chapitre 3 ; ne me ramène pas

𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
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chapitre trois —— ne me ramène pas
« Un pied dans les flammes. Un autre dans la glace. »

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Le temps sembla se figer durant un instant. Les voix se confondaient en murmures, le décor en brouillard, les personnes en silhouette. Tout le monde de Kanon apparaissait flou à ses yeux. Tout, sauf ce garçon. Ce garçon était magnifique. Il se tenait là, devant elle, le visage neutre, sans sourire, mais ses yeux plongés dans les siens. Qu'ils étaient beaux, ces yeux bleus. Ils lui rappelaient le ciel sans nuage d'un après-midi. Elle voulait ces yeux, elle voulait rester à l'intérieur, elle voulait les garder avec elle pour l'éternité.

Kanon n'arrivait pas à l'expliquer. Ce moment n'avait duré qu'un battement de cil, mais pour elle, des heures. Elle se sentait bien, face à lui, embarquée dans une douce euphorie silencieuse. Cette sensation de bien-être, elle aurait voulu la garder toute sa vie. Mais cela lui était impossible.

— Oh, encore toi, Kanon ! lança Bokuto, juste à côté. Tu aimes vraiment percuter Akaashi ! Et t'as vu, je me suis souvenue de ton prénom.

Même si le monde dans lequel Kanon était venait tout juste de se briser par la voix de Bokuto, elle ne réagit pas à la remarque. Elle ne faisait qu'observer Akaashi, droit dans les yeux, tout comme ce dernier qui ne cessait de la fixer. Qu'est-ce qui se passait ? Pourquoi Kanon ne bougeait pas ? Quand elle l'avait croisé la première fois, elle n'avait pas réagi de la sorte. Elle devait absolument se reprendre, et tout de suite. Elle essaya, mais en vain, son regard ne pouvait se décrocher. Ce fut grâce à un coup de coude de Fujiko qu'elle y parvient.

— Haha, je suis trop maladroite, finit par rire Kanon, gênée par son comportement. Qu'est-ce que vous faites là ?

Elle essayait tant bien que possible de ne pas croiser à nouveau les beaux yeux d'Akaashi, au risque de s'y perdre à nouveau.

— On allait... hésitait ce dernier, comme en pleine réflexion.

— Aux toilettes ! s'empressa de répondre Bokuto en s'exclamant.

— Ensemble ? s'étonna Fujiko, les yeux écarquillés de stupeur.

S'en suivit une longue discussion entre Bokuto et Fujiko. Kanon restait sur le côté, affichait un timide sourire sur son visage. Elle réfléchissait à ce qu'il venait de se passer quelques secondes auparavant. Qu'avait-elle ressenti ? Comment pouvait-elle décrire ce sentiment étrange ? Elle cherchait à poser des mots sur ses sensations précédentes, mais rien ne lui venait. Elle avait, par contre, bien trop honte de son comportement, d'être restée ainsi, hébétée. A quoi avait-il pu penser en la voyant pétrifiée ainsi ?

— Excuse-moi, fit une voix qui la ôta de ses pensées.

La jeune fille sentit un frisson la parcourir toute entière et sursauta en même temps. Un sourire crispé aux lèvres, elle tourna lentement la tête en direction de la personne qui l'avait interpellée. Cette personne ne lui avait pourtant adressé que quelques phrases, mais Kanon pouvait déjà reconnaître sa voix entre mille. Akaashi se tenait près d'elle, les sourcils légèrement froncés, et le regard comme fuyant.

— Tu voulais me dire quelque chose ? questionna Kanon, la voix un peu tremblante.

Quelques instants après, Akaashi leva la tête, posa enfin son regard sur elle, puis lui demanda :

— Tu... viens souvent nous voir jouer ?

— Euh... Non, c'est la première fois que je vais voir un match de volley, lui sourit-elle. Je t'encouragerai dans les tribunes.

Elle se stoppa net dans sa phrase, et se reprit précipitamment :

— Enfin je vous encouragerai ! J'encouragerai l'équipe ! 

Akaashi décrocha un petit sourire en coin, visiblement amusé. La bêtise de Kanon était allée loin, elle en était follement gênée, encore une fois. Elle espérait de tout coeur qu'il ne la trouverait pas bizarre ou étrange.

— Je suis sûr qu'on va gagner alors, grâce à tes encouragements, finit par dire le garçon avec sincérité. Bokuto, il est l'heure, nous allons être en retard pour le début du match.

Interrompant son ami dans sa discussion, Akaashi l'entraîna sur le chemin, en direction du terrain.

— On se voit après le match, Fujiko ! lança fort Bokuto.

L'intéressée lui fit un grand signe de la main, le visage rayonnant. Sa discussion avec le joueur semblait lui avoir donné encore plus d'éclat. Elle fit volte face vers Kanon, qui elle, ne perdait pas de vue Akaashi s'éloigner.

— Oh, je ne le vois plus, murmura-t-elle pour elle-même, déçue.

— Dis donc toi, si tu veux baver devant le beau visage du passeur, sois au moins discrète ! Même un aveugle aurait vu ! sermonna Fujiko, les poings sur ses hanches.

— Ça c'est vu tant que ça ? s'horrifia son amie. Je... ne bavais pas sur lui enfin ! J'étais surprise de le voir et...

— Et après tu oses me dire que tu ne le trouves pas mignon. Avoue que tu es tombée amoureuse !

— Amoureuse ?

Kanon répéta ce mot comme si elle ne l'avait jamais entendu. Tout le monde le connaissait, même elle, et elle en savait parfaitement la définition. Mais à l'entendre à s'adresser pour elle, elle n'y croyait pas.

