CHAPITRE II: DU BLEUE ET DU CHÂTAIN


Deux semaines plus tard, chez Amri

Madame Samara, la mère d'Amri, venait de rentrer de son voyage en Grèce et m'a demandé de l'aider à préparer le petit déjeuner. Cette femme est une perle. Elle m'a accueillie chez elle après ma dispute avec ma mère, qui n'a toujours pas cherché à avoir de mes nouvelles malgré mes nombreux appels manqués.

Ce dimanche matin, elle me racontait ses voyages avec une telle sagesse. Ce moment, rempli de rires et de paix, m'a donné l'impression de retrouver un état de bien-être que j'avais toujours souhaité depuis mon enfance.

En coupant les légumes, je me suis accidentellement coupé le doigt. En voyant cela, elle s'est immédiatement précipitée pour soigner ma blessure, répétant sans cesse de ne pas m'inquiéter, que ce n'était rien. Des larmes de joie ont coulé de mes yeux, malgré moi. Elle m'a regardée avec tendresse et m'a dit : « Ne pleure pas, ma chérie. Parfois, il faut souffrir pour ressentir des belles choses, et tu es une belle personne. Ta mère verra un jour la chance qu'elle a de t'avoir. » Elle m'a ensuite prise dans ses bras, et à cet instant, je me suis sentie réconfortée comme jamais. Ces quelques minutes dans ses bras m'ont donné l'impression d'avoir enfin trouvé un abri.

Soudain, j'ai entendu les bruits de pas d'Amri dévalant les escaliers comme si elle fuyait un danger imminent. Elle a demandé à sa mère la permission de sortir pour faire les courses scolaires. Amri, la chouchoute de Madame Samara, a reçu une carte noire de sa part, accompagnée d'un baiser. À ma grande surprise, Madame Samara m'a ensuite proposé d'accompagner Amri pour faire mes propres achats. Je n'ai même pas eu le temps de répliquer avant qu'elle ne m'encourage à y aller. J'ai donc rapidement monté les escaliers pour me changer, enfilant un top et un jean court qui mettaient en valeur mes formes, ce qu'Amri ne manquait jamais de remarquer à chaque fois que je marchais. Ah, cette fille...

Chez les Daltoro

En sortant de la maison :

- Pourrais-tu me prêter ta voiture pour faire les courses, Damian ?

- Tu sais combien elle coûte ? Ne pose pas de questions, monte tout de suite.

Amri et Aria se lançaient dans une frénésie de shopping dans des magasins de luxe. Aria était épuisée par les caprices d'Amri, qui demandait toujours plus. Alors qu'elles arrivaient devant une dernière boutique, Emiliano aperçut Aria et donna un coup de coude à Damian, qui la regardait fixement. Emiliano murmura :

- Dios mío, ¿quién es esta chica? Es tan sexy.

- Hé mec, n'oublie pas Samir.

- Chut. Qui dit que je dois être un modèle de vertu ? On est jeunes, on peut bien s'amuser. Mais d'abord, finissons les achats, répondit Damian.

- Mais elle est tellement... taillée comme une déesse.

- Allez, viens, Emiliano.

Ils continuèrent leur chemin dans le magasin. Aria se retourna pour chercher quelque chose. Ses yeux bleus croisèrent ceux de Damian, qui restèrent fixés dans un regard intense. Aria, surprise par la présence d'Amri, reprit ses esprits et s'éloigna rapidement.

Après avoir terminé les courses, Amri m'attendait dans la voiture pendant que je me rendais aux toilettes. En me dirigeant vers la sortie, mon portable sonna. En essayant de le sortir de ma poche, quelqu'un me bouscula.

- Désolée, chica. Je ne t'avais pas vue. On se recroise, en poupée ?

- D'accord, mais on se connaît ?

Damian s'approcha pour comprendre la situation et répondit à la place de son frère :

- Pardón, il ne voulait rien dire. Tu peux t'en aller, d'accord ? Emiliano, on rentre. La prochaine fois, fais attention où tu vas. Ce n'est pas une garderie ici.

- Pequeña, ¿a quién llamas pequeña ? Je ressemble à ta sœur ? Hein ! Les bonnes manières sont-elles des déchets dans ta vie misérable ? À t'entendre, tu te prends pour le roi de l'univers. Ah !

- Ah bon, tu parles espagnol ! Chica, tu ne sais sans doute pas avec qui tu parles. Tsss...
Répondit Damian en fronça ces sourcils

- Je me suis sentie vexée. Il se prend pour qui ? Alors que j'allais lui répondre, mon téléphone sonna à nouveau. Je l'ai pris et suis partie. Si j'avais eu le temps, j'aurais pu lui faire comprendre comment parler aux filles.

Emiliano éclata de rire. Damian, vexé parce qu'aucune fille n'avait jamais eu le courage de lui parler ainsi, demanda à son frère :

- Qu'est-ce qui te fait rire comme ça ?

