Jeanine Hamilton
Le trajet dura pendant une heure. Pendant ce temps-là, Cécilia regardais défiler le paysage morne et triste par la fenêtre. Tout en le regardant, elle se demandait comment aller Manon. Depuis sa dernière visite qui avait eu lieu il y a deux semaines, la jeune fille n'avait pas eu de nouvelles de sa soeur et cela ne la rassurait aucunement. Elle détestait de tout son cœur cette impression que Manon était en danger et qu'elle ne pouvait rien faire. Maintenant que cela l'avait submergé, elle ne pouvait s'en débarrasser. Incapable de faire quoi que se soit d'autre, Cécilia se replonger dans la contemplation du paysage. Même si les forêts et les prairies qui défilaient à toute vitesse ne lui changeaient pas les idées, cela atténuait son inquiétude.
"Plus que deux heures avant Enoway. Je vais devoir vraiment tuer le temps" se dit Cécilia tout en triturant ses ongles. Elle envoya un SMS à son père pour lui dire qu'elle était dans le train en direction d'Enoway et qu'il n'y avait pas à s'inquiéter. Heureusement que son père était plutôt du genre tolérant sinon Cécilia aurait fait des pieds et des mains pour se rendre là-bas si il en avait autrement.
Pendant toute la durée du trajet, Cécilia s'adonna à toutes sortes d'activités ludiques comme lire un bon roman, jouer sur son portable et dormir. Lorsque le conducteur annonça l'arrivée du train à Enoway, cela la réveilla instantanément. Elle se releva, encore un peu engourdie à cause du sommeil et quitta le train avec le reste des passagers pour gagner la gare.
À l'intérieur, la jeune fille envoya un autre message à son père pour lui annoncer qu'elle était arrivée à bon port et elle se dirigea vers la sortie.
Une fois dehors, Cécilia consulta une dernière le papier où elle avait marqué l'adresse de Jeanine Hamilton.
"23 rue Ernest Hemingway... J'espère que ce n'est pas loin..." pensa-t-elle en fixant une dernière fois le bout de papier. Une seconde plus tard, elle le rangea dans sa poche et se dirigea vers le centre-ville pour gagner le quartier résidentiel.
Pendant une heure, Cécilia marcha tellement à tel point que lorsqu'elle sut qu'elle était dans la bonne rue, elle en fut presque soulagée. La jeune fille arpenta la rue en direction de la demeure de la soeur de Marc Hamilton. Elle trouva la maison au bout de quelques minutes seulement. Lorsque qu'elle fut arrivée, elle remarqua tout de suite que quelque chose n'allait pas même si elle ne sut quoi. Pourtant la maison paraissait normal. C'était une grande maison blanche aux volets bleus. Les fenêtres étaient fermées et le jardin était un peu friche mais à part ces quelques détails, il n'y avait rien d'anormal. Cécilia commença à parcourir d'un pas rapide la longue allée en direction du porche. Lorsqu'elle fut devant la porte, elle frappa trois petits coups mais aucunes réponses ne lui parvint. Elle s'apprêta à frapper de nouveau mais la porte s'ouvrit brusquement et une jeune femme fit son apparition devant le seuil.
Cécilia la regarda de haut en bas. C'était une femme plutôt maigre au visage eminscié. Ses cheveux étaient roux avec des reflets châtains et sa peau était pâle tel un linceul. Quand à ses yeux, ils étaient enfoncés dans leurs orbites et on aurait dit qu'elle était triste depuis longtemps. Cette pauvre femme devait encore faire son deuil à cause de la mort de son frère. Cela se voyait sur ses traits puisqu'elle devait être âgée de 30 ans mais elle en faisait 60 !
Au bout d'un long silence gêné où la jeune femme, elle aussi, toisa l'adolescente, Cécilia se résolut à prendre la parole.
- Bonjour madame. Je me nomme Cécilia Smoven et...
- Que venait vous faire ici ? riposta la femme d'une voix sec.
- Je suis ici parce que... euh... disons... que...
