chapitre 7 ; une pauvre excuse
𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
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chapitre sept —— une pauvre excuse
« it's hard to find an end to something that you keep beginning. »
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Une terrible semaine passa. D'abord, Kanon se prit un savon par ses parents pour être sortie sans leur autorisation. Ils lui avaient répété qu'ils avaient été morts d'inquiétude, même si elle les avait prévenus par message juste avant.
Puis, Kanon fut envahie chaque nuit de cauchemars, tous plus cruels les uns que les autres. Alors que certaines fois, elle se voyait mourir de sa maladie sous les regards horrifiés de sa famille, à d'autres moments, elle avait des visions d'Akaashi qui la hantaient. Il lui faisait des tas de reproches, lui en voulait terriblement de lui avoir donné des faux espoirs de leur amour. Et le pire dans tout ça, c'était que Kanon ne pouvait s'empêcher de se dire que c'était ce qu'Akaashi pensait en ce moment d'elle.
Depuis leur sortie au centre-ville, Kanon l'avait évité au lycée. Elle passait par des couloirs différents pour le contourner, sortait en vitesse des cours avant qu'il arrive pour attendre Bokuto, et dès que les deux volleyeurs venaient pour saluer Fujiko et elle, Kanon prétextait aller aux toilettes et y restait jusqu'à la fin de pause.
Cette attitude avait évidemment alerté Fujiko. Sa meilleure amie voyait clairement que Kanon ne voulait pas être confrontée à Akaashi, alors elle lui avait demandé ce qu'il se passait entre eux.
— Rien de spécial. Il n'y a rien. Ne t'inquiète pas.
Ce fut la seule réponse de Kanon à son amie. Et évidemment, cela ne l'a pas convaincue.
Kanon aurait voulu pouvoir en dire plus, mais c'était impossible. C'était la condamner à parler de sa maladie, et c'était bien la dernière chose dont elle avait envie de discuter.
Sa propre attitude concernant Akaashi lui brisait chaque fois le cœur. Elle ne ressentait plus aucune joie ces derniers temps, n'arrivait plus à se consoler des petites choses au quotidien qui la faisaient toujours sourire. Avant, elle se contentait d'un petit rien pour être heureuse. Mais maintenant, elle voulait plus. Elle en avait marre de chercher ce bonheur dans l'insignifiance des choses. Elle voulait bien plus encore. Elle voulait de l'amour, l'amour d'Akaashi. Elle voulait aimer et se faire aimer par lui et seulement lui.
La vie était dénuée d'intérêt maintenant que sa raison de vivre n'existait plus. Finalement, elle attendait la mort sans aucun problème. Plus rien ne l'attachait à son existence. Pas même sa famille car, même si elle l'aimait et inversement, elle ne passait pas des moments aussi magiques qu'avec ceux qu'elle avait passés avec Akaashi. Peut-être était-ce égoïste de penser cela. Kanon n'arrivait plus à discerner ce qui était bon ou non. Tout ce qu'elle avait voulu, elle ne l'avait jamais eu.
Elle aurait voulu vivre comme tout le monde : avoir une vie après son lycée, vivre avec son amour, avoir des tas d'amis, voyager, fonder une famille, puis mourir paisiblement à sa retraite. Tout lui avait été enlevé dès le départ. Désormais, elle savait qu'elle ne ferait rien de plus que quelques semaines encore, voir mois, au lycée Fukurodani, tout en évitant celui qu'elle aime. Elle avait goûté au sentiment amoureux, elle ne pourra jamais le retrouver.
Elle subissait son destin sans pouvoir rien n'y faire. Sa morale l'empêchait d'aimer Akaashi : elle ne voulait pas qu'il souffre à sa mort. Déjà que Fujiko avait transgressé cette règle, Kanon redoutait déjà ce moment pour elle et se demandait encore pourquoi elle ne l'avait pas repoussé. Mais la solitude avait sûrement dû la gagner à l'époque, et elle avait peut-être été aussi poussée par l'excitation d'enfin se faire une amie. Kanon regrettait son erreur, mais elle ne pouvait pas changer, plus maintenant.
C'est à la pause du midi que Fujiko retenta de discuter avec Kanon. Elle s'en doutait, son amie n'allait pas la laisser comme ça.
— Dis, j'ai parlé un peu avec Akaashi...
Le corps de Kanon se raidit immédiatement. Elle avait toujours angoissé en s'imaginant avoir ce genre discussion avec sa meilleure amie, la réalité était encore pire.
— Je croyais que tu l'aimais, poursuivit Fujiko avec incompréhension. Pourquoi est-ce que tu l'as repoussé ? Il t'avait avoué qu'il t'aimait aussi !
— Je n'ai jamais dit que je l'aimais, lui répondit Kanon, d'un ton sec.
— Arrête de te mentir à toi-même. Qu'est-ce qui t'empêche de l'aimer ?
Le fait que je vais mourir dans quelques semaines peut-être ?
— Tu peux tout me dire, tu sais. Je suis ta meilleure amie, et je serai toujours là pour toi, quoiqu'il arrive. Alors, s'il y a quelque chose qui ne va pas, il faut me le dire.
Kanon ne répondit rien. Alors, Fujiko poursuivit :
— Est-ce qu'il t'a fait quelque chose de mal ? Ou bien, est-ce que tu as des problèmes familiaux ? Tu sais, depuis que tu as rencontré Akaashi, je te sentais tellement heureuse. Et là, tu ne veux carrément plus le voir ni lui parler.
— Fujiko, s'il te plaît, je ne veux pas...
