𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
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chapitre treize —— au festival
« I wanna taste love and pain. »

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— Hey, hey, hey ! Fujiko, Kanon, on là !

A peine quelques secondes après être sortie des toilettes publiques pour se changer, Kanon entendit la voix enjouée de Bokuto un peu plus loin. Son amie et elle se retournèrent en même temps. Bokuto accourait, alors qu'Akaashi tentait de suivre en marchant un peu plus vite derrière lui.

— Bokuto ! Comment tu vas ? s'enquit Fujiko une fois son ami à sa hauteur.

— Ça va super ! Kanon, tu as pu venir ! Ça va être génial ! Il est super ton yukata.

L'intéressée lui adressa un timide sourire. Fujiko avait été très gentille de lui avoir prêté un yukata, et c'est vrai qu'il était très joli : il était d'un bleu ciel, orné de fleurs roses un peu partout, accordées à la ceinture et au nœud dans le dos. Et dire qu'elle avait été à deux doigts de ne pas sortir ce soir. En tout cas, elle était très heureuse de revoir son ami, toujours autant en forme que d'habitude. Il portait un yukata gris à rayures verticales noires, qui pouvait rappeler la couleur de ses cheveux.

— Fujiko, tu es resplendissante ! s'exclama haut et fort Bokuto.

Les joues de la blonde prirent une teinte cramoisie. Son yukata, à elle, faisait penser à un soleil ambulant : il était d'un jaune plutôt pâle, avec des éléments floraux rouges un peu partout. Sa ceinture et son nœud dans le dos était de la même couleur.

— Merci beaucoup. Et toi, alors, tu t'es mis sur ton trente-et-un pour le festival ! s'amusa Fujiko en détaillant la tenue du volleyeur.

— Et oui, c'est une occasion spéciale, après tout !

— Il a mis presque une heure à le mettre parce qu'il ne savait pas de quel côté il fallait mettre le col.

C'était la voix d'Akaashi qui avait enfin réussi à les rejoindre. Kanon émit un léger sursaut en le voyant : elle ne l'avait pas vu arriver. Elle sentit les battements de son cœur s'intensifier de plus en plus. Akaashi était merveilleux ce soir. Son yukata bleu foncé était pourtant des plus banals, mais Kanon avait l'impression de le redécouvrir. Il lui avait terriblement manqué durant son hospitalisation. Le voir en chair et en os faisait un tout autre effet que de l'imaginer dans ses pensées.

Fujiko éclata de rire juste à côté, alors que Bokuto, visiblement gêné, lança au passeur :

— Tu n'étais pas obligé de le dire !

Le regard de Kanon croisa alors celui d'Akaashi. Presque immédiatement, les joues de la jeune fille prirent feu. Ses sentiments pour lui ne s'étaient pas estompés, c'était peut-être même pire après ce que Maiko lui avait dit.

Elle voulait maintenant passer du temps avec lui et profiter du festival avec tout le monde.

Pourtant, les sourcils d'Akaashi se froncèrent et sembla soucieux en observant Kanon. L'intéressée se raidit, y avait-il quelque chose qui n'allait pas ? Mais l'expression inquiète de l'adolescent s'effaça rapidement, pour laisser place à un sourire timide sur ses lèvres.

— Tu es magnifique.

— Je... Merci, toi aussi !

La voix de Kanon tremblait, mais ce n'était pas grave. Le compliment lui fit l'effet d'un coup de chaleur. Elle devait absolument se contrôler.

— Bon, et si on y allait, maintenant qu'on est au complet ? questionna Fujiko qui commençait déjà à partir.

— C'est une super idée !

Bokuto la rejoignit à ses côtés et tous les deux avancèrent en direction de l'entrée du festival. Akaashi et Kanon les suivirent de près, quelques mètres derrière. La tête basse, Kanon fixait les dalles grises au sol, bien trop effrayée pour soutenir le regard d'Akaashi. Pourtant, elle avait très bien réussi à discuter tranquillement avec lui lorsqu'ils étaient sortis tous les deux au centre-ville. Alors, pourquoi avait-elle du mal maintenant ?

— Est-ce que ça va ?

La question d'Akaashi eut l'effet d'une claque à Kanon. Elle se souvint qu'elle allait mourir dans peu de temps, qu'elle devait profiter chaque seconde avec lui, avec Fujiko et Bokuto, et qu'il n'était pas question de rester là à fuir son regard. Elle allait l'aimer ce soir, et lui dire tout ce qu'elle avait sur le cœur.

Alors, Kanon releva la tête, un sourire rayonnant aux lèvres, et lui répondit :

— Je suis tellement heureuse d'être là. On va pouvoir s'amuser tous ensemble !

Akaashi sembla comme rassurer de cette réponse. Ils rejoignirent Fujiko et Bokuto qui s'étaient arrêtés une fois l'entrée des portes du festival passées. Kanon resta émerveillée du lieu. Sur le côté de l'allée, des stands de nourritures, jeux et objets souvenirs étaient bondés de monde.  Les lanternes rouges accrochées un peu partout éblouissaient l'endroit d'une lumière rayonnante et chaleureuse. La foule émanait une atmosphère joyeuse, entre les brouhahas et les rires de chacun.

