chapitre 5 ; ce qu'on ressent pour l'autre

𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
━━━━━ ⸙ ━━━━━
chapitre cinq -- Ce qu'on ressent pour l'autre
« The future is ready to fly . »

•| ⊱ ⏳ ⊰ |•

Kanon était heureuse. Épanouie, euphorique, comblée et perdue dans de doux sentiments. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas atteint un aussi grand bonheur. Elle n'avait pourtant passée qu'une journée à parler à Akaashi par téléphone, mais ce fut comme si elle le connaissait depuis toujours. Sa vie, elle la comprenait, l'avait écoutée, et inversement. Bien sûr, elle s'était retenue de dévoiler sa maladie, mais elle le savait : elle ne tarderait pas à lui avouer, lorsqu'elle serait prête.

Elle se retrouvait tout de même prise de doutes sur ses sentiments et son avenir. Hana lui avait conseillé de vivre pleinement sa vie sans penser à ses soucis. Dit comme ça, Kanon trouvait cela facile et simple, mais en réalité, la culpabilité, l'incertitude et l'anxiété animaient ses pensées. Elle réfléchissait trop aux possibles conséquences de ses actes, se demandait à tout va les reproches qu'on lui ferait pour cet égoïste - d'après elle - dont elle faisait preuve.

Que c'était dur, de vivre sans soucis, d'être heureux.

Peut-être avait-elle enfin réussi à se raccrocher à un espoir qui lui permettait d'espérer de vivre toujours plus longtemps ? Depuis des années, jamais elle n'avait trouvé cet objectif, cette raison de vivre. Elle s'était dite qu'elle ne pourrait jamais rien accomplir dans sa vie, qu'elle allait, de toute façon, mourir jeune et seule, sans avoir réalisé aucun de ses rêves. Alors elle avait tout abandonné, tout. Elle ne vivait pas, elle survivait sans raison d'être.

Kanon avait trouvé en Akaashi ce qui la comblait de bonheur. Elle ne saurait l'expliquer, mais avec lui, tout était plus simple. Elle pouvait passer des heures à se le remémorer dans ses pensées, lui parler, ou songer à lui avec un grand sourire. Elle s'imaginait des tas de choses avec lui, comme partir ensemble faire le tour du monde, grandir, avoir une famille et un travail convenable. Avec lui, elle oubliait sa maladie et sa mort prochaine.

Alors, quand elle le revit lundi au lycée, elle ne savait pas quoi lui dire. Akaashi aussi, n'avait rien dit. Ils s'étaient longuement regardés, sans un mot, comme s'ils s'étaient compris sans même s'être parlés. Kanon l'aimait, Akaashi aussi. Pourtant, ils n'avaient pas atteint le cap de se mettre ensemble. Peut-être leur fallait-il encore un peu de temps, s'accoutumer à l'autre, le découvrir encore plus. Parler seulement par message ne suffisait pas, il fallait maintenant développer une relation en face-à-face.

Mais Kanon n'avait pas ce temps, il lui manquait. Alors elle avait pris sur elle, avait brisé le doux silence installé entre eux, pour proposer :

— Est-ce que tu veux aller en ville, après les cours ?

Ça ne lui ressemblait pas, de faire le premier pas. D'habitude, elle laissait toujours les autres le faire, puisqu'elle ne souhaitait pas parler aux autres. Mais là, c'était différent. Son amour prenait le dessus sur ses habitudes, les bousculait avec tendresse, chamboulait sa manière de vivre et de voir le monde autour. Akaashi était cet amour. Il ne le savait pas, mais il lui avait changé en elle quelque chose, ou plutôt, donné une suffisance pour vivre.

— J'allais te le proposer, lui avait-il répondu avec un petit sourire.

Alors il se voyait l'après-midi. Kanon et Akaashi finissaient tous les deux tôt, et pourtant, la matinée leur avait parue longue et ennuyeuse, fade et sans couleur. Loin de leur amour, de cette flamme qui les prenait de court, elle ne les réchauffait pas, ne les animait pas de passion. Heureusement, ils pouvaient penser à l'autre autant qu'ils le désiraient, sans relâche et le cœur en extase.

