Chapitre 35 : I'm okay

Enlever mon masque ? Si cela se limitait à moi je n'y voyais pas trop d'inconvénient, mais si elle finissait par le demander à RM... Les choses se compliqueraient. Elle semblait porter son attention uniquement sur ma personne, par peur qu'elle en demande plus, je m'exécutai sans protestation, il ne fallait surtout pas attirer son attention sur RM. En retour, elle me gratifia d'un sourire vendeur pour finalement ajouter :


Caissière (parlant coréen) : Merci beaucoup, voici votre peluche, bonne journée à vous. Ah et c'est super ce que vous faites pour les enfants.


Je ne répondis pas mais lui souris simplement en retour, j'étais encore stressée à l'idée que RM puisse être découvert. Celui-ci ne se doutait de rien, continuant à amuser les enfants. J'avais beau tenter d'happer son regard pour qu'il se décide à sortir, son attention demeurait insaisissable, alors je persistai jusqu'à accrocher un de ses yeux.


Lyana (parlant anglais) : J'ai cru que j'allais devoir t'abandonner là !

RM (parlant anglais) : Pardon, ça fait longtemps que tu attends ?

Lyana (parlant anglais) : Non pas tant que ça. Je voulais juste qu'on s'en aille assez vite car la caissière m'a donné un petit coup de stress.

RM (parlant anglais, d'un regard inquisiteur) : Ah bon ?

Lyana (parlant anglais) : Ouais, elle m'a demandé de retirer mon masque quand je suis passée à la caisse, pour des mesures de sécurité je suppose, mais j'avais peur qu'elle en demande autant pour toi. Mais heureusement non vu qu'on était pas au paiement ensemble.

RM (parlant anglais) : Ah ouais ? Bah j'ai bien fait de te laisser payer alors.


Il accompagna ses propos d'un rire taquin, sous-entendant très franchement que je ne reverrais pas mon argent.


Lyana (parlant anglais) : Dans ce cas j'imagine que cette peluche ira très bien dans mon salon - ironisai-je.

RM (parlant anglais et prétendant être outré) : Et tu priverais un bébé de ce qui serait devenu son doudou préféré ? Le rassurant dans le noir quand il aura peur ? Tu es sans cœur !

Lyana (parlant anglais) : Mais oui bien-sûr ! Après, j'ai souvenir que tu m'ais parlé d'un repas ? On peut peut-être s'arranger !

RM (parlant anglais, rigolant) : Et tes principes de française ?

Lyana (parlant anglais) : Non mais maintenant on est beaucoup trop proche pour ça, j'accepte que tu m'invites car je sais que je pourrais te rendre la pareille.

RM (parlant anglais, fronçant les sourcils) : Les principes français ont l'air vachement compliqué.

Lyana (parlant anglais) : Ah ouais, tu trouves ? Pourtant ça me parait tellement évident.


Cette gaieté paraissait surréaliste, surtout après la tempête que nous venions de traverser. Pourtant, tout comme moi, RM appréciait sincèrement ce moment. Si on oubliait que je doive me déguiser pour voir mon copain en publique, je dirais que notre relation n'a jamais été aussi banal et prospère. C'était plaisant de se soucier uniquement du moment présent sans me laisser torturer par mon passé. Un confort bien trop rare pour devoir le souligner.


RM (parlant anglais) : On y est, vas-y rentre


Malheureusement, cette fois-ci, notre entrée ne fut pas aussi bien reçu. Et de ce fait, le restaurant semblait bien trop beau, bien trop onéreux, pour laisser deux guignols déguisés se pointer. Pourquoi ne pouvait-il pas choisir des lieux beaucoup plus standard ? J'imagine que cette aspect de notre couple ne sera jamais "classique".


Dame d'accueil (parlant coréen) : Désolé mais je ne peux pas vous laisser entrer dans notre établissement ainsi madame. Je vous prierais de repartir.


Alors que je m'apprêtais à m'en aller docilement et honteuse, RM prit les devants.


RM (parlant coréen) : Vous devez avoir une table au nom de Kim Namjoon, non ? Le contrat avec notre agence Big Hit tient toujours n'est-ce pas ? Alors emmenez-nous à notre table que je puisse retirer mon costume et ne pas faire honte à votre établissement.

Dame d'accueil (parlant coréen) : Je suis sincèrement désolée monsieur Kim. Bien évidement, votre table vous attend comme à son habitude.