Emiliano, sans répondre, monta dans la voiture en continuant de rire.

Durant le trajet, Damian, frustré et honteux, resta silencieux et ne parla pas.

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Chez les Daltoro

À l'arrivée, je remarquai la voiture de mes parents. En plus des courses et de cette morveuse des magasins, je devais maintenant supporter mes parents, qui allaient sûrement inventer une excuse bidon comme d'habitude. Emiliano se précipita vers notre mère, qui l'accueillait comme si tout était normal. Je passai devant eux sans faire attention.

Dans le couloir menant à ma chambre, j'entendis mon père parler au téléphone dans son bureau. Je me demandais ce qui était le plus important pour lui : sa famille ou le pouvoir.

Je me réfugiai dans ma chambre, déposai les valises, me déshabillai et pris une douche. Mes parents avaient été absents pendant une grande partie de mon enfance. J'espérais que cela s'arrangerait, mais non. Je me détestais d'avoir joué le fils parfait en espérant que mon père me regarderait, mais il demandait toujours plus. Cela me détruisait, malgré tous mes efforts pour être visible. Avec la naissance de mon frère Emiliano, j'espérais que la famille que je désirais allait enfin exister. Mais non. Je suis devenu le frère, voire le père d'Emiliano, mais cela n'empêche pas qu'il voit nos parents et leur méchanceté.

Je pris une serviette, me l'enroulai autour de la taille, et retournai sur le canapé près de la fenêtre. J'allumai une cigarette pour chasser mes remords et mon dégoût envers eux. Je restai là pendant plus de trois heures, les yeux perdus dans la nuit. Soudain, la porte de ma chambre frappa. Je m'attendais à voir ma mère, mais à ma grande surprise, c'était mon père.

Il s'approcha de mon lit, s'appuya sur le côté et commença à parler :

Conversation entre Damian et son père Daltoro :

- Bonsoir, Damian. Ta mère et moi sommes terriblement désolés pour notre absence à ton anniversaire. Tu sais, tu peux demander ton cadeau, fiston !

- À t'entendre, on dirait que vous étiez là chaque année. Mais l'important, c'est le pouvoir, pas vrai, père ? Toute mon enfance, rien de ce que vous avez fait ne m'a marqué. Alors maintenant, tu te prétends être un père ? Sais-tu vraiment ce que signifie être père ? cria Damian, furieux.

Une gifle fit tourner le visage de Damian. Il ralentit, cherchant à se contrôler. Son père, en colère, s'avança vers lui :

- Ne t'avise plus de me parler de cette manière. Tu connais les sacrifices que j'ai faits pour cette famille. Tu n'es qu'un enfant pour me parler du devoir d'un père. Tu as compris, sale morveux ?

- Un père n'abuse pas de son enfant, ne gâche pas la vie de son enfant. Tu ne changeras jamais. Avant, tu te contentais de tirer des coups, mais retiens bien ceci : je ne suis plus ton esclave. Va te faire voir avec tes sacrifices de merde. Tu es qu'un salaud caché derrière une cravate. Tu ne connais pas la valeur d'une famille que tu sacrifices pour le pouvoir. Alors, putain, sors !

Alors que son père s'avançait pour le frapper à nouveau, Damian attrapa sa main et le repoussa en criant :

- Tu perdras tout à cause de ton ambition. Si je dois être père un jour, ce ne sera pas par folie, mais par amour. Alors va-t'en ! Sors, putain !!!

S'avançant vers la porte, Damian pointa son doigt vers son père :

- La prochaine fois que tu veux discuter, achète-toi un peu d'éthique et on parlera d'homme à homme.

Il ferma la porte au nez de son père.

Fin de la conversation.

Damian verrouilla sa porte et plongea dans son lit, réfléchissant à cette situation qui le rongeait depuis des années.

Assise sur le balcon, avec un verre de whisky à la main, Madame Daltoro réfléchissait à la discussion entre son fils et son mari. Elle se sentait encore plus mal, consciente que son fils avait raison sur tout à propos de son père et sur leurs devoirs manqués en tant que parents. Elle but son dernier verre de whisky, entra dans sa chambre, et en passant par la cuisine, aperçut Alista, la maîtresse et la seconde mère de ses fils. Elle s'approcha d'Alista, et dans un silence chargé d'émotion, se blottit dans ses bras. Alista lui rendit son étreinte et murmura à son oreille :

- Merci, merci du fond du cœur, Alista. Continue de les aimer, même si j'ai échoué dans mon rôle de mère. Je sais que tu resteras toujours à leurs côtés. Merci.

Sans dire un mot, Madame Daltoro reprit son chemin. Par curiosité, elle aperçut Samir, la petite amie de Damian, entrant discrètement dans la chambre de son fils. Sans y prêter trop d'attention, elle monta se reposer.

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