondre, toujours autant gêné. 

- Ouais, j’ai bien dormi… Mais appelle moi Katsuki, comme hier… 

Le bicolore sourit, caressant les cheveux du cendré. 

- D’accord, Katsuki. Appelles moi également par mon prénom dans ce cas, comme hier. Le blond hocha la tête avant que Shoto ne continue. Tu as faim ? »

Un second hochement de tête fut la réponse de Bakugou. À contrecœur, Todoroki retira son bras de la taille du blond et tous deux se levèrent, se dirigeant vers la cuisine. C’est ensemble qu’ils préparèrent le petit-déjeuner, se taquinant avec légèreté. Le palpitant du bicolore s’emballa lorsqu’il vit Katsuki sourire à l’une de ses phrases. Il se rendit compte qu’il aimait particulièrement le sourire du cendré. Qu’il aimerait pouvoir le rendre heureux, lui donner une raison de sourire chaque jour. 

Après avoir mangé, tous deux se penchèrent sur les dossiers de meurtres – Bakugou ayant insisté pour mettre au clair leurs dernières informations – puis étaient simplement restés à parler tout en déjeunant ensemble. Le cendré avait fini par raconter sa soirée – non sans sentir une oppression grandissante dans sa cage thoracique – à Shoto, qui l’avait écouté sans rien dire. Puis, il avait expliqué le moment à l’agence, la réaction des collègues, de Kirishima et de Denki, la présence des journalistes. Todoroki était plus que contrarié, il aurait adoré pouvoir tous les remettre en place avec son ton glacial habituel, leur montrer le mépris qu’il ressentait envers eux dans son regard, les faire culpabiliser de leurs propres pensées. Mais il n’était pas dans la même agence que le blond et il était presque certain que s’il s’y pointait, Bakugou n’apprécierait pas. 

Todoroki porta son attention sur le visage de Bakugou. Ce dernier semblait décomposé, comme s’il risquait de craquer à tout moment. Le bicolore n’avait aucune envie que le garçon ne parte et pourtant, lorsqu’il essaya de le retenir, Katsuki lui répondit qu’il était de service, et que le travail passait avant le reste. Voyant le blond prendre une grande inspiration, les yeux fermés, puis les rouvrir fermes et déterminés, comme si rien ne pouvait l’atteindre, Shoto ne put qu’être admiratif devant la force et la volonté de l’explosif. Lui rappelant une dernière fois que, s’il avait besoin, il pouvait venir frapper à sa porte n’importe quand ou même l’appeler, il regarda Bakugou sortir, la tête haute, prêt à affronter toutes les difficultés imaginables. 

Lorsqu’il entra dans son agence, un silence de plomb s’abattit sur la pièce. Fronçant les sourcils, prenant un air presque méchant, il partit se changer comme il le faisait depuis trois ans. Kirishima le rejoint, le saluant amicalement – bien qu’avec un peu moins d’entrain – et se prépara aussi. Cette fois-ci, lors de leur patrouille, Bakugou sentit les regards peser sur lui. Serrant les dents, il fit son travail comme il l’avait toujours fait, arrêtant avec Red Riot un vilain en fuite qui avait kidnappé une passante. Son envie de pleurer était toujours présente, mais l’envie d’exploser les personnes qui le fixaient devenait plus forte. 

Du coté du bicolore, ce dernier s’était posé sur son canapé, allumant la télé, zappant afin de s’occuper l’esprit et de ne pas penser à Katsuki. Il aurait aimé être à ses cotés en ce moment, pouvoir le soutenir et l’aider à gérer toute cette merde. Pourquoi fallait-il que les gens soient si peu tolérants ? Si fermés d’esprit ? À force de changer de chaîne, le bicolore tomba sur une interview live de Midoriya. Le vert lui avait parlé de cette interview dans laquelle il comptait annoncer son mariage. Manifestement, les choses ne se passaient pas comme prévu puisque Midoriya semblait contenir son énervement. De plus, la question que venait de poser la journaliste concernait Ground Zero. 