— Woaw, c'est super ! s'exclama Bokuto qui parcourait les alentours, tout excité. Allons manger quelque chose !

Il s'élança vers un premier stand qui vendait du poulet frit épicé, Fujiko sur ses pas. Kanon et Akaashi arrivèrent à leur tour, alors que les deux premiers avaient déjà passé commande pour tout le monde.

— Vous allez voir, ce plat est délicieux, j'en ai déjà mangé au dernier festival avec toute l'équipe, leur expliqua Bokuto avec assurance.

— Cette fois, tu ne vas pas prendre six assiettes de poulet frit, pas vrai ? lui demanda Akaashi. Tu vas être malade, comme la dernière fois.

— Akaashi, c'était sensé être un secret !

— Désolé.

Kanon et Fujiko ne purent s'empêcher de laisser échapper un léger rire.

— Ne vous moquez pas, le plat est vraiment épicé ! se défendit l'attaquant qui s'apprêtait à faire la tête. Cette fois-ci, ça va aller. Je vais même battre mon record, je vais en prendre huit !

— Tu seras déjà mort au bout du sixième, lui assura Fujiko avec un grand sourire. Mais je vais t'encourager !

Bokuto partit au comptoir demander à nouveau sept autres plats et les paya. Au même moment, les quatre premières commandes arrivèrent et il les apporta au groupe. Une délicieuse odeur s'en dégageait, Kanon avait déjà hâte de goûter.

— Bon appétit ! s'exclamèrent en cœur Bokuto et Fujiko

— Bon appétit, répétèrent juste après Akaashi et Kanon.

Bokuto et Fujiko se jetèrent sur leur plat comme des bêtes affamées. Avaient-ils mangé ces trois derniers jours pour aller si vite ? Kanon et Akaashi se jetèrent un regard amusé, l'air de dire qu'ils avaient l'habitude de ce genre de comportement avec leurs amis.

— Tu as pris du poulet aux épices ? s'enquit Kanon en se rapprochant d'Akaashi.

— Oui, c'est délicieux. Tiens, goûte.

Il le lui tendit sa petite barquette en carton. Alors, Kanon piocha avec sa fourchette en plastique et avala un bout de poulet. Immédiatement, la puissance des épices lui donna un coup de chaud, alors que sa bouche semblait prendre feu.

— Les épices sont fortes ! se plaignit la jeune fille, les larmes aux yeux.

— Effectivement, peut-être même un peu trop. Je peux ?

A son tour, Kanon tendit timidement son plat vers Akaashi et il prit une bouchée. Ses yeux s'ouvrirent en grands.

— Le curry est plus doux, je trouve ton plat bien meilleur !

— Oh, laisse-moi goûter ! s'exclama Fujiko en se rapprochant.

— Oui, moi aussi ! ajouta Bokuto, salivant à la vue du plat.

Ils sont déjà tous les deux finis leur plat... songea Kanon avec un rire intérieur.

Fujiko et Bokuto formaient une très bonne paire. Ils avaient un peu près le même tempérament et s'accordaient parfaitement. Peut-être qu'à la fin du festival, ils finiraient ensemble ? Kanon savait que Bokuto aimait Fujiko et inversement, il ne manquait plus que quelqu'un pour faire le premier pas.

C'est alors qu'une vive douleur prit Kanon au ventre. Elle essaya tant bien que mal de ne pas se plier de douleur, mais elle devenait de plus en plus forte.

— Il... Il faut que j'aille au toilette, informa-t-elle en tentant de ne pas avoir l'air trop souffrante.

Ça ne sembla pas marcher. Akaashi prit immédiatement une mine inquiète.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as mal quelque part ?

— Non, non, ne t'inquiète pas, je dois juste aller aux toilettes.

— Je t'accompagne ! affirma Fujiko en prenant sa main. Les garçons, vous restez là pour prendre les prochaines commandes.

Elle emmena Kanon hors du festival et se retrouva aux toilettes publiques que Kanon avait utilisé pour se changer.

— Appelle-moi si tu as besoin de quoique ce soit, lui fit savoir Fujiko avec un grand sourire.

Kanon hocha la tête, la gratifiant du regard. Elle entra, verrouilla la porte, et se précipita au lavabo. Elle se pencha par-dessus et commença à cracher dedans. Elle avait mal, terriblement mal, son ventre la faisait atrocement souffrir, mais pas que, son cœur aussi.

Elle releva enfin la tête, et découvrit avec stupeur qu'elle crachait du sang.

Elle n'en avait vraiment plus pour très longtemps.

— Il faut que je tienne encore un peu, au moins jusqu'à la fin du feux d'artifices, marmonna-t-elle, la gorge sèche.

Kanon sortit de sa poche un comprimé qui avait été posé sur son plateau-repas à l'hôpital et qu'elle avait gardé pour plus tard, si son état empirait. Elle pouvait dire que c'était le moment parfait pour le prendre.

De toute façon, elle savait qu'elle ne resterait pas jusqu'à la toute fin des festivités. Mais elle devait tenir bon, au moins jusqu'à ce qu'elle avoue à Akaashi toute la vérité, que ce soit sur sa maladie ou ses sentiments.

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CHAPITRE 13 TERMINÉ
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