Chapitre 25.
Aïe... Ça fait mal nom d'une méduse desaxée...
C'est la première chose à laquelle je pense en émergent des méandres de l'inconscience. Je sens déjà une terrible migraine se loger dans ma tête. Sans parler de ces fourmillement sur mon front. J'ouvre lentement mes yeux et bats des paupières. Ma première vision est le plafond de marbre. Je me rends alors compte que je suis allongée au sol, contre un mur. Je fronce soudain des sourcils, me rappelant tout ce qu'il s'est passé. Ma dispute avec Poséidon, le dieu qui me touche le front, les ténèbres qui m'accueille et... le rêve. Ou plutôt ces bribes de souvenirs. Tout m'est revenue, ma mémoire est de nouveau intacte et je me souviens de tout. Je me redresse vivement, animée par un élan de fureur. Il n'a pas osé...
Je bouillonne de rage tandis que mes ongles s'enfoncent dans mes paumes. Je me relève alors, animée par la détermination et fais volte face. Poséidon est affalé sur un fauteuil et m'observe, son expression toujours aussi neutre. Pourtant son regard a changé, presque hanté et mélancolique. Cela ravive ma rage. Il n'avait pas le droit. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, je me retrouve devant lui et lui assène une gifle magistrale. Sa tête n'a que légèrement bougé sous la force de l'impacte et ses yeux ne quittent pas les miens. Sa joue n'est même pas rouge... Je secoue mon poignet en grognant :
« Comment avez vous pu ?
Il ne réagit pas, ne perdant rien de son calme, et son impassibilité apparente fait monter mon agacement. Mon cœur bat furieusement et cela n'a plus rien à voir avec le désir. Ou bien si, mais avec celui de détruire. Celui de vengeance. Je lève la main pour le gifler à nouveau, bien décidée à y mettre plus de puissance cette fois ci, mais alors que je l'abats, il l'intercepte brusquement en se levant. Mon poignet emprisonné entre ses doigts, il me surplombe, son visage toujours aussi neutre. Son regard totalement sérieux et autoritaire plonge dans le mien et je sens la puissance de son aura faire pression sur la mienne, pour me forcer à courber la tête.
- Tu as finis ?
Sa voix rauque tranche l'air. Je plisse des yeux et le défi du regard, bien décidée à ne pas me laisser faire :
- Si j'ai finis ?
Je serre le poing pour contenir ma rage. Ses doigts encerclent toujours mon poignet avec une telle force que je ne sais pas si le sang y circule encore. Mais je n'en ai que faire.
- C'est tout ce que vous trouvez à dire ? Bien ! Alors non. Je suis loin d'avoir finis. Très loin même. Je viens tout juste de commencer. Comment avez vous pu ?
- Je n'ai pas de compte à te rendre.
Sa réponse me fait réagir au quart de tour. Je lève mon genoux avec force, visant entre ses jambes. Il se raidit lors de l'impact. Bien évidemment je ne l'ai pas réellement blessé, mais la légère grimace qu'il exécute me rempli d'une satisfaction malsaine. Je veux frapper, je veux blesser, je veux qu'il souffre... J'ai un tel désir de destruction que cela m'étonnerai presque. Mais lorsque la faim terrible qui s'était fait ressentir, douleur atroce, me revient en mémoire, je grimace. Après avoir repris mes esprits j'étais devenue tellement sensible à la faim que je ne pouvais plus la contrôler, ni même contrôler certains de mes pouvoirs. Oui, j'étais revenue, mais l'équilibre était si fragile que je craquais souvent et sombrait dans une folie meurtrière, causant massacre sur massacre. Je ne sais ce qui est le pire entre l'enfermement et ce qui en a suivit ou le fait qu'il ait voulu me tuer...
- Vous plaisantez ?
- Loin de là, l'idée. grogne-t-il en serrant le poing si fort que je crains qu'il n'ait envie de me frapper.
Je ne sais qui de nous deux est le plus en colère. Mais quelles sont ses raisons à lui ? Le fait que je puisse... Libérer ou enfermer des dieux ? Par pitié, c'est si ridicule que j'ai soudain envie d'en rire. Poséidon, le grand et majestueux roi des mers, l'invaincu, le coléreux, le déclencheur de tempêtes et de tremblements de terre (et j'en passe) craindrait une de ses sirènes ? Une de ses créations ? Ce serait l'arroseur arrosé... Comme si je n'avais que ça à faire de m'occuper des dieux... Acerbe, je rétorque :
- Alors votre unique raison d'agir était ce pouvoir que je possède, dont je n'avais même pas conscience ? Si vous me haïssez à ce point, pourquoi être revenu ? Pourquoi avoir exigé que je rejoigne votre banc ?
- Cela n'a aucune importance.