Cecilia hésita devant cette femme qui semblait acariâtre et dure. Elle avait peur de parler. Et si cette femme qui semblait être Jeanine refusait de lui parler ? Que se passerait-il ? Jeanine possédait des informations que personne d'autre ne pouvait lui fournir. Au bout d'un moment, un sentiment de détermination s'empara de l'adolescente et elle releva les yeux pour fixer droit dans les yeux son interlocutrice.
- Madame, je suis venu vous parler d'un sujet important qui me concerne ma soeur et moi. Et je crains que malheureusement ce sujet concerne... Cecilia hésita mais elle se reprit, la mort de votre frère, Marc.
À ces mots le visage de la femme se radoucit et la colère qui avait été dans ses yeux quelques minutes plus tôt fut remplacé par une tristesse infinie.
- Je vois que vous êtes venu pour parler de Malon Akers... déclara celle-ci après avoir chassé ses larmes d'un geste rapide des paupières.
Elle s'engouffra à l'intérieur, laissant Cécilia seule pendant une fraction de seconde jusqu'à ce que sa voix se fit entendre :
- Tu peux entrer ! Ce sera mieux que de rester à avoir froid !
La jeune fille entra à son tour dans la sombre demeure. Elle ferma la porte derrière elle et s'avança vers un couloir qui menait au salon. Dans le salon, Cécilia remarqua immédiatement les nombreuses photos posées sur les étagères et les buffets qui présentaient Marc Hamilton et sa soeur. Leur ressemblance étaient frappante et les photos les représentait à différents stades de leur vie. Enfant, adolescents, adultes... Dans ces photos qui semblaient appartenir à un autre temps, le frère et la soeur avaient l'air d'être inséparables. Il avaient l'air d'être comme Manon et Cécilia... Unis même dans les moments difficiles, complices, toujours heureux ensemble, la ressemblance la aussi était encore plus frappante.
Cécilia tourna la tête et vit Jeanine assise sur un fauteuil à regarder les photographies d'un air pensif. La jeune fille s'assit en face d'elle, sur le canapé. Elle scruta ses traits et son expression qui semblait passer de la joie à la tristesse rapidement. Ne pouvant pas rester très longtemps, Cécilia se décida à la brusquer un peu.
- Bon écoutez madame Hamilton, j'ai lu le témoignage...
- Comment as-tu rencontré Malon Akers ? la coupa Jeanine.
Le fait que la soeur de Marc la coupe sans arrêt était lourd pour l'adolescente mais elle se décida à parler de toute l'histoire. Que ce soit de l'histoire de Malon que leur avait raconté Léa jusqu'à l'internement de sa soeur en passant par leurs hallucinations, aucuns détails ne fut épargné. À la fin, Jeanine avait repris sa contenance et ce fut à son tour de scruter Cécilia dans les moindres recoins.
- Hum... dit-elle après un énième long silence gêné, ce que tu me dis à l'air vrai. C'est drôle de savoir qu'il y a d'autres personnes qui vivent la même chose sur mon frère... Mais quand tu m'a parlé de cet asile que tu as trouvé en pleine forêt ta sœur et toi, cela m'a tout de suite interpellé.
Cecilia fut étonnée et regarda Jeanine sans rien dire jusqu'à ce que elle n'ait plus son noeud dans la gorge qui lui empêchait de parler.
- Ah bon et pourquoi ? répliqua la jeune fille.
- Parce que mon frère Marc a travaillé durant un temps dans un hôpital psychiatrique qui se trouvait lui aussi en pleine forêt. Il travaillait en tant que gardien d'ailleurs.
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Alors comment avez-vous trouvé cette partie ? On dirait bien que les révélations commencent à approcher puisque Cécilia et Manon découvrent peu à peu le passé de Malon.
J'espère que vous avez aimé ! Il n'y a pas eu la partie avec le journal de Manon et cette partie est un peu plus courte que d'habitude mais ne vous inquiétez pas, je pense que je me rattraperai avec la prochaine. Sur ce, grosses bises 😘
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