Chapitre 38 : A new beginning

Bonjour Lyana,

Nous avons bien reçu la chanson que tu nous as proposé, et nous avons beaucoup apprécié. Il y a un gros potentiel pour une artiste qu'on aimerait bien lancer cette année. Elle s'appelle Yumi. Je pense qu'il serait intéressant que tu travailles avec elle sur ce morceau. Evidemment nous mettrons à disposition nos ingénieurs sons et arrangeurs pour encadrer un peu plus la séance studio. As-tu déjà de l'expérience en la matière ? Quels sont tes conditions de ventes ? Sous quel nom exerces-tu ton business ? As-tu un site internet où nous pourrions voir plus de ton contenu ?

GRAYGO est une petite maison de disque, malgré que nous soyons une filiale de Kakao M, nos finances sont restreintes. Généralement, ce que nous proposons aux auteurs-compositeurs tel que toi, c'est d'acheter la musique pour 27000 wons, et t'ajouter sur les crédits à hauteur de 40%.

Nous aimerions commencer au plus vite, alors si tu as une quelconque question sur les modalités, n'hésite pas à me joindre. Je te mets le numéro de ma ligne directe : 0082XXXXXXX.


A très bientôt, je l'espère.

Kim Sun-Hi.

Directrice publishing chez GRAYGO


Je restai incrédule un instant. Le ton désinvolte me surprit grandement, d'autant plus pour une coréenne. Pas que cela me gênait, c'était juste très inhabituelle. Pourtant, il n'y avait pas de doute, ce mail provenait bien de GRAYGO que j'avais contacté quelques jours plus tôt. Je laissai mon bonheur exploser, ce n'était qu'une petite entreprise mais m'imaginer entendre ma musique chanter et écouter par d'autres personnes me comblait de joie. Mes doutes et incertitudes créés par l'échec quelques instant plus tôt furent balayés d'un revers. L'excitation me dominait laissant place à des fantasmes dont j'osais à peine rêver. Il fallait que je contacte madame Kim au plus vite, je ne voulais surtout pas lui laisser le temps de changer d'avis. Je pris une grande inspiration pour calmer les battements de mon cœur, il manquerait plus que l'exaltation de cette nouvelle me fasse perdre mon professionnalisme. Quand la tonalité du téléphone se mit à sonner, l'anxiété s'invita à la partie. Qu'allais-je lui dire ? Et si mon manque d'expérience était un frein ? J'aurais peut-être du me préparer un peu au lieu de l'appeler sur un coup de tête ? Ou au moins, avoir pris le temps de rentrer à mon appartement !


Sun-Hi (parlant coréen) : Oui allo ?


Trop tard.


Lyana (parlant coréen, d'une voix hésitante) : Bonjour, excusez-moi de vous déranger. Je suis Lyana, vous m'avez contacté par mail concernant ma chanson.


Ma voix était trop incertaine et fluette, sans parler du temps que je mettais à trouver mes mots en coréen. J'avais l'impression de perdre ton mon savoir en la matière.


Sun-Hi (parlant anglais) : Oh oui Lyana ! Merci de m'appeler si tôt ! J'aime beaucoup ta chanson, elle a énormément de potentiel. Il faut à tout prix que tu viennes travailler avec nous ! Ca serait un véritable honneur.


Même par téléphone son ton demeurait très aisé, néanmoins, ce qui me perturba davantage restait son anglais. Elle parlait bien mieux que je ne le faisais, ne laissant aucune trace de ses origines coréennes dans son accent. Ce changement de langue me déconcerta, se sentait-elle obliger de parler anglais à cause de mon coréen médiocre ?


Lyana (parlant anglais) : J'aimerais beaucoup travailler avec vous, mais je dois vous avouez que j'ai peu, voire aucune expérience, en studio. J'ai toujours écris des musiques que pour moi. C'est la première fois que je propose l'une d'entre-elles.

Sun-Hi (parlant anglais) : C'est très impression pour une première alors ! Si je comprends bien tu commences à peine ton activité dans ce milieu ? Pas de problème, ça ne change pas grand chose nous concernant. Ta chanson reste ce qu'elle est et nous la voulons. Je pense qu'il serait important que tu rencontre Yumi, notre chanteuse. On pourrait s'organiser un repas pour entamer les présentations et parler plus en profondeur du projet et de ton paiement, cela va de soit. Quand peux-tu te libérer  ?


