chapitre 7
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Son appel, à cet instant précis, frappa comme un coup de tonnerre, réduisant en miettes la fragile paix que j'avais péniblement construite. J'aurais dû être soulagée de l'entendre... mais tout ce que je ressentais était un chaos amer, un poison lent qui se diffusait dans mes veines, étouffant chaque pensée.
Sa voix tremblante, remplie d'un désespoir lourd et visqueux, filtrait à travers le téléphone.
Chaque supplication qu'elle murmurait n'était qu'une lame, une blessure qui se rouvrirait, encore et encore, à son contact.
Les mots, obscurcis par les résidus de l'alcool et de nuits brisées, se mêlaient aux souvenirs de trahison.
Elle insistait, m'implorait de venir, son ton vibrant d'une angoisse désespérée. Et moi... partagée entre une rancœur sombre et une parcelle infime d'espoir.
Après un long silence, piégée par mes propres émotions, je finis par lâcher un « oui » froid, un mot amer qui me brûla la gorge.
La peur m'étreignait, me rappelant chaque blessure. qu'elle avait laissée en moi. Et pourtant, je me levai, cœur en feu, raccrochant avec une froideur qui se voulait protectrice.
Amri, sans un mot, me conduisit vers l'endroit. L'ombre dans laquelle nous étions plongées semblait être ma seule armure contre le passé qui revenait.
Elle gardait le silence, sentant peut-être le poids des émotions qui me dévoraient de l'intérieur. Ce n'était qu'un appel, un son parmi tant d'autres, mais il m'avait projetée dans un tourbillon de sentiments enfouis depuis la nuit des temps.
Pendant le trajet, je fixais le vide, perdue dans mes pensées, jusqu'à ce qu'Amri pose doucement sa main sur la mienne.
Ce geste, léger mais sincère, me ramena à la réalité. Je lui offris un sourire fragile, empreint d'une détresse que je ne pouvais masquer.
Elle tentait de me rassurer, mais nous savions toutes deux que rien de tout cela ne serait simple. Avec ma mère, les choses n'avaient jamais pris un bon tournant.
Quelques minutes plus tard, nous arrivâmes devant un bâtiment gris et froid, une structure austère qui semblait aspirer la vie.
Je descendis de la voiture, les épaules lourdes, laissant Amri à l'intérieur. Elle aurait voulu m'accompagner, je le savais, mais c'était un moment que je devais affronter seule.
La lourdeur de l'air semblait peser sur moi tandis que.je me tenais immobile, à la porte du centre de désintoxication. Pourquoi suis-je venue ? me demandai-je, les doigts serrés autour de la bandoulière de mon sac.
À l'intérieur, la salle d'attente était imprégnée de l'odeur âcre de désinfectant, mélangée à celle d'un café froid abandonné sur une table.
Puis, mon regard se posa sur elle. Ma mère, courbée, le visage fatigué, comme si le poids de ses propres erreurs avait fini par l'écraser. Ses yeux, ternes mais étincelant d'un éclat fragile, se levèrent vers moi. Une lueur d'espoir se lisait dans son regard lorsqu'elle se leva, s'accouru vers moi en tendant doucement les bras.
- Arya, ma chérie... murmura-t-elle, sa voix brisée, presque méconnaissable.
Je restai figée.
Mes bras croisés contre ma poitrine, formant un bouclier invisible. Chaque pas vers elle me semblait une trahison envers moi-même.
Entre nous, le vide n'était pas seulement une question de distance physique, mais une fracture remplie de colère, de rancune, de blessures trop profondes.
- Qu'est-ce que tu veux ? demandai-je finalement, ma voix tranchante comme un couteau.
Elle baissa la tête, tordant nerveusement les manches de son pull élimé.
- Je veux... te revoir, te parler... Arya, je veux changer. Je suis prête à tout pour que tu me pardonnes.
