Chapitre 34 : Child, Child, Child

C'était le message que je finis par ne plus attendre, fortuit, empli d'assez d'angoisse pour gâcher le sentiment d'espoir que je lui associais. Voir son nom s'affichait sur mon écran de verre fit  palpiter mon cœur si fort, que mon corps en oublia son état de sommeil. Aussitôt, mes doigts se mirent à tapoter sans même réfléchir à ce que je pouvais bien écrire. 

Oui, je suis là, passe quand tu veux.


Sa réponse ne se fit pas prier :

J'arrive

Je m'extirpai de mon lit si rapidement que je manquai de peu de finir le visage encastré dans le sol. Dans ma course, je m'arrêtai dans ma salle de bain pour me donner un brin de toilette. Même si je doutai que ma coquetterie puisse changer l'issue de notre conversation, je voulais lui paraitre sous un meilleur jour. Après lui avoir montré tant de laideur, je voulais briller pour qu'il croit en un meilleur avenir. Mon visage demeurait terne et cerné par le manque de sommeil, tout ce que je comptais dissimuler à RM.

Le cœur palpitant, je m'impatientais et angoissais, réfléchissant à chaque conclusion possible, comme un maitre échiquier. Tout çà, pour conclure que je n'avais aucune emprise sur ce qu'il allait arriver. Le temps n'était plus aux réflexions, on sonna à ma porte. Mon cœur serré et les mains moites, je ne perdis pas une seconde pour ouvrir, j'attendais cette instant depuis trop longtemps.


RM (parlant anglais, sur un ton las et neutre) : Bonsoir, je peux rentrer ?


Je déglutis, voir son visage me perdit dans tellement de sentiments différents que ce fut la seule action que je réussis à faire. J'arrivais à peine à lui répondre, j'avais l'intuition que si j'ouvrais la bouche, ma voix déraillerait, alors j'hochai la tête pour acquiescer. Le corps majestueux de RM se planta dans mon salon, me laissant entrevoir les courbes de son dos. Ses épaules, habituellement si droites, semblaient rabaisser par les malheurs du monde. J'avais envie de le serrer si fort, comme si j'en avais le droit. A la place de quoi, je restai là, dans le silence qu'il avait instauré, sans réellement savoir ce que je devais faire ou dire dans une telle situation. Il se retourna vers moi, manifestement, je n'étais pas la seule à ne pas savoir par où commencer. Je me décidai à le décharger de cette tare.


Lyana (parlant anglais) : Tu veux t'assoir ? Boire quelque chose ?


Tout en s'installant sur le sofa, il me répondit :


RM (parlant anglais) : Ca va aller, merci. Lyana, j'ai beaucoup réfléchis, mais même encore à l'heure actuelle, j'ai peur.


Je me pressai à ses côtés, tout en maintenant une distance raisonnable, je n'étais pas sûr qu'il veuille d'un contact avec moi, rien ne servait de précipiter quoique ce soit, son confort me préoccupait davantage. 


Lyana (parlant anglais) : De quoi as-tu peur RM ?

RM (parlant anglais) : Tu me manques Lyana. Enormément. J'ai beau le tourner encore et encore dans ma tête. M'imaginer te perdre me fait plus de mal que ce baiser.


A ses mots, mon cœur s'emballa, me procurant assez de dopamine pour vouloir lui sauter au cou. Cependant, je savais que derrière ses dires, il demeurait un gros MAIS. Ses sentiments le torturaient.


RM (parlant anglais) : Et pourtant, continuer avec toi me donne l'impression d'être un idiot. Que ma fierté en prenne un coup passe encore, mais la peur, elle, elle reste. J'ai tellement de raisons pour vouloir arrêter maintenant

Lyana (parlant anglais, le regard baissé) : Je sais oui...

RM (parlant anglais) : Et une seule qui me pousse à rester, l'amour que je te porte. Aussi impensable que ça puisse paraitre, j'aime à croire que je suis une personne portée sur l'amour plus que sur la haine. Alors j'ai envie de croire en cet aspect de ma personne. Je ne sais pas si ça fait de moi le dernier des imbéciles, mais j'aimerais que l'on surmonte cette épreuve Lyana.


A mes yeux, RM me paraissait plus comme un sage, qu'un imbécile. Ses paroles étaient réfléchies, pleines de sens et honnêtes. J'adorerais pouvoir m'exprimer de la sorte.

