chapitre 4 ; Hana, fleur de l'espoir

𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
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chapitre quatre —— Hana, fleur de l'espoir
« Even seeds of tears will bloom into magnificent flowers. »

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Kanon n'avait pas pu sortir ce week-end avec Fujiko et les garçons. Elle avait complètement oublié son rendez-vous quotidien à l'hôpital du vendredi, qu'elle avait décalé à samedi. La déception avait été immense. Cloîtrée dans un lit pour malade à passer des examens, elle aurait préféré passer du temps avec ses nouvelles connaissances. Ce qui était étrange, d'ailleurs, elle qui s'était toujours jurée de ne se rapprocher de personne à cause de sa maladie.

Elle se demandait depuis la fin du match pourquoi souhaitait-elle devenir amie avec les deux volleyeurs. Elle qui avait toujours refuser les nouvelles relations, qui s'était toujours tenue à l'écart en classe de ses camarades, qui n'avait jamais succombé à la tentation des rencontres.

Et pourtant, depuis le match de la vieille, le visage d'Akaashi hantait toutes ses pensées. Chaque seconde, chaque minute. Sans savoir pourquoi, il était là. Lorsque Kanon essayait de ne pas penser à lui, il était là. Il restait là, dans sa tête, la regardait dans les yeux.

Qu'ils étaient beaux, ses yeux bleus.

Elle se disait qu'elle n'avait pas le droit de l'aimer. Oui, c'était bien bête de penser qu'une fille comme elle pourrait être aimée par un garçon aussi beau qu'Akaashi. Pourtant, elle avait ressenti en Akaashi un amour qu'il lui portait. Sans savoir pourquoi, elle savait qu'il l'aimait. Ils ne se connaissaient pas, ne s'étaient pratiquement jamais parlés, et pourtant, une attraction semblait les attirer, comme deux êtres fait pour s'aimer depuis le premier jour, deux âmes sœurs. 

Mais la maladie de Kanon compliquait tout. Elle ne pouvait pas se permettre de jouer avec les sentiments du volleyeur. Cacher la vérité sur sa vie était déjà assez éreintant au quotidien. Elle se savait condamner à mourir, alors elle devait empêcher ses sentiments de grandir, s'éloigner d'Akaashi et de toutes nouvelles personnes. Ou sinon, elles finiraient blesser lors de sa mort.

Rien qu'en y pensant, son cœur se serra de chagrin. Mais elle le savait depuis le début que tout finirait, alors pourquoi est-ce que cela l'affectait seulement maintenant ? Tout était de sa faute, si elle ne s'était pas laissée allée avec Akaashi et Bokuto, elle ne serait pas là, à souffrir. Si elle n'avait tissé aucun lien dès le départ, elle vivrait son quotidien sans souci.

— Pourquoi c'est tombé sur moi, se demanda-t-elle à voix haute avec un faible sourire.

Elle avait pourtant accepté sa mort précoce il y a longtemps de cela. Alors pourquoi, en ce moment, elle ressentait comme une envie de fondre en larmes ? Ce n'était pas dans ses habitudes, de se plaindre de ce qu'elle avait. Au contraire, elle était reconnaissante de sa courte existence.

Je suis juste un peu fatiguée, c'est tout, se dit-elle, comme pour se rassurer.

En réalité, elle cachait la bombe de sentiments qui n'allaient pas tarder à exploser.

Fin de journée, Kanon attendait avec impatience les résultats pour pouvoir rentrer chez elle. La jeune lycéenne était sûre de n'avoir rien de spécial, puisqu'elle n'avait ressenti aucun symptôme ces derniers jours. 

Son téléphone vibra. Curieuse, Kanon le prit et l'alluma. Un message. Un seul suffit à son cœur pour qu'il manque un battement. Akaashi venait de lui envoyer un message. Il devait sûrement être rentré chez lui, après sa sortie avec Fujiko et Bokuto. La jeune fille hésitait à l'ouvrir, se posait un tas de questions sur la raison de ce message.

Mais elle prit son courage à deux mains. Les doigts tremblants, elle déverrouilla son téléphone, ouvrit le message et lit :

"Salut, désolé de te déranger. Je sais que tu dois être occupée. Est-ce que ça va ? La sortie était cool, ton amie et Bokuto forment une bonne paire. Mais j'aurais préféré passer du temps avec toi aussi. J'ai envie de te connaître, on discute ?"

A peine le message envoyé, un second apparu :

"Si ça ne te dérange pas, bien sûr."

Kanon sourit à cette petite phrase. Akaashi ne semblait vraiment pas à l'aise, incertain et hésitant. Il est mignon. Un peu maladroit, mais il semblait attentionné et souhaitait sûrement faire les choses biens.