Je n'osais pas lui admettre que je n'avais même pas encore songé en faire une "activité". Je n'avais aucune idée des modalités que nous devions aborder et encore moins d'un ordre de prix pour un tel service. Je me jetai du haut de la poutre sans filets, en espérant que mon instinct me permettrait t'atterrir sans encombres.


Lyana (parlant anglais) : Demain ? 

Sun-Hi (parlant anglais) : Demain c'est parfait. Je t'envoie l'adresse du restaurant par mail. On dit pour 12h ? 

Lyana (parlant anglais) : Parfait.

Sun-Hi (parlant anglais) : A demain alors, salut Lyana.


Mon cœur s'emballa, cette conversation fût presque mystique, insensée, irréelle. J'allais participé à un diner professionnel pour parler de ma musique ? Moi qui étais persuadée que je ne serais jamais assez bonne pour travailler dans ce milieu. Piquée par ce gain d'énergie et de positivité, je me hâtai chez moi. Je désirais que ce rendez-vous soit une parfaite réussite et pour ça, je devais me renseigner. L'industrie musicale était, avant tout, une industrie. Quels en étaient les codes ? Comment fonctionnaient les royalties ? Si je décidais de vendre mes chansons, devais-je créer une entreprise ? Travailler avec une maison disque, me liait-elle à elle par un quelque conque contrat ? Ces questions, et réponses qu'elles subsistaient, me tinrent éveillée bien plus longtemps que je ne l'aurais souhaitée. Je me rassurai en me rappelant que le rendez-vous n'avait lieu qu'à midi, un samedi après-midi.

Le lendemain, le cœur palpitant et les yeux cernés par mon insomnie, je laissai la notification concernant le sms reçu de RM en suspend et arrangeai une dernière fois mes cheveux dans le reflet de mon téléphone avant de rejoindre Sun-Hi. N'ayant aucune idée de son apparence, je l'appelai directement sur son portable.


Lyana (parlant coréen) : Oui, Mme Kim ? C'est Lyana, je suis bien devant le Umami. Où puis-je vous retrouver ?

Sun-Hi (parlant coréen) : Salut Lyana, entre directement dans le restaurant, on se trouve de suite sur la droite, tu me reconnaitras j'ai une blouse verte pomme un peu trop flashy - ricana-t-elle


Son sens de l'esthétique avait au moins la prétention de la faire rire, mais surtout le mérite de la rendre distinguable et je ne pouvais que l'en remercier. A peine nos regards s'étaient croisés qu'elle me fit de grand geste désinvolte. Je me faufilai entre les tables et le brouhaha ambulant pour rejoindre les deux jeunes femmes. Sun-Hi fut la première à se lever pour me saluer, elle était grande, élancée et surtout elle paraissait très jeune. Du moins, pour un poste telle que le sien. Elle n'arpentait aucun artifice, pas de maquillage ou même de bijou pour orner son cou et ses poignets, seul deux petites perles de cultures habillaient ses oreilles découvertes par sa coupe à la garçonne. Quelques épis rebelles prônaient au-dessus de sa chevelure noir au reflets violacés. Sa blouse beaucoup trop criarde demeurait rentrer dans son jean au niveau de la taille, mettant en valeur la finesse de celle-ci. A son apparence, j'avais du mal à croire en un rendez-vous professionnel, mais plus à une sortie entre copine.


Sun-Hi (parlant coréen) : Lyana ! Je suis ravi de te rencontrer. Wouah, tu es si jeune et très mignonne en plus.

Lyana (parlant coréen) : Merci.

Sun-Hi (parlant coréen) : Laisse moi te présenter Yumi, notre chanteuse très prometteuse. Elle a une voix a faire pâlir Mariah Carey.

Yumi (parlant coréen) : Arrête Sun-Hi, j'aimerais pas qu'elle soit déçue une fois qu'elle m'aura entendue.


Son ton supérieur et méprisant envers Sun-Hi me conforta dans mon impression, je n'étais pas à un entretien professionnel.


Yumi (parlant coréen) : Bonjour Lyana. Moi c'est Yumi. J'ai signé chez GRAYGO il y a seulement quelque mois, je comptes sur toi pour faire du bon travail.