Malgré que la conversation prenne une tournure dont je rêvais, un goût amer persistait. Bien-sûr que je souhaitais son retour, plus que tout, mais avoir conscience que cela lui demandait tant me percuta. Le chemin sera certainement long et pénible avant que je ne regagne sa confiance, voulais-je vraiment lui faire vivre ça ? Je désirais tellement le rendre de nouveau heureux, mais j'étais apeurée à l'idée de faire une nouvelle fois preuve d'égoïsme.


RM (parlant anglais) : Tu ne veux pas ?


Mon silence fut trop long, et mon visage trop inexpressif pour ne pas inquiéter RM. Du tac au tac, je répondis :


Lyana (parlant anglais) : Si ! Bien-sûr que si je veux nous donner cette chance ! Mais au vu de tout ce que ça implique pour toi, je finis par me demander si je devrais pas te pousser loin de moi. Je veux agir dans ton intérêt, et pourtant, j'ai la sensation de n'opérer que dans le mien.


Il joint ses mains aux miennes, c'était réconfortant quand il faisait ça.


RM (parlant anglais) : Accepte ma décision s'il te plait. J'y ai réfléchis longtemps avant d'être là devant toi. Et je suis prêt à le faire malgré la difficulté. Tu sais, je suis loin d'être un sain. Je t'ai fait espérer des choses, fait des promesses que je n'ai pu tenir. Tu n'as fait que m'attendre quand tu avais besoin de moi. Tu as supporté tout ce qu'impliquer ma célébrité sans jamais me le reprocher. J'ai conscience de ne pas t'avoir fait vivre le paradis.

Lyana (parlant anglais, les larmes aux yeux) : Je voulais seulement une présence...

RM (parlant anglais) : Je le sais ! Je sais bien. Et je peux imaginer ce qui a pu poussé un tellement agissement. Je veux juste nous laisser une chance d'être une meilleure version de nous-même.


Je n'avais alors plus de questions à me poser. RM me donnait l'autorisation de me laisser emporter par cette vague de bonheur qu'il vint d'engendrer. Le sourire aux lèvres, je le laissai y déposer un baiser, hésitant, maladroit, et craintif, mais avec un gout de délivrance. RM ne cessa de réclamer plus, comme si le rosé de ma bouche lui permettait de respirer. De tout nos baisers, celui ne fut pas le meilleur, un brin de mélancolie restait, mais la légèreté qu'il procurait apaisa nos cœurs lourd du passé.


Quelques jours plus tard


Un message de RM :

- J'ai un peu de temps aujourd'hui, ça te dit d'aller faire du shopping, je dois acheter une peluche pour la naissance de ma petite cousine.

- Oh ! Ta petite cousine vient de naitre ? Je veux voir des photos 🥰. On se retrouve à GOTO?

- Oui, je t'offrirais à manger 🤗


Les choses étaient redevenues à peu près à la normal entre RM et moi, je dirais mieux encore même. Les garçons se donnaient la main pour participer aux réunions marketing, offrant plus de temps libre à RM, même s'il s'occupait toujours des plus importantes. Je ne savais pas si notre relation ressemblait à un couple standard, s'il existe, mais il nous convenait. Je le voyais plus, malgré que, certains jours, je restais sans nouvelle de par son occupation et moi je le couvrais de toute mon attention. Depuis notre confrontation, nous n'avons plus reparlé de ce baiser. Pour avancer, il semblait préférable d'enterrer ce passage de notre vie. Je ne dirais pas que tout est oublié, nous travaillions dur pour ramener la confiance entre nous, mais nous nous donnions la peine et cela faisait une grosse différence.

Vrr Vrr, mon téléphona vibra de nouveau :

- Ah oui, et vient déguisée stp. Intégralement de préférence.


Déguisée ? Pour aller au centre commercial ? Il rigole là ?

- Tu rigoles ?