— Je suis désolée, murmura Kanon, la voix lourde de peine. Je ne peux pas...

Elle éteignit son téléphone, sans prendre la peine de répondre, et souffla un bon coup. Presque immédiatement après, quelqu'un toqua à sa porte et rentra. C'était une infirmière. Elle tenait adroitement un plateau repas et une feuille. Kanon la connaissait bien, c'était cette femme qui s'était occupée de tous ses traitements durant son enfance, et qui continuait encore aujourd'hui lorsqu'elle faisait ses examens.

— Excuse-moi de te déranger, Kanon, lui sourit la jeune femme, radieuse. Je t'apporte de quoi te requinquer !

— Merci beaucoup, Hana ! 

L'infirmière déposa le plateau sur ses genoux. Alors qu'elle s'apprêtait à repartir, Kanon l'arrêta :

— Désolée de te déranger... mais est-ce que je pourrais te poser une question ?

Kanon ne voulait pas parler de sa situation actuelle à ses parents, elle ne se sentait pas vraiment à l'aise de discuter avec eux de sa mort proche. Alors, elle préférait en discuter avec Hana. Hana et elle avaient tissé, au fil des années, un lien très fort, mais pas un aussi grand qu'avec sa famille. Certaines personnes aiment dire qu'ils préfèrent parler de leurs problèmes à des inconnus plutôt qu'à leurs amis les plus intimes, et c'était le cas de Kanon.

Hana comprit à la seconde en la voyant, que ce qu'elle allait dire était sérieux. La jeune femme sourit davantage, s'assit à côté du lit de la malade, et demanda avec douceur :

— Est-ce que quelque chose t'ait arrivée ?

— Oui. J'aimerais avoir ton avis sur une chose.

Kanon inspira un grand bol d'air, et dévoila tout ce qui lui était arrivé ces derniers jours : sa première bousculade avec Akaashi, le match de volley, son coup de foudre pour le garçon, ses sentiments et ses pensées qui se retrouvaient contradictoires, son désir de vivre un amour fort, mais en même temps l'impossibilité de se lancer dedans à cause de sa maladie.

Après avoir posé le dernier mot de son histoire, Hana ne dit rien. Elle semblait réfléchir longuement, les yeux perdus dans le vide. Kanon, elle, attendait patiemment, car ce qu'elle demandait à l'infirmière n'était pas une chose facile, à prendre à la légère : aimer malgré la mort qui l'attendait, ou ne rien faire ?

— Tu sais, je travaille dans ce hôpital depuis plus de dix ans, commença Hana, la voix quelque peu tremblante. J'en ai vu, des patients avec de malheureux destins, une fatalité dont ils ne pouvaient s'échapper. Mais parmi toutes, c'est la tienne qui m'a le plus touchée. Ce que je vais te dire n'est seulement que mon avis, à toi de le prendre en compte ou non.

Elle inspira profondément, comme pour se calmer de tout ce qu'elle venait de dire, et reprit :

— La vie est injuste, elle ne donne pas les mêmes chances aux autres. Elle n'a pas été tendre avec toi. Alors, je te dirais de vivre au maximum, de ne pas te restreindre, de vivre chaque instant de ton existence pleinement, et de n'avoir aucun regret. Ta vie est malheureusement courte, alors juste, vis. Vis comme si c'était ta dernière seconde. Tu ne dois pas avoir peur de vivre pleinement, il te reste encore du temps.

— Vous ne trouvez donc pas cela égoïste que j'aime et que je me fasse aimer par ce garçon alors que je vais bientôt mourir ?

— Es-tu à blâmer par cette envie ? T'en voudra-t-il d'avoir écouté ton cœur et tes sentiments ? Je pense que tu le sous-estimes. Les garçons peuvent faire des choses idiotes, mais jamais aucun d'eux ne te reprocheraient de les avoir aimés. Rien ne sert de refouler ton amour pour ce garçon, il ne partira pas, ne pourra pas s'effacer, et tu auras toujours vécu avec ce regret de ne pas avoir pu l'aimer.

— Je peux donc vivre cet amour ? Je peux l'aimer même si je vais mourir ? Il ne m'en voudra pas ?

— Je peux te l'assurer.

— Merci beaucoup, Hana.

Alors, sans un mot de plus, Kanon fondit en larmes, heureuse et soulagée. Peut-être allait-elle pouvoir enfin vivre un semblant de vie ? Peut-être allait-elle pouvoir enfin connaitre l'amour à travers Akaashi ? Hana la prit dans ses bras et, sans un mot, versa quelques larmes à son tour, mais pas pour la même raison.

Elle repensa aux résultats catastrophiques des examens quotidiens de Kanon, et préféra ne rien lui dire à ce sujet.









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CHAPITRE 4 TERMINÉ
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