Mon cœur battait la chamade, me laissant incapable de faire un mouvement de plus pour le rejoindre. J'avais eu tant de mal à faire ce choix, toutefois, je savais que je faisais le bon. Et pourtant je restais plantée devant l'entrée, pétrifiée par ma décision. J'angoissais d'avance à imaginer la tournure que pourrait prendre cette soirée. Si mon cœur continuait de s'emballer ainsi, la syncope ne devrait pas tarder à arriver. Avec tout ce que j'avais vécu, je m'étonnais qu'elle ne soit toujours pas là. Je trépignais encore quelques instants, le temps d'assécher la moiteur de mes mains et de calmer mes battements. Je regardai une dernière fois mon visage dans mon téléphone. Mon maquillage avait légèrement coulé à cause de la sueur. Great ! De toute façon de qui je me moquais, sans être particulièrement laide, je suis bien loin des beautés qu'il côtoyait régulièrement. Ca relevait plus ou moins du miracle qu'il s'intéresse à moi. A cette pensée, je réalisai que le "miracle" en question était mon instinct de survit poussé par l'attentat des MMA, tuant des centaines de personnes, dont mes amies. Sans cette affreuse circonstance, je ne l'aurai jamais rencontré. Notre amour était comme une fleure poussée sur une terre aride, ça redonnait espoir mais gardait une chance infime de survie. Ma déprime remplaçait peu à peu mon angoisse, laissant place à mes sombres souvenirs dont j'avais tant de mal à me débarrasser. Alors, pour ne pas me laisser emporter dans ce tourbillon, je me giflai assez fort pour m'endolorir. De plus, ca donnait un peu de couleur à mes joues, pour un teint plus frais que jamais. Parfait !

Gniiiiikkkkk.

L'entente de ce bruit sourd me fit tant sursauté que je ne pus retentir un son de frayeur.

Lyana (apeuré) : AHHHH !

Surprit par ma présence et le son de ma voix, RM sursauta également et fit doublon à mon intonation de peur.

RM (surpis, parlant anglais) : AHHHH ! Purée Lyana tu m'as fait peur ! Qu'est ce que tu fais plantée là ? Rentre !

Lyana (parlant anglais) : Non mais c'est toi ! Ouvre pas ta porte sans prévenir comme ça ! Et fait la réparer, elle a clairement un bruit pas normal.

RM (parlant anglais) : J'ai ouvert car j'ai entendu des bruits devant mon entrée, j'avais peur qu'un fan est trouvé où j'habitais.

Lyana (parlant anglais) : Vu la sécurité de l'immeuble, ca devrait aller !

RM (parlant anglais) : Tu serais surprise... Mais pourquoi tes joues sont si rouges ? Il t'est arrivé quelque chose ?

Lyana (parlant anglais et confus) : Ah euh... Non. Non. Rien de particulier. Tu me fais entrer du coup ?

RM (parlant anglais) : Ah euh oui bien-sûr, rentre.

J'entrai et examinai l'immense appartement de RM. Je ne savais dire si l'espace donnait cette impression de vide ou si RM avait particulièrement très peu de bien. Dans tout les cas, son séjour n'apparaissait pas chaleur. Ca me rendait un peu triste pour lui, l'imaginant rentrer tard le soir, seul, dans un tel environnement, te rappelant encore plus à quel point tu es insignifiant. Je me retournai vers lui, le visage dépité.

RM (parlant anglais et ricanant) : Pourquoi tu me regardes comme ça, tu n'aimes pas ?

Lyana (parlant anglais) : C'est si grand, si blanc, si calme... Tu ne te sens pas trop seul ici ?

RM (parlant anglais) : Je pense que je n'ai jamais pris le temps de m'y sentir tout court déjà. Je suis très souvent à droite à gauche, et je travailles tellement que généralement, quand je rentre c'est juste pour dormir. Je connais si peu mon chez moi que je cherche encore la place de chaque objet. Je n'ai personnalisé aucune pièce de l'appartement, j'ai acheté comme ça. C'est vrai qu'à bien y regarder, on dirait que mon salon sort tout droit d'un catalogue ikéa. Ahah

Lyana (parlant anglais) : Et ca ne te dérange pas ?

RM (parlant anglais) : Pas vraiment, je sais pas si j'ai beaucoup de gout en matière de décoration de toute façon. Mais peut-être que tu pourrais m'aider ?

Lyana (parlant anglais) : Hein ?

RM (parlant anglais) : J'adorerais que tu redécores mon appartement avec moi. Ca me donnerait la sensation que tu es toujours là quand je rentre à la maison

Lyana (parlant anglais) : Comme si je vivais ici quoi ?

RM (parlant anglais) : Oui en quelques sortes.

Lyana (parlant anglais) : C'est pas un peu bizarre ?

RM (parlant anglais) : Tu crois ? Moi j'aime bien cette idée...

