1: La drogue

Commençons par ce qui m'a le plus marqué, ce qui m'a traumatisé, ce qui m'a ouvert les yeux, ce qui m'a terrifié, ce qui m'a le plus changée : la drogue.

Il y a toujours ce moment dans la vie où l'on va être confronté à ça, que ce soit de la beuh, des tazs, de la coke, de la ké, du LSD, ou bien d'autres, on sera forcément une fois confronté à la drogue dans notre vie.

Et je m'en battais les couilles.

J'ai direct dis "ouais, ok!" quand on m'a proposé.

J'ai pris un demi taz d'ecstasy cette nuit-là. Avec ma meilleure amie. On était que toutes les deux et même si c'est horrible, je ne regrette rien et je continuerai toujours de dire que c'était la meilleure soirée de ma vie.

L'ecstasy désinhibe tous les sens: l'ouie, le toucher, l'odorat, le goût, la vue. Mais aussi sois-même. Et cette nuit-là était géniale, c'était incroyable, je ressentais tout en mille fois plus. Je pensais et je parlais de tout, j'ai parlé de mes problèmes, de ce que je pensais, de ce que je détestais, de tout, à ma meilleure amie. Je ressentais la gravité tellement fort, je criais et courrais partout, je hurlais de joie, j'étais en paix. On a dansé sous la pluie, il pleuvait si fort, oh mon dieu. J'étais pleine d'eau et de boue, mais j'en avais rien à faire. J'étais la plus heureuse du monde.

Puis je me suis rendue compte qu'avec un seul taz je pouvais me défoncer 2 fois, puisque je coupais le taz en deux et que je n'avais besoin que d'une moitié pour être dans l'espace. Economie, me direz-vous !!

Et puis, le temps à passé et on a commencé à se défoncer aux tazs tous les week-ends et même parfois 2-3 fois par semaine pendant deux mois. Les redescentes étaient à quelques reprises horribles pour moi. En fait, l'ecstasy nous pompe toute la sérotonine qu'on a dans notre cerveau, c'est une enzyme qui nous permet d'être heureux. Et quand la défonce est terminée, on est des fois déprimé puisqu'on en a plus. Moi, ça m'a déprimée à mort. Je pleurais pour rien, tout le temps. J'ai même étais déréglée au niveau menstruel.

Bref, passons, ce qui devait arriver arriva : j'ai fais une overdose.

J'étais en soirée dehors avec tous mes potes, tout était génial, j'étais archi défoncée, heureuse et en train de planer à mort sur la musique. Le problème : j'étais à un taz entier + un demi.

Des joints ont tournés et high comme j'étais, j'en ai fumé deux comme des clopes. Et puis, j'ai sentis mon cerveau crépiter à l'arrière, le froid me prendre, je suis devenue blanche, ma tête tournait de plus en plus, les pertes de mémoires de plus en plus proches chacune d'elles et boum : badtrip.

Ma meilleure amie me tenait, elle me répétait "Mel, calme-toi, tout va bien, on est là, on est tous ensemble, ça va aller, tout va bien..."

Mon cerveau a disjoncté, je me suis éteinte, un point d'interrogation s'est plaqué dans mon cerveau comme un programme informatique en plein bug et.... j'ai entendue la voix de ma meilleure amie se répéter en boucle dans ma tête pendant plusieurs minutes : "tout va bien, tout va bien, tout va bien, tout va bien, tout va bien, tout va bien..." Ca m'a traumatisée.

Quand je suis revenue à moi, ma meilleure pote m'a regardé complètement effrayée: j'ai bugué 5 secondes sans bouger, complètement éteinte d'après elle, coincée dans ma tête. Alors que pour moi, j'étais restée bloquée des minutes entières.

Et puis, j'ai commencé à partir et revenir plusieurs fois dans ma tête et dans la réalité. Crise de panique totale. Puis, un ami qui est pompier m'a prise en charge, il m'a allongée la tête sur ses genoux et m'a parlé.

"Appelez les pompiers!" il disait.

Et je n'arrêtais pas de lui répéter que non, si on m'éloignait et que je fermais les yeux : j'allais mourir, enfermer toute seule dans ma tête.

Dieu merci, il ne les a pas appelés.

A partir de ce moment je suis passée dans une seconde réalité: je voyais le monde comme un jeu vidéo. Les contours de tout se dessinait et je voyais des pixels, les gens étaient comme de la gomme quand je les touchais et j'avais des hallucinations. J'étais terrifiée. On me répétait qu'il fallait que je m'endorme pour me calmer mais j'étais persuadée que je mourrais si je m'endormais. Je le pense encore maintenant.

J'ai même fais une expérience de mort imminente: j'ai vu mon propre corps allongé par terre sur les genoux de mon ami.

J'avais des blocages, je tremblais, j'avais froid et je transpirais en même temps, j'étais blanche, au bord des larmes, pétrifiée de peur. A partir de là, j'étais sûre qu'il existait une autre réalité, une autre dimension.

Et puis ça s'est calmé, et je suis passé aux hallucinations. J'ai vu des gens qui n'étaient pas là, des choses se dessinait, le visage de mon ami qui me parlait se changeait, se transformait en tout et n'importe quoi, j'ai vu le ciel se désynchroniser, les arbres se changer en humain... tout.

Et, ça s'est finalement arrêté. Ça a duré quatre heures. Quatre heures en enfer.

J'étais encore tellement défoncée que je me suis mise à rire. Mais à la redescente je n'ai pas pu rentrer chez moi. J'avais beaucoup trop peur. Je suis allé chez ma meilleure amie et on s'est couchées. J'avais tellement peur de m'endormir que je lui disais de me réveiller à chaque fois qu'elle me voyait m'endormir. (j'avais peur d'être coincée à nouveau dans ma tête sans pouvoir rien faire pendant qu'elle pense que je dors juste). Elle l'a fait, et je lui en remercie tellement.

Les jours qui ont suivit ont été horrible: crise de déréalisation, terreurs nocturnes, crise d'angoisse.

Et puis comme je suis irrécupérable: le samedi d'après : boum, deuxième et dernier bad.

J'ai fumé sur un blunt, et je suis repartit. Même bad, mêmes effets, même panique. Il a juste duré moins longtemps.

Cela fait maintenant 4-5 mois que s'est arrivé et je vais mieux. Je n'ai plus retapé dans les tazs ou n'importe quelle autre drogue depuis. Par contre, j'ai pris beaucoup de temps pour m'en remettre et il m'arrive encore d'avoir des moments de panique intense. Quand je fume trop (des clopes) en soirée, je peux faire une mini crise d'angoisse de quelques secondes mais très intense qui m'apporte un sentiment de déréalisation ou bien quelques fois quand je m'endors, il m'arrive d'avoir encore peur de ne jamais me réveiller et de faire une autre crise.

Malgré tout, ça va mieux. Et tout ce que je retiens, c'est que non seulement je ne veux plus mais je ne peux plus me droguer. La drogue apporte des sentiments et des émotions incroyablement fortes mais ce n'est qu'une illusion, et il ne faut pas s'y attacher, jamais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top