𝐌𝐄𝐋𝐏𝐎𝐌𝐄𝐍𝐄
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chapitre un —— sous le soleil d'après-midi
« Baby are you coming for the ride? »

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— Kanon, regarde ça !

Kanon osa enfin décoller son regard du sol et releva la tête, appelée par son amie. Elle ne se sentait pas vraiment à son aise, coincée entre des dizaines de lycéens. Ils étaient tous venus pour découvrir la même chose qu'elle. La seule raison qui l'avait poussée à venir ici était son amie Fujiko, qui avait tellement insisté pour qu'elle l'accompagne qu'elle n'avait pas su dire non. Kanon soupira, elle ne pouvait rien refuser à son amie. Après quelques coups d'épaules timides, elle finit par la rejoindre, juste devant la foule.

— Fujiko, qu'est-ce qu'on vient faire là, déjà ? demanda mollement Kanon.

— L'affiche ! Regarde-la ! Tu ne la trouve pas magnifique ? s'exclama Fujiko, complètement excitée.

L'affiche. Voilà la raison de sa venue. Kanon se rappelait maintenant de sa brève conversation de la veille avec son amie. Elle posa enfin son regard sur le fameux bout de papier accroché finement et soigneusement au mur.

— C'est qui ? finit par demander la jeune fille, quelque peu perdue.

— Tu ne les reconnais pas ? s'horrifia Fujiko, comme si elle venait de voir sa famille mourir sous ses yeux. Tu vis vraiment dans une grotte. Pourtant, je t'en parle tout le temps de ces gars-là ! Ce sont les joueurs de l'équipe de volley masculine de notre lycée. Tu sais, notre lycée, Fukurodani ! Tu ne les reconnais vraiment pas ?

Kanon plissa les yeux. A bien y regarder de plus près, elle pouvait en réalité reconnaitre les tenues blanches et noires des joueurs, presque similaires à leur uniforme scolaire gris. Au centre, un joueur brillait de dos sous les projecteurs, par le choix des lumières et des contrastes. Tous les regards devaient se poser sur lui. On ne pouvait pas clairement distinguer qui il était, mais il était en posture d'attaque, prêt à marquer le point final.

— "One ball, heart, and soul" lit Kanon attentivement. J'imagine que c'est la devise de l'équipe.  Et donc, pourquoi tu es venue me montrer cette affiche ?

— Regarde un peu plus bas et pas seulement ce beau sportif ! "Match amical organisé dans le gymnase du lycée Fukurodani contre l'équipe masculine de volley du lycée Karasuno. Venez nombreux !"

D'un geste rapide, Fujiko pointa du doigt l'affiche de volley, des étoiles pleins les yeux.

— Ça te dirait qu'on aille voir le match ensemble ? Regarde, c'est demain soir. On pourrait après rentrer chez moi et tu pourrais y dormir, non ?

Kanon tira une légère grimace qu'elle effaça aussitôt. Demain soir, c'était vendredi. Et vendredi, c'était la visite quotidienne à l'hôpital. Elle ne pouvait pas se permettre de la rater. Même si ses derniers résultats d'examens n'indiquaient rien d'inquiétant, une crise pouvait surgir à tout moment.

— Désolée, je ne pense pas que je...

— Je t'en supplie, j'aimerais tellement y aller avec toi ! Je sais que tu es très occupée après les cours et le week-end en général, mais on ne fait pas souvent de sorties ensemble, et je me disais que c'était une bonne occasion. Si tu préfères, tu peux rentrer chez toi après le match, plutôt que de dormir chez moi.

Le ton presque suppliant de Fujiko émit un pincement au cœur de Kanon. D'un côté, était-elle réellement obligée d'assister à cette visite-là ? Ne pouvait-elle pas en manquer seulement une ? Il était vrai qu'elle ne sortait jamais avec son amie, qu'elle rentrait directement chez elle ou allait à l'hôpital. De plus, ses parents n'étaient jamais d'accord pour qu'elle sorte en ville ou chez Fujiko. Ils préféraient la voir rapidement à la maison et garder toujours un œil sur elle en cas de problème.

Mais c'est vrai que ça pourrait être amusant d'aller voir ce match, songea Kanon dans ses pensées. Et puis, ça ferait plaisir à Fujiko, elle ne sort jamais...

Après quelques secondes d'hésitation, elle finit par répondre, presque timidement :

— J'irais demander à mes parents...

Fujiko sauta immédiatement de joie et l'enlaça de toutes ses forces.

— Merci !

— Mais je ne t'ai encore donné aucune réponse.

Kanon aimait son amie pour son sourire permanent et sa joie de vivre. Elle était comme son petit soleil du quotidien qui illuminait ses journées maussades. Bien sûr, elle n'était pas au courant de la maladie de Kanon, ça lui aurait brisé cette bonne humeur. Alors, Kanon attendait le dernier moment pour lui dire et ne pas lui faire trop de peine.

C'était la principale raison pour laquelle Kanon n'avait qu'une amie. Habituellement, elle ne s'attachait pas aux autres et n'allaient pas vers eux. Elle essayait le plus possible de s'attacher à personne et de ne pas se faire de nouveaux amis. Pourtant, Fujiko avait passé la règle. Depuis la rentrée, cette jeune fille pétillante s'était liée d'amitié avec elle sans réelle raison. Kanon, au départ très distante, avait fini par la côtoyer avec grand plaisir.

