Soirée Tinder
Illustrer le sens propre d'une expression française : Troisième étape du concours Pink Lock de @apprenti0auteur ! La consigne était d'écrire une scène romantique en prenant une expression française de manière littérale.
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Bonne lecture !
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Je fixai l'interphone comme une idiote je ne savais pas si je devais appuyer ou repartir chez moi. J'hésitai. Je ne le connaissais pas ce type, il pourrait être dangereux, on entend tellement d'histoires sur des rencontres Tinder qui ont mal tourné...
– Excusez–moi.
Je me retournai, une mère de famille au regard de ses cernes, avec des sacs de courses me bouscula légèrement pour atteindre la porte de l'immeuble. Sans un mot de plus, elle ouvrit maladroitement et entra. J'en profitai pour me glisser à l'intérieur et je grimpai les quatre étages avec difficulté, arrivant essoufflée tout en haut. Ça devenait nécessaire de reprendre le sport. J'ai fait de la gymnastique pendant de nombreuses années et force était de constater que je n'avais plus le même cardio qu'à l'époque.
J'avais l'impression de reculer plutôt que d'avancer dans ce couloir sombre qui s'éclaira tout à coup à mon passage. 406. C'était son numéro d'appartement. Le poing levé, je restai immobile un instant qui me parut très long. Puis, je frappai. Il ne tarda pas à ouvrir la porte, suivi d'un timide bonjour et se décala sur le côté pour me laisser passer.
– Tu t'appelles Éléonore, c'est ça ?
– Oui, répondis–je à bout de souffle à cause des escaliers, ou d'une certaine intimidation.
Il se gratta le menton, les yeux vers sa table basse.
– Tu...
– Et...
Tous les deux gênés de s'être coupé la parole, nous nous terrâmes dans le mutisme quelques secondes, le regard sur le parquet brillant, puis il releva la tête et m'invita finalement à parler.
– Et toi, c'est Mathéo ?
Il acquiesça d'un simple hochement de tête avant d'enchaîner sur sa question :
– Tu veux boire quoi ?
Sans réellement le temps de me laisser réfléchir, il se dirigea vers son réfrigérateur derrière lequel il me semblait se cacher.
– J'ai de la bière, du soda, du jus de fruit...
– De la bière c'est parfait, dis–je sans le laisser finir son énumération.
Je le vis sourire au coin des lèvres lorsqu'il se redressa les bouteilles dans les mains, mais très vite ce sourire disparut, soudain mal à l'aise.
Nous nous assîmes sur le petit canapé de son salon, seul meuble confortable dans lequel s'asseoir. Il y avait un pouf près de la baie vitrée qui ouvrait sur un petit balcon et quelques chaises en bois dans la cuisine, que sa grand–mère avait dû lui offrir lors de son emménagement, mais ces assises ne me paraissaient pas des plus conforts. Mathéo décapsula ma bière, puis la sienne et nous trinquâmes sans nous regarder. Je me demandai si on pouvait allumer la télévision, mais oubliai l'idée. Le but était de faire connaissance, alors je cherchai un sujet de conversation, un peu trop longtemps peut–être car nous bûmes en silence la moitié de notre bouteille. La bière n'était pas mauvaise, je repérais même le nom de la marque sur l'étiquette pour la retrouver en magasin lors de mes prochaines courses.
– Tu aimes ?
Il a dû voir que je regardais l'étiquette.
– Oui, elle est bonne.
Le silence s'installa à nouveau. Nous étions tous les deux, là, côte à côte sans oser dire quoi que ce soit. Tu parles d'une soirée Tinder.
Notre boisson terminée, il partit chercher une seconde bouteille dans son frigo et se rassit à ma gauche décapsulant cette seconde bière. Nous trinquâmes à nouveau et bûmes notre gorgée. Plus jamais, je n'écoute Gabi... c'est elle qui m'a entraînée là–dedans, elle m'a dit « si, ne t'inquiète pas, ça va bien se passer ». Merci de la soirée. Gabi avait rencontré son ex sur cette application et avait vu d'autres garçons après ça et à chaque fois elle tombait sur des mecs cools, enfin d'après ses dires.
