chapitre 10 ; de plus en plus mal

𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
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chapitre dix —— de plus en plus mal
« I've gotta get away and let you go. »




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Le "bip" incessant du cardiogramme fut la première chose qu'entendit Kanon à son réveil. L'esprit embrumé et les yeux toujours fermés, ses pensées étaient encore mélangées et désordonnées. Où était-elle ? Elle essaya de se remémorer ses derniers souvenirs du mieux qu'elle le pouvait. Et malgré la fatigue, elle se souvint de tout : sa sœur qui rentrait à la maison, sa discussion avec elle et enfin l'évanouissement.


Tout s'était passé si vite. Kanon n'avait pas eu le temps de prévenir Maiko de ce qui lui arrivait. Avait-elle fait une nouvelle crise ? Sûrement, elle ne voyait pas ce qui aurait pu la mettre dans un tel état. Était-elle donc à l'hôpital ? Kanon était encore trop fatiguée et n'avait aucune envie d'ouvrir les yeux.


Elle avait eu tellement mal. C'était comme si son corps s'était décomposé, désintégré, et que son cœur avait cessé de battre. Encore maintenant, elle ressentait une vive douleur dans sa poitrine et une migraine insupportable.


Elle devait ouvrir les yeux, elle ne pouvait pas rester ainsi. Peut-être sa famille attendait des nouvelles d'elle. Alors, Kanon se força lentement à se réveiller le plus possible, à retrouver un peu de lucidité, à ouvrir les yeux.


La lumière blanche du luminaire l'aveugla dès lors que son regard se posa devant elle. Des murs d'un blanc immaculé, un pauvre bureau, deux chaises, une petite télé et des appareils médicaux : aucun doute, Kanon était dans une chambre d'hôpital. 


Sa tête était lourde, sa gorge serrée et son corps vidé d'énergie. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fait une crise, et cette fois-ci, elle avait du se déclencher par l'aveu de sa petite sœur.


Maiko.


Comment allait-elle ? Kanon devait absolument la revoir. D'un geste las, la jeune fille tendit le bras, à la recherche d'un interrupteur pour appeler le personnel. Finalement, elle n'en eut pas besoin : une infirmière toqua au même moment et entra dans sa chambre. C'était Hana, un triste sourire aux lèvres.


— Bonjour, Kanon, dit-elle simplement avec douceur.


La lycéenne voulut la saluer en retour, mais aucun son ne put sortir. Les mots étaient comme bloqués, ils refusaient de sortir.


— Ne t'embête pas à parler, ça va te fatiguer plus qu'autre chose, poursuivit Hana en vérifiant la perfusion. Tu sais ce qui t'es arrivée ?


Kanon hocha la tête.


— Une autre crise... soupira l'infirmière, le regard perdu dans le vide. Tu as dormi pendant vingt-quatre heures. Heureusement que ta petite sœur était là et a pu appeler les secours, sinon nous t'aurions...


Hana préféra laisser sa phrase en suspens. De toute façon, Kanon avait très bien compris ce qui se serait passé, si elle ne serait pas arrivée à l'hôpital avant : elle serait morte. Un long moment de silence plana dans la salle, jusqu'à ce que Hana se posa sur une chaise, à côté du lit, et reprit enfin la parole :


— Je dois t'avouer quelque chose. La dernière fois, lorsque tu t'es confiée à moi, je n'ai pas osé te donner tes résultats quotidiens, car j'avais peur de te rendre triste. Tu as fait une crise parce que ça ne va plus. Ton cœur est trop faible maintenant, et à tout moment, il peut s'arrêter de battre.


Kanon n'écoutait plus que d'une oreille distraite. Au fond d'elle, elle l'avait déduit. Seulement, elle s'était refusée d'y croire, de penser que sa vie n'allait pas tarder à s'arrêter. C'était étrange. Tous les jours, elle se disait qu'elle allait bientôt mourir, alors pourquoi lorsqu'on venait à le lui dire en face, elle avait envie de pleurer toutes les larmes de son corps ?