— Je ne peux pas être amoureuse, finit-elle par dire avec un faible sourire. Je ne peux pas...

— Bien sûr que si, tu peux ! Akaashi n'est sur personne, rien ne t'empêche au moins de te rapprocher de lui et le connaitre davantage.

Rien à part ma maladie. C'est ce que Kanon aurait voulu répondre. Mais elle ne pouvait pas, elle préférait ne rien dire à son amie. Elle n'allait pas tarder à mourir, tôt ou tard, même si elle n'avait pas une date précise. Alors, Kanon ne pouvait pas se lancer dans une si grosse relation. C'était bien trop impensable, inimaginable. Pourtant, au fond d'elle-même, elle aimait ce Akaashi bien plus qu'elle ne le pensait. Elle avait tant de sentiments pour lui, elle souhaitait absolument rester à ses côtés désormais. C'était donc ça, un coup de foudre ?

Mais à présent, elle devait refouler ce sentiment d'amour.

— Et toi, avec Bokuto ! lança Kanon pour changer de sujet. "On se voit après le match, Fujiko !" Qu'est-ce que vous comptez vous dire, hein ?

— Rien du tout, je sais même pas pourquoi il m'a dit ça ! se défendit Fujiko.

— Avoue que vous vous entendez très bien quand même.

— Je l'avoue et il n'y a aucun mal à ça. C'est toi, qui devrais avouer que tu aimes Akaashi !

— N'importe quoi !

Les deux amies se regardèrent un instant, le visage plein d'incompréhension, avant que chacune éclatèrent de rire.









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Le match fut serré. L'équipe de Karasuno s'avérait finalement plus forte que prévue, et le score fut de 3-2 pour le lycée Fukurodani. Malgré l'avance que Fukurodani avait sur le dernier set, la détermination de leur adversaire avait comblé l'avance. Kanon fut rassurée, lorsque Bokuto marqua le dernier point décisif du match. Evidemment, c'était Akaashi qui lui avait fait la passe. Il était très fort dans son poste, très stratégique et intelligent. Kanon avait quelques fois croisé son regard, lors des temps-morts, ce qui ne faisait qu'amplifier ses sentiments pour lui.

Kanon et Fujiko sortirent du gymnase et discutaient joyeusement des plus belles actions du match. Fujiko avait retenu l'incroyable passeur de Karasuno qui s'avérait être un seconde. Kanon n'y croyait pas, il était pourtant si grand et fort ! Cette dernière avait plutôt remarqué leur libéro, rapide et précis dans ses réceptions, même face aux services les plus durs. Il avait été incroyable.

— Yo, les filles ! s'exclama gaiement une voix juste derrière elles.

Les lycéennes se retournèrent presque en même temps. Elles ne furent pas surprises de découvrir Bokuto qui couraient vers elles, suivi un peu plus loin par son fidèle passeur.

— Alors, vous avez aimé le match ? lança l'attaquant, encore sous l'adrénaline.

— C'était incroyable ! lui répondit aussitôt Fujiko, des étoiles dans les yeux. Enfin, bon, tes attaques étaient pas trop mal, tes diagonales sont vraiment sympas.

— Haha, tu ne veux pas l'avouer, mes diagonales étaient parfaites, rit-il d'une voix forte.

— Bokuto, tu étais beaucoup plus motivé durant le match, lui dit Akaashi qui avait fini par le rattraper. Et tu n'as pas boudé une seule fois, c'était bien.

— Comme si je boudais à tous les matchs ! Je veux dire... je ne vois pas quoi tu parles, je suis toujours remonté à bloc.

Akaashi se tourna vers les deux jeunes filles, puis leur lança avec un sourire :

— Venez nous voir jouer plus souvent, nous gagnerons à coup sûr grâce à vous.

Bokuto s'énerva contre son ami, alors que Kanon et Fujiko laissèrent échapper un rire entre elles. Comme cela faisait plaisir à Kanon d'entendre ça de la part de celui qu'elle commençait à aimer, elle ne pouvait s'empêcher de rougir.

— Au fait, et si nous nous voyons, ce week-end ? proposa Bokuto, reprenant sur un ton joyeux bien plus. On pourrait aller en ville ?

— Oui, c'est une bonne idée ! approuva immédiatement Fujiko.

— Akaashi, t'es de la partie ? demanda Bokuto en faisant volte-face.

L'intéressé observa un moment Kanon du coin de l'œil, comme s'il attendait sa réponse à elle avant de répondre. La jeune fille le remarqua, et comme pour le rassurer, elle lança avec entrain :

— Moi en tout cas, je viens !

— Je vais venir aussi, ajouta Akaashi à la suite.

— Tenez les filles, mon numéro pour qu'on s'organise ça.

Fujiko et Kanon enregistrèrent le numéro de Bokuto ainsi que celui d'Akaashi, et inversement. Le cœur de Kanon fit un bond dans sa poitrine lorsqu'elle enregistra le numéro d'Akaashi. Elle n'y croyait pas. Comment, en l'espace d'une soirée, avait-elle pu tomber amoureuse du passeur de l'équipe de volley et obtenir son numéro de téléphone ? Elle qui s'était jurée de se tenir à l'écart des gens, la voilà bien contradictoire.

C'est de la faute de Fujiko. Elle tient tant à passer du temps avec Bokuto ! songea la jeune fille, resserrant son téléphone dans les mains. 

Mais au fond d'elle, Kanon savait que ce qu'elle faisait était mal, très mal. Elle venait de s'attacher à une personne, s'était unie à elle par un lien puissant qui, maintenant, ne pourrait plus être refoulé ou effacé aussi simplement.









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CHAPITRE 3 TERMINÉ
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