Elle paraissait froide. Ses mots étaient polis mais robotisé, des paroles pensées au moment approprié. J'aurais pu songer à mettre cette attitude sur le compte d'une société trop codifiée, mais je n'avais jamais eu affaire à un tel comportement jusqu'ici. Son chapeau melon barrait la route de son regard, conservant sa part de mystère. Ses cheveux long et parfaitement lisse se confondaient avec le couvre-chef de part leur noirceur. A bien y regarder, de sa veste en cuire à ses chaussures vertigineuse, tout était noir, renforçant l'aspect pâle de sa peau. Seul son t-shirt bien trop large et à moitié rentré dans le pantalon apportait une touche de fantaisie. Son charisme compensait sa petite taille, malgré nos différence de mensuration, elle restait bien plus imposante que je ne le serais jamais. J'étais intimidé. Intimidé par l'artiste, sa prestance et sa beauté si singulière, j'aurais pu ne jamais détacher mes yeux d'elle tellement elle créait de la fascination chez moi.


Lyana (parlant coréen) : Bonjour Yumi, moi c'est Lyana.

Sun-Hi (parlant coréen) : Allez, assez de formalité les filles, installons-nous. Il est grand temps qu'on commande sinon Yumi fera cette gueule indéfiniment !

Yumi (parlant coréen) : C'est ta faute aussi Sun-Hi ! Quelle idée tu as de donner un rendez-vous à midi ? Tu savais très bien que le temps de choisir et d'être servis, on allait pas manger avant 12h30-13h. Midi c'est midi, et à midi mon ventre crie famine.


Elle étaient amies ? Car je doutais qu'il soit possible de parler ainsi à sa directrice publishing. De plus, devais-je en conclure que sa froideur n'était dû qu'à une faim lancinante ? Je demeurais bien trop timide et polie pour oser demander, mais l'incompréhension sur mon visage me trahit, amenant Sun-Hi à dissiper mon incertitude.


Sun-Hi (parlant coréen) : Figure-toi Lyana, que cette demoiselle sourit ! Assez souvent même. Son visage fermé et son ton hautain sont réservé qu'à deux occasions : Quand elle meurt de faim, et quand elle est absorbée par son travail. Là n'essaye même pas de t'interposer, elle t'enverra surement bouler.


Elle émit un petit souffle dédaigneux


Sun-Hi (parlant coréen et s'amusant à l'embêter) : Tu vois ! Au fait, tu es plus à l'aise en anglais ou en coréen ?

Lyana (parlant coréen) : Pour être honnête, je comprends assez bien le coréen, j'ai juste un peu de mal à parler ou à trouver mes mots. Qu'est ce que vous en dites si on parle coréen mais parfois j'utiliserais peut-être des mots en anglais ? 

Sun-Hi (parlant coréen) : Moi ça me va, et pis ça fera travailler un peu son anglais à Yumi.


Elle ne broncha pas, trop occupée à zieuter l'arrivée des gâteaux apéritifs.


Lyana (parlant coréen) : Merci madame Kim

Sun-Hi (parlant coréen) : Oh j't'en pris ! Arrête avec tes "madame Kim" et ton vouvoiement. J'ai pas 55ans, et si tu es amenée à travailler avec nous, ca va être chiant pour tout le monde. Appelle moi Sun-Hi.


Elle était si familière, à la limite du vulgaire. Elle me déstabilisait et en même temps, elle me mettait dans un certain confort déroutant.


Lyana (parlant coréen) : Très bien, Sun-Hi.


D'un pas léger, le serveur s'approcha pour nous servir les apéritifs offerts par la maison. Au plus, les bols de miso se rapprochaient, au plus les yeux de Yumi grossissaient, contenant tant bien que mal sa fringale. 


Serveur (parlant coréen) : Avez-vous choisi mes dames ?

Yumi (parlant coréen) : Oh oui, deux poulets au curry s'il vous plait. Et toi Lyana tu veux quoi ?

Sun-Hi (parlant coréen) : Yumi, arrête ! La pauvre elle n'a même pas eu le temps de regarder le menu !

Lyana (parlant coréen) : Non ça va, un poulet au curry c'est très bien pour moi aussi. Trois s'il vous plait.


Une fois le serveur reparti, Yumi se jeta sans pitié sur les assiettes à proximité. Je ne me souvins pas avoir eu le temps de les voir pleines. Mais Sun-Hi avait raison, ses traits commencèrent déjà à se faire moins dure et son visage s'illuminait.


Yumi (parlant coréen) : Mon dieu ! J'ai cru que j'allais y rester. Sérieux Sun-Hi, les rendez-vous à midi évite quoi.

Sun-Hi (parlant coréen) : C'est quand même plus sympa de parler autour d'une bouffe.