"Il était quoi au juste ? Le roi du château ?". Je ne m'y ferais jamais. Les personnes influentes de ce monde vivaient dans un univers totalement différent de nous. Ainsi, nous fûmes amenés dans l'arrière boutique, le passage était étroit et légèrement caché dans un renfoncement, confirmant l'aspect intimiste que semblait vouloir garder le lieu.


Dame d'accueil (parlant coréen) : Et voici monsieur Kim, installez-vous confortablement, nous passerons prendre votre commande dans un instant.


Il n'y avait pas âmes qui vivent, seulement nous, et une table démesurément grande pour deux personnes.


RM (parlant anglais) : Pfiou, je peux enfin retirer ça ! C'est qu'il fait chaud là-dessous.


Pour la première fois de la journée, je voyais enfin le visage de RM. Le plus agaçant à devoir se cacher du reste du monde demeurait qu'il se cachait également de moi.


Lyana (parlant anglais) : On est où là RM ?

RM (parlant anglais) : A un restaurant près de mon agence, très sympa. On y mange très souvent, alors pour préserver notre intimité, Big Hit a convenu d'un arrangement pour nous obtenir notre table privée.

Lyana (parlant anglais) : C'est pour ça qu'on mange sur une table pour 10 personnes ?

RM (parlant anglais) : Ahah oui, généralement, on est au moins tous les 7 quand on vient ici.


Je m'imaginais la scène. La scène d'un groupe d'amis partageant un moment plus simple qu'à leur habitude. Je me figurais leurs sourires et repensais à celui de V que je ne reverrais plus. J'avais cette envie irrésistible de savoir s'il souriait encore après que j'eus rejeté ses sentiments. Je voulais entendre qu'il se portait bien et qu'il continuait à embrasser la vie. Mais rien de tout ça ne m'était permis, je ne pouvais demander une telle chose aussi frontalement, encore moins à RM.


Lyana (parlant anglais) : Comment vont les garçons au faite ? Ca fait longtemps que je les ai vu !


A la place de quoi, je généralisai, prétendant m'intéresser à chacun alors que je me souciais tout particulièrement que d'un seul.


RM (parlant anglais) : Ils vont bien, ils me demandent souvent des nouvelles de toi d'ailleurs, ca serait cool que tu passes un de ces quatre nous voir à l'agence. Les garçons apprécieraient.

Lyana (parlant anglais) : Tu sais avec mes cours à rattraper, j'ai pas autant de temps... Et pis je veux pas vous distraire, je sais à quel point vous êtes occupés.

RM (parlant anglais) : Allez Lyana ! J'adorerais !


Devant l'insistance de RM, je me retrouvais prise au piège. Je ne voulais pas le décevoir, surtout que je ne trouvais aucune excuse valable à lui donner, mais je ne pouvais pas non plus imposer ma présence à V.


Lyana (parlant anglais) : D'accord, j'y réfléchirais alors.

RM (parlant anglais) : En parlant des garçons, je ne sais plus ce que je vais faire avec eux.

Lyana (parlant anglais) : Ah bon ? Pourquoi tu dis ça ?

RM (parlant anglais) : Il y a quelques jours de ça, J-Hope avait rendez-vous avec Hyundai pour une collaboration commerciale. Comme c'était sa première, et que jusqu'ici j'étais le seul à me charger des contrats, j'ai essayé de le briefer au maximum. Il semblait prêt, je lui ai montré comment nous vendre etc. Résultat, le lendemain du meeting, il revient me voir, fier de lui, me raconter le rendez-vous. Puis, je finis par lui demander, "Super ! Tu as réussi à négocier nos honoraires de combien du coup ?". Et sur un ton tout à fait désinvolte il me répond "J'ai pas négocié". Mon cerveau n'a fait qu'un tour. C'est primordial de négocier les honoraires, car en dehors de nous payer nous, on rémunère nous-même notre staff, et cette pub a un budget énorme, soit, tout autant de boulot ! Bref, j'ai accouru dans le bureau du manager, aussi dépité que moi qui me dit "J'ai pas eu le temps de prononcer un mot que J-hope serrait déjà des mains pour le contrat", finalité, on va bosser à perte. On payera tous nos employés sauf nous. Ca fait bien longtemps que ça n'était pas arrivé.


Contrairement à RM, je trouvais l'anecdote plutôt amusante, certainement agaçante et gênante d'un point de vue professionnel, mais reflétant parfaitement le petit soleil insouciant que pouvait être J-hope.


