Chapitre 12
Un réveil douloureux.
Dix heures trente, une alarme qui retentit. Bakugou, encore ensommeillé, étendit son bras afin de stopper la sonnerie de son téléphone qu’il avait, par précaution, enregistrée la veille. Se félicitant d’être prévoyant, Katsuki se redressa, grimaçant de douleur. Il sentait ses hanches ainsi que le bas de son dos engourdis en raison de la nuit torride qu’il avait partagée avec le bel inconnu du bar. C’était la première fois qu’il faisait ça. Coucher juste pour les plaisirs charnels. Il avait trouvé ça exquis. Souriant de satisfaction, il tourna la tête, remarquant le brun endormi à ses cotés, le drap cachant à peine son corps bien bâti. Il nota les griffures couvrant le dos musclé du garçon, se rappelant à peine à quel moment le plaisir l’avait submergé suffisamment pour qu’il devienne une bête sauvage.
Se relevant tout en massant ses reins, le cendré ramassa ses affaires, éparpillées aux quatre coins de la chambre, se dirigeant en silence vers la salle de bain. Une fois l’eau à bonne température, le cendré se glissa sous le jet, détendant ses muscles. Son mois de rupture lui avait fait oublié à quel point le sexe était bon même si, en toute honnêteté, à ses yeux, il manquait quelque chose quand il n’y avait pas de sentiments.
Alors que l’eau chaude ruisselait sur son corps, il sentit deux mains caresser ses hanches fermement. Il en fut extrêmement surpris. Il ne s’attendait pas à être rejoint, et encore moins à faire un dernier round passionné contre le carrelage mural.
Après avoir pris leur douche, le cendré enfila ses vêtements de la veille et mit ses chaussures, prêt à partir. Le brun lui tendit un papier avec un numéro de téléphone écrit dessus, lui murmurant un bref ‘Si tu veux qu’on se revoit’ auquel le blond sourit pour toute réponse, enfournant le papier dans sa poche. Katsuki n’avait pas donné son prénom, il comptait encore moins fournir son numéro. Mais ça restait une proposition intéressante qu’il ne déclinait pas sans y réfléchir.
Il sortit de chez le brun, les mains dans les poches, regardant autour de lui afin de retrouver son chemin. Il n’aurait jamais pensé se jeter sur un inconnu de la sorte mais, avec quelques verres suffisants pour désinhiber et un manque d’affection grandissant, il avait embrassé fougueusement le brun dès la sortie du bar et la nuit entière avait été courte et déchaînée. Cependant, même avec le manque de sommeil, Katsuki ne le regrettait pas. Il arriva à son appartement aux alentours de midi et, baillant à s’en décrocher la mâchoire, il commença à cuisiner tout en recevant le premier message de Todoroki.
Le bicolore lui demandait comment s’était passée sa soirée, en profitant pour lui rappeler que, puisqu’il ne travaillait pas ce soir et que le lendemain Katsuki reprenait encore une fois en après-midi, ils pourraient se voir pour discuter de l’enquête – ou de sa soirée. Il précisa même qu’il préparerait le dîner, chose qui fit sourire le cendré. Les repas partagés ensemble commençaient à devenir une agréable routine pour chacun des deux, tout comme le fait de se voir. Ils se rendaient compte qu’ils nouaient un lien inattendu mais qui, d’une certaine manière, les comblait.
Une fois leur repas fini, le bicolore sortit faire quelques achats pour le soir tandis que Katsuki partit à l’agence enfiler son costume et faire son tour d’inspection en compagnie de Kirishima. Le cendré avait, comme à son habitude, ignoré la majeure partie de ses collègues et, lors de leur tour, Eijirou lui avait parlé de son week-end, expliquant à quel point tout se passait bien avec Momo. Bien qu’il ne le montre pas, Katsuki était heureux pour lui. Concentrés sur leur travail, ils ne remarquèrent pas les regards des personnes qu’ils croisaient.
Ce n’est qu’une fois de retour à l’agence que les regards les percutèrent. Pour la majorité, ils exprimaient le dégoût, pour certains – comme pour Mina – la surprise, et un regard doré semblait peiné et compatissant. Devant le silence qui régnait dans l’agence, le cendré demanda – de son calme habituel – ce qui se passait. C’est Mina, tremblant imperceptiblement, qui tendit un magazine aux deux nouveaux arrivants. Faisant la une, en couverture, trônait une photo prise de nuit, devant le bar, de Bakugou et du brun, se livrant à un baiser enflammé. Malgré l’obscurité, il était impossible de ne pas identifier le jeune héros. Katsuki pâlit à cette vue, sentant son cœur s’arrêter. Son cerveau était blanc, vide. Il aurait voulu hurler aux personnes présentes que ce n’était pas leur vie, retrouver celui qui avait prit cette photo et lui exploser la tronche, utiliser un retourneur de temps et changer le passé.
