Lyana (parlant anglais/coréen) : Non. Tu devrais rentrer V, il se fait tard et demain tu dois aller à ton agence.

Je restai plantée sur mes deux jambes, le regard droit, aucune hésitation ne transparaissait dans l'intonation de ma voix. Je voulais me laisser une chance d'oublier V et revenir à mon amour pour RM. J'en avais assez de faiblir devant lui. Mon indécision, le malheur que je propageais autour de moi, tout prendrait fin aujourd'hui.

Lyana (parlant anglais/coréen) : Je veux plus te voir V, je suis désolé mais ça serait plus simple pour tout le monde si tu m'oubliais.

V (parlant anglais/coréen) : J'en ai aucunement l'intention

Lyana (parlant anglais/coréen) : Mais moi si. 

V (parlant anglais/coréen) : Je ne te crois pas !

Lyana (parlant anglais/coréen) : Pourtant tu devrais ! Je suis avec RM et je compte bien y rester.

V (parlant anglais/coréen) : Embrasse-moi.

Lyana (parlant anglais/coréen haussant le ton) : Quoi ?! Nan !

V (parlant anglais/coréen) : Pourquoi ? Tu as peur de prendre conscience que tu ne l'embrassera jamais comme tu le fais avec moi ?!

Lyana (parlant anglais/coréen haussant le ton) : Qu'est ce que tu racontes V !? Comment tu peux savoir de quelle manière j'embrasse RM !

V (parlant anglais/coréen) : Je le sais à la façon dont tu m'embrasses moi ! Si tu l'embrassais ainsi, tu ne serai jamais venu à moi.

Entendre V parler de ma faute me gifla d'une telle force, que mon cœur se referma un peu plus sur lui-même. Comment, LUI, pouvait-il me faire ressentir ça ?

Lyana (parlant anglais/coréen, en colère) : Ca suffit V ! Quoi qu'il y ait eu entre nous, c'est fini. Je ne veux plus faire ça, alors va-t'en.

Alors que je m'apprêtais à refermer la porte derrière moi, V m'arrêta.

V (parlant anglais/coréen) : Il est hors de question que je te laisse partir comme ça. Prend le ticket, j'y serais demain à 19h, je t'attendrais à l'intérieur, autant de temps qu'il faut.

Comme je ne récupérais pas le ticket, V me le mit dans ma poche et finit par repartir sans que nous n'ajoutions un quelconque propos.

Mon cœur me serrait si fort. Allais-je vraiment ne plus jamais revoir V ? Rien qu'en y pensant, son sourire commençait à me manquer. Le souvenir de nos moments à New-York me brulait la gorge, voulant m'extirper quelques larmes que je retenais si vigoureusement. Il fallait que j'arrête, je devais oublier, cesser de penser à lui. Si seulement je pouvais me mettre à le haïr, ça serait plus simple. "Si seulement je n'étais pas une imbécile!" J'avais tellement mal. Malgré mes efforts, ma peine m'emporta peu à peu. Je suffoquais de plus en plus fort, et mes pleurs finirent par couler sur mes joues. Dans un geste désespéré, je sortis la place de cinéma de ma poche. "Dans d'autre circonstance, j'aurai adoré y aller avec lui" me dis-je à voix haute. Mais il n'y avait pas d'autre circonstance, il n'y avait pas de place pour une histoire entre V et moi. C'était ce dont je voulais être persuadée pour que l'espoir arrête de nous torturer. Alors je me répétais cette phrase en tête comme une propagande, tout en essayant de me concentrer sur mon souffle pour apaiser ma douleur. Dring. Ma sonnerie retentit de nouveau, faisant bondir mon cœur. Tout s'arrêta autour de moi, pendant un moment, je n'osais même plus bouger. V était revenu ? Le stress m'envahit. A cette idée, mon corps réagit par lui-même, le cœur bombé, j'ouvris la porte avec impulsion.

Livreur (parlant coréen) : Bonsoir mademoiselle, voici votre commande.

Quand je vis ce jeune homme, un peu apeuré par l'image que je présentais, tenir ma commande dans ses mains, je ne pus que me sentir idiote. Qu'est ce que j'espérais au juste ? A quoi je m'attendais ? Je perdais la tête, il fallait que je me ressaisis, que je respecte mes choix.

Lyana (parlant coréen) : Bonsoir, merci beaucoup, bonne soirée à vous.

Je regardais mon repas sans passion, l'appétit était passé, et une partie de moi préférée me laisser être consumée. Je m'efforçai toutefois, d'entamer mon dû devant ma série du moment, m'empêchant de dépérir. Cela avait, au moins, le mérite de me sortir de mon quotidien.