Insinuait-il qu'il aimerait qu'on vive ensemble ? Je ne pouvais envisager une telle chose, c'était trop tôt et mes pensées demeuraient trop désorganisées pour un avancement pareil dans notre couple. Je préférais ignorer ses insinuations pour éviter toutes situations gênantes ou je refuserais et potentiellement le blesserais. Après tout, il ne m'avait pas réellement demandé, peut-être que je surinterprétais, ou bien, qu'il me connaissait assez pour savoir que je ne serais pas fan de l'idée et qu'il voulait juste me faire part de ses sentiments.

RM (parlant anglais et passant un main sur la joue de Lyana) : Lyana, je peux t'embrasser ?

Sans savoir pourquoi je me mis à rougir, pourquoi me demandait-il la permission ?

Lyana (parlant anglais) : Hein ?! Pourquoi tu me demandes ?

RM (parlant anglais) : Je sais pas, avec tout ça, on s'est juste installé et mis à papoter et plus je te regarde plus je me sens en manque de tes lèvres, alors que toi, tu ne sembles pas t'en soucier. Je me suis dit que je me devais te demander plutôt que t'imposer un baiser que tu ne voudrais pas.

Lyana (parlant anglais et se mettant à rougir de plus en plus fort) : Ah non, c'est juste que j'étais distraite, désolé RM.

RM (parlant anglais) : Alors tu es d'accord ?

J'acquiesçais timidement en hochant la tête, j'osais à peine le regarder dans les yeux. Pourquoi je réagissais comme ça ? Ce n'était qu'un baiser et en plus pas le premier. Pourtant, malgré mes dires, une certaine réticence émergeait en moi, me rendant statique. Je laissais les lèvres de RM atteindre les miennes, sa main caressant ma joue. Sa douceur était divine. Comment était-il possible d'apprécier un baiser tout en voulant qu'il s'arrête ? Cette dualité m'enivrait.

RM (parlant anglais) : Comment tu fais pour avoir autant d'effet sur moi ?

Lyana (parlant anglais et continuant de rougir) : Arrête de me charmer comme ça, et dit moi plutôt ce que tu nous as prévu pour ce soir.

RM (parlant anglais) : Du Japchae. Tu connais ?

Lyana (parlant anglais) : Oui bien-sûr, mais c'est un plat festif ! Qu'est ce qu'on fête ?

RM (parlant anglais) : Je comptais te le dire un peu plus tard dans la soirée, mais c'est difficile à retenir. Bouge pas, je vais au moins ramener le champagne.

Lyana (parlant anglais) : Tu débouchonnes carrément le champagne !?

Ploc.

RM oublia de retenir le bouchon de la bouteille, qui rebondit au plafond, puis s'élança à vive allure sur le cadre photo et le brisa en mille morceaux. A la vue de tant de maladresse, je ne pus m'empêcher de claquer ma main sur mon front. RM me regarda penaud, l'air abattu de devoir vivre avec lui même. La situation était bien trop cocasse pour que je ne me mettes pas à en rire.

Lyana (parlant anglais et rigolant) : Purée RM, qu'est ce que je vais faire de toi, hein. Sers nous les verres, je vais ramasser le cadre.

RM (parlant anglais) : Non attend tu pourrais te couper.

Lyana (parlant anglais et se dirigeant vers le cadre) : Non c'est bon je vais faire attention. Où est ta balayette ?

Lorsque je posai mes yeux sur le cadre photo en question, je me mis à rire encore plus fort.

Lyana (parlant anglais) : Attend RM, c'est qui sur la photo là ? Ne me dit pas que tu as acheté un cadre en laissant la photo d'exposition dedans ! Tu es censé mettre les tiennes.

RM (parlant anglais et rigolant aussi) : Je sais bien, mais j'ai jamais pris le temps. Et pis je me suis habitué à son profil. Je pense qu'elle finirait pas me manquer.

Lyana (parlant anglais, rigolant) : Donc tu as littéralement la photo d'une autre femme que moi et que tu ne connais pas chez toi ? J'en peux plus de toi ! 🤣

RM (parlant anglais, taquinant Lyana) : Ne soit pas jalouse ! Si c'est pour toi je te promets de la changer vite.

Lyana (parlant anglais) : Oh, trop aimable a toi ! Mais vu l'état du cadre tu peux surtout en racheter un.

RM (parlant anglais) : Allez, laisse moi finir de ramasser, je ne voudrais pas que tu te coupes. Va t'installer, le champagne est servi.

Lyana (parlant anglais) : En profite pas pour la mater plus longtemps ! ahah

RM (parlant anglais) : Aucun risque, tes courbes occupent déjà bien assez mes pensées.