« Deku, vous qui avez fait vos études de héros à Yuei avec Ground Zero, comment avez-vous vécu la nouvelle de l’homosexualité de ce dernier ? 

Le regard émeraude du vert s’était assombri de manière presque imperceptible – sauf lorsqu’on connaissait ce dernier – signe qu’il était en colère. 

- Ce sujet vous tient à cœur, à ce que je vois. Vu que vous insistez tant, je vais vous répondre. Je connais le héros Ground Zero depuis de nombreuses années, pour ne pas dire depuis toujours. Et peu importe qui il décide d’aimer, il restera toujours un excellent héros. Mon respect et mon admiration pour lui ne vont pas diminuer à cause d’un simple article à scandale. De plus, vous avez eu la confirmation qu’il n’aimait que les hommes ? Vous savez, il est tout à fait possible de tomber amoureux de quelqu’un, indépendamment de son sexe, ou simplement d’aimer les deux. Seul lui pourra vous en dire plus à ce sujet. 

- Vous semblez très tolérant, héros Deku. Si vous le connaissez depuis si longtemps, vous n’avez pas peur qu’il ait pu craquer pour vous ? 

- Cette question est stupide ! Se rendant compte qu’il avait haussé le ton, Izuku racla sa gorge, essayant de retrouver quelque peu son calme. Avez-vous peur que tous les hommes de votre entourage ressentent quelque chose pour vous ? La journaliste commença vaguement à bégayer, entamant un semblant de réponse mais le vert l’interrompit, reprenant. Vous voyez ? C’est la même chose ici. C’est stupide de dire une telle chose. Ground Zero est tout à fait libre d’aimer qui il veut, comme tout être humain. Ce n’est pas pour ça que je vais changer mon comportement avec ce dernier. Au contraire, je suis encore plus fier qu’il soit mon témoin lors de mon mariage. »

Après cette dernière réplique – et la gêne de la présentatrice – la discussion se poursuivit sur le thème du mariage du nouveau numéro un. Derrière son écran, le bicolore était fier de son ami. Il avait tout appris la veille, n’avait eu aucune explication ni rien, et pourtant, il avait pris la défense de Katsuki sans la moindre hésitation, restant lui même et ne tolérant pas que l’on touche aux personnes qu’il aime. Shoto était certain que, si Bakugou avait assisté à cette interview, il aurait été fier de Midoriya. 

Remarquant l’heure sur son téléphone, Todoroki envoya un message à Bakugou, lui demandant si tout allait bien, puis se prépara à manger avant d’aller travailler. 

La nuit tombait de plus en plus tôt. Ce soir était la nuit d’halloween, Shoto savait d’expérience que la nuit serait longue. 

Il rejoint Shinso une fois changé et partirent faire régner l’ordre dans les rues. Hitoshi n’avait, au grand étonnement du bicolore, rien dit sur Bakugou pendant toute leur inspection. C’est sur le chemin du retour, pesant ses mots, que le violet parla enfin.

« Tu le savais, n’est-ce pas ? Sachant très bien de quoi Hitoshi voulait parler, Shoto hocha la tête sous le regard indéchiffrable du héros Black Out. Soupirant bruyamment, ce dernier fixa le bicolore. Je comprends mieux pourquoi tu ne voulais pas m’en parler. Mais, vous n’avez jamais été proches. Pourquoi il t’en a parlé à toi ? 

- Un concours de circonstances, Hitoshi. Un simple hasard du destin. 

- Donc maintenant, vous êtes proches, vous deux ? 

- Oui. C’est un ami très important à mes yeux. 

- Je vois. Tu as lu l’article ? 

- Oui. En entier. J’ai jamais été autant en colère. Cet article est rempli de conneries et d’immondices sans noms. 

- Je te fais confiance. Je ne suis pas du genre à juger les gens sur ce genre de choses. 