Ses mots, désespérés, ricochaient contre la carapace glaciale que j'avais érigée autour de mon cœur. Ma mâchoire se contracta. Changer ? Après tout ce qu'elle m'avait infligé ?
- C'est trop tard, maman.
Ces mots sortaient de ma bouche sans émotion apparente, glacials. Elle leva la tête, les larmes aux yeux, et j'y vis un mélange de regret et d'espoir fragile.
- Non, je... je peux changer, je te le promets, tenta-t-elle, la voix tremblante. J'ai entamé ce programme pour me soigner, pour te montrer que je peux devenir... devenir la mère que tu as toujours mérité. Mais j'ai besoin de toi, Arya. J'ai besoin de ton soutien.
Une boule de ressentiment se forma dans ma gorge, me brûlant de l'intérieur.
Besoin de moi ?
Il y avait une époque où ces mots auraient été tout ce que j'attendais d'elle. Maintenant, ils sonnaient creux, presque insultants.
J'ai pris une inspiration, refoulant l'envie de crier, de pleurer, de lui tourner le dos pour ne plus jamais revenir.
- Je ne te dois rien. Tu as détruit tout ce que j'aurais pu attendre d'une mère. Je réfléchirai à te donner une seconde chance, mais je ne te promets rien. Tu échoues, maman, et ce sera terminé, à jamais.
Mon regard s'intensifia, la froideur de mes mots s'accordant parfaitement à la dureté de son propre reflet dans mes yeux. Je fis un pas en avant, fixant son visage affaibli.
- Avant de songer à guérir ton corps, commence par guérir ton âme et ton cœur. Peut-être, et seulement peut-être, tu comprendras enfin ce qu'est être une mère... et ce que signifie aimer quelqu'un.
Je laissai mes mots flotter dans l'air, son visage se crispant, les larmes coulant sans retenue.
Sans un regard en arrière, je sortis, l'atmosphère étouffante de ce lieu me collant à la peau.
En dehors, Amri attendait dans la voiture.
J'ouvris à peine la portière que je m'effondrais dans ses bras, des sanglots que je n'avais plus la force de retenir éclatant soudainement.
Elle me caressa doucement les cheveux, murmurant des mots d'apaisement. Sa présence, stable et réconfortante, était le seul fil qui me retenait encore à la réalité. Nous restâmes ainsi, en silence, le temps nécessaire pour que mon souffle retrouve une certaine quiétude.
Enfin, elle mit le moteur en route, nous emportant loin de ce cauchemar, vers ce qui restait de mon monde.
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Scène chez Damian
Pendant ce temps,
Damian étant assis au bord de la piscine, les pieds plongés dans l'eau glacée, Damian fixait l'horizon d'un regard froid, les mâchoires serrées.
Ses pensées le ramenaient toujours à elle, cette fille... Arya.
Pourquoi elle ?
Une haine sourde montait en lui à chaque fois qu'il évoquait son visage, cet air insolent, cette façon exaspérante de lui tenir tête, de lui défier sans le moindre frisson de peur.
Arya n'était pas comme les autres. Elle n'était pas de celles qui se laissaient dominer, de celles qui ployaient sous le poids de son autorité, bien au contraire.
Elle avait du cran, un culot qui l'irritait et l'attirait à la fois.
Elle faisait faces de ses regards glacials, riait de ses ordres, osait le provoquer avec un mélange de défiance et de nonchalance qui le rendait fou.
Une simple fille, pensa-t-il, le poing crispé, qui ne devrait pas avoir la moindre emprise sur moi.
Putain.
Pourquoi elle ?
Pourquoi cette fille, de toutes les autres, hantait-elle son esprit comme une ombre insaisissable ?
Il serra les mâchoires, frustré par cette emprise qu'il ne contrôlait pas.
Aucune de ses conquêtes passées, aucun de ces regards séducteurs ou de ces rires de femmes ne l'avait marqué à ce point.