L'après-midi venue, Kanon et Akaashi se rejoignirent à la sortie du lycée, accompagnés de leur ami respectif : Fujiko et Bokuto.

— Alors, vous deux, vous allez où comme ça ? interrogea Fujiko, un rictus aux lèvres.

— Nous allons en ville, lui répondit Akaashi avec son calme habituel.

— Ah bon ? Et notre entrainement de volley alors ? s'indigna Bokuto.

Fujiko lui asséna un coup de coude qui se voulait discret.

— Il plaisante Akaashi, ça ne le dérange pas que tu ne viennes pas à l'entraînement, contra Fujiko avec un léger rire. Vous pouvez aller sans soucis en ville. Profitez bien. À demain Kanon !

Sans lui demander son avis, la jeune fille entraîna Bokuto avec elle, en direction du gymnase pour les entraînements de volley. Kanon les observa partir d'un regard gratifiant. Elle remerciait intérieurement son amie de permettre à Akaashi de sortir avec elle et d'occuper Bokuto.

Peut-être qu'elle a aussi ses avantages, de son côté, songea-t-elle en repensant à la forte relation entre Fujiko et Bokuto.

Sans savoir comment, mais en peu de temps, ces deux-là s'étaient extrêmement rapprochés. Peut-être cachaient-ils même le fait qu'ils sortaient ensembles, ou alors, ils n'en étaient pas loin. Il avait dû se passer quelque chose ce week-end, qui expliquerait le développement de leur relation.

— Tu es prête ?

La douce voix d'Akaashi la ôta de ses pensées.Elle lui offrit un sourire sincère, avant de hocher la tête. Alors ils se mirent en route, emprunta le bus direction le centre-ville. Kanon ne savait pas ce qu'ils allaient faire là-bas, ils allaient sûrement décider sur place. Arrivés, ils se regardèrent un instant, comme pour s'interroger.

— Il y a quelque chose en particulier que tu souhaites faire ? lui demanda Akaashi.

— Non, pas vraiment.

A vrai dire, Kanon n'était jamais sortie avec un ami en centre-ville, même pas avec Fujiko. Elle ne savait pas vraiment quoi faire ou proposer.

— Je connais une boutique sympa pas loin, et si on allait voir ? proposa le lycéen, légèrement gêné.

— Oui, avec plaisir ! lui répondit Kanon d'un ton enjoué.

Cet engouement fit comme disparaître en un instant l'incertitude d'Akaashi. Il lui sourit en retour, puis se mirent tous les deux en marche vers cette boutique. Ils avançaient côte-à-côte, presque collés. Akaashi lança la conversation, revint sur quelques points communs qu'ils avaient abordés lors de leurs discussions par téléphone.

— Bokuto a des sautes d'humeur même pendant le match ? s'étonna Kanon. J'étais persuadée qu'il savait se contrôler.

— Malheureusement non. C'est un de ses nombreux points faibles, c'est pour ça qu'il faut que je fasse attention en permanence à comment il se sent, lui expliqua Akaashi. Sans lui, notre attaquant principal, l'équipe ne serait pas au complet.

— Je comprends, ce doit être difficile.

— Mais ces temps-ci, il en a beaucoup moins, je me demande si Fujiko n'aurait pas un rôle là-dedans.

— C'est sûr même !

Et ils continuèrent à parler de tout et de rien, des cours, de leur vie en dehors, de leurs passions et leur enfance, tout en faisant en sorte de ne rien révéler sur sa maladie pour Kanon. Au bout d'une dizaine de minute, ils arrivèrent devant le magasin dont parlait Akaashi, et il n'avait pas menti : la devanture était splendide, brillait par les guirlandes et les leds dans les vitrines. Quelques mannequins figuraient, portaient de somptueux vêtements, comme de jolies robes ou des ensembles sophistiqués.

