𝄞 Chapitre 12 : Un dénouement inattendu 𝄞

Point de vue externe :

Le lendemain, la Suédoise traîne un peu au lit pour la première fois depuis plusieurs semaines. C'est un luxe qu'elle n'avait pas eu la chance d'avoir en raison du rythme de folie à tenir sur la tournée.

Ce day off bien mérité va lui permettre de recharger ses batteries complètement à plat et d'assister à l'un des shows de Søren sans avoir à courir partout.

Tel un chat, elle s'étire, se redresse sur un coude puis se relève. Derrière un rideau gris perle et vert anis, la luminosité tente de percer. Alors qu'elle chemine vers l'immense fenêtre, Thea prend garde à ne pas se prendre les pieds dans les fauteuils disposés de part et d'autre d'une petite table ronde en bois. Lorsqu'elle tire la lourde draperie, Stockholm apparaît devant ses yeux émerveillés. La vue lui permet d'admirer de nombreux bâtiments tous plus beaux les uns que les autres. Au loin, un parc lui donne envie de se promener, de profiter de ce magnifique ciel bleu et du soleil qui scintille de mille feux. C'est définitivement une belle journée qui s'annonce ! D'excellente humeur, elle file à la salle de bain, prend une douche chaude comme elle aime, ressort toute pimpante.

Elle descend ensuite dans la salle privatisée pour prendre un petit-déjeuner copieux, remonte avec le disc-jockey pour l'aider à choisir la tenue qu'il portera lors de son set et dévale les escaliers en sa si agréable compagnie pour rejoindre les véhicules qui attendent de les mener sur les lieux du concert.

Leurs chemins se séparent ici. Thea rejoint son petit frère tandis que Søren monte avec Even et Nils.

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En compagnie de Lars, Thea assiste au concert donné par le DJ. La foule entonne les paroles, danse au rythme de la musique et s'abandonne tout entière.

Derrière ses platines, Søren passe ses derniers tubes, ceux d'artistes qu'il admire, met l'ambiance et donne de sa personne comme il ne l'a jamais fait auparavant. Réceptifs, ses fans hurlent du plus fort qu'ils le peuvent pour qu'il les remarque, s'agitent. Certains titubent, sans doute sous l'emprise de drogue, d'alcool. Un cocktail qui ne fait en général pas bon ménage.

La chaleur et l'odeur de transpiration qui se dégagent de ces corps trop nombreux ont raison de Thea au bout d'un moment.

Si elle se réfère à la capacité d'accueil de la salle, jamais Olav n'aurait dû accepter tout ce monde. Il est complètement inconscient. Et si un drame survenait ? Elle ne peut s'empêcher de s'imaginer les pires scénarios possibles. Le cas d'un mouvement de foule par exemple. La vie de certains pourrait basculer sans crier gare ou du moins être mise à rude épreuve.

La bouche desséchée, elle se dirige vers le comptoir du bar. Elle a si soif. Un petit verre ne sera pas de refus.

— Bonsoir, j'aimerais un cocktail de fruits sans alcool avec glaçons s'il vous plaît.

— Tout de suite, Madame.

Alors que le barman s'active, Thea tourne la tête en direction d'un jeune homme imposant accoudé au comptoir qui la hèle. Une chose est sûre : elle ne le connaît ni d'Ève ni d'Adam.

Sur la défensive, elle fronce les sourcils. Que diable lui veut-il ? Le dos tourné à sa boisson, elle ose lui dire qu'elle ne l'a jamais vu et qu'il a dû se tromper. Fière de sa répartie nouvelle, soudaine, elle règle son dû et s'éloigne avec assurance.

Quand elle arrive à hauteur de Lars, Thea porte le précieux mélange à ses lèvres et en boit plusieurs gorgées.

Un peu plus loin, le garçon l'ayant abordée l'observe d'un air malicieux. Son comparse a semble-t-il réussi sa mission haut la main. Complices, ils échangent un sourire inquiétant. Les premiers effets ne devraient pas tarder à se faire sentir. Tant mieux. Il sera plus facile pour eux de l'enlever ni vu ni connu.