Ses yeux me dévoraient, me faisant rougir jusqu'aux oreilles. Je me sentais soudainement stupide d'avoir dit une telle chose. Comment pouvait-il être aussi sûr de lui concernant ce qu'il désirait. Que ce soit dans le travail ou dans sa vie privé, RM fonçait sans jamais hésiter. Ca me déstabilisait et d'une certaine manière, je l'enviais. Si seulement je ne faisais pas preuve d'une telle retenu vis-à-vis de lui.

Lyana (parlant anglais) : Alors, qu'est ce que tu voulais me dire ?

Tout en s'installant à mes côtés, excité, le sourire aux lèvres, RM m'attrapa les mains pour ce qu'il semblait être un moment important dans notre relation.

RM (parlant anglais) : J'ai pu parlé à Bang Shi Hyuk, notre PDG, à la fin de la réunion, comme je te l'avais promis. Et même s'il semblait un peu réticent au début, il est d'accord pour lâcher du lest sur mes responsabilités de leader et impliquer plus les autres membres dans les tâches commerciales.

Je restai bouche bée, ne sachant quoi dire. RM allait être accessible ? Je pouvais m'imaginer des rendez-vous galants sans avoir peur d'un possible lapin ?

RM (parlant anglais) : C'est génial non ? Je vais pouvoir te consacrer le temps que je voulais te donner. Plus de dispute à ce sujet. Il ne me reste plus qu'à te donner tout l'amour que j'ai.

Lyana (parlant anglais) : Mais RM c'est génial ! J'arrive même pas à imaginer ce que ça implique ! On va pouvoir être un couple à peu près normal ? Je n'aurais plus à t'attendre indéfiniment ?

Emportée par ma joie et mon soulagement, je lui sautai au cou. Ce moment que je désirais tant me remplissait de bonheur. Notre avenir rayonnai, malgré tout, je gardais un pincement dans mon cœur dont je n'arrivais pas à me défaire, me laissant une légère amertume dans ce moment de joie.

Lyana (parlant anglais) : Célébrons ! - levant son verre pour trinquer - à toi, pour être le petit ami parfait que toute femme adorerait avoir.

RM (parlant anglais) : A nous ! Et l'amour que je te porte. Prenons une photo ensemble, j'aimerais graver cet instant !

Clic. La photo rendait bien. RM savait posé de part son métier, il était évident qu'il présenterait bien. Ce qui m'étonnait plus, était que je me trouve tout à fait acceptable sur une photo. Une certaine fierté émanait de moi pour une chose aussi insignifiante.

Dans un regard tendre et confiant, RM ajouta :

RM (parlant anglais) : Je t'aime Lyana.

Ses mots arrêtèrent mon trajet qui menait mon verre jusqu'à ma bouche, me laissant de nouveau stupéfaite. Ces 3 petits mots avaient un effet effrayant sur moi que je ne connaissais pas. Ils arrivaient à m'angoisser et m'emprisonner dans un état statique. Je n'avais pas réellement peur des sentiments de RM, au contraire, je les embrassais de tout mon être. Mais quand il prononçait ces mots, j'avais l'impression de lui devoir un retour, et je m'en sentais incapable. A ma manière, il était évident que je l'aimais. Quelle idiote je faisais à ne pas savoir lui dire, ça finirait certainement pas le blesser.

RM (parlant anglais) : Ce n'est pas parce que j'ai besoin de te le dire que tu dois en faire de même Lyana. Tu me le montre à ta manière, à quel point tu tiens à moi.

Et voilà qu'en une phrase il balaya l'inquiétude naissante en moi. Notre amour me semblait plus fort. Mes drames prenaient fin. Je voyais le bout du tunnel, en décidant de me consacrer à RM et à moi. Du moins, c'était ce que je pensais.

RM (parlant anglais) : Je reviens, je vais vérifier la cuisson du Japchae. Mais ca ne devrait pas tarder, tu devrais me rejoindre à table.

Lyana (parlant anglais) : Très bien, j'arrive alors.

Alors que je m'apprêtais à suivre les pas de RM, le vibreur de mon téléphone retentit piquant assez ma curiosité pour y jeter un œil. Mon poult s'accéléra quand le nom de V apparut sur mon écran.

Je suis toujours au cinéma, le film a commencé il y a plus d'une heure, il doit en rester encore au moins 3 quart d'heure si tu le souhaites. Même si tu arrives à la fin, je t'attendrais toute la nuit durant. J'ai encore espoir que tu es envie d'être avec moi.

Un mélange de tristesse et de colère s'empara de moi, créant un micmac dans mon cœur que j'essayais de ranger. Je repoussai cette part de moi qui voulait rejoindre V, et laissai celle qui le blâmait pour semer la discorde dans mon cœur, prendre le dessus. Je jetai un coup d'œil à RM, puis une dernière fois au message, je prenais la bonne décision. J'éteignis mon téléphone et le rangeai dans mon sac que j'avais posé à l'entrée. Loin de moi, il ne pourrait plus m'atteindre.