deux - anciennes nébuleuses


Je croirais être un jour nouveau. Une jeune nuit s'installe dehors et éparpille ses affaires. Deux-trois étoiles, quelques autres bouffées par la lumière artificielle de la ville et de ses lampadaires. Un triste quart de lune qui trône sur la toile noire.

Je crois que j'aime la nuit seulement parce que je l'ai intensément détestée, avant. J'aimais dire qu'elle m'apaisait, qu'elle m'aidait à réfléchir plus posément, mais la vérité c'est qu'elle me bouleversait. Elle me troublait. Le firmament étoilé, j'aurais voulu ne jamais le voir. Parce que j'avais l'impression que quand le soleil se couchait, c'était un pauvre sadique qui allumait l'interrupteur de mon cerveau. Toutes les pensées sombres que la lumière du jour et mes proches réussissaient à effacer, elles jaillissaient et se répandaient partout.

Elles s'éparpillent sur ma chambre, mon bureau, ma fenêtre, mon ciel. J'avais l'impression que tout était à moi, parce que j'avais l'impression d'être terriblement seule.

Alors, j'envoyais des messages à un ami. Toute la nuit.

Maintenant, ça va mieux. J'aime bien regarder le ciel nocturne, même si j'ai horreur de l'astronomie. Je ne vois pas l'intérêt de nommer tous ces astres, je préfère connaître des noms vaguement parce qu'ils sont poétiques et les utiliser n'importe comment.

« nébuleuses » « astéroïde » « comètes » « céphéides »

Je ne suis pas fan de mots, je m'exprime plus en terme de couleurs et de musiques, mais ceux-là me plaisent. Surtout « nébuleuses ». J'avais l'habitude d'appeler mes idées noires comme ça, avant. Quand je commençais à fatiguer sérieusement, sur les coups de quatre heures, j'envoyais à ce fameux ami :

« Les nébuleuses, c'est fini pour ce soir ! Fais de beaux rêves »

Il me répondait qu'il voulait dormir aussi, de toute façon, et on savait qu'on reparlerait la nuit suivante. Comme tous les jours pendant cette fameuse période.

Fou comme je garde un souvenir flou de ces soirées maussades.

J'en viendrais presque à me demander si j'étais vraiment dans cet état que je décrivais, ou si c'était simplement une volonté dramatique. J'en deviens presque nostalgique, de cette vie nocturne, en me disant que ça en devait pas être si terrible.

Du coup, je réécoute les musiques de ces moments. Et je me souviens de tout.

Les couleurs, les saveurs, les odeurs, la sensation de ce balcon froid sous mes jambes. Donc je me dis que tout ça n'était peut-être pas qu'on coup de théâtre pour mettre du piment dans ma vie. Alors je préfère retourner à mon ennui jaunâtre.

Je repense à tout ça, ce soir, sous la teinte blanche de ma lampe. Une clarté presque chirurgicale, qui m'aide à y voir plus clair. Finalement, pour aller bien, il suffit peut-être de changer son ampoule.

Je crois que je commence à raconter n'importe quoi. J'ai envie de dormir. 

CHANSON DU CHAPITRE

(dans les écouteurs de Roxane)

White Winter Hymnal - Fleet Foxes

https://youtu.be/DrQRS40OKNE

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Lusi. 

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