Chapitre 14
Cette sortie dehors m'avait ré-oxygénée. Et pour une fois, je me sentais libre d'être seule. Je n'étais pas accompagnée d'Ulrik.
Je me promenais tranquillement, et un instant, je passais par hasard devant la fenêtre de sa chambre. Il me vit aussitôt, le regard incrédule. Je me dépêchais pour fuir.
Le lendemain matin, Chad, Ulrik, Gabin et moi jouions aux LEGO.
C'était marrant toutes ces constructions réalisées par quatre paires de mains uniques.
« Ulrik, give me the triumphal arc that is behind your ass*, demanda Gabin, sans prendre la peine de traduire en français.
Je crois que j'avais à peu près compris ce qu'il disait. Je ne pu m'empêcher d'éclater de rire. Sans pouvoir m'arrêter en plus. Eh bien...
-Be more polite, Chad !* lui répondit Ulrik, manquant de rire un bon coup.
Ulrik lui passa l'arc de triomphe en LEGO.
-Thank you. »
Lorsque nous n'avions plus de LEGO, nous admirions notre travail.
C'était beau... Tellement bien construit.
« Je ne veux pas casser nos constructions, rétorqua Gabin.
-Moi non plus, lui répondis-je avec un sourire plein de compassion.
À midi, il y avait à manger du poisson avec des pommes de terre et des carottes. C'était un régal ! Mais pas un régal de voir Gabin jouer avec la nourriture...
« Tiens-toi tranquille, Gabin ! gronda ma mère.
-On ne joue pas avec la nourriture, poursuivit mon père.
Après le repas, Ulrik me proposa d'aller dans sa chambre.
« Je voudrais te montrer quelque chose, commença-t-il.
-Ah ouais ? C'est quoi ?
-Viens, tu vas voir. »
Une fois la porte fermée, il m'ordonna de fermer les yeux.
« C'est bon ! Tu peux les ouvrir ! lança-t-il.
Je ne m'attendais pas à ce qu'il me montre un si bel instrument de musique.
En effet, sous un drap était caché un piano. Un grand piano noir laqué. Avec des touches aussi blanches que les dents de son propriétaire.
Tout de suite, il s'installa sur le siège en face du piano. Il me fit découvrir les notes de base. J'étais assise à côté de lui.
Peu de temps après, il joua un morceau pour moi. Les premières notes tintèrent pour laisser place aux suivantes et ainsi de suite. Je me laissais emporter par la musique. Elle était belle et mélancolique.
Encore une fois, Ulrik était talentueux. Et il l'est. Je blottis ma tête sur son épaule tandis qu'il continuait à jouer. Nous étions ainsi, tous les deux, assis sur un banc, comme les personnages d'une scène de film romantique.
Pendant qu'il jouait, je regardais attentivement ses doigts, tremblants d'émotion, glisser de touches en touches. Et son regard... Irrésistible. Il était à la fois, concentré et mélancolique, puis sombre et ému, et enfin, lumineux et triste.
À la fin du morceau, il m'embrassa.
[1* Ulrik, passe-moi l'arc de triomphe qui est derrière tes fesses.]
[2* Sois plus poli, Chad!]
*
Quelques heures plus tard, et après un bref moment de silence, Ulrik me proposa d'aller au Book Shop. Il m'expliqua que c'était un petit magasin de livres d'occasion, qui se trouvait tout près de la maison.
Arrivés à destination, je découvris que certains livres étaient très anciens. Ils avaient les pages jaunies par le temps et sentaient le renfermé et le moisi. Ceci dit, ces odeurs de livre anciens, j'adorais !
Nous avions prévus d'acheter chacun un livre. Ça me faisait une occasion pour ramener un souvenir de mes vacances.
Une fois devant la porte d'entrée, il faisait très sombre dehors. Ulrik frappa à la porte.
Elizabeth nous ouvrit.
« Where have you been ? demanda-t-elle, étonnée.
Et c'est là, que nous trois, nous nous rappelions d'un moment semblable à celui-ci. C'était le jour où j'étais avec Ulrik, dans la forêt, en train d'apprendre à jouer du violon. Aaaahhh ! Que le temps passe vite.
-Nous étions au Book Shop, tout près. Et cette fois, je réponds en français ! lança-t-il en riant.
-Haha ! Entrez... »
Lorsque je déposa mon manteau, ma mère vint vers moi.
« Ah ! Te voilà, Déborah ! Demain après-midi, ton père et moi, nous partons chez des gens avec Elizabeth. Nous prendrons le goûter chez eux. Cela prendra tout l'après-midi.
Pour ne pas que Chad et Gabin fassent des bêtises, le père à Chad les emmènera à la fête foraine. Donc, nous serons trois. À moins que tu veuilles venir...
-Je voudrais profiter d'être avec Ulrik ! Tant que je le peux encore, rétorquais-je sèchement.
-Bon d'accord. Pas de bêtises, hein ?
-Non, non. Promis mamoune, répondis-je, en souriant.
-Je te fais confiance.
-Merci ! »
Je sentais qu'une journée forte en émotions s'amenait.
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