𝄞 Chapitre 11 : Stockholm 𝄞
Mot de l'auteure : Après un an d'absence, je reprends la publication de Mélodie désaccordée. J'ai beaucoup travaillé sur mon style suite à un syndrome de l'imposteur qui a duré pas mal de temps. Ce chapitre reprend doucement. Il n'a pas beaucoup de mots mais j'espère que vous parviendrez à l'apprécier malgré tout. Je ne sais pas si vous me lirez toujours, ni même si vous recevrez la notification. Je vous souhaite en tout cas une bonne lecture ❤️
Point de vue de Søren :
Alors que le jet entame sa descente abrupte vers la piste d'atterrissage de l'aéroport de Stockholm, Thea brandit avec fierté la carte de membre flambant neuve qui lui a été remise à l'instant par Nils. Sans doute ravie, elle l'observe sous tous les angles et la fait tourner entre ses doigts fins.
La voir aussi souriante me comble de bonheur. Elle n'a pourtant pas été épargnée par la vie et traîne de lourdes chaînes derrière elle. Malgré tout, elle parvient à se relever encore et encore. Elle revient chaque fois plus forte. J'ai le sentiment que rien ni personne ne peut la terrasser. Pas même cet idiot d'Einar.
— Søren, tu viens ? m'interpelle Even, mon garde du corps. Il ne faut pas qu'on tarde trop.
Rassemblant mes affaires, je me redresse et le suis à l'extérieur. Les chauffeurs de la société de taxi que nous avons réservés ouvrent leur coffre respectif pour gagner du temps et nous déchargent dès que nous arrivons à leur hauteur. Le service est irréprochable, il n'y a rien à dire.
Comme ils en ont pris l'habitude, Klara, Nils et Thea s'installent dans le même véhicule. Pour ma part, je prends place aux côtés d'Olav et d'Even. Le silence qui règne en maître dans l'habitacle est pesant. Depuis ma prise de parole concernant Carmen, celui que j'aime considérer comme mon ami avant d'être mon manager ne m'adresse plus un mot. Je le conçois : vider mon sac de cette manière n'était peut-être pas la meilleure idée. J'aurais dû attendre que nous soyons seuls pour ne pas mettre d'huile sur le feu. Si Olav ne décolère pas, je lui présenterai mes excuses. Mon but n'était pas de le froisser. Je m'exaspère des fois. Stupide Søren...
Les pneus de la première voiture qui crissent contre l'enrobé m'empêchent de cogiter davantage. Le bruit désagréable m'arrache une grimace et me donne la furieuse envie de me boucher les oreilles. À notre tour, nous prenons la route qui nous mènera à l'hôtel. Malgré de rares embouteillages dans le centre-ville, le trajet se déroule sans anicroche.
Alors que je m'extirpe de la Volvo, je me fige. Une scène que je redoutais se produit. Thea court en direction d'un jeune homme brun et se jette dans ses bras. Sa carrure athlétique m'inquiète. Et si elle s'était remise avec Einar ?
À cette éventualité, mon cœur se serre. Mon ventre se noue. L'air se bloque dans ma gorge.
— C'est son frère, me renseigne Olav.
— Hein ?
— Son petit frère, Søren, répète-t-il. Il s'appelle Lars.
— Qu'est-ce que tu en sais ? l'interrogé-je, sur la réserve.
— Il y a deux jours, elle m'a demandé s'il pouvait assister au show de ce soir.
— Tu es sûr que c'est lui ?
— Ils sont très proches.
Méfiant, je le scrute. Olav n'en serait pas à son premier mensonge... Je me souviendrai toujours de ce qu'il m'avait volontairement caché dès le début de notre relation amicale. Sans aucun scrupule, il m'avait pressé, stressé et empêché de lire toutes les clauses, par manque de temps m'avait-il dit, à la signature du contrat qui nous lie depuis plusieurs années. Notamment celle stipulant qu'un contrat avec une influenceuse ou une célébrité pouvait être mis en place pour accroître ma communauté.
Il avait ensuite enchaîné en dissimulant certains papiers importants pour m'empêcher d'avoir accès aux comptes de notre société, omettait de me prévenir pour des interviews essentielles pour le bon développement de ma carrière lorsqu'il n'aimait pas les journalistes, se moquait des us et coutumes ainsi que des habitants dans les pays qu'il n'affectionne pas pour s'assurer que nous n'y retournions pas, inventait des histoires à dormir debout pour des raisons diverses et variées. Encore aujourd'hui, je m'en veux. J'avais été bien naïf. J'aurais dû me méfier.
— Bien évidemment, j'ai accepté, reprend-il, face à mon absence totale de réaction.
Une ridule prononcée entre ses sourcils me prouve finalement sa sincérité.
À l'aide d'immenses chariots sur roulettes, le personnel de l'hôtel se presse d'emmener nos bagages à l'intérieur. Les nuages sombres, gorgés d'eau, menacent de percer et de se déverser sur nos têtes.
Thea semble en venir à la même conclusion que moi. Elle entraîne les garçons à l'intérieur. Lorsque Lars me frôle, j'en profite pour le saluer et lui souhaiter la bienvenue parmi nous. Mal à l'aise, je me concentre sur la mèche qui retombe sur son front volontaire à la place de ses yeux marrons perçants. Bien qu'il fasse deux centimètres de moins – à la louche – que moi, je suis impressionné par ce que sa présence dégage. Un étonnant mélange entre férocité et douceur. Une bombe à retardement si on s'y prend mal pour l'amadouer. Prête à exploser à tout moment.
Heureusement pour moi, il ne paraît pas me détester. Du moins, pas pour le moment. La décoration de l'établissement doit lui faire forte impression. Sans aucun mal, il fait abstraction de ma présence et embrasse l'espace qui s'offre à lui.
Ce doit être la première fois qu'il pénètre dans un lieu luxueux à souhait. Dans ce hall lumineux, les luminaires originaux en forme de cages à oiseaux noirs descendent d'un plafond pur, blanc. Le sol, du travertin clair, est recouvert d'un immense tapis bordeaux menant à l'escalier en marbre. À côté de la réception, des banquettes gris perle appellent les voyageurs fatigués à venir s'asseoir.
— Tu dois être Søren, je n'ai jamais entendu ma sœur autant parler d'un mec.
Profondément gênée, Thea tente de clarifier la situation aussitôt.
— C'est totalement faux, se justifie-t-elle. Mon frère aime juste me taquiner sans cesse. Ça l'amuse de voir mon visage se décomposer. Lars, je t'en prie, arrête. Tu m'as foutu la honte.
— Ne te tracasse pas, c'est oublié. On discutait de quoi déjà ? plaisanté-je.
— Des fans commencent à s'agglutiner devant les portes, ne traînez pas, nous interrompt Nils. Allez, venez découvrir vos chambres.
Comme des enfants bien élevés, nous le suivons et montons à l'étage privatisé rien que pour nous.
Quand je me retourne vers Thea et Lars, je les aperçois se chamailler. Pour avoir le dernier mot, elle lui donne une petite tape derrière la tête, exactement comme si son petit frère s'était métamorphosé en un chiot fou qui mérite un léger recadrage.
Ne voulant pas les déranger dans leurs retrouvailles, je m'éclipse dans mes appartements, manque de trébucher sur ma valise en plein milieu du chemin et me presse à la fenêtre pour admirer la vue incroyable sur la ville de Stockholm. C'est si bon de retrouver son pays, de se sentir chez soi, même si ce n'est pas Göteborg. Rien de mal ne peut m'attendre ici, n'est-ce pas ?
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