Le soleil brille. La balancelle grince. Le vent tourne.

Et tout est d'un ennui ternaire et persistant, une vieille mélodie qui colle aux mains, aux pas et aux yeux, comme un sirop de grenadine oublié trop longtemps dans le placard. Ecœurant. Dégoutant.

Je vois jaune. Je sais pas si c'est l'heure dorée, mes lunettes teintées ou une quelconque maladie héréditaire que j'aurais attrapée en arrosant les œillets d'Inde. Mais cette couleur me donne juste l'impression d'avoir la vision nostalgique, presque envieuse d'époques que je n'ai pas connues, ou de mondes que je n'explorerai jamais, qui n'existent sûrement pas.

La même chanson en boucles dans les oreilles, et pourtant j'ai l'impression qu'elle est de plus en plus savoureuse, qu'elle prend ses marques dans mon cerveau. Elle se fait une place dans mon âme et se crée une atmosphère, elle brode dans ma tête et dans mon corps son odeur, le souvenir de ce moment. Juste pour que je puisse m'en rappeler dans quelques semaines, années, mois, jours ou siècles, simplement en me repassant cette chanson.

Je monte le son pour faire taire le silence.

Il est bien trop menaçant.

Le ciel d'hiver est bien trop clair. Cinq ans que la neige a arrêté de tomber dans mon coin de Normandie. Faute du réchauffement climatique ou d'un quelconque dieu de l'ennui qui a décidé d'enlever le presque unique intérêt de cette saison. Il reste Noël, de plus en plus monotone chaque année. Bientôt je n'aurai plus que cet état spleenétique pour me réconforter. J'aime bien sa sensation.

Juste en-dessous de la barre des dix degrés et j'ai enfilé mes gros manteaux, sensible à ce terrible froid. J'ai commencé à dire que j'avais froid, que tout était froid, que le froid me terrassait pour avoir des câlins et des feux de cheminée, pour me dire que j'avais là un véritable hiver comme avant. Mais il a été décidé que je n'aurais pas d'hiver comme avant.

Je ne sais pas si je dois me réjouir ou me plaindre de ce changement. Après tout, je râle après la monotonie, pourquoi ne pas me convaincre que la dégradation est une forme de changement qui vient bouleverser cet ennui ?

Il faut que je descende de cette balancelle.

Je tourne en rond.

J'avance puis je recule, je ne fais rien de ce que je devais faire aujourd'hui.

Je saute dans l'herbe.

Je devrais rentrer pour changer de musique, changer d'atmosphère, de couleur et de saveur d'ennui. Tout est différent, la nuit, et le soleil est bientôt couché. 

CHANSON DU CHAPITRE 

(dans les écouteurs de Roxane)

High five - Sigrid

https://youtu.be/z6A2LHGx8_A

Nouvelle histoire, nouvelle aventure.

En espérant vous voir nombreux et heureux de rencontrer ces nouveaux personnages !

N'hésitez pas à laisser un petit commentaire et un vote, la suite arrive très bientôt.