Il y eut un léger silence entre eux où Shinso, observateur, regarda le visage de son collègue, se rappelant du comportement de ce dernier tout au long de ce dernier mois. Dis-moi, honnêtement, tu es sûr qu’il n’y a que de l’amitié entre vous ? 

Shoto le regarda, surpris, prêt à l’engueuler de son humour douteux et mal placé, avant de froncer les sourcils devant le visage sérieux du héros. 

- Bien sur qu’il n’y a que de l’amitié entre Katsuki et moi. 

- Vous vous appelez par vos prénoms maintenant ? Le bicolore eut un air étonné qui fit sourire le violet face à lui. Fais croire à d’autres qu’il n’y a rien entre vous, mais moi j’y crois pas, Shoto. »

Pour toute réponse, le bicolore grogna de frustration face à l’espièglerie du garçon à l’alter mental. Quand on se retrouvait à discuter avec Hitoshi Shinso, s’était quasiment impossible d’avoir le dernier mot. Néanmoins, Todoroki était soulagé de voir qu’Hitoshi avait bien pris la situation de Katsuki. Savoir qu’il ne le jugeait pas faisait qu’il respectait encore plus le héros. 

Leur retour à l’agence se fit dans le calme et le bicolore regagna son appartement, ayant du mal à trouver le sommeil sans Katsuki dans ses bras. 

Lorsqu’il était sorti de son agence, Katsuki avait encore une fois fait face aux flashs des photographes. Sauf que, cette fois-ci, il y était préparé et avait enfilé son masque dur. 

« Ground Zero, un mot pour nos spectateurs ! 

- Qui est l’homme sur la photo avec vous ? 

- Votre petit ami ? 

- Êtes-vous uniquement attirés par les hommes ? 

- Vous n’avez pas peur que votre réputation ne s’effondre après un si gros secret découvert ? 

- Vous êtes plus du type dominant ou dominé ? 

Les questions étaient sans fin et de plus en plus personnelles. Katsuki jeta un regard assassin aux journalistes qui ralentirent immédiatement le rythme des questions. Soupirant, résigné, le blond se décida à donner quelques brèves réponses afin d’avoir un peu de paix. 

- Oui, je suis gay. Non, c’est pas un gros mot. J’aime les hommes et je l’assume parfaitement. J’aurais quand même préféré le dire moi-même plutôt que de me faire violer mon intimité par des rapaces en quête de scoops. Une info comme celle là va certainement atteindre ma popularité, c’est certain. Mais je ne vois pas en quoi elle atteindrait ma réputation. Mon métier de héros reste le même, peu importe avec qui je partage mon lit. Maintenant, foutez-moi la paix. »

Le regard du cendré ne laissait pas place à la discussion et c’est la tête haute qu’il traversa la foule de journalistes, tournant à l’angle de la rue, prenant la route menant à son appartement. Sortant son téléphone, le blond remarqua le message de Kirishima, lui montrant son admiration dans un ‘Ta déclaration était tellement virile Bro !’ qui lui fit esquisser un fin sourire. Il répondit ensuite au message de Shoto, lui expliquant qu’il n’était pas faible, que ça irait et que les journalistes finiraient bien par se lasser. 

Puis, une fois chez lui, il appela à nouveau ses parents, les rassurant par rapport à la situation et leur assurant qu’il n’était pas seul. Qu’il avait le soutien de Kirishima et de Shoto. Bien évidemment, ses parents avaient voulu en savoir plus sur ce ‘Shoto’ dont ils n’avaient presque jamais entendu parler, et Katsuki se retrouva à raconter globalement les évènements passés avec le garçon bicolore. Quand il se coucha, Bakugou se surpris à regretter l’absence de Shoto, se rendant compte, en rougissant, qu’il avait un peu trop apprécié d’être dans les bras protecteurs de son ancien camarade de classe. 

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Hey ! Le chapitre 13 est sorti !

J'espère que vous passez un bon weekend, et que ce chapitre vous plaira !

À bientôt pour le chapitre 14,

Baiser monochrome,
-DianaV🌺

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