Lorsqu'elle finirent de se taquiner Sun-Hi se retourna vers moi et les choses devinrent beaucoup plus sérieuse.


Sun-Hi (parlant coréen) : Bon Lyana. Yumi et moi adorons la chanson que tu nous as proposé. Elle matche parfaitement avec sa voix. Yumi avait quelques ajustements à te proposer pour la mélodie voix mais vous verrez ça ensemble au studio.

Yumi (parlant coréen) : Oui, je suis impatiente qu'on s'y mette. Je pense vraiment qu'on pourra faire une bonne musique, surtout si on a Mic avec nous !


Son comportement avait changé, elle était devenu beaucoup plus joviale, sa beauté glaciale était déjà déstabilisante, mais là elle était... Envoutante.


Lyana (parlant coréen) : Mic ? Qui est Mic ?

Sun-Hi (parlant coréen) : Notre ingénieur son. Comme tu le sais, GRAYGO est une toute petite boite. Si tu décides de travailler avec nous, on ferra vite fait le tour de l'équipe, je te le garantis. Regarde moi, j'ai beau être la directrice publishing, je suis obligée de jouer les managers pour les jeunes artistes du label. On manque cruellement de personnel, on est une petite quinzaine dans les bureaux et, pour le studio, on travaille beaucoup avec des indépendants comme toi. Seul Mic travaille à plein temps chez nous. Il s'occupe de l'enregistrement, du mix et du mastering de nos morceaux. Il fait un peu de maintenance parfois, et maintient la survie de notre petit studio.


Son ton semblait résolu, je comprenais que ses conditions de travail l'a déploré malgré que son amour pour celui-ci.


Lyana (parlant coréen/anglais) : Moi je trouve que ça sonne familial.


Les filles sourirent. J'avais visé juste, il me paraissait évident que cette entreprise représentait leur cocon familial et, mon dieu, comme j'avais besoin d'une famille en ce moment.


Sun-Hi (parlant coréen) : Je suis contente de voir ton enthousiasme. Mais avant, j'ai besoin que l'on soit sûr des modalités ensemble. Tiens, je t'ai amené le contrat que je propose généralement à nos auteurs-compositeurs. Pour l'exclusivité de ta chanson et tous les droits la concernant, la boite est prête à te l'acheter pour 27000 wons et à te créditer à hauteur de 40%, avec une petite précision, stipulant que si l'on change trop les paroles et la mélodie voix, ce taux pourrait descendre à 30%. Mais ca c'est uniquement dans le cas où Yumi voudrait des changements cohérents et drastiques sur la partie voix. Est-ce que tu sais comment marche la répartition des royalties ?


Depuis hier soir à peu près oui. J'avais quasiment fait une nuit blanche pour palier à mon manque de professionnalisme, mais j'avouais que certain détails restait flou.


Lyana (parlant coréen) : Oui, elle dépend en majeur partie de l'implication de chacun des partis définie par Copyright Act qui se charge de protéger la propriété intellectuelle des artistes. Un guitariste qui aura joué une ligne de solo n'aurait pas les mêmes taux que le compositeur. C'est pour ça que beaucoup, préfère vendre plus ou moins cher leurs services et ne pas être crédité du tout. Mais moi, je crois au potentiel de cette chanson, et je tiens à tout pris à être créditée. Même si 30% me parait peu vis à vis de mon implication dans cette musique...


J'avais lu que beaucoup d'auteurs-compositeurs montaient jusqu'à 50%, facilement. Sachant que 1000 vues sur Youtube apportait environ 605 wons. 30% de 605 wons... autant dire qu'il ne me restait plus grand chose à la fin.


Sun-Hi (parlant coréen) : Je comprends ton désarroi. Et pour être honnête, je ne peux qu'être de ton avis. Mais 30% sera uniquement si on décide d'enlever la partie auteur. Et je..

Yumi (parlant coréen et interrompant Sun-Hi) : On en arrivera pas là. Tu mérites ta part en tant qu'auteur. J'aime beaucoup l'histoire que tu racontes dans cette chanson, et je comptes bien en garder la thématique. - ajouta-t-elle après avoir avalé goulument son riz épicé.