Lyana (parlant anglais) : Laisse lui plus de temps, c'était le premier. Il fera bien mieux une prochaine fois.

RM (parlant anglais) : Ouais je sais, tu as raison. C'est juste que ça fait bizarre d'être déconnecté des affaires administratives du groupe. J'avais une certainement main mise, et voir que les choses ne se passent plus comme ce que j'avais en tête me rend fou. Pire ! J'ai appris hier que JungKook s'était fait contacté pas Louis Vitton pour un possible futur shooting. Avant, rien ne se serait décidé sans passer par moi.

Lyana (parlant anglais) : Oui RM, ca s'appelle lâcher du lest ! Les garçons vont s'en sortir très bien et toi aussi. Tu as tellement donné pour ton boulot que tu ne sais plus apprécier te laisser mener. Laisse le temps faire, et tu verras que l'empire BTS ne s'écroulera pas pour autant.


RM semblait perdu dans ses pensées. Je sentais bien que son impression d'être mis à l'écart le perturbait. Il se mit à souffler, puis finit pas se résoudre.


RM (parlant anglais) : Au faite Lyana, tu te souviens que je t'avais dit que je prendrais des vacances en rentrant de notre tournée ? Alors tu en dis quoi ? Ca te tente de partir avec moi ?

Lyana (parlant anglais) : Tu veux qu'on parte tous les deux ? Tu as une idée de la destination ?

RM (parlant anglais) : Hum, oui, mais j'aimerais bien la garder secrète - me dit-il en me gratifiant de son sourire enjôleur.

Lyana (parlant anglais) : C'est tentant... Mais je ne sais pas trop...

RM (parlant anglais et étonné) : Pourquoi ?

Lyana (parlant anglais) : J'ai loupé énormément de cours avec tous les évènements qui se sont passés. Du coup, je me sens totalement découragée, j'essaye quand même de me bouger pour éviter le redoublement mais bon.

RM (parlant anglais) : Ca serait si horrible que ça de redoubler ? Je veux dire, ton école est l'une des plus strict de Corée du Sud. C'est normal de pas réussir à récupérer du jour au lendemain.

Lyana (parlant anglais) : Je sais pas. C'est juste que si on m'annonçait le redoublement, je ne suis pas sûr que j'aurais le courage de continuer jusqu'à la fin de mon diplôme.

RM (parlant anglais) : Si ce n'est pas le cas, alors tu n'es peut-être pas vraiment intéressée par ce que tu étudies.

Lyana (parlant anglais) : Pourtant si. Je veux dire, je l'ai choisi cette filière, et j'ai travaillé dur pour pouvoir y rentrer. Je sais pas trop.

RM (parlant anglais) : Te prends pas trop la tête ok ? Si tu veux pas louper plus de cours je comprendrais et on prendra des vacances ensemble une prochaine fois. Je comptais poser mes congés pour la semaine prochaine, tiens moi au courant si je dois les repousser où si je réserves pour notre petite virée.

Lyana (parlant anglais) : Oui d'accord.


Après avoir profiter de cet instant ensemble, je quittai RM pour me rendre à mon domicile. J'aurais préféré avoir un homme qui me raccompagne jusqu'à chez moi, plutôt qu'il me mette dans un taxi car les affaires l'attendaient. Je me laissai bercer par les doux mouvements du véhicule, tout en rêvassant, le regard perdu à travers la vitre. Je me mis à fredonner, cette mélodie qui persistait depuis longtemps dans ma tête, mais dont je n'eus jamais osé lui donner vie. Je continuais de me marteler de cette sonorité, de plus en plus fort, je ne voulais pas qu'elle m'échappe jusqu'à mon arrivée. J'accourus alors en face de mon piano, jouant la progression d'accords que j'avais commencé à écrire tout en chantonnant, par-dessus, cette mélodie qui m'animait. Elle était parfaite, l'ensemble me faisait vibrer. Je ne saurais mettre des mots sur mon ressenti, là seule que je pouvais affirmer était que cette musique semblait avoir toujours exister, comme une évidence. Par chance, j'avais également des mots à mettre dessus. Des paroles crus, certes, mais sincères.


Tu dis m'aimer

Sans même réussir à te sacrifier.