Kanon pénétra en première dans le magasin, elle fut immédiatement bouche bée face à sa grandeur et aux choix proposés. Des vêtements aux décorations, passant par la nourriture, il y avait de tout. Alors que des rayons entiers se voyaient dédiés à de belles robes et costumes pour hommes, de l'autre côté, un style plus décontractés et mignons faisaient affluer le monde. Au fond du magasin, les rangés de jolies pâtisseries embaumaient l'échoppe d'une douce odeur appétissante. Le sol dallé faisait ressortir la luminance des lustres dorés au plafond, qui par leurs ornements et leurs ampoules, illuminaient le magasin tout entier. Des commodes dans un somptueux bois, où des babioles en tous genres, des guirlandes lumineuses et tout un tas de décorations étaient disposés ici et là égayaient l'atmosphère.

— C'est magnifique, souffla Kanon, émerveillée.

— Je t'avais dit que ce serait sympa, lui sourit Akaashi. Tu veux d'abord aller voir les robes ? Il y a moins de monde pour le moment, nous serons plus tranquille.

Sans attendre sa réponse, il lui prit la main et l'entraîna à travers les dizaines de rayons consacrés uniquement à de jolies robes de fêtes ou plus décontractées. Et finalement, après plusieurs minutes de recherches intensives, aidée par Akaashi, Kanon trouva une robe qui lui convenait : à motif fleuri, bleue. Elle l'essaya sans plus attendre dans les cabines d'essayage, et elle l'adora à la seconde où elle s'était vue à travers le miroir.

— Tu es magnifique.

Les simples mots de Akaashi la fit rougir. Elle n'avait pas l'habitude de se trouver belle et d'avoir d'aussi jolis vêtements qui la mettaient en valeur.

— Merci, je pense que je vais la prendre, lui répondit-elle avec un grand sourire.

Elle se rhabilla en vitesse, et avant qu'elle n'ait eu le temps de dire quoique ce soit, Akaashi lui prit la robe qu'elle tenait dans ses mains, et déclara :

— Laisse-moi te l'acheter, en cadeau.

— Quoi ? s'étonna Kanon, les yeux écarquillés.

— C'est un cadeau que je te fais.

— Je ne peux pas accepter !

— Pourquoi pas ?

— Parce que...

Kanon resta sans voix. C'était la première fois qu'Akaashi et elle passaient un long moment ensemble, et il lui offrait déjà un cadeau ? La jeune fille l'observa un instant, il semblait tenter de cacher son manque d'assurance, mais ses paroles étaient sincères et son intention pure. Il était mignon, à déjà se soucier d'elle et à essayer de lui faire plaisir.

— Ne t'inquiète pas, ça me fait très plaisir de te l'offrir, lui affirma fermement Akaashi en entraînant Kanon en direction des caisses.

— Pourtant, nous nous connaissons peu...

Elle avait dit cela sans réfléchir, car en réalité, tout était bien plus complexe. Elle et lui venaient à peine de se rencontrer, mais ils semblaient déjà tout connaitre l'un de l'autre. Kanon avait fini par cerner la personnalité d'Akaashi de part leurs longues discussions intenses. Peut-être était-ce peu pour certaines personnes, mais pour Kanon qui manquait de temps, c'était beaucoup. Et puis, peu importait si elle n'avait pas passé beaucoup de temps avec lui pour le moment, Kanon savait qu'elle passerait bientôt le restant de sa vie avec lui.

Alors pourquoi elle refusait cette tentative d'approchement d'Akaashi ? Qu'est-ce qui l'empêchait d'aimer ce garçon, maintenant que Hana lui avait affirmé qu'elle le pouvait ? Peut-être parce que, malgré elle, ses réticences à l'aimer n'avaient toujours pas disparues, et sa morale lui empêchait de ne pas se sentir coupable.

— Je suis sûr que tu ne le penses pas, finit par dire Akaashi en se retournant vers elle. Et je suis sûr que, toi aussi, tu as l'impression qu'on sait tout de l'autre. Que nous sommes à l'aise entre nous, comme si nous étiez amis depuis des années, et pourtant, ça ne fait que quelques jours.

— Tu as raison, mais...

— Je suis sûr que, toi aussi, tu ressens la même chose que ce que je ressens pour toi.









•| ⊱ ⏳ ⊰ |•

CHAPITRE 5 TERMINÉ
────────────♡⋆.ೃ࿔*────

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top