— D'ailleurs, tu ne m'avais pas dit que tu avais joué dans l'équipe féminine de volley du lycée, l'année dernière ? questionna subitement Kanon à son amie.

— Si, si, mais j'ai arrêté à la rentrée, lui sourit-elle, visiblement gênée.

— Ah oui ? Pourtant tu as l'air vraiment passionné. Pourquoi as-tu arrêté ?

Fujiko ne répondit pas tout suite. Son visage avait vite pris une tournure différente que habituellement. Les yeux comme vides, perdus, le corps raidit et son sourire du quotidien s'était faiblit.

— Rien de spécial, finit-elle par dire en étirant à nouveau ses lèvres.

— Ah oui...?

Kanon voyait clairement qu'il y avait un problème, et que le petit sourire qu'arborait Fujiko n'était pas comme d'habitude. Il sonne faux. Malgré ce doute, la brune préféra ne rien dire à son amie. Si cela était un sujet sensible, alors elle attendrait qu'elle lui en parle lorsqu'elle se sentirait prête.

— Je vais rentrer, annonça Kanon avec entrain. Ma sœur doit déjà être à la maison, je vais passer un peu de temps avec elle.

— D'ailleurs, elle est en première, non ? Pourquoi ne la voit-on pas à Fukurodani ? demanda Fujiko, curieuse.

— Elle a quelques problèmes, alors le lycée Karasuno est plus adapté pour elle, lui répondit la brune avec un petit haussement d'épaules.

— Ah oui ? Elle sera peut-être au match de demain soir alors. Bon, à demain !

Kanon salua son amie et prit le chemin pour rentrer. Elle aussi, elle préférait ne pas parler trop de sa petite sœur. Sa situation aussi étant déjà compliquée, mieux valait ne pas s'embarquer sur le sujet. Les cours finissaient tôt cet après-midi, elle allait pouvoir passer un peu compagnie avec sa sœur, cela allait lui faire plaisir. Enfin, Kanon l'espérait.

Alors qu'elle s'apprêtait à passer le portail du lycée, les yeux rivés sur son téléphone, elle ne fit pas attention autour d'elle et percuta quelqu'un. Surprise, elle recula de quelques pas et tituba un instant.

— Aie, aie, aie, murmura-t-elle en se frottant la tête.

— Désolé, je n'ai pas fais attention où j'allais, fit une voix au-dessus d'elle.

Kanon releva lentement la tête et put apercevoir qui elle avait percuté. C'était un jeune garçon de taille moyenne. Il avait une silhouette fine, presque élancée, des cheveux courts, bruns, ébouriffés, et des yeux bleus foncés. Elle avait l'impression de l'avoir déjà vu quelque part, mais ne parvenait pas à se rappeler.

— Non, c'est moi qui ne regardait pas, je suis désolée ! s'excusa Kanon, rouge de gêne. J'étais sur mon téléphone et je ne regardais pas...

— Akaashi ! Qu'est-ce que tu fais ? Il y a entrainement aujourd'hui !

Cette voix pleine d'entrain, Kanon la connaissait bien. C'était Bokuto Kotaro, un garçon de sa classe. Elle se demandait comment elle n'avait pas pu le reconnaitre sur l'affiche en le voyant. Sa carrure était imposante, ses muscles bien dessinés, et des cheveux gris hérissés sur sa tête. L'adolescente se tourna vers celui qu'elle avait percuté un peu plus tôt. Comme un éclair de génie, elle se rappelait enfin pourquoi il lui disait quelque chose : il attendait souvent Bokuto lors de la pause du midi, ils semblaient très bien s'entendre.

Bokuto arriva juste devant Akaashi et lui lança :

— Qu'est-ce que tu fais à trainer ? Tu discutais avec cette fille ?

— Elle se trouve dans ta classe, je crois, lui répondit-il. Je l'ai percutée sans faire exprès, je regardais l'heure sur mon téléphone.

— Ah bon ? Dans ma classe ? s'étonna Bokuto.

Il se tourna vers Kanon, les sourcils froncés et les yeux plissés. Il semblait se concentrer pour essayer de trouver un nom au visage. Mais même après quelques instants de réflexion, il n'y parvint pas, et laissa échapper un petit rire gêné.

— Ce n'est pas grave si tu ne te souviens pas, lui sourit timidement la jeune fille. Je suis Kanon Inoue.

Il faut dire qu'on ne s'est jamais parlés. Je n'ai pas vraiment fait d'effort pour te connaitre plus, songea Kanon, un léger rire intérieur.

— Bokuto, tu abuses, lui souffla alors Akaashi. Tu as vraiment une mémoire de poisson rouge.

— C'est bon, je ne m'en rappelais pas ! Ça arrive !

— Je... vais y aller, au revoir, interrompit la jeune fille d'un pas pressé.

Elle passa devant les deux garçons, la tête basse. Elle préférait ne parler à aucun de ses camarades de classe, ou attirer leur attention. Selon les quelques règles qu'elle s'était inconsciemment imposée, celle de ne pas se lier d'amitié avec d'autres personne en faisait partie. De toute façon, elle allait sûrement mourir dans peu de temps, cela ne servait à rien de s'attacher maintenant aux autres.

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CHAPITRE 1 TERMINÉ
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