chapitre 11 ; le destin n'est pas une fatalité

𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
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chapitre onze —— le destin n'est pas une fatalité
« I'll live now 'cause the bad die last. »




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Une semaine passa, sans que Kanon ne puisse sortir de l'hôpital. Sa tension était redevenue normale, elle était autorisée à se lever. Elle pouvait, si elle le désirait, sortir un peu dehors, dans la cour intérieure de l'hôpital. C'était l'une de ses seules sorties en dehors de sa chambre. Y aller lui faisait du bien au moral. Elle voyait d'autres patients, malades comme elle, et respirait un bon bol d'air frais.


Kanon s'était enfin résignée à accepter complètement sa maladie et le fait qu'elle allait mourir. Les premiers jours, elle n'avait fait que pleurer et se lamenter. Aujourd'hui, elle souriait et profitait un peu plus chaque moment passé.


Toute la semaine, Fujiko, Bokuto et Akaashi lui avaient envoyé des messages. Elle leur manquait, disaient-ils. Bokuto et Akaashi avaient souhaité passer chez elle pour lui donner les cours qu'elle avait manqué de la semaine. Kanon avait évité de justesse leur visite, en prétextant qu'elle avait une maladie très contagieuse.


Fujiko aussi, était très inquiète. Elle était même allée jusqu'à chez elle pour la voir. Heureusement, ses parents et sa sœur n'étaient pas là, Kanon avait alors pu lui mentir, en disant qu'elle était partie voir le médecin avec ses parents. Elle adorait Fujiko, elle était sa meilleure amie qui ne faisait que de se soucier d'elle. Elle aurait voulu la remercier autrement qu'en lui mentant et lui disant qu'elle allait mourir.


Kanon n'avait pas fait de nouvelle crise, mais elle le sentait au fond d'elle : sa maladie la consumait lentement. La fatigue la prenait de plus en plus tôt, elle passait la plupart de ses journées à dormir, et elle était gavée de tas de médicaments, pour certains même, elle ne saurait dire leur nom ou leur utilité. Elle devait les prendre, c'était tout ce qu'elle devait savoir.


Aujourd'hui, c'était samedi. Ce soir allait se dérouler le festival de feux d'artifices. Elle n'irait pas. Elle ne pouvait tout simplement pas sortir de l'hôpital. Ça aurait pu être le dernier moment passé avec ses amis, mais elle ne fera rien. Elle restera ici, dans sa chambre, en train d'attendre que le temps passe. Elle devra prévenir Bokuto de son absence cet après-midi.


Même si elle tentait de se rassurer, en se disant que ce n'était pas si grave, que c'était ainsi, son cœur, lui, pleurait. Allait-elle seulement pouvoir faire ses adieux en face ? 


Cet après-midi, sa famille lui rendait visite. Ils venait tous les jours, et cela faisait du bien à Kanon de les voir. Celle-ci avait décidé de toucher quelques mots à ses parents, à propos de Maiko. Elle souhaitait absolument qu'ils changent leur attitude envers sa sœur et espérait que, en leur disant elle-même, ils ouvriraient les yeux.


On toqua à la porte qui s'ouvrit sans attendre la réponse. Maiko entra dans la pièce, la mine sombre et le visage grave. Elle s'en voulait toujours depuis leur discussion, et Kanon avait beau lui répéter qu'elle n'avait rien à voir avec sa crise, elle ne la croyait pas.


— Salut, dit-elle simplement avec un faible sourire.


Elle partit s'asseoir sur la chaise face au bureau.


— Les parents vont arriver, ils sont juste partis garer la voiture.


Kanon hocha la tête. Depuis quelques jours, Maiko n'allait pas bien et cela se voyait : son teint était pâle, des cernes se creusaient, et son corps s'amaigrissait de jour en jour.


— Maiko, qu'est-ce que tu as ? demanda subitement Kanon. Tu es malade et ça se voit.

— Je ne vois pas de quoi tu parles, répliqua sa sœur, l'air de rien.

— Je sais ce qui se passe. Il faut que tu arrêtes, ou sinon, ça va empirer.


Maiko ne répondit rien de plus. Elle baissa la tête et sembla réfléchir à quelque chose.


— Ecoute, il faut qu'on discute, poursuivit Kanon avec un sourire. On sait toutes les deux que je ne vais pas tarder à mourir, alors...

— Arrête de dire ça comme si c'était normal !


La voix déchirée de Maiko stoppa net Kanon dans ses paroles. Elle l'observa un instant.


— Comment tu peux prendre la mort avec autant de légèreté ? reprit Maiko qui se leva de sa chaise. Comment tu peux me dire que tu vas mourir en face, avec un sourire ? Tu es satisfaite ?

— J'ai parfois été en colère et triste, et j'ai encore des tas de regrets, mais j'ai accepté ma maladie depuis longtemps. Je ne peux rien faire pour changer ça. On apprend à vivre avec ces sentiments et on s'en accommode. Je dois mourir bientôt, et même si je peux en pleurer maintenant, je l'accepte. C'est mon destin et c'est une fatalité.

— Alors, toi, tu crois que notre destin est une fatalité ?