Sun-Hi (parlant coréen) : On est d'accord. GRAYGO a très peu de moyen, à l'heure actuelle, on fait très peu de profit, voire pas du tout, car on réinvestit continuellement dans les nouveaux projets de nos artistes. La boite prend à elle toute seule 45% pour ça et payer ses employés. Il reste à partager entre l'ingénieur son, le compositeur, l'arrangeur, l'auteur et l'artiste. Si on n'a pas besoin d'un autre intervenant externe ! Rien que pour l'aspect musical, un single coûte une fortune. En admettant que tu sois, l'auteure intégrale, la compositrice et l'arrangeuse, 40% me semble très honnête vu nos disponibilités. Tu seras mieux crédité que Yumi. Je te fais ma meilleure offre. J'ai beaucoup d'espoir pour cette musique, je prends le risque de miser beaucoup sur vous deux. Mais j'ai d'autres artistes dont je dois m'occuper. Ils sont très prometteurs, et même si je crois beaucoup en votre potentiel, je ne vais pas leur couper les vivres.


Un certain malaise s'immisça en moi. J'avais voulu faire preuve de professionnalisme en montrant que je connaissais les tenants et aboutissants de ce business mais je me suis heurtée à un mur. J'avais affaire à des passionnés, des personnes plus animées par de beaux projets et rêves que par le gain. Avant ce mail, je n'avais même pas songé à vendre mon titre, j'espérais juste pouvoir collaborer avec quelqu'un et voir où cet hobby pouvait me mener. C'était là seule chose qui m'insufflait encore un peu de vie, qui me représentait, alors je me sentis bête d'avoir voulu paraitre pour quelqu'un que je n'étais pas.


Lyana (parlant coréen/anglais) : Sun-Hi, pour être honnête, je tiens bien plus à travailler avec vous pour ce que ça va m'apporter d'un point de vue humain, que pour l'argent. Je songe que depuis très récemment à en faire quelque chose de sérieux. Et travailler avec vous me semble la meilleure première expérience possible. Si je peux me permettre, je n'ai qu'une recommandation. J'aimerais entendre Yumi chanter. J'ai eu beau chercher sur internet, je n'ai pas trouvé de chanteuse sous le nom de Yumi.

Sun-Hi (parlant coréen) : C'est normal, nous n'avons pas encore dévoilé ses débuts, on comptait le faire avec "Alright". D'ailleurs le nom de la chanson, c'est pas possible. Va falloir changer.


Je me mis à rire. Yumi prit le temps d'avaler la dernière bouchée de son assiette alors que Sun-hi et moi avions à peine touchées à la notre.


Yumi (parlant coréen) : Tu veux m'entendre ? Maintenant ?

Lyana (parlant coréen) : Oui. Tu n'as pas des enregistrements de toi sur ton téléphone ?

Yumi (parlant coréen) : Si, mais ça ne vaut pas un live. Si ma prestation est déterminante pour que tu me laisse ta chanson, autant tout donner.


Sans que je m'y attendes, Yumi se leva, ferma les yeux et prit quelques instants pour se concentrer sur sa respiration. Elle attirait tous les regards et absorbait le mien. Elle n'allait quand même pas chanter ici ? Dans le restaurant ? Alors que je m'apprêtais à l'arrêter, Sun-Hi m'en dissuada d'un geste. Les sons sortirent de la bouche de Yumi, sans hésitation, ni imprécision, elle chantait pour elle mais donnait sans réticence aux personnes présentes. Elle brillait. Je n'avais aucun mot pour décrire ce qu'elle faisait ou ce que je ressentais, mais l'enthousiasme de Sun-Hi pour cette artiste me parut limpide. Les difficultés de l'Acappella lui semblaient dérisoire, et son assurance évinça de ma pensée l'aspect déplacé de cette représentation publique. Je me surpris même à frissonner sur sa montée de "I Have nothing". A la fin, je me levai, ébahie, conquise. Il me fallut quelques temps pour apercevoir qu'une véritable stand ovation se déroulait dans toute la pièce tellement je fus transportée par son chant.


Sun-Hi (parlant coréen) : J'imagine que je peux te compter dans l'équipe ? - un large sourire trahissait sa fierté.

Lyana (parlant coréen) : Sans aucun doute. Je ne peux pas attendre pour commencer.

Yumi (parlant coréen) : Alors que dirais-tu de demain ? Mic serait ravi de te rencontrer, et moi aussi je suis plus qu'impatiente de commencer.


Sun-Hi me regarda, les yeux pleins de malices, comme pour m'inciter à me jeter à l'eau. Sans grande réticence, les yeux pleins d'étoiles, le sourire jusqu'aux joues, j'acquiesçai.


Lyana (parlant coréen/anglais) : C'est d'accord ! Retrouvons-nous demain pour commencer l'enregistrement.

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