Oublie ton passé

Nouvelle étape du concours Pink Lock de @apprenti0auteur ! 

La consigne était "Écrire une scène romantique à partir des paroles d'une chanson ou des vers d'un poème".  Pour ce défi, je suis partie de la chanson "Bird set free" de Sia, pour son thème sur la liberté qui m'a toujours inspirée. Petite précision, le texte de Sia parle de se libérer d'une relation toxique. 

On est sur 833 mots. Bonne lecture !

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Assise sur ce banc, elle se triturait les mains, l'air complètement perdu. Elle se mangeait les gencives, en se remémorant pourquoi elle était venue là. Pourquoi avait-elle besoin de faire ça ? Est-ce qu'il avait raison et que ça lui permettrait de passer à autre chose ? De ne plus avoir peur ?

Elle tira sur un bout de peau près de son ongle qui semblait la gêner. Elle grimaça, une goutte de sang coula et elle compressa la plaie avec l'un de ses pouces. Elle releva légèrement la tête et face à elle, elle ne voyait que le vide, comme un trou sans fond dans lequel elle tombait peu à peu. Elle avait aimé cet homme de nombreuses années, quatre, très précisément. Elle pensa à ces premiers mois de joies et de bonheur simple : une soirée au restaurant, des discussions où ils ont refait le monde ensemble et dans le canapé, allongés l'un à côté de l'autre en regardant un film et en buvant un verre de vin blanc. Des rires, il y en a eu beaucoup. Parfois, ils se sont ponctués d'engueulades comme une majorité de couples. Et ça a été de plus en plus loin jusqu'à devenir une emprise perpétuelle où régnait la peur.

Ce passé la torturait encore aujourd'hui, alors qu'elle l'avait quitté depuis trois ans et refait sa vie avec un homme adorable du nom de Louis. Ils étaient voisins à cette époque et c'est grâce à lui que ses bleus n'apparaissaient plus sur son corps.

Et à cet instant, assise sur ce banc, elle repensait à tout ce chemin parcouru et cette peur qui finalement restait tenace. Elle allait mieux seulement en surface, elle souriait sans réellement être heureuse. Un soir, Louis lui avait dit qu'elle devait faire face à ce passé qui l'étranglait chaque jour un peu plus. Qu'elle serait heureuse après. C'est là que l'idée leur vint en écoutant une chanson à la radio alors qu'ils rentraient en voiture d'une soirée au cinéma : « Bird set free » de Sia. Une musique qui faisait écho à sa vie et qui l'encourageait à se libérer. Ils ont alors organisé ce week-end à Annecy.

Elle était fière de pouvoir faire ça, de tourner la page de cette manière, mais tout à coup, le stress l'envahissait. Elle baissa à nouveau la tête sur ses mains. Sa plaie à vif ne saignait plus.

– Tu es prête ?

Accroupi devant elle, les mains sur ses genoux, Louis la regardait. Elle souffla un bon coup et ferma les yeux, puis replaça son casque sur sa tête. Elle se leva maladroitement et s'avança vers le vide. La main sur son cœur. Son souffle se coupa.

Louis la repoussa instinctivement en arrière et la rassit sur le banc.

– Calme-toi, tout va bien. Je sais que c'est difficile.

Elle ferma les yeux et tentait de reprendre sa respiration.

– Tu as vécu d'horribles années et je ne pourrais jamais totalement comprendre ce que tu as vécu. Mais aujourd'hui je suis là et je te soutiendrai toute ma vie.

Louis attrapa les mains de cette femme qu'il aimait.

– Faire le grand saut ne te permettra pas de tout oublier, tu le sais. Ça t'aidera à te reconstruire et laisser derrière toi les mauvais souvenirs. Libère-toi, comme raconte cette chanson que tu aimes tant.

Elle perdit son regard dans les yeux de Louis, un bleu profond dans lequel se reflétait la quiétude et l'amour. Elle sourit.

Clipped wings, I was a broken thing. Had a voice, had a voice but I could not sing. (1)

Il chantait d'une voix douce et claire les premières paroles de la chanson, et attendit qu'elle poursuive à son tour. Hésitante, elle se leva et tout en marchant vers le bord de la montagne, reprit la chanson. Le couple se tenait fermement la main, admirant un ciel lumineux.

– On y va ensemble ? lui dit-il.

Elle acquiesça. Louis lui accrocha son harnais, un sac à dos de secours contenant un parachute et s'empara de deux instruments qu'elle ne connaissait pas. Il lui expliqua que ces outils servaient à indiquer l'altitude, la position qu'ils ont en vol et également la direction et la force des vents. Ils se mirent alors en position sur le deltaplane. Louis avait passé son brevet il y a quelques années et était donc apte à piloter seul. Avant de s'élancer, il lui demanda à nouveau si elle était prête. Comme réponse, elle chanta :

Now I fly, hit the high notes. I have a voice, have a voice, hear me roar tonight ! (2)

Elle s'accrocha à la barre en observant l'horizon plein de promesses et d'avenir. Ils se mirent à courir et s'envolèrent tous les deux. Elle ne touchait plus la terre, le vent caressait son visage, elle sentait simplement cet air frais et libre.

Des larmes coulèrent sur ses joues, heureuse d'avoir enfin sauté. Alors qu'ils planaient tranquillement au-dessus du lac d'Annecy, elle attrapa le bras de Louis dans un « merci » apaisé.



(1)Les ailes coupées, j'étais une petite chose brisée. J'avais une voix, avais une voix, mais impossible de chanter.

(2)Maintenant je vole, j'atteins les notes les plus hautes. J'ai une voix, j'ai une voix, écoute-moi rugir ce soir !

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