Mais, sous le choc, il n’eut aucune réaction. Ça ne servait à rien de nier. Il était au pied du mur. De plus, il faisait la une d’un populaire magazine à scandale certainement acheté par grand nombre. À l’heure actuelle, il valait mieux se demander qui n’était pas au courant.
Ne réussissant même pas à afficher son habituel air fier, ni sa carapace de colère, le cendré releva simplement la tête vers les personnes présentes, lâchant un simple ‘En quoi ma vie vous concerne ?’ avant d’aller se changer rapidement, souhaitant éviter les questions, les regards. Kirishima le rejoint en quelques secondes, se changeant également et posant une main réconfortante sur son épaule, lui montrant par ce simple geste que lui serait là, qu’il ne le lâcherait pas. Katsuki sentait sa gorge comprimée, cette situation lui donnait envie de craquer à nouveau. Il commençait à peine à se remettre et il fallait que ça lui tombe dessus. Le retour à la réalité était un réveil douloureux.
Au moment où Katsuki passa le seuil de l’agence, il fut aveuglé par des flashs d’appareils photos et des questions en tout sens. Ces rats de paparazzis étaient devant le bâtiment, guettant la sortie du héros explosif. Ce dernier était prêt à les faire dégager à grands coups d’explosions, sentant la colère monter en lui, quand il fut tiré en arrière et ramené à l’intérieur par Kirishima. Ce dernier lui dit de prendre la sortie de secours et qu’il distrairait les journalistes pendant ce temps. Puis, avant que Bakugou ne réplique quoi que ce soit, le rouge sortit et fut également accueilli par de nombreuses questions. Après tout, il était le partenaire de Ground Zero depuis plus de trois ans.
À l’intérieur de l’agence, tous les regards étaient portés sur le cendré et ce dernier se sentait oppressé, sa respiration s’accélérant. La seule personne qui réagit fut Denki qui, saisissant le poignet de son ex petit ami, le fit avancer jusque vers la sortie de secours, suivant le plan de Kirishima, lui disant de rentrer chez lui, qu’ils gèreraient la situation. Des perles salées étaient coincées au rebord des yeux de Katsuki. Kaminari avait mal au cœur, voir le garçon dans cet état restait douloureux pour lui. Susurrant un faible ‘Merci’, Bakugou disparu dans le crépuscule qui commençait à prendre place. Novembre approchait à grands pas.
Arrivé proche du parc, il sentit son téléphone vibrer dans sa poche et, en le déverrouillant, il vit qu’il avait manqué un appel de ses parents, qu’il avait plusieurs messages du nerd ainsi que de Double-Face, et même un appel manqué de ce dernier. Voir cet appel manqué lui provoqua un pincement au cœur. Jamais ils ne s’étaient appelés donc, il savait que le garçon avait dû voir le magasine et devait s’inquiéter. La voix tremblante, il appela ses parents, les rassurant autant qu’il le pouvait. Il raccrocha une fois devant la porte de l’appartement du bicolore. Il avait bien pensé aller directement chez lui et s’y enfermer, loin de toute cette histoire. Mais, rien qu’en pensant à la solitude qui l’attendait là-bas, sa vision s’était troublée davantage. De plus, il savait que le garçon au double alter insisterait jusqu’à avoir de ses nouvelles. Il avait déjà failli craquer avec ses parents, il savait pertinemment qu’il ne supporterait pas une autre discussion sans s’effondrer.
Il donna deux coups secs contre le bois de la porte et, en quelques secondes, Shoto lui ouvrit, pinçant ses lèvres, un air désolé déformant ses traits d’habitude si neutres. Le cendré entra sans un mot, retenant avec une difficulté grandissante ses larmes. Il avait beau avoir une fierté et un égo démesurés, il n’en ressentait pas moins la douleur.
Todoroki le guida jusqu’à son canapé où ils prirent place tous les deux, le silence régnant en maître sur les lieux. Le bicolore n’avait jamais été quelqu’un de très à l’aise avec les personnes, et encore moins lorsqu’il s’agissait de les réconforter. Alors qu’il allait dire quelque chose, il tourna son visage vers le cendré et remarqua les larmes dévalant ses joues, chutant sur le jean du cendré qui contractait la mâchoire, les lèvres tremblantes, essayant tant bien que mal de retenir sa peine, de ne pas paraître faible.
Cette vue fut comme un coup de poignard pour Shoto qui, dans un geste rempli d’impulsion et guidé uniquement par ses émotions, passa un bras autour ses épaules de Katsuki, l’attirant à lui dans une chaleureuse étreinte. Surpris par ce geste, Bakugou laissa échapper un sanglot avant de mordre sa lèvre violemment. Pourtant, il ne repoussa pas le garçon, bien au contraire. Il passa ses bras autour de sa taille, enfouissant le visage dans son cou, se laissant aller, déversant silencieusement sa tristesse avec le garçon qui avait choisi de partager son chagrin.
