Chapitre 17

Les vacances touchaient à leur fin. Ce jour-là, nous étions un vendredi.
Dans la matinée, j'avais bien du mal à me lever. Je ressassais et repassais en boucle tous les bons moments que j'avais passé en compagnie d'Ulrik.
Je pensais : C'est bientôt fini. Il va falloir que je le quitte...

Mais dans l'après-midi, immédiatement après le repas, Ulrik voulut me changer les idées.
Il avait remarqué mon air absent et mélancolique.

« Déborah, nous allons faire un dernier tour près de la forêt et essayer de revivre ensemble les moments que nous avions passé à cet endroit. »
Ulrik attrapa son harmonica et sortit le violon puis me le passa dans les mains.

Nous nous couvions chaudement – c'était encore le mois de février – et nous entamâmes le chemin pour aller près de la forêt.

L'air était frais, pur et humide ; sans doute avait-il plu, quelques instants auparavant.
Tout en marchant, j'observais le ciel gris, les arbres sans feuilles et les oiseaux voler.

Arrivés à destination, nous nous installâmes sur l'herbe. Elle était encore humide mais je m'en fichais. Tout ce qui comptait, c'était d'être avec Ulrik.

« Écoute les oiseaux, m'interpella-t-il, ils font l'intro de ma chanson. »
Et il commença à jouer de son harmonica.
Plus tard, je commençais à faire glisser l'archet sur les cordes du violon.

Avec mon portable, j'enregistrais NOTRE chanson. Celle qu'Ulrik nomma « La chanson de l'Au Revoir » avec son accent irlandais.

Lorsque notre chanson était terminée, Ulrik déposa son harmonica dans la boîte. En voyant son geste, je rangeais le violon dans son grand étui.

« Ulrik, ce soir, ce sera la fin. Nous ne nous verrons peut-être plus jamais...
-N'importe quoi. Bien sûr que nous nous reverrons. Je viendrais te voir. En aucun cas, je ne veux que notre histoire termine. »

Puis nous faisions silence.

Ulrik s'allongea sur l'herbe fraîche et contempla le ciel chargé de nuages gris. Ses yeux prenaient la teinte du ciel. Il avait un sourire triste dessiné sur son visage.
Je m'allongeais de même.

Nous ne disions rien.

Tout à coup, un moineau passa devant nous.

Je m'approchais doucement vers Ulrik.

« Ulrik, tu vois tout ce que nous avons vécu jusqu'à maintenant ?
Il passa sa main dans mes cheveux et caressa une mèche du bout de ses doigts.
-Oui Déborah, et ces souvenirs, nous les garderons pour toujours. Il resteront gravés dans nos mémoires... »

L'espace d'un instant, il me regarda de ses yeux – désormais gris – et j'oubliais le temps.

Il se leva brusquement et me prit la main pour me faire lever. Nous ramassions les instruments de musique et partîmes rentrer à la maison.

Maman et Elizabeth nous avaient préparé le goûter.
C'était un crumble aux pommes, tout juste sorti du four. L'odeur était délicieuse. Quand nous nous installâmes à table, Gabin se précipita pour prendre une part et il l'engloutit d'un trait.
Chad riait aux éclats. Évidemment.
Ulrik se servit poliment une part et la dégusta. Je fis pareil que lui.

Plus le temps passait et plus mon ventre se tordait de douleur.
Et à 18h, le moment temps redouté des adieux était arrivé.

L'ultime moment. Celui où il fallait dire au revoir et laisser derrière nous de sublimes souvenirs.

Je n'oublierai pas tous ces beaux moments passés avec Ulrik. Il fut ma plus belle rencontre.

Gabin devait se détacher de Chad. Ils étaient devenus de très bons amis. Les quatre adultes de la maison se disaient "au revoir" en promettant de nous revoir tous un jour.

Lorsque je devais faire mes adieux à Ulrik, j'étais bloquée. L'émotion s'emparait de moi, je n'arrivais pas à me détacher de lui. C'était un déchirement de le quitter. Ma mère avait raison.
Tout d'un coup, je pleura un bon coup sans le vouloir. Ulrik était mal à l'aise. Ses yeux brillaient et une larme roula sur sa joue.
Les six autres personnes de la maison assistaient à ce moment triste. Ils étaient tous émus. Même Chad. Même Gabin.
À présent, je ne pouvais plus le cacher. A personne.
Ulrik m'embrassa avec émotion. Comme tous les précédents baisers, je me perdais avec le temps.
Il y avait comme un tourbillon autour de nous.
Les rayons du soleil transpercèrent les nuages et une lumière chaude s'invita au salon.

À la fin du baiser, tout le monde applaudissait. J'étais surprise. Ils étaient tous contents pour nous. Ce fut une joie immense pour moi.

À présent, il était l'heure de partir.

Lorsque je regagnais la porte d'entrée, Ulrik m'interpella et me donna quelque chose emballé dans du papier.
Je me demandais ce que ça cachait à l'intérieur. Curieuse, j'ouvris l'emballage et à ma grande surprise, je découvris son harmonica rangé dans la boîte. Il y avait un petit papier plié enfoui en-dessous de l'instrument mais je n'y prêtais pas attention et remis l'harmonica, rapidement, à sa place.
« Comme ça, tu garderas une trace de nos moments musicaux-forestiers...et... la trace de mes lèvres aussi, dit-il avec un sourire en coin.
-Merci, lui répondis-je en souriant timidement.
Je l'embrassa et il me prit dans ses bras.

Mon père chantonna avec entrain :
« Allez, allez, c'est l'heure de partir ! En route tout le monde !
Soudain il prit un air sérieux en s'adressant à moi.
-Ne t'inquiète pas Déborah, tu le reverras, Ulrik. Ils viendront nous voir. »

Je jeta un œil à ma montre. Il était 18h22. La nuit tombait déjà.

Nous nous apprêtions à rejoindre les transports en commun.

Je vis le train arriver.

Ulrik me fit un signe de la main. Je le lui rendis.

Ce fut l'ultime fois pour le regarder. À jamais.

Les portes s'ouvraient et j'entra avec détermination.

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