Alors que je tournoyais ma bague sur mon doigt, une crampe me prit au ventre. J'essayai de ne pas y prêter attention, mais la douleur s'accentuait.
– Euh... tout va bien ?
– Non,...
J'étais à présent, pliée en deux, les bras croisés sur mon ventre comme si le comprimer allait aider.
– Tu veux un médicament ?
J'acquiesçai et il se leva aussitôt pour aller dans une autre pièce de l'appartement. En tournant derrière le canapé, il se retourna, fit demi–tour posant, sur la table, la bière qu'il tenait toujours dans ses mains et reprit son chemin. Je me contorsionnai de douleur, quand j'entendis un cri. Je cru tout d'abord qu'il s'était pris l'orteil dans la porte de sa salle de bain, on sait combien ça fait mal, ou alors qu'il s'était coupé avec je ne sais quoi. Ne le voyant plus revenir et n'entendant plus de bruits à part une respiration haletante, je me levai du canapé, recroquevillée par cette crampe affreuse et suivit le chemin jusqu'à la pièce où il se trouvait.
– Qu'est–ce qui... demandai–je.
Je passai la tête par–dessus la porte du placard qui grinçait et découvris... une souris pétrifiée qui gisait sur le sol, près de la boîte de médicaments qu'il avait dû faire tomber. La main sur son cœur, il semblait apeuré. Surprise, puis amusée, je me suis mise à étouffer un rire.
– Tu as eu peur d'un cadavre de souris ?
Il n'osait plus parler.
– J'ai été surpris, rien de plus... réussit–il à sortir d'une voix tremblante.
Apparemment mal à l'aise, il quitta la salle de bain et retourna s'asseoir docilement. Il avait l'air sous le choc, alors je le suivis et m'asseyai près de lui.
– Désolée, dis–je enfin.
– Je n'ai pas peur des souris.
Sa peau normalement mate se faisait maintenant presque blanche comme le linge.
– Je te crois, enchainai–je. J'ai peur des oiseaux.
Il se retourna sur moi.
– Des oiseaux ?
Je percevais un ton moqueur dans le son de sa voix, je ne lui en voulais pas, après tout je m'étais moquée de lui, moi aussi.
– C'est idiot, je sais, mais ils me font flipper quand ils volent près de moi, surtout les mouettes.
– Je comprends, et en vrai oui je suis pas à l'aise à l'idée d'avoir une souris dans mon placard, elles se faufilent partout et j'ai la phobie que l'une d'elles viennent sous ma couette.
Il eut un frisson rien qu'à l'évocation de cette situation. Les yeux rivés vers sa salle de bain, je compris qu'il ne voulait plus y aller, alors je me levai et y retournai. Je mis le cadavre dans un serviette et le jeta dans la poubelle de la cuisine que je sortis immédiatement de l'appartement pour éviter les odeurs de mort, puis vint me rasseoir aux côtés de Mathéo qui reprenait peu à peu ses couleurs bronzées.
– Merci, osa–t–il.
J'attrapai ma bière et la tendis vers lui pour trinquer, les bouteilles s'entrechoquèrent joyeusement. J'entamai la suite de la discussion en lui demandant, après sa phobie, ce qu'il aimait le plus dans la vie : sortir avec des amis pour boire un verre, m'a–t–il répondue. Et il enchaîna avec ses études de psychologie. Je le trouvais passionnant, si passionnant que j'en oubliait l'heure ce soir–là et ne rentrais chez moi qu'à 2h du matin, souriante.
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J'ai voulu laissé le suspens jusqu'au bout pour vous dévoiler l'expression que j'avais choisi eh eh, vous l'avez sûrement repérée : Un cadavre dans le placard !
J'espère que ça vous a plu ;)
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