Les gestes du bicolore étaient tendres, comme s’il avait peur de briser le cendré. Il caressait son dos du bout des doigts de sa main droite, traçant d’invisibles motifs, tentant de l’apaiser, tandis que, de la main gauche, il jouait avec ses mèches blondes, cajolant l’explosif. Il avait lu l’article, avait été paralysé face à la connerie des médias, choqué de la violence de l’article et complètement chamboulé par la rage qu’il avait ressentie. Bakugou était devenu quelqu’un d’important pour lui et voir qu’on lui faisait du mal avait éveillé une colère sourde en son être.
Maintenant qu’il avait Katsuki dans ses bras, il ne voulait pas le lâcher une seule seconde.
Pourtant, après un long moment, une fois les pleurs taris, le cendré desserra son étreinte et se redressa, le visage rougi et souillé par les larmes. Shoto, quittant le canapé, attrapa une boite de mouchoirs et la tendit au garçon qui s’empressa de l’utiliser, nettoyant sa figure.
Todoroki ne savait pas quoi dire, il ne pouvait pas lui parler de sa journée, ni de sa soirée de la veille sans raviver de mauvais souvenirs et, bien qu’il veuille absolument changer les idées de Bakugou, il ne savait pas si parler de l’enquête, comme si de rien n’était, était la meilleure chose à faire. Alors, cherchant un terrain neutre, le bicolore proposa au cendré de regarder un film tout en mangeant, proposition à laquelle Katsuki hocha positivement la tête, remerciant intérieurement la compréhension du garçon.
Installés confortablement, une assiette de poulet épicé ainsi que de nouilles aux petits légumes devant eux, les deux hommes regardèrent le film d’action qui se déroulait sur l’écran. Une fois le film terminé, Katsuki se leva, prêt à repartir mais le bicolore le retint.
« Il est tard, tu ne vas pas rentrer maintenant ?
- Je… J’ai pris de ton temps, je veux pas être une charge. La voix du blond semblait éteinte, ce ton morne ne lui ressemblait absolument pas.
- Tu n’es pas une charge, bien au contraire. Reste cette nuit, Katsuki. Son prénom avait sonné d’une manière affectueuse prononcé par la voix suave du bicolore. Il aimait que le garçon l’appelle ainsi. Retirant les chaussures qu’il venait de mettre, il répondit au héros de la nuit.
- D’accord… Shoto. »
Il avait prononcé le nom du bicolore dans un souffle. L’appeler ainsi provoquait un sentiment étranger en lui, pourtant le prénom du garçon sonnait doux sur ses lèvres. Todoroki, bien qu’étonné, avait sourit et, à nouveau, prêté des habits à l’explosif. Ce dernier avait pris une douche chaude – sous les ordres du bicolore – qui lui avait fait le plus grand bien et, épuisé d’avoir trop pleuré, était allé se coucher. Todoroki avait rangé quelque peu son appartement, soulagé de ne pas avoir à le quitter ce soir, pouvant ainsi veiller sur le garçon qui occupait sa chambre d’amis.
Ne ressentant pas la fatigue, ce n’est que trois heures après Katsuki que le bicolore se décida à aller se coucher, passant dans le couloir. Pourtant, à moitié de celui-ci, il s’arrêta net, entendant des sanglots étouffés provenant de la chambre. Savoir que le cendré pleurait enserrait amèrement son cœur. La souffrance de Katsuki l’atteignait de plein fouet, comme si elle était sienne. Alors, n’écoutant encore une fois que son cœur, Todoroki entra dans la seconde chambre.
Emmitouflé sous les draps, enserrant son oreiller contre son torse, Katsuki pleurait, faisant le moins de bruit qu’il pouvait. Shoto sentit sa haine envers les journalistes augmenter d’un cran et sa sollicitude pour le blond croître davantage. Il avait subi beaucoup trop de choses en peu de temps.
Le bicolore s’avança en silence jusqu’au lit où il s’allongea, passant son bras autour du blond dans une nouvelle étreinte rassurante. Katsuki s’était d’abord raidit puis, sentant le doux parfum de Shoto envahir la pièce, et la chaleur de son corps irradier le sien malgré le drap qui les séparait, il ne bougea pas, savourant juste le fait d’être enlacé par le bicolore. Calmant sa respiration peu à peu, Katsuki finit par s’endormir et Shoto, le lâchant uniquement afin de se glisser sous les draps, s’endormit également quelques minutes après, maintenant fermement le cendré dans ses bras.
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Hey ! Voici le chapitre 12 !
Pas très joyeux, je sais. Je plaide coupable ! Mon côté sadique se réveille un peu trop souvent ^^
Mais Shoto est là pour s'occuper de Katsuki ! ;)
Un ( nouveau ) grand merci à Dynamalya pour l'illustration de ce chapitre, qui a été titanesque !
Les couvertures de magazines, c'est la galère !
J'espère que ce chapitre vous a plu et je vous dis à la semaine prochaine pour le chapitre 13 !
Baiser monochrome,
-DianaV🌺
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