Être frappé par l'éclair
L'ultime Challenge de @apprenti0auteur ! La consigne était d'écrire une scène romantique visant à innover et à réinventer un cliché de la romance. Pas évident comme challenge celui-ci. Alors voici mon texte après plusieurs recherches concernant ce fameux cliché que je voulais réinventer (moi qui en plus déteste les clichés...)
On est sur 990 mots. Bonne lecture !
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– Le troisième prix est attribué à la nouvelle « Piégés par l'océan » de Pacôme André !
Tout le monde se mit à applaudir. Les deuxième et premier prix furent donnés à d'autres écrivains en herbe qui n'étaient pas moi. Depuis deux ans, je participais à ce concours d'écriture sans succès. J'avais tellement envie de retrouver mes amis et de leur annoncer une bonne nouvelle, eux qui étaient toujours derrière moi à me pousser à montrer mes écrits. Allais-je à nouveau participer l'an prochain ? Ça me déprimait à chaque fois de lire les textes gagnants et de ne pas comprendre pourquoi ils avaient gagné et pas moi. Peut-être en faisais-je de la mauvaise volonté ?
Déçue, je me suis forcée à me mêler à la foule et à prendre un verre de soda en grignotant un biscuit un peu trop sec. Je me suis alors retrouvée face à une jeune femme d'une trentaine d'années, quasi mon âge, qui discutait avec deux autres personnes. Sa beauté me frappa immédiatement et je ne voyais plus qu'elle dans la salle à la façon d'un de ses ralentis qu'on a dans les films.
– Qu'avez-vous pensé du sujet de cette année ?
L'un d'eux semblait me poser la question.
– Le temps est un thème plutôt vaste... commençais-je sans quitter le visage, le menton et les longs cils de la femme.
L'on m'interpella pour continuer. La manière dont leurs yeux me fixaient attendant une réflexion certainement très savante me mettait mal à l'aise.
– Ça permet d'écrire sur des sujets extrêmement variés et intéressants du point de vue de... euh... humain.
– Ah ça oui, je suis complètement d'accord ! enchaîna la jeune femme.
Les voyant satisfaits de ma réponse et le rythme cardiaque un peu trop rapide, je sentais la chaleur me monter aux joues, alors je me précipitai un peu plus loin, plus au calme. Je sirotais ma boisson à côté d'un groupe de quatre personnes qui débattait sur différentes manières de jouer avec les machines à remonter le temps en littérature et leurs bases scientifiques réelles. Grande fan du film « Retour vers le futur », cette question m'intrigua.
– Pensez-vous qu'une vraie machine de ce genre...
Soudain coupée dans ma phrase par le type de quinze ans plus vieux que moi qui m'observait, je fus toute émue. Je mis quelques secondes pour me remettre de son regard charmeur. Comme frappée d'un éclair, je ne rêvais à ce moment que de l'embrasser et de vivre à ses côtés.
– ...pourrait exister ? termina un jeune homme à ma droite.
Je hochais la tête en me tournant vers lui.
– Les scientifiques n'arrivent pas encore à se mettre d'accord sur le sujet, ils font de nombreuses théories, parfois peu réalistes, mais certains ont de réelles hypothèses intéressantes. Je pense qu'un jour, nous mettrons au point une sorte de machine à voyager dans le temps, mais peut-être pas comme on le pense, du moins pas aussi loin dans le passé.
Le jeune homme retroussa légèrement ses lèvres après avoir exposé son avis. On ne discernait presque plus sa bouche sous sa moustache touffue. Ah ce que je trouvais ça laid les moustaches ! Pourtant, une lueur dans ses yeux m'interpellait à son tour.
J'oubliais le cinquantenaire, tandis que les trois autres du groupe enchaînaient la conversation sur les éminents scientifiques qui affirmaient le voyage possible. Je restais à les écouter quelques minutes avant de me retirer pour prendre quelques biscuits supplémentaires qui n'étaient pas si secs que ça finalement. Quand je revins dans le groupe, la discussion avait changé, parlant maintenant des heureux gagnants.
– Je suis super heureux d'avoir gagné le troisième prix ! L'an prochain, je vise le premier !
– C'est toi, Pacôme alors ! Eh bien... euh félicitations, osais-je dire sans me détourner de cette lueur candide dans ses pupilles marrons.
Il me remercia.
Nous discutâmes longuement autour de ce pot. Étonnamment, je me prêtais bien au jeu de se mêler à la foule pour une fois. Et ce Pacôme était si intéressant que je buvais ses paroles. Il parlait de ses romans de science-fiction, qu'il souhaitait en écrire un sur le voyage dans le temps et qu'il faisait beaucoup de recherches sur le sujet. C'est pourquoi aussi le thème du concours l'avait inspiré. Il avait déjà réfléchi à un univers imaginaire très complet, à coup de planètes et de lois spatiales inventées. Fascinant ! Tellement fascinant que je sentais dans ma poitrine, mon cœur battre à vive allure. Jamais ça ne m'arrivait. Enfin, pour être honnête il y a quelques années, j'avais eu un coup de foudre, je crois. Mes aisselles étaient humides. Et lorsque l'homme mûr prenait la parole, je sentais que je devenais rouge. Je ne voulais pas arrêter cette discussion avec l'un ou l'autre. Et cette femme aussi tout à l'heure, assise là-bas. Un tonnerre dans le ciel me frappait aujourd'hui.
Peu à peu, la foule se vida. Mon téléphone indiquait 17 h 30, les autres personnes nous quittèrent et nous restâmes un petit groupe de cinq personnes autour de la table, dont les organisateurs du concours.
– Je crois que je vais rentrer, annonçais-je.
Je devais aller faire quelques courses avant de retourner chez moi. J'allais récupérer mon manteau aux vestiaires et je sortis accompagnée de Pacôme. Je n'avais aucune envie de partir maintenant, je voulais terminer la conversation.
– Ça te dit de continuer à discuter devant un bon café ?
Je pense l'avoir fixé un peu trop longtemps, muette. Sans doute que mes joues ont encore rougi, si tant est qu'elles étaient redevenues mattes depuis le début d'après-midi. Mon rythme cardiaque gardait une vitesse élevée. Il n'était pas du tout mon genre – ni la jeune femme ni l'autre homme à vrai dire – sa grosse moustache à la Dali et son crâne chauve dès 25 ans, très peu pour moi. Mais j'avais en cet instant une attirance pour cet homme, j'en étais sûre. Pourtant, je partis faire mes courses, fatiguée de cette journée.
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Je suis donc partie du cliché du coup de foudre en me basant sur cette analyse : le coup de foudre est généralement perçu comme l'ultime grand amour, il n'en existe qu'un, la personne qui frappe le coeur du protagoniste est toujours BG et on le voit au ralenti/ou juste on ne voit que lui. Je m'en suis alors amusée en détournant ce coup de foudre dans une idée burlesque où le personnage a trois coup de foudre en une après-midi et en plus à la fin, elle part juste faire ses courses, comme si un coup de foudre n'était rien.
D'ailleurs pour débunker un peu ce coup de foudre, chimiquement il n'est pas synonyme de grand amour mais plus d'attirance physique en réalité 😉 en tout cas j'espère que cette scène vous a plu, car elle n'a pas été évidente à écrire !
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