Dix minutes plus tard, Thea étouffe, est prise de nausées. Elle se retrouve dans un état proche de la somnolence. Sa respiration ralentit, sa fréquence cardiaque diminue. Elle s'accroche au bras de Lars in extremis. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle n'a jamais fait d'allergies à un fruit. Elle est maintenant en train de lutter contre d'affreux vertiges. Elle perd pied. Perd contrôle.

Lars s'alarme lorsqu'il remarque ses mouvements plus saccadés, sa perte de coordination. Il sait de quoi il s'agit. La tenant fermement contre lui, il balaie l'espace du regard à la recherche de malfrats qui seraient susceptibles d'avoir du GHB sur eux. Divers scénarios probables se bousculent en lui. Se sont-ils enfuis ? Attendent-ils le moment idéal pour surgir de la foule et fondre sur leur proie tel des rapaces, chasseurs hors pair, à la rapidité fulgurante ? Ou peut-être semblent-ils bien sous tout rapport et sont, de ce fait, impossibles à identifier ?

Ce n'est que lorsque Søren lui tape sur l'épaule qu'il revient à la réalité. Les spectateurs sont partis. Il n'y a plus qu'eux. Inquiet lui aussi, il demande ce qui se passe. Olav et Nils courent vers eux. Ils prennent aussitôt cette situation préoccupante au sérieux, décident de faire passer à la Suédoise une batterie d'examens dans l'hôpital le plus proche. Mâchoire contractée, Lars soulève sa grande sœur du sol et l'emmène jusqu'au véhicule prêt à partir. Durant le trajet, Thea perd connaissance, revient à elle puis s'évanouit encore une fois.

Accompagné de sa clique, Søren pénètre dans l'enceinte du bâtiment. Le personnel soignant allonge la victime à nouveau consciente et s'empresse de s'occuper de son cas. Lars leur explique les effets dont elle souffre et les supplie de la dépister. Certains semblent reconnaître Søren mais il n'en a que faire. Il suit les professionnels de santé jusqu'à une salle silencieuse. Lars est aussi présent. Il refuse de quitter son aînée du regard ne serait-ce qu'un seul instant.

Thea passe un test d'identification de drogue. Tout ce qu'elle déteste. Il permet d'identifier le GHB sous forme de poudre ou de liquide. En l'espace de quelques secondes, tout bascule. La substance à analyser change de couleur. Cela ne laisse place à aucun doute. Elle est positive.

C'en est trop pour Søren. Il entre dans une colère noire.

— C'est inadmissible ! Ce genre de merde ne devrait pas circuler ! s'emporte-t-il.

— Monsieur Hedgeland, calmez-vous s'il vous plaît. Grâce à vous et votre équipe, votre amie a pu être prise en charge immédiatement.

— Vous avez raison. Je suis soulagé qu'elle nous ait rejoints avant que ça ne fasse effet mais je suis aussi inquiet quand je pense qu'elle n'est pas la seule victime de cette pratique qui se répand de plus en plus.

— Si je peux me permettre, vous avez eu les bons réflexes. Madame Løvdahl a ingéré le GHB sous sa forme liquide et, étant donné qu'il ressemble à de l'eau et est inodore, c'était impossible pour elle de se rendre compte. Le goût est malheureusement facilement masqué dans une boisson. Ensemble, vous avez su remarquer des symptômes qui ne trompent pas.

— Merci de nous rassurer, Docteur.

— Je vous en prie, je ne fais que mon travail. Votre réactivité a été exemplaire. En général, au-delà d'un délai de douze heures, le dépistage peut se révéler compliqué du fait de sa disparition rapide de l'organisme et de sa présence naturelle dans le corps humain. Vous devriez déposer plainte. Cela ne mènera peut-être à rien mais au moins, vous aurez fait tout ce qui est en votre pouvoir. Bon courage.

Déterminés, Søren, Lars, Thea et le reste du staff quittent l'hôpital après avoir remercié ceux qui ont pris en charge la Suédoise. Elle est vraiment mal en point et a hâte d'aller mieux. Elle espère qu'elle pourra éviter des troubles sur le long terme. Demain, elle ira témoigner au poste de police. 

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