- Ça en a. Était-ce pour satisfaire votre orgueil blessé de n'avoir aucune emprise sur moi ? Ou parce que vous convoitiez mon pouvoir et désiriez le posséder en me possédant moi ? Ou même mieux alors ! Pour ces supposés sentiments que vous prétendez avoir ? Laissez moi rire. Vous êtes incapable d'en ressentir, incapable d'aimer. Vous n'avez pas de cœur, pas d'âme. Vous ne faites que mentir, toujours mentir, sans scrupules et remords. Que diraient vos sirènes si elles apprenaient tous vos méfaits, même ceux que vous dissimulez si précieusement, par peur ?
Ses pupilles se dilatent et son regard s'assombrit tant qu'il pourrait terrifier Méduse elle même. Sa prise autour de mon poignet se renforce et je sens la douleur naître alors même qu'un craquement se fait entendre. Je retiens mon grognement de douleur. Sa main libre s'approche de mon visage et caresse ma joue. Mais son geste n'a rien de tendre. Il gronde :
- Désires-tu que l'on évoque ton cas ? Toi qui charme et qui use de tes sortilèges, toi qui me fais des reproches. Regarde moi droit dans les yeux et dis moi n'avoir jamais fais de choix injuste et sans scrupule pour te protéger. Tu es la pire de toutes. La plus sanguinaire. Tu oses me fustiger de la sorte mais regarde toi !
Sa main quitte mon visage pour ma gorge qu'il enserre de ses doigts pour me rapprocher brusquement de lui. Son souffle marin échoue sur mon visage, animé de colère. Poséidon est brusque, violent et sa propre rage vient animer la mienne. Il siffle à mon oreille :
- Regarde toi Mélusine, tu mens à tout le monde. Ta propre apparence est une illusion. Tu dissimules ta véritable nature en dissimulant ce symbole. Une illusion que tu as créé de toute pièce pour cacher au monde que tu es la clé de toute chose et ce depuis le commencement. Et inconsciemment qui plus est. Tu es une illusion. Tu es un mensonge.
Il l'a dit d'une telle manière que toute sa tirade prend de terribles allures de reproches. Son ton laisse entrevoir le fait que je l'aurai blessé, trahit. Cela m'agace. Je n'ai pas choisis à être la clé.
- Vous me reprochez de mentir, mais de nous deux le menteur ici c'est vous. Comment pouvez vous oser...
Je tente de me calmer avant de ne réellement exploser. Il secoue la tête, me lâche la gorge et réplique :
- Je n'ai pas mentis Lorelei.
- Si. Vous m'avez dissimulé tout ce que vous aviez fais, vous avez caché tout ce que saviez. Vous êtes allé jusqu'à m'enfermer dans une crypte afin que j'en devienne folle de faim. Vous parlez de vos frères et sœurs, vous parlez d'Éris en prétendant être différent, mais vous êtes pires, mille fois pire.
Le dieu plisse des yeux, prédateur, et il me crache à la figure, tel du venin :
- Si la situation avait été inversée, si toi tu avais du te débarrasser de moi pour pouvoir vivre tu l'aurais fait. Tu es prête à le faire maintenant et ce depuis que je suis arrivé pour te demander de rejoindre le banc. Alors ne me reproche pas de m'être assuré un avenir.
Je le regarde, presque tremblante de rage. Je me rappelle si bien son regard lorsqu'il m'étranglait, lorsqu'il cherchait à me tuer ou lorsqu'il déclenchait un tremblement de terre pour faire s'effondrer l'entrée de la crypte, m'y enfermant dans l'intention de ne jamais me voire en ressortir. Ces souvenirs se confondent avec celui de notre rencontre alors même que je croisais ses yeux marins pour la première fois ou bien avec celui du baiser enflammé échangé dans son palais. Sans oublier celui de la boîte de nuit il y a quelque jours.
Depuis le début, ce dieu ne fait que de se moquer de moi alors même qu'il est responsable d'une des périodes les plus sombres de ma vie... Je parviens à me dégager de son emprise et fais volte face pour m'en aller, sachant pertinemment que je ne peux rien y changer. Pourtant je me fige sur le seuil et me retourne pour lâcher à son attention avec dédain :
- Je serai prête à vous enfermer à mon tour si je savais seulement comment fonctionne ce foutu don.
- Tu le sais déjà Lorelei.
- Ne m'appelez plus jamais ainsi !
Il secoue négativement la tête, un rictus désabusé sur les lèvres et s'approche pour glisser à mon oreille :
- Ce pouvoir en toi est un danger. L'enchanteresse avait le même. Et elle a mis fin au règne des dieux alors que tous pensaient cela impossible.
- Mais je ne suis pas l'enchanteresse et je n'en ai rien à foutre de vous. Vous n'auriez pas du. Ni me dissimuler cela, ni m'enfermer, ni chercher à me tuer. Vous ne valez pas mieux que votre sœur.
- Comprends moi bien Mélusine, tu avais la capacité de me priver de ma liberté. Et j'avais juré de te tuer.
- Pourtant vous n'y êtes pas parvenu.
Son regard plonge dans le mien et pour la première fois, je n'ai pas l'impression d'avoir face à moi un dieux puissant et orgueilleux. Seulement un homme qui s'est découvert une faiblesse.
- Non, je n'y suis pas parvenu. »
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