Le lendemain, ma journée débuta sur un message de RM :

Bonjour princesse, j'espère que tu as bien dormi, on va à notre réunion avec les garçons aujourd'hui, j'en profiterai pour parler avec le directeur comme je te l'ai promis. Tes bras m'ont manqué cette nuit, mon lit me paraissait bien trop grand. Dit moi quand tu es disponible pour que se voit. Je t'embrasse ❤

Même ses messages transpiraient la douceur, cet homme demeurait trop bien pour la commune mortelle que j'étais. La chance m'avait souri, et c'est à ça que je voulais m'accrocher.

J'espère que tout se passera bien pour votre rendez-vous 🤞. Moi aussi je suis impatiente de te retrouver. Aujourd'hui je vais essayer d'aller à la fac, me remettre à jour... Je te tiens au courant dans la journée. Bisous 😘

M'apprêter pour aller à la faculté m'était devenu si étrange. Marcher dans ces couloirs que j'avais connu pendant plus d'un an me paraissait inhabituel. Je n'étais pourtant pas partie longtemps, mais mon esprit lui, avait quitté ses lieux depuis que Chelsea et Ha-Neul ne frôlaient plus les casiers du préau. La douleur s'était atténuée, mais la nostalgie me quitterait-elle un jour ? Elles me manquaient, et elles me manqueront chaque jours. Néanmoins, je commençais à me sentir capable de vivre avec leur souvenir.

Je me dirigeai vers l'administration de mon université et aperçus madame Rhee. Elle portait toujours ses lunettes rondes qui remplissaient la moitié de son visage. Visage qui, pour une raison que j'ignorais, affichait toujours une expression sévère, donnant, généralement, la mauvaise première impression. Alors que madame Rhee, était une personne très douce et surtout, très attentionnée concernant le bien-être des étudiants. De plus, sa petite taille me rappelait ma grand-mère que j'affectionnais tant. C'est pourquoi j'adorais rencontrer madame Rhee.

Lyana (parlant coréen) : Madame Rhee bonjour !

Madame Rhee (parlant coréen) : Oh Lyana, je suis contente de te revoir mon enfant. Comment te sens-tu ?

Madame Rhee prenait toujours le temps de bien articuler et de parler doucement pour les étudiants qui avaient un peu plus de mal en coréen, prouvant sa bienveillance, malgré qu'elle dise être heureuse de me voir sans, ne serait-ce que, simuler un sourire. Je m'amusais de ce trait de caractère si insolite.

Lyana (parlant coréen) : Je vais bien, même si c'est dur. J'aimerai d'ailleurs savoir, les cours comment faire ? Puis-je revenir et garde euh je veux dire espérer avoir mon diplôme ?

Je pensais que mon coréen s'était amélioré, mais obligée de constater que je continuais de trébucher sur certains mots.

Madame Rhee (parlant coréen) : On a plusieurs étudiants qui sont dans ta situation. Normalement l'établissement n'accepte pas le redoublement, mais cette année il y a exception. Ceux qui le désire peuvent repousser leur retour jusqu'à l'année prochaine, gardant les UE qu'ils ont déjà validés, ou ils peuvent ajourner leurs examens en octobre prochain plutôt qu'août, leurs laissant le temps de rattraper s'ils n'ont pas loupé trop de cours.

Lyana (parlant coréen) : Je vois, et c'est possible d'essayer les examens octobre et si on loupe, refaire l'année ?

Madame Rhee (parlant coréen) : Oui tu peux. Surtout ne te sens pas obligé de revenir de suite, l'école est là pour vous soutenir, pas vous mettre plus de pression.

Lyana (parlant coréen) : Merci madame Rhee, mais j'ai besoin de revenir, i guess.

Mince c'était plus fort que moi, parfois l'anglais revenait au galop quand je ne trouvais pas mes mots. Je saluai poliment madame Rhee pour ses informations et m'empressai en direction des tableaux d'emploi du temps.

Madame Rhee (parlant coréen) : Ah au faite Lyana, tu as bien progressé en Coréen. Bravo.

