Chapire 3.

Lorsque Seth a rejoint la S.S.C. ou Supernatural Security Center, la section des services secrets chargée d'enquêter sur tous les faits relevant du surnaturel, il était tout jeune et venait de se retrouver avec une affaire des plus sordides sous les bras. Celle d'une vingtaine d'enfants assassinés pour les rites sacrificiels d'une demi-enchanteresse totalement folle. Cette enquête lui a permit de se faire une place dans le petit groupe. Et c'est alors qu'il s'est retrouvé à devoir me traquer moi. Manque de bol, c'est moi qui ait gagné.

Sa seule erreur a été de céder à mon charme.

J'en ai d'ailleurs peut-être fait une en jetant tout moyen d'entrer en communication avec mon protecteur... À présent, je dois me rendre dans le seul endroit que je connaisse qui m'indiquerait où se trouve l'humain et je peux dire que l'idée ne m'enchante guère.

Jamais je n'avais pensé mettre les pieds dans un des bureaux de la S.S.C. Non pas qu'ils soient très bien dissimulés, puisqu'il existe des bâtiments, des sortes de commissariat leur appartenant un peu partout dans le monde. Mais le fait est que je suis considérée comme une créature à risque. Une tueuse qui met en péril la sécurité de nombreux êtres humains. En trois millénaire j'ai tout de même dû tuer plus de cent cinquante milles hommes. Ce qui me fait beaucoup de cadavres et de morts sur la conscience. Donc, je doute qu'ils m'accueillent à bras ouverts.

Pourtant, la menace des dieux est bien trop préoccupante pour que ça ait une quelconque importance à mes yeux. Alors, rajustant ma veste, je pénètre dans le bâtiment.

Il est vrai que la S.S.C. est très bien organisée même si j'ai connu mieux en matière d'organisation secrète. L'avantage lorsqu'on vie tant de temps, c'est qu'on peut s'infiltrer dans n'importe quels groupes ou sectes.

À peine ai-je mis les pieds à l'intérieur du commissariat que je ressens toutes les protections anti-magie installées. Mes illusions ne vont pas fonctionner. C'est dommage, les choses auraient été plus faciles et il n'y aurait peut-être pas eut de blessés.

Parfois, il m'arrive de demander pourquoi la S.S.C. ne s'allie pas avec l'ordre des Chasseurs de Sirènes. Ces derniers sont de fiers combattant résistant à certains pouvoirs et possédant d'immenses connaissances. Quand à la S.S.C. elle pourrait permette au chasseur d'avoir un champs d'action plus élevé. Nul doute alors qu'ils auraient eut pas mal d'avantages. Mais c'est à croire que le sens de la stratégie n'est pas très élevé chez eux. Tant mieux pour moi.

Alors que j'avance dans le grand hall, je surprends quelques regards sur moi. Mais ils semblent tous tant occupés que je m'en voudrais terriblement de les déranger... Bien évidemment, l'ironie est à noter.

Je me faufile comme une anguille jusqu'aux archives. La sécurité devrait vraiment être renforcée. Et je ne dis pas ça parce que je suis parvenue à assommer deux vigiles avec une facilité déconcertante.

Avisant un ordinateur, je m'assois face à lui et commence à chercher. Mais l'accès est bloqué. Je sens l'exaspération me gagner. Sérieusement ? Un code d'accès. Si cet ordinateur n'était pas mon seul moyen de trouver Seth, je le briserai en mille morceau. Le self contrôle, ça va bien deux minutes...

Brusquement, des chuchotements retentissent dans ma tête, me déstabilisant grandement. Des voix et des murmures semblent me souffler des mots... Menaçants.

Tic tac, Mélusine. Nous viendrons.

Des éclairs m'aveuglent sous mes paupières et des hurlements explosent dans mes oreilles. Ma respiration se coupe avec violence et j'ai l'impression, un bref instant, que flotte devant moi le symbole qui orne mon front. Juste avant qu'un nouveau flash ne survienne et qu'une silhouette enrobée dans une immense cape ne fasse son apparition. Le tout n'aura pas duré deux secondes mais je chancelle et me rattrape de justesse au bureau. Cette fois-ci, pas de doute. C'est bien un message envoyé des dieux.

La voix d'Eris confirme cette pensé :

« Je te l'avais dis, Mélusine. »

C'est alors qu'un grincement se fait entendre. Je me tourne vers la jeune femme qui pousse la porte du local. Ses yeux s'arrondissent en m'apercevant et je décrypte sur son visage qu'elle compte donner l'alarme. J'agis par instinct et avant qu'elle ne puisse dire quoique ce soit, mes ordres s'échappent déjà d'entre mes lèvres. Des ordres contre lesquels, elle ne peut lutter.

Elle s'assoit face à l'ordinateur et commence alors à chercher pour moi où se trouve mon protecteur. C'est bien plus simple que si j'avais eut à le faire moi même. Une fois le dossier en main j'ordonne à la jeune femme de me faire face. En cet instant, le fait qu'elle soit une innocente et que je ne compte pas me nourrir d'elle n'a aucune importance. Seule le tic tac insupportable du temps résonne dans mon esprit. Les dieux cherchent à me tuer, je dois faire le plus vite possible et ces humains risquent de se jeter à ma poursuite. A peine s'exécute-t-elle qu'elle se retrouve au sol inconscient et peut-être même morte. Qu'importe, j'ai ce qu'il me faut.

«Et ensuite, tu dis ne pas être un monstre... »

*

Tokyo. Japon.

Plus sérieusement, pourquoi la S.S.C. s'amuse à envoyer ses agents et enquêteurs jusqu'à l'autre bout du monde ? La dernière fois que je suis venue au Japon, la seconde guerre mondiale ravageait encore le monde. Je n'en garde pas un excellent souvenir.

