Rencontre au musée
Et si on se rencontrait : Première étape du concours #Pinklock organisé par apprenti0auteur !
832 mots
Bonne lecture 😉
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Il admirait, debout, un tableau d'une merveilleuse exposition. Le peintre, Welse Dermeer lui avait tapé dans l'œil lors d'une visite au musée avec sa classe de Première. Lui, qui n'aimait pas l'art à cette époque, avait découvert tout un monde qui le faisait rêver. Depuis, il venait au musée comme on va au cinéma.
Dermeer peignait principalement des paysages de la vie quotidienne : un arrêt de bus en plein centre–ville, un café dans les rues pavées, ou un banc au bord d'un lac comme le tableau qu'observait Dimitri à cet instant. Il semblait, cependant, plus hypnotisé par ce banc vert qui lui rappelait le film « Les volets verts », une comédie qu'il avait apprécié regarder avec sa petite amie de qui il s'était séparé il y avait deux semaines de cela. Sa mâchoire tremblotante, une larme de nostalgie voulut s'échapper de son œil droit en repensant à elle. Il l'aimait beaucoup et ayant vécu trois ans ensemble, il sentait un gros manque. Elle ne l'avait trompé, lui non plus, seulement ils n'étaient plus sur la même longueur d'ondes et s'engueulaient régulièrement, alors d'un commun accord ils avaient décidé de rompre.
Plongé dans ses souvenirs, il ferma les yeux le temps d'une seconde et lorsqu'il les rouvrit, il découvrit un tout autre lieu. Il se retrouvait, debout, au bord d'un lac. Par il ne sait quelle magie étrange, il était là, à marcher le long d'une promenade. Il repéra un banc, en face à quelques mètres. Ce même vert pétant qui avait attiré son regard dans le tableau du musée. Il s'approcha pour s'y asseoir et contemplait à présent l'eau du lac et ses roseaux.
– Excusez–moi, puis–je m'asseoir ?
En pleine méditation, Dimitri fut pris d'un léger sursaut. Il tourna la tête vers la gauche, une jeune femme avec des lunettes rondes qui arrondissaient davantage son visage, souhaitait prendre place sur le banc, elle aussi. Sans un mot, Dimitri acquiesça d'un hochement de tête et reprit sa méditation. Il sentit la jeune femme s'asseoir à ses côtés, elle sortit un livre de son sac et se mit à bouquiner.
De nature curieuse, il jeta un œil à la couverture.
– Vous aimez ?
Cette fois, c'est elle qui fut surprise. Elle répondit en souriant :
– J'aime beaucoup cette histoire, c'est la deuxième fois que je la lis.
Dimitri était impressionné, lui qui n'avait jamais eu la patience de lire cette œuvre colossale de Victor Hugo. Il aimait la littérature, mais préférait les romans policiers aux classiques.
– Seriez–vous professeure de français ? dit–il à demi–rire. Pour moi, il n'y a que ces gens–là qui apprécient la littérature classique.
Énervée par ce cliché, elle crut être obliger d'argumenter ses choix de vie. Elle était en effet professeure de français au lycée, pourtant ce n'était pas sa vocation première, elle aimait la littérature classique et les mythologies, c'est pourquoi elle s'était dirigée dans une fac de lettres. Après, elle avait passé le CAPES car elle ne savait pas quoi faire de sa vie et était devenue professeure.
– Je m'excuse si je vous ai offensé, répondit Dimitri percevant le ton autoritaire et directe de la jeune femme.
Embarrassé, ce dernier détourna le regard, ne sachant plus où se mettre. Sur l'eau, un canard s'approchait du rivage, espérant certainement qu'on lui jetterait un bout de pain, mais Dimitri n'ayant pas de nourriture à lui offrir, l'animal fit demi–tour.
– Les littératures classiques sont des chefs–d'œuvres, déclara la jeune femme. Je sais que ce n'est pas à la portée de tous, car ils sont parfois compliqués à lire, pourtant il y a quelque chose de beau, des détails de notre histoire, de notre société que je trouve fascinants. Ce sont des portes sur le passé.
Elle caressait la couverture du livre, comme s'il était un objet précieux.
– Et que raconte celui–ci sur notre société ? demanda innocemment Dimitri.
Pendant de longues minutes, ils discutèrent sur ce banc vert. Elle lui contait un passé du XIXème siècle dont il n'avait jamais pris connaissance. Il buvait les paroles de cette jeune femme si passionnée.
Hypnotisé par l'histoire, Dimitri ne se rendit pas compte qu'il était revenu au musée. Assis, face au tableau du peintre Welse Dermeer. A sa gauche se trouvait la jeune femme, terminant son récit. Dans ses mains, il n'y avait pas le livre de Victor Hugo, mais un simple prospectus. L'ouvrage était rangé dans son sac, légèrement visible. Tout à coup, gênée d'avoir tenue la jambe à ce jeune homme qu'elle ne connaissait pas, elle se tut et se leva en lui faisant un signe d'au revoir se dirigeant vers une autre salle d'exposition.
Dimitri lui répondit d'un geste et resta sur ce banc un moment, puis se leva et visita les autres pièces du musée. Il quitta l'exposition seul, en pensant à son repas du soir. Il ne repassa pas devant le tableau sur lequel deux personnages s'étaient peints derrière le banc vert, tous deux se tenant la main.
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