Ouah, madama Rhee pensait que mon Coréen s'améliorait ? Moi qui présumais faire encore tellement de fautes, j'étais heureuse de l'entendre. Je lui souris poliment, espérant rester humble devant un tel compliment, mais il m'était difficile de cacher cette petite satisfaction personnelle. A la suite de quoi, je repris mon chemin pour trouver mon emploi du temps qui était perdu au milieu d'une trentaine d'autres. Cette école proposait plus de filières que ce qui était imaginable. Je finis par apercevoir ma classe, économie solidaire et sociale coréen. Rien qu'en le zyeutant, je me mis à m'interroger sur mes choix de carrière. Qu'est ce qui m'avait poussé à choisir ce parcours ? Après avoir suivi les BTS dans leur tournée, les voir si investis et ravis de leur travail, je me demandais si une telle chose pourrait m'arriver un jour. Est-ce que cette voie pourrait me combler ? A défaut de savoir quoi faire d'autre dans ma vie, je pris mon planning en photo et décidai d'envoyer un message à mes amis pour nous retrouver à la cafétéria de l'université. 

Hé les gars ! Je suis rentrée des USA, ca vous tente de manger ensemble à la cafèt' ? Je suis impatiente de vous voir 😁😁

Mathilda fut la première à me répondre.

On est en chemin, dépêche toi de nous rejoindre ! 😉

L'idée de les revoir rendait mon excitation palpable. Je les cherchais frénétiquement dans l'immense cafétéria, sans grand succès, jusqu'à ce que j'entendes une voix m'appeler.

Harry (parlant anglais) : Lyana on est là !

Je me dirigeai en direction de la main levé et enlaçai Harry sans retenu.

Lyana (parlant anglais) : Oh mon dieu, je suis si heureuse de vous revoir ! J'ai l'impression que ca fait une éternité !

Alejandro (parlant anglais) : C'est un peu pareille pour nous tu sais ! Allez viens par là ! Moi aussi je veux mon câlin.

Lyana (parlant anglais) : Par ce que tu as cru que tu pouvais y échapper !? - finissant l'accolade avec Alejandro - Wouah Yuan, tu as changé de coupe de cheveux ! Ca te va trop bien !

Je m'approchai de lui et le pris également dans mes bras, c'était si bon et si familier de sentir leurs odeurs. Je me sentais à la maison. Mathilda restait la moins à l'aise lors des démonstrations d'affection. Malgré son envie de m'enlacer, son corps ne semblait pas savoir comment s'y prendre, alors je forçai un peu les choses. Je l'agrippai pour la presser contre moi, la mettant dans un certain inconfort dont j'avais conscience. Mais tant pis, je me laissai aller à mon égoïsme, profitant pleinement de cet instant de joie.

Lyana (parlant anglais et rigolant) : Allez Mathilda, tu as juste à serrer tes bras autour de moi maintenant.

Elle me tapota gentiment le dos. Je partis dans un fou rire incontrôlable, contagieux présumais-je, à la vue des autres qui s'écroulaient presque à terre suite à la réaction de Mathilda.

Mathilda (parlant anglais, rigolant aussi) : Arrêtez de vous marrer ! 

Lyana (parlant anglais, essayant de calmer le fou rire) : Wouah, tout ça m'avait vraiment manqué !

Yuan (parlant anglais) : Alors Lyana quoi de neuf ? Comment était New-York ?

Lyana (parlant anglais) : New-York était incroyable. Tu te sens si minuscule dans une telle ville, tout est immense, surpeuplé. Et en même temps, tu as l'impression que tu peux tout faire, que la seule limite c'est ton imagination. J'ai beaucoup aimé. En plus, vu que j'étais avec les BTS, j'étais dans la suite d'un des meilleurs hôtels là-bas. J'ai participé à une soirée mondaine etc... Ouais ça change d'ambiance quoi.

Harry (parlant anglais) : Alors quoi ? On doit t'appeler madame maintenant ? Ca y est, c'est plus pour toi les concours de picole entre copain -dit-il en taquinant-.

Lyana (parlant anglais) : Tu es fou ! Bien-sûr que si, d'ailleurs ca aurait été tellement plus marrant la soirée si vous aviez été là, je vous assure !

Alejandro (parlant anglais) : Ca, personne n'en doute ! Ahah.

Alejandro approcha sa main de la mienne, pour la caresser gentiment tout en rajoutant

Alejandro (parlant anglais) : Je suis si heureux de te revoir sourire. RM semble t'avoir rendu heureuse là-bas. 

J'aurai voulu leur dire, leur expliquer à quel point tout n'était pas rose avec RM. Comment je me sentais dans notre relation, et comment V était rentré dans mon cœur. J'aurai voulu leur faire part de mes doutes et incertitudes, de la façon dont je me haïssais pour mes agissements. J'aurai voulu leur avouer tout ça, mais la seule chose que je n'ai pu dire fut :

Lyana (parlant anglais) : Oui, tout se passe super. Et vous alors les nouvelles ?