Je suis là seule à me perdre pour ton bonheur

Alors que ces trois mots me font peur


J'écrivais, raturais, rectifiais jusqu'à obtenir un ensemble dont je puisse être fière. Le soleil tomba sans même que je m'en aperçoive. J'eus l'impression d'extirper une partie de moi quand je mis le point finalement à mes mots. Vidée, je venais de donner le meilleur de moi-même, je n'avais jamais ressenti une telle intensité après une composition et celle-ci n'avait rien avoir avec les précédentes. Elle était d'une toute autre catégorie, elle était la chanson où j'avais osé, où j'avais donné la moindre parcelle de mon être. Si elle devait être rejetée, si elle n'était pas jugée assez bonne, alors je n'avais réellement pas ma place dans l'industrie musicale, car elle était ce que j'avais de meilleurs.

En me réveillant le lendemain, je réécoutai l'enregistrement de mon morceau pour me confirmer, à tête reposée, que j'aimais ce que j'avais créé. Rien ne paraissait plus vrai à mes yeux à cet instant. L'idée d'en faire quelque chose de sérieux me traversa l'esprit. Peut-être que je pourrais présenter ce son à des artistes ? Mais comment étais-je censé m'y prendre ? Devais-je le faire écouter à RM ? Et s'il n'aimait pas ? L'hésitation demeurait mon plus grand malheur. Je ne m'attardai pas plus longtemps pour rejoindre mes cours de la journée. Toujours aussi peu stimulée et perdue dans un goinfre de savoir, les informations se mélangeaient dans ma tête, me causant bien des maux malgré ma volonté. Je me sentais désemparée, malmenée par ce qui faisait autrefois l'objet de mon ambition. Après tout, je pouvais bien partir avec RM pour quelques jours, l'écart creusée était déjà infranchissable.

- Hey,
J'ai réfléchi et je me dis qu'un long weekend ensemble pourrait être sympa. Ca minimiserait mon absence mais permettrait que je prenne un peu de recul car là je te jure, j'ai l'impression que je vais exploser !

- Super je nous prévois ça alors, jusqu'à mardi ça te va ?

- Parfait, je suis impatiente de voir ta surprise ;)


Mes bagages empaquetés, et l'heure de fin de semaine venant de sonner, j'attendais avec impatiente l'arrivée de RM pour notre nouvelle destination. Ne sachant pas à quoi m'attendre, j'avais empli ma valise de chose certainement inutile, la rendant bien plus grosse que nécessaire pour un weekend de 4 jours. Le véhicule de RM s'arrêta devant moi. Sans perdre de temps j'introduis l'énorme malle que j'eus trimballé toute la journée et m'installai côté passager, il était futile de s'attarder plus longtemps au risque d'être repéré par la foule d'étudiant du campus qui quittait les lieux, impatient de leurs plans pour le weekend.


RM (parlant anglais et démarrant la voiture) : On s'est mis d'accord sur le fait qu'on ne partait qu'un weekend non ?

Lyana (parlant anglais) : Rigole, mais je te rappelle que tu ne m'as rien précisé, alors j'ai pris de tout.

RM (parlant anglais) : Comme on a moins de temps que prévu, j'ai dû revoir mon idée initial. On part moins loin du coup, mais j'espère que tu aimeras quand même.

Lyana (parlant anglais) : Il n'y a pas l'ombre d'un doute. J'ai le cerveau en compote, être avec toi est déjà revigorant.

RM (parlant anglais) : C'est vrai que tu as l'air épuisé, tu peux dormir un peu si tu veux, la route est un peu longue, je te réveillerais à notre arrivée.

Lyana (parlant anglais) : Tu es sur, ça ne t'embête pas ?

RM (parlant anglais) : Bien-sûr que non, princesse.


Ca faisait longtemps qu'il ne m'avait pas appelé ainsi. En entendant ce mot, je me rendis compte qu'il m'avait manqué et que la peur de l'avoir perdu à tout jamais avait grandi en moi. Mais à ce moment, RM me faisait grâce de toute sa grandeur d'âme, de son pardon et de son envie d'avancer. C'était comme se reposer sur un coussin nuageux, sécurisant et apaisant. Sur ses sentiments de bien-être je m'assoupis un instant, laissant RM me guider là où il le désirait.


RM (parlant anglais) : Lyana, on est arrivé, réveille toi.


J'ouvris un œil, puis l'autre, difficilement, je m'étais endormie plus profondément que je ne le pensais. Mais lorsque la vue happa mon regard, mon cerveau se reconnecta instantanément. Je ne pouvais imaginer de paysage plus fantastique, à la limite du surréaliste, je ne savais même pas qu'un tel lieu pouvait exister.


Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top