— Bien sûr, nous ne pouvons pas estimer quand une nouvelle crise arrivera, ou même quand ta maladie aura... pris trop d'ampleur. Tu vas devoir rester ici en attendant que tes résultats aillent mieux. Peut-être que ta maladie évoluera de manière positive ? Et que... tu guériras ?


C'était faux. Kanon le savait pertinemment et Hana aussi. Sa maladie était incurable et à moins d'un véritable miracle qui sort de nulle part, elle ne guérira jamais. Elle était maintenant condamnée à rester dans cette chambre lugubre d'hôpital jusqu'à la fin de ses jours. Ces informations arrivaient trop vite, Kanon n'avait pas le temps de les digérer.


— Ta tension est bien trop basse, tu ne dois pas te lever. Tu as quelques affaires juste à côté de toi, ton téléphone et un livre, mais je te conseillerais plutôt de te reposer. Si tu as besoin de quoique ce soit, n'hésite pas à appuyer sur le bouton. Ta famille est arrivée il y a une dizaine de minutes, je vais les appeler pour qu'elle vienne te voir quelques instants.


Et sans un mot ou un regard en plus, Hana sortit de la chambre et referma la porte.


Finalement, sa crise n'avait rien à voir avec Maiko : c'était juste l'un des nombreux indicateurs qui lui dictaient que sa fin était proche. Alors, elle n'allait jamais sortir de l'hôpital ? C'était étrange de dire que c'était la vérité. Elle n'irait donc plus au  lycée ? Elle n'aura jamais pu terminer entièrement sa scolarité.


Et Fujiko ? Qu'allait-elle pouvoir penser, lorsqu'elle la verrait sur un lit d'hôpital ? Kanon savait que, tôt ou tard, elle devait la vérité à son amie, mais elle n'avait pas pensé que ce moment serait arrivé aussi vite. Elle n'était absolument pas prête à lui dire que son temps de vie était bientôt épuisé. Comment allait réagir Fujiko ? Kanon ne voulait pas voir ça.


Et Akaashi ? Elle qui venait tout juste de se remettre à parler avec lui. Tout était déjà fini ? Elle refusait de le voir dans cet état, et encore moins de lui avouer qu'elle était malade. Le cœur de Kanon se serra de chagrin. Finalement, elle n'aura jamais pu lui avouer qu'elle l'aimait. Elle n'aura jamais pu passer d'autres moments avec lui. Elle n'aura jamais pu profiter de son amour.


Akaashi lui manquait déjà. Kanon l'aimait toujours du plus profond de son cœur, elle ne s'imaginait pas ne plus le revoir. Pas déjà, pas maintenant. Elle voulait encore lui parler et l'aimer. Pas une journée passait sans qu'elle pense à lui. Tout ne pouvait pas se finir comme ça, pas de cette façon.


La vie n'était pas belle ni juste. Et à cet instant, cette évidence frappa de plein fouet Kanon, cloîtrée dans son lit de malade. Son petit monde rose d'amour avec Akaashi et d'amitié avec Fujiko et Bokuto n'avait été qu'un beau mirage, une pauvre utopie qu'elle s'était créée pour s'échapper de la dure réalité : celle où elle allait mourir dans peu de temps.


Alors, Kanon se mit à pleurer silencieusement. Les larmes déferlaient, des spasmes la secouaient, elle ne se retenait pas. A tout moment, elle pouvait mourir. Peut-être n'aurait-elle même pas le temps de dire adieu à sa famille ou à ses amis. Toute sa vie, elle avait enduré sa maladie, l'avait acceptée, et là, elle allait mourir ? C'était prévu depuis si longtemps, alors, pourquoi était-elle triste maintenant ? Sûrement qu'accepter sa maladie lorsqu'il lui restait des années à vivre était bien plus facile que lorsque c'était quelques jours. 


Kanon ne se rendait compte seulement maintenant que la mort l'attendait au coin de la rue.


On toqua à la porte, qui s'ouvrit juste après. Sa mère, son père et sa sœur étaient là. Lorsqu'ils virent Kanon, en train de pleurer, ils se stoppèrent net. La lycéenne, d'une voix faible et rauque, réussit à dire :


— C'est... la fin.




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CHAPITRE 10 TERMINÉ
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