Car après tout, ils n'étaient pas Chelsea et Ha-Neul. Je ne me sentais pas capable de me confier aussi intiment avec eux. Il y avait ce frein qui m'empêchait d'exposer mes pensées les plus sombres que j'avais tant besoin de partager avec des proches. A la place de quoi j'affichais un sourire que j'espérais convainquant et continuai la conversation.

Mathilda (parlant anglais) : Pas grand chose, les cours, la routine tu sais.

Yuan (parlant anglais) : Sérieux tu comptes pas lui dire ?

Mathilda (parlant anglais) : De quoi tu parles ?

Le visage d'Yuan se décomposa, un mélange de peine et de colère s'en dégageait

Mathilda (parlant anglais) : Oh oui ça... Désolé Yuan. Bah voilà, Yuan et moi on s'est mis ensemble.

Lyana (parlant anglais) : Quoi !? Sérieux ? Trop cool ! Mes félicitations les gars. Mais quand, comment ?

Yuan (parlant anglais) : Rien de bien particulier, j'ai enfin osé l'inviter à un rendez-vous où je lui ai avoué mes sentiments et voilà...

Mathilda (parlant anglais) : Dit comme ça, ça parait banale mais je t'assure que cet instant était mémorable

Yuan (parlant anglais) : Ouais tu dis ça alors que tu as oublié de dire à notre amie qu'on était ensemble quoi !

Mathilda (parlant anglais) : Oh ça va, j'avais autre chose en tête !

Harry (parlant anglais) : Déjà votre première dispute ?  Ca à l'air solide votre couple.

Yuan frappa violemment et sèchement dans l'épaule d'Harry.

Harry (parlant anglais) : Aie mais ça fait mal.

Lyana (parlant anglais et rigolant) : En même temps tu l'as cherché.

Vrr vrr. Le vibreur de mon téléphone m'interrompit dans notre conversation. Un message de RM

Je sors de la réunion. J'ai très envie de te voir, ca te dirait de venir me rejoindre chez moi ? Ce soir 19h ? Je te ferai un super repas, passe par l'entrée arrière pour ne pas être vue d'accord ?

Oui d'accord je serais là à ce soir ❤ 

Lyana (parlant anglais) : Bon les gars, je vais vous laisser, j'ai pas mal de chose à mettre en ordre chez moi, comme mon frigo vide par exemple. On se fait une soirée bientôt ?

Alejandro (parlant anglais) : Carrément.

Mathilda (parlant anglais) : Bisous Lyana !

L'idée d'une soirée chez RM m'angoissait, je voulais y aller, évidemment. Mais je ressentais comme un malaise à l'idée de me retrouver seule avec lui. Certainement du à cette culpabilité qui me rongeait. L'évidence que je ne pourrais jamais être dans un couple épanoui si je ne lui avouais pas ma faute, grandissait. Si je voulais vraiment me donner une chance avec RM je devais saisir cette opportunité, prendre mon courage à deux et faire ce qui semblait être le mieux pour ma relation. Alors que je m'autopersuadais d'avouer ma liaison à RM, j'aperçus sur le coin de ma table basse le ticket que V m'avait laissé. Le rendez-vous devait avoir lieu ce soir à 19h. Voir ce bout de papier me mit en colère, je l'attrapai et le jetai dans la poubelle avec fougue. Il représentait tout ce que je détestais en moi, mon incertitude. La pensée de V ne viendrait pas perturbé mon esprit une nouvelle fois. Je lui avait dit que je ne viendrais pas. Rien ne l'obligeait à m'attendre indéfiniment, j'avais été clair, je n'avais rien à me reprocher à ce sujet. Je devais m'occuper de RM, oui, il n'y avait plus que lui qui comptait à présent. Alors pourquoi, la vue de ce simple papier me m'était dans tout mes états. Je pouvais sentir mon cœur se séparer en deux. V s'immisçait une énième fois dans mes pensées que je lui interdisais. Il fallait que j'arrête de me poser des questions inutiles, que j'arrête d'imaginer V m'attendant toute la soirée durant. Je repris mes esprits et partis chercher ce que j'allais porter à ma soirée avec RM. Mon cœur était si lourd que j'avais le sentiment qu'une pierre l'avait remplacé. En essayant machinalement quelques ensembles, la phrase de Jimin me revint à l'esprit. "Ecoute ce que ton cœur te dit, et ne te juge pas pour ça" . Et qu'est-ce que voulait mon cœur exactement ? Quand cette phrase s'imprégna dans mon esprit, je sentis que celui-ci s'allégeait. Je retournai à ma poubelle et déchiffonnai ce fichu papier que je me mis à examiner longuement. Comme s'il avait cette réponse que je cherchais. Voulais-je rejoindre V au détriment de RM ?