- S'il te plait !! 🙏

J'en avais pas vraiment envie et j'avais du mal à saisir l'idée, mais il semblait tellement y tenir, je ne pus dire non. Je me souvins d'une vieille combinaison de Molang achetée à mon arrivée en Corée du Sud. Je farfouillai dans le fin fond de ma penderie, là voilà. Je revêtis l'ensemble, me trouvant toujours aussi mignonne en tenue de mascotte. Pourquoi ai-je arrêté de la porter ? Le vêtement était si doux et confortable, j'appréciai que l'occasion me permette de déterrer cette relique. Un seul inconvénient surgit, la combinaison ne couvrait pas mon visage. Une capuche ornée l'ensemble par ces petites oreilles et le visage de lapin dessiné, mais quand je l'enfilai, celle-ci recouvrait mes yeux, pas très pratique. Une idée me vint. Dans l'un de mes tiroirs demeuraient des masques chirurgicaux blancs, il était courant d'en utiliser en Corée dans les transports où dans les lieux très peuplés. J'en pris un et redessinai moi même le visage de Molang. Je m'appliquai au mieux possible pour ne pas rendre la chose trop ridicule. Une fois satisfaite, je l'enfilai et partis en direction du centre. Le haut de mon visage et mes cheveux restaient visibles, j'espérais que RM ne m'en tienne pas trop rigueur.

- Je suis arrivée au centre, où es-tu ? -Envoyais-je.

- Tu ne devrais pas pouvoir me louper. Au faite, tu es adorable en Molang. 😚

Il me voyait mais préférait me laisser chercher. Son temps libre lui montait à la tête, voilà qu'il se mettait à faire des jeux insensés. Je le cherchai du regard, il ne pouvait que être proche. Rien. D'un autre côté, il devait se montrer discret avec le monde qui nous entourait. Je me demandais bien comment il arriverait à gérer cet aspect d'ailleurs, encore plus avec moi à ses côtés déguisée en Molang ! Non mais quelle idée ! Je persistai et arrêtai mon regard sur une mascotte Pikachu. Il prenait quelques photos avec les enfants, tout en essayant de les faire rire. Il devait sûrement être là pour la journée. Je lui trouvais quelque chose d'amusant, il semblait se donner beaucoup de mal, me distrayant un instant de mon objectif. Les enfants repartirent et Pikachu croisa mon regard. S'en suivi de grand geste de bras, non sans mal, dans ma direction. J'examinai autour de moi ? Personne à moins de 10m. Je me pointai du doigt pour être certaine qu'il s'adressait à moi, sa confirmation ne se fit pas attendre. Je m'approchai alors, me questionnant sur l'intention de l'Homme sous la souris jaune.


Lyana (parlant coréen) : Euh bonjour. Je peux vous aider ?

RM (parlant anglais) : Je t'ai déjà dit que tu étais adorable en Molang ?

Lyana (parlant anglais) : RM ? Mais qu'est ce que tu fais là dessous ?

RM (parlant anglais) : Bah je me cache de la foule, ça ne se voit pas ?

Lyana (parlant anglais) : Oui et non, on ne voit que nous, tu sais ça ?

RM (parlant anglais) : C'est la meilleure solution que j'ai trouvé pour ne pas être repéré. Comme j'ai une tenue intégrale, personne ne peut voir mon visage et les gens pensent juste que je suis payé à la journée pour amuser les enfants. Avec toi maintenant , ça fait deux ! Camouflage parfait pour se déplacer dans un centre commercial bondé !

Lyana (parlant anglais) : C'est du délire !

Enfant (parlant coréen) : Maman, maman ! Regarde, il y a Pikachu et Molang. On peut prendre une photo, dit !???

Mère (parlant coréen) : Excusez moi, mais ça vous dérangerait de prendre une photo avec mon fils ?

RM (parlant coréen) : Pas du tout, vient par-là petit.

Enfant (parlant coréen) : Merci beaucoup !


Le petit repartit aussi vite qu'il était apparu, le sourire aux lèvres par sa rencontre. Dire qu'il pensait prendre une photo avec Pikachu, alors que c'était RM de BTS à l'intérieur. Moralité, vous ne savez jamais quel star se cache derrière vos mascottes préférés.


RM (parlant anglais) : Pourquoi tu me regardes avec ses yeux souriant ?

Lyana (parlant anglais) : Oh non rien, je trouve ça super amusant en faite ! Et pis tu as tellement de facilité avec les enfants. C'est impressionnant.


