Méditation Cinquième
Méditation Cinquième.
De l'absence des profs d'EPS ; et, derechef du temps, qu'il existe.
Camille se mit à tambouriner contre la porte :
« Hé oh ! Il y a quelqu'un ? », s'égosillait-elle.
Aucune réponse. Au bout de cinq minutes, elle abandonna et se tourna vers moi, essoufflée à force d'avoir crié :
« Bon, verdict : il n'y a pas UNSS le mardi midi.
— Super... », soupirai-je ironiquement en me laissant tomber sur le banc.
Je me mis à jouer distraitement avec le câble de mon casque audio, désespérée à l'idée de devoir encore attendre une heure enfermée dans ces vestiaires qui sentaient tout à la fois la transpiration et le déodorant fleuri qui avait tourné.
« Et si on écoutait de la musique pour faire passer le temps ? », proposa Camille.
Elle sortit de son sac à dos une petite enceinte et y connecta son téléphone portable. Se mirent alors à résonner dans la pièce les basses de Colors.
« Halsey, soufflai-je reconnaissant l'artiste et la chanson. C'est pour l'imiter que tu as les cheveux bleus ?
— Oh Renée s'il te plaît, on a passé l'âge d'imiter le style de nos artistes préférés ! », me répondit-elle en riant doucement.
Lorsqu'elle ne parlait pas, elle fredonnait les paroles, balançant légèrement la tête de droite à gauche au rythme de la musique.
« Y a-t-il vraiment un âge pour arrêter de s'inspirer de nos modèles ? », demandai-je.
Camille baissa le volume de son enceinte et planta son regard dans le mien :
« C'est très philosophique comme question, fit-elle remarquer.
— Je pense que c'est mon esprit qui divague à force d'être enfermée dans ces vestiaires puants... »
Elle se mit à rire joyeusement face à ma remarque.
« C'est vrai que cette odeur est insupportable. Je me demande s'ils les ont jamais aérés, ces vestiaires...
— Probablement jamais. », répondis-je.
Elle rigola à nouveau puis déclara :
« Tu as sûrement raison d'ailleurs.
— A propos de ?
— On n'arrête jamais vraiment d'imiter nos modèles. Simplement quand on est petit on rêve d'être comme eux et quand on est grand...
— On rêve toujours d'être comme eux, rien n'a changé. Camille, est-ce que ça veut dire qu'on ne grandit jamais vraiment ?
— Non Renée, je pense que quelque chose a changé : on ne cherche plus à devenir nos idoles, mais juste à leur ressembler afin de pouvoir devenir celles des autres.
— Les êtres humains ne cherchent-ils donc jamais à être eux, et uniquement eux ? demandai-je.
— Et si être soi c'est aussi ressembler aux autres ? Et si être soi c'était se composer à partir des modèles qu'on affectionne ?
— Ca expliquerait pourquoi on retrouve toujours les mêmes cases. De générations en générations, les mêmes personnalités se répètent...
— C'est assez fataliste, fit-elle remarquer.
— Ça ne me dérange pas. J'aime bien donner des cases aux autres.
— Ta remarque suggère qu'on est prédestiné à une case. Tu ne penses pas qu'on possède au moins la liberté de la choisir ?
— Je n'en sais rien. »
Mais alors que nous commencions à entrer dans une discussion réellement philosophique, quelqu'un frappa à la porte et tourna des clefs dans la serrure.
[je pense que c'est ma méditation préférée c:
au fait, encore mille mercis à vous de lire cette petite histoire !
vous aurez droit à la partie finale demain :3
flo]
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