Arya... c'était différent. Elle l'obsédait, le dérangeait, comme une morsure qui ne cicatrisait pas.
Soudain, la voix douce de sa mère le tira de ses pensées. Il sursauta, rompant brusquement son immobilité. Elle s'approchait, son sourire bienveillant masquant une inquiétude qu'il lisait pourtant dans ses yeux.
- Damian, tout va bien ? demanda-t-elle doucement, s'asseyant à ses côtés. Tu sembles ailleurs, et je t'ai rarement vu aussi... troublé mon chéri ?
Il détourna le regard, préférant la froideur de l'eau à l'insistance de sa mère. Mais elle ne se laissa pas décourager.
- Hier soir, tu es rentré très tard, et ton frère et moi... nous étions inquiets, continua-t-elle. Tu parlais en dormant... un nom revenait sans cesse. Arya, c'est bien ça ?
Il sursauta, une étincelle glaciale traversant son regard. Ses doigts se crispèrent sur le rebord de la piscine.
- Quelles sottises, mère, répondit-il d'un ton tranchant, cherchant à dissimuler sa gêne.
- Je ne sais pas de quoi tu parles,ni encore moins de qui.
Un sourire indulgent passa sur les lèvres de sa mère, qui connaissait trop bien son fils pour être dupe.
- Vraiment ? demanda-t-elle, un brin de tristesse dans la voix.
Pourtant, tu semblais... bouleversé, Damian. Est-ce si difficile d'être honnête, même avec moi ?
Il plongea ses yeux dans les siens, défiant cette perspicacité qui l'agacait autant qu'elle le troublait.
- Ce n'est rien, mère. Juste... un caprice. Un fantasme passager. Tout est sous contrôle, ajouta-t-il, son ton aussi glacé que la nuit.
Sa mère posa doucement la main sur son bras, la chaleur de son toucher contrastant avec son masque de froideur.
- Je ne te demande rien de plus, murmura-t-elle, sa voix empreinte d'un amour inconditionnel.
Juste de ne pas te mentir à toi-même.
Elle déposa un baiser sur sa joue, mais il détourna la tête, évitant son regard. Ce geste le déstabilisait, fissurait la carapace qu'il s'efforçait de maintenir.
Pourquoi fallait-il qu'elle voie si clair en lui ?
Pourquoi touchait-elle à ce qu'il gardait caché ?
Il se leva brusquement, s'éloignant de la piscine pour fuir cette conversation qui menaçait de le désarmer.
- Je vais bien, répéta-t-il d'une voix dure. Inutile de t'inquiéter.
Mais avant qu'il n'ait pu quitter l'endroit, la porte vitrée s'ouvrit soudainement, et une silhouette imposante apparut.
Son père.
Grand, autoritaire, le regard perçant, un homme habitué à être obéi sans contestation.
- Où comptes-tu aller ? demanda-t-il d'une voix grave, son ton chargé d'une tension palpable.
Damian s'arrêta, les épaules rigides, mais se força à rester calme. La dernière chose dont il avait besoin, c'était d'une confrontation ce soir.
- Ce n'est rien d'important, répondit-il, sa voix coupante, résistant à l'autorité dans les yeux de son père.
- Damian, je t'ai posé une question, insista-t-il, un ordre déguisé en simple curiosité.
Sa mère intervint, cherchant à apaiser les choses.
- Il t'a déjà dit qu'il n'y avait rien, Raül, murmura-t-elle d'une voix douce mais ferme.
Un éclat de mépris traversa le regard de son père. Mais Damian, refusant de se plier à cette autorité qu'il ne supportait plus, leur tourna le dos et s'éloigna lentement.
Derrière lui, ses parents restèrent figés, le silence pesant comme un fardeau dans l'air nocturne.
Il s'éloigna dans le jardin, laissant derrière lui ces regards inquiets, ces mots non-dits, et cette tension qui semblait s'accroître de plus en plus, comme une tempête qui couvait dans son cœur.
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