J'ai laissé mon instinct me guider afin de retrouver mon protecteur mais la ville est si grande que j'aurai pu m'y perdre cent fois. Au final, je me retrouve dans un quartier à la bordure de Tokyo. Les maisons sont plus petites, les lampadaires grésillent et l'endroit sent énormément le poisson. Soit, une excellente cachette pour créature mythique. Les écailles qui parcourent soudain ma peau me prévienne que je ne suis pas loin de mon but. Avisant une poissonnerie, j'entreprends de grimper sur son toit sans pouvoir m'empêcher de ressentir du dégoût face à l'odeur entêtante d'êtres marins en presque décomposition. Les coups de vent disperse cependant l'odeur et la vision est meilleur. Je referme les pans de ma veste en cuir contre moi et reste à l'affut.

C'est là qu'un grondement terrible se fait entendre et je plisse des yeux pour mieux me concentrer sur sa source.

Quelqu'un pourrait-il me rappeler quelle était la mission de Seth ?

En apercevant l'énorme ombre menaçante qui se découpe dans la ruelle en contre-bas, la mémoire me reviens soudain.

Il traque un manticore.

Dans la pénombre et l'odeur de poison, avance une immense créature au corps énorme de lion. Deux ailes de chauve-souris se découpent dans son dos et il balance une immense queue de scorpion. Les yeux de la bête trahissent sa faim dévorante. A comprendre pourquoi elle s'est réfugiée au japon... Elle a ici de quoi se nourrir tout en profitant des ombres. Le manticore s'approchent des deux silhouettes d'humains, prédateur. Les deux policiers sont prêts à se battre et ont leurs armes en main. Mais ils ne font pas le poids. Sont-ils stupides pour envoyer un humain, même à la longévité incroyable, se battre contre une telle créature ? Je vais encore devoir me salir pour lui venir en aide et je n'avais pas du tout prévu de combat pour cette soirée... Assez remontée, j'attache mes cheveux, vérifie que mes lames sont bien en place et prend une grande inspiration.

« Tu veux vraiment faire ça ? Tu ne préfères pas laisser l'humain crever et regarder ça en mangeant du pop corn ? Ou tu peux également t'en aller... »

Je lève les yeux en entendant la remarque de la déesse qui paraît grandement ennuyée par mon choix. Je l'insulte mentalement.

Foutu S.S.C., foutu manticore, foutu Seth et foutus dieux !

Prenant mon élan, je saute du toit pour atterrir en plein sur la créature, pile entre ses deux ailes. Mon élan la fait chuter. Mais le manticore roule au sol, me faisant tomber de son dos. Ses ailes s'abattent sur moi et leur puissance me propulse contre un mur. Mon épaule encaisse le coup et vu le craquement qui se produit, nul doute qu'elle ne s'est déboîtée. Mon corps s'embrase et je me relève à toute vitesse avant de bondir sur la créature. Elle tente de me frapper avec ses ailes une nouvelle fois mais je l'esquive. C'est alors que me revient en mémoire le principale point faible des manticores. Ils sont très sensibles à l'argent. Détail qui me revient au mémoire alors que ma main effleure le poignard offert par Poséidon il y a cinq ans. Un étrange sentiment s'empare de moi mais pile au même moment, sa queue de scorpion fonce sur moi. Je me décale prestement en arrière pour éviter le crochet venimeux. Cependant, le manticore semble détourner son attention de moi et la reporte sur Seth et son coéquipier. Je vois rouge. Assemblant mon énergie, je tire la dague de sa cachette et bondis de toutes mes forces sur son dos. Je parviens à me hisser le long de sa colonne malgré mon épaule déboîtée, tout en esquivant les ailes qui tentent de m'y chasser. Lorsque j'arrive à me stabiliser. Je lève la dague de mon bras valide, ferme les yeux un instant, et l'abaisse de toute mes forces. L'argent déchire la chaire du manticore et s'enfonce jusqu'à sa cage thoracique. Malgré le glapissement déchirant de la bête, ce n'est pas suffisant. Je frappe à nouveau et étonnement, voir le précieux cadeaux du dieu se couvrir de sang me remplie de satisfaction.

Je tiens seulement à m'assurer que, si après notre victoire, l'envie de me faire payer au centuple tout ce que je t'ai fais, ce serait avec une arme digne de moi.
Ce sont ses propres paroles. Maintenant qu'elle est tachée par le sang d'un manticore, je me demande avec une satisfaction malsaine si cette arme est encore digne de sa divinité...

La créature mi-lion mi-scorpion ailée s'effondre enfin et je saute agilement de son dos. Lâchant un grognement de frustration, je remboîte mon épaule d'un geste sec et jette un dernier regard à la créature étendue à mes pieds.

Je lève alors mes yeux sur les deux humains qui m'observent bouches bées, et les observe à travers mes longs cheveux qui tombent devant mes yeux. Puis je laisse un sourire satisfait étirer mes lèvres lorsque Seth me reconnaît enfin. Il écarquille les yeux et porte une main à la poitrine comme si il y avait reçu un coup. Je relève le menton et souffle :

« Alors chéri, on ne vient pas me saluer ?

Il fronce des sourcils avant que son visage ne s'éclaire de façon surprenante et il secoue la tête avant de murmurer :

- Je savais que tu reviendrais.

Ses yeux bruns terre plongent dans les miens. Et avant que la personne à ses côtés ne puisse réagir, nous nous retrouvons dans les bras l'un de l'autre. Ses bras forts ne me lâchent plus, m'étreignant entre douceur et violence. J'ai mes bras autour du cou de l'humain et mes mains dans ses cheveux. Il finit par se détacher et son regard se fait plus dur.

- Tu es une véritable garce Mel'. »

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