Kanon s'était tut, alors Maiko enchaîna :


— C'est bien d'accepter sa maladie, mais tu as abandonné de vivre seulement parce que "c'est ton destin" ? Notre destin n'est pas une fatalité, libère-toi, bon sang ! Tu as juste l'impression de subir ce qui t'arrives ? C'est parce que tu n'as jamais rien fait pour changer ça ! Ce genre de vision, c'est pour les gens déprimés qui ne veulent pas sortir de leur tristesse. Tu es toujours rester dans ta position confortable de victime, sans considérer toutes les choses incroyables que tu aurais pu vivre. Et maintenant, tu as des regrets.


Maiko prit une courte pause, puis continua :


— Tu ne peux pas dominer l'avenir et le planifier, ce n'est qu'illusoire, car il y aura toujours une part d'imprévus comme les rencontres, ou bien encore une maladie incurable. Rien n'est écrit, mais rien n'est plus difficile que d'écrire sa destinée. Tu n'as jamais eu l'audace de prendre ta vie en mains, de saisir ta chance. Tu voulais te faire plein d'amis et passer de bons moments avec eux et tu n'as jamais rien fait ? Pourquoi t'es-tu infligée ça ?

— Tu ne peux comprendre, Maiko ! s'exclama Kanon, la voix tremblante. Je vais forcément mourir, et ça, c'est une fatalité. Tu imagines ? Je tombe amoureuse d'un garçon, il m'aime aussi, on s'aime, et je meurs du jour au lendemain ? C'est tellement égoïste de ma part de l'avoir fait espérer une vie d'amour avec moi ! Et mes amis ? C'est exactement pareil ! Lorsque je mourrais, ils seront tous tristes.

— Peut-être que j'aurais dû te dire ce que je pensais avant, mais tant pis, je te dis tout. Tu n'as fait que survivre en te donnant un pauvre mirage que tu étais heureuse de cette vie fade, sans réellement trouver un peu plus de bonheur que celui d'être en vie. Même si tu vas mourir, tu as le droit de passer du temps avec celui que tu aimes, sans forcément te mettre en couple, et avec tes amis, tu peux sortir aux endroits que tu préfères. Bref, tire le meilleur parti du temps précieux que tu as, on ne te reprochera jamais d'avoir vécu ta vie !


Kanon savait, qu'au fond d'elle, sa sœur avait raison sur toute la ligne. Elle n'avait fait que subir sa maladie, sans jamais n'avoir construit quoique ce soit de sa vie. Elle avait préféré ne pas avoir de passe-temps ou bien de ne pas avoir d'amis. Et maintenant, elle se mettait à regretter tout ça. Sa morale lui avait empêché tellement de choses.


Elle aurait voulu passer du temps avec Akaashi, même s'il n'y aurait jamais eu de suite de leur histoire d'amour. Elle aurait voulu passer du temps, encore plus, avec Fujiko, qui était sa meilleure amie et une personne incroyable. Avec Bokuto aussi, elle aurait voulu le connaître, devenir son amie, et s'amuser ensemble.


— Mais c'est trop tard... murmura doucement Kanon, la voix transpercée par le chagrin.


Ou... peut-être pas ? songea l'adolescente, alors qu'une idée lui traversa l'esprit.


Maiko ne poursuivit pas et s'éloigna pour aller aux toilettes. Kanon en profita pour dégainer son téléphone et envoyer un message à Fujiko :


"Tu aurais un deuxième yukata à me prêter pour le festival de ce soir ?"


Ça y est, sa décision était prise.


Lorsque Maiko revint, Kanon ne put s'empêcher de lui adresser un grand sourire.


— Merci, Maiko. Tu as raison sur toute la ligne. J'aurais dû me mettre à penser comme toi tu le fais.

— Je ne dis pas que j'ai raison, je dis seulement ce que je pense. Tu sais, j'aurais... vraiment voulu être une meilleure sœur pour toi.


Elle s'était rassise sur la chaise, la tête de nouveau basse et le regard fuyant. Kanon désespérait de ne pas pouvoir consoler convenablement sa sœur qui s'en voulait. Alors, elle tenta le tout pour le tout, et exprima la plus profonde des vérités :


— Que tu ne me crois ou non, je suis très heureuse de t'avoir eu comme sœur, et je ne pouvais pas espérer mieux que toi. On a beau s'être éloignée, je t'aime toujours autant. Je veux maintenant que, peu importe ce qui m'arrive, tu ne laisses pas la tristesse te submerger. Je veux que tu vives ta vie, que tu la profites à fond. Ne regrette rien, fais tout ce qui te passe par la tête, et sois heureuse. Vis cette vie pour moi, je t'en prie.


Kanon croisa le regard attristé de Maiko, alors que ses yeux s'écarquillèrent de stupeur. Kanon espérait de tout cœur que tout allait s'arranger pour elle, qu'elle serait bien plus heureuse qu'elle l'avait été jusqu'à présent.


C'est alors que des larmes se mirent à couler sur les joues de Maiko. Pour la première fois, Kanon la voyait exprimer sa tristesse, et elle était heureuse de voir ça. Elle ne saurait dire combien de temps Maiko refoulait ses sentiments et ses émotions, mais il était désormais temps qu'elle les exprime clairement. Elle voulait que sa petite sœur trouve enfin le bonheur.


— Bon sang, t'es pas croyable, grommela-t-elle entre deux sanglots. Je t'aime, mais ton objectif, c'est de me faire chialer aujourd'hui ?




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CHAPITRE 11 TERMINÉ
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