Avec son masque, il m'était impossible d'interpréter les sentiments de RM. Le sourire de Pikachu restait figé sur son visage dans n'importe quelle circonstance, je pouvais seulement apercevoir la couleur de ses yeux a travers les deux petits ronds noirs. Mais j'imaginais que ma remarque l'avait touché.


RM (parlant anglais) : Et si on y allait pour trouver cette peluche.

Lyana (parlant anglais) : C'est parti ! On va par-là ?

RM (parlant anglais) : Si tu veux. Au faite, je te l'ai pas montré mais là voilà ! La petite Désirée.

Lyana (parlant anglais) : Elle s'appelle Désirée ? Ils lui n'ont pas donné un prénom coréen ?

RM (parlant anglais) : Non. Ma cousine est fan de la France et adore les mots français. J'imagine qu'elle a donné un deuxième prénom coréen à la petite pour faire plaisir à la famille. Mais sinon elle s'appelle bien Désirée.

Lyana (parlant anglais) : Adorable !

RM (parlant anglais) : Ah tiens ! Je voulais justement essayer ce magasin ! On y va ?


Je lis "Le petit alien". L'histoire de V me remonta en mémoire, forçant un sourire sur mes lèvres. Malgré ma décision, parfois, je me demandais comment il allait, ce qu'il faisait. Bien-sûr, je n'en demandais rien à RM et chassais ses pensées le plus vite possible de mon esprit. Le temps finirait pas faire son affaire, l'effaçant complètement de ma mémoire. Je ne pouvais qu'attendre et m'empêcher de vagabonder dans mes souvenirs de lui.


Lyana (parlant anglais) : On rentre comme ça ?

RM (parlant anglais) : Pas trop le choix, on a qu'a faire croire qu'on est venu amuser les enfants.


Et ainsi, RM rentra en trombe dans le magasin, il devait adorer la présence d'enfants car il ne fallut pas longtemps avant que celui-ci se fasse encerclé par une armée de petite têtes brunes. Plus discrète, j'établis toutefois le contact avec certaines d'entre elles, mais notre différence de succès était flagrante. Les employés ne détachèrent pas leurs regards de nous, pris dans l'incompréhension du moment. On pouvait lire sur leurs visages "C'est normal ça ?", "Quelqu'un est au courant ?", "Ils sont mignons avec les gosses en tout cas". J'avais le sentiment que notre expulsion n'était qu'une question de temps. Entre les yeux inquisiteurs des grands et émerveillés des plus petits, je n'étais pas habituée à autant d'attention. Néanmoins, personne ne semblait prêt à nous sortir, la sécurité avait beau nous fixer de près, notre présence ramenait de la clientèle. Finalement, cette situation improbable tournait à notre avantage. Lorsque j'avais un peu plus de champs libre, je me promenais dans le magasin à la rechercher d'une peluche. J'en trouvai une très mignonne, à l'effigie de Sophie la girafe. Surprenant de voir cette marque français ici, mais comme sa cousine aimait beaucoup la France, je trouvais le jouet approprié. En se faufilant, RM finit par me rejoindre, suivit par quelques petits curieux infatigables.


Lyana (parlant anglais) : Regarde, tu as plus de fan que quand tu joues les super stars !

RM (parlant anglais) : Quand je joue ? Je suis une star madame ! Mais j'admets que ces nouveaux fans sont un peu plus collants.

Lyana (parlant anglais) : Regarde ce que j'ai trouvé - lui montrant Sophie - C'est une marque française, très connue là-bas. Comme tu m'as dit que ta cousine adorait la France, je trouvais ça approprié, et en plus elle est mignonne.

RM (parlant anglais) : Oui j'adore !

Enfant (parlant coréen) : Excusez monsieur, -tirant sur le costume de RM- est-ce que je peux avoir un câlin ?

RM (parlant anglais) : Part devant, je vais rester un peu avec les enfants et je te rejoins.

Enfant (parlant coréen) : Pourquoi vous parlez bizarrement monsieur ?


La naïveté d'un enfant, difficile de ne pas y être un tant soit peu sensible. Mais si on les écoutait, on passerait notre vie avec eux, jusqu'à ce qu'ils se lassent.


Lyana (parlant coréen) : Bonjour, la peluche Sophie la Girafe s'il vous plait.

Caissière (parlant coréen) : Bien-sûr, mais je vais devoir vous demander de découvrir votre visage, madame.

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