— Est-ce que c'est en rapport au fait que tu ne sortes jamais ?
Le cœur de Kanon manqua un battement. Fujiko avait visé juste. Un peu trop même. Est-ce qu'elle se doutait de quelque chose ? Kanon n'osa plus soutenir le regard de son amie et baissa la tête. Elle aussi, elle allait souffrir à sa mort. Et Kanon commençait à se demander si lui cacher sa maladie avait été la meilleure décision.
En voyant la réaction de son amie, Fujiko eut un instant de panique, et se précipita de répondre :
— Je suis désolée. Si tu ne veux pas en parler, je comprendrai bien sûr. Je voulais juste m'assurer que tu ailles bien. Voir que tu n'as pas le moral, ça me rend triste aussi...
— Tu es très gentille, j'ai vraiment de la chance de t'avoir, Fujiko, lui sourit Kanon.
Fujiko dû se contenter de cette seule réponse. Alors elle ne poursuivit pas la discussion, changea gaiement de sujet, comme si de rien n'était. Elle allait tout faire pour découvrir ce qui tracassait son amie.
***
— Je vais y aller, à demain, Kanon !
Après l'avoir salué d'un grand geste de la main, Fujiko s'en alla d'un pas pressé en direction du bâtiment secondaire du lycée. Kanon la regarda partir un instant, avant de lui tourner le dos et de se diriger vers le portail de l'établissement.
A la fin de la journée, Fujiko restait quelques heures en plus au club de théâtre du lycée. Les activités extra-scolaires étant obligatoires, la question sur Kanon s'était posée : pourquoi avait-elle le droit de ne pas avoir de club ? Kanon avait prétexté faire déjà une activité en dehors du lycée, et Fujiko n'avait pas plus posé de questions.
La vérité était que le directeur était déjà au courant de la situation de Kanon. Il ne l'avait donc pas forcé à rejoindre un club, même s'il l'avait fortement recommandé.
Mais une fois encore, c'était contraire aux principes de l'adolescente. Elle avait refusé.
Alors que Kanon posa un premier pied hors du lycée, elle fut arrêtée par quelqu'un qui l'appela au loin. Le corps de Kanon se tétanisa. Elle pouvait aisément reconnaître cette voix entre mille.
Elle se retourna lentement, le cœur en extase. Sa gorge se serra, ses lèvres tremblèrent. Devant elle se tenait Akaashi, haletant, sûrement qu'il l'avait aperçu au loin.
— Je t'ai... enfin trouvé, finit- il par dire entre deux expirations.
— Ça fait longtemps...
Kanon ne savait pas quoi dire de plus. Sa salive manquait, les mots ne parvenaient pas à elle, ses pensées se mélangeaient. Elle était en panique à ce qu'Akaashi allait lui dire. Ils ne s'étaient pas revus depuis une semaine, et c'était de la faute à Kanon. Elle avait tout fait pour l'éviter. Tout fait pour ne pas être justement confronté à cette discussion qu'elle redoutait tant.
— Il faut qu'on parle, poursuivit l'adolescent qui avait repris son calme. Je suis désolé, pour la dernière fois.
Kanon resta un instant hébétée.
— Pourquoi l'es-tu ?
— Car je me suis trompé sur tes intentions et je t'ai embarrassée dans la boutique. Je ne pensais pas que ça allait tout gâcher entre nous. Je voudrais qu'on continue à se voir, sans que cette fois-ci, il n'y ait d'ambiguïté. Je veux juste passer du temps avec toi.
Kanon resta sans voix. Il s'excusait ? Lui ? En à peine quelques secondes, le cœur de l'adolescente se serra de douleur. Tout était entièrement de sa faute, et Akaashi ne s'était pas trompé : elle l'aimait d'un amour fou. Elle voulait le voir à chaque instant, passer le reste de son temps avec lui, l'aimer et se faire aimer. Elle voulait ressentir à nouveau ce bonheur amoureux.
Elle ne pouvait pas.
Pourtant, elle souhaitait se faire pardonner auprès d'Akaashi de son comportement, du faux espoir qu'elle lui avait donné. Alors, pourquoi ne pas continuer à garder une relation légère avec lui ? Elle ne se rapprocherait pas beaucoup, ne tenterait rien, passerait juste quelques moments ensemble.
Était-ce réellement une mauvaise idée ?
En réalité, derrière cette excuse pour affaiblir sa culpabilité, Kanon souhaitait passer à nouveau du temps avec Akaashi. Avec ce prétexte, sa conscience restait tranquille, et elle pouvait continuer à l'aimer secrètement.
Inconsciemment, Kanon bravait une nouvelle fois la règle qu'elle s'était imposée depuis sa rentrée au lycée.
— Oui, pourquoi pas, lui répondit-elle avec un grand sourire qu'elle ne pouvait cacher.
— Ça me fait plaisir, répondit Akaashi avec un soupir de soulagement. Alors, on se voit demain !
Et il tourna les talons, en direction du gymnase du lycée. Cette discussion avait été à la fois étrange, et passionnante. Pour Kanon qui ne l'avait pas parlé depuis une semaine, elle en était ravie et se sentait sur un petit nuage.
Elle se rassurait en se disant qu'elle gardait une petite relation avec Akaashi pour se faire pardonner de son comportement. Cette excuse avait suffisamment convaincue Kanon. Car en réalité, derrière cette idée, c'était surtout pour pouvoir passer à nouveau du temps avec lui, sans aucune culpabilité.
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CHAPITRE 7 TERMINÉ
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