Un casque sur le crâne, le nez dans le vent, un petit squelette aux pupilles d'argent observait d'un air rêveur les lycéens qui entraient dans l'établissement. Du haut de son perchoir, du toit de ce lycée, le petit gars à la grande écharpe blanche qui formait comme des ailes en leur bout quand elle flottait, à la chemise carrelée blanche et argent, au jean troué et aux basquets gris clair décorés de chaînettes d'argent elles mêmes ornées d'étoiles blanchâtres, sa cage thoracique à découvert laissait voir un médaillon d'argent en forme de libellule, se passait lentement la langue sur ses crocs, faisant claquer sèchement sa queue en voyant la grosse voiture du directeur arriver. Toujours une différente. Il en a pas marre de se la péter parfois...

Fredonnant l'air d'une chanson qu'il adore, il finit par lever son regard vers le ciel, un petit sourire se glissant sur son visage comme les rayons de soleil du petit matin.

- Hey hey !
My heart's beating when I'm hanging out with you
Why does my heart ache ?
When I hear you feel the same way too...

Just like a sundae
It's sweet every time when I teach you something new
Is this by chance ? Or fate ?
Whenever it's just me and you ?

Faisant passer sa queue de gauche à droite au rythme de la mélodie, la douce brise d'hiver de ce beau jour le mettant d'excellente humeur alors que la musique continuait.

- When we touch, it'll never be enough...
Is it way too much if you had to choose just one of us ?

Tell me, tell me, please !
Is this what I think or is it just me ?
Don't wake me up from this sweet little dream !
Where we'll be together, forever
We'll never gonna be apart

Will it be okay ?
If I express my love for you this way ?
No matter what you do or what you say
Where we'll be together, forever
We'll never gonna be apart
We're never gonna be apart

Il aurait sûrement pu danser sur cette chanson si il n'avait pas de pied gauche. Il l'adorait beaucoup, autant car elle était dérivée de son jeu favori que par son côté mignon du début. Il balançait ses pieds en rythme, fermant les yeux en gardant le nez vers le ciel.

- Hey, hey
When I'm next to you, I don't know what to do...
Why does it feel so great
When our eyes meet out of the blues ?

I really love
The way you write even when you don't have a clue
I wanna hear you say :
"This love that I am feeling is true"

Tasty love
Something I want more of
Will it make the cut
If you had to choose just one of us ?

Shall I leave you be ?
Is it love if I can set you free ?
But even if it's not reality
Let's be together, forever
We're never gonna be apart

How can I convey
My love for you before they fly away ?
I think about it all day every day
We'll be together, forever
We're never gonna be apart

One by one
They only
Fall apart
Can it be undone ?
Why can't I just be the one for once ?

Il eut un petit sursaut en sentant une main se poser sur son épaule en douceur alors qu'il entendait quelqu'un s'assoir avec légèreté, esquissant un plus grand sourire en reconnaissant le parfum boisé de son ami, se tournant vers la droite pour se se blottir contre un grand squelette avec deux marques noires au visage, des pupilles orange tirant sur du rouge, vêtu d'un long manteau brun sans manche avec des brodures d'or et des rajouts rouges et oranges, un pantalon et des bottes marrons, toujours décoré d'or et de rouge avec un débardeur crème et un pendentif en or représentant un papillon, enserrant son poignet de sa queue en ronronnant de sentir une réponse à son étreinte, les bras de plus âgé venant entourer sa taille en douceur.

- Tu chantes depuis quand Lam' ? Finit par demander le nouvel arrivant.

Petite habitude que de lancer un sujet plutôt que de perdre du temps avec les salutations. Et ce doux jour de février ne faisait pas exception. Pourquoi serait-ce autrement ?

- J'ai toujours chanté dès que j'ai pu. C'est juste... que j'évite de le faire une fois sortit de chez moi... Répondit le plus jeune, les joues légèrement grises.

- Pourquoi ça ? Tu as une jolie voix pourtant...

- C-c'est pas... le problème n'est pas là mais... plutôt dans ce que je chante habituellement...

- Hmm ? Et pourquoi ?

- C'est trop... différent on pourrait dire...

- C'est absolument pas une raison.

Voyant l'air en colère du plus grand, l'enfant compris qu'il venait de faire une gaffe. Il oubliait à quel point il était contre le fait qu'on soit tous pareille, et il venait de lâcher une grosse bêtise.

Il allait ouvrir la bouche pour s'excuser mais il fut coupé vivement par l'autre qui gronda d'une voix cassante.

- Ne te force pas à t'excuser. Ça n'a aucune valeur quand ça ne vient pas du coeur.

- Mais je voulais pas...!

- Arrête de te chercher des excuses.

- It's just that... Those songs might sound too... disturbing...

- And why would they ? As long as the message they convey is beautiful, no matter the manner or type, there is nothing to be disturbed.

- Just the message... is a little... unhealthy we could say...

Ses joues prirents violemment une teinte gris argent alors qu'il apercevait une grande amie de son aîné et il savait qu'elle avait un crush phénoménal sur le squelette aux yeux orange... et vu comment ils sont proches et la popularité de cette fille superbe... il savait comment ça finirait et préférait s'éloigner autant que possible le plus tôt possible, se débrouillait pour remettre la musique qui venait de s'arrêter dans son casque, évitant le regard interrogatif de l'autre.

- J-je... je dois y aller j'ai... un truc à faire...

- Oh... très bien...

Le plus petit eut un hoquet en entendant un "il veut encore me fuir..." venu de nulle part, mais il préféra filer avant de dire une bêtise, se laissant tomber dans le vide, utilisant sa queue pour ralentir sa chute et atterissant avec souplesse au sol avant de s'éclipser de l'établissement. Oh il savait que Death serait furieux d'apprendre qu'il a filer, mais il avait besoin de s'éloigner le plus possible.

Arrivant au grand parc pas trop trop loin du lycée, il vagabonda à travers les arbres de ce lieu désert en écoutant cette nouvelle musique, la chantant entièrement avec une pointe étrange dans sa voix.

- I love you

You got my mind over loaded
Tought of you fill my head
No room for nothing else
Hacked my love and you stole it
Reprogrammed all my rules
And guessed my password too

And now I can't feel the same
Your love is a bug I can't shake
You're pushing my hard drive too far all the circuits might break

'Cause love is a dangerous game
Love is a dangerous game
Why do we play it ?
Why do we play it ?
Love is a dangerous game
Nothing can protect my brain
From a lovely virus like you      

Get out of my head
Get out of my head
Get out of my head
Get out of my head

You're too much of a good thing
So good it's bad for me
Corrupt my memory
Shooked my mainframe and stings
In my mind whole lines of code
And glitched up and going rogue

Sorry for acting a little bit strange
But now I must have you whatever it takes
You're pushing my hard drive far all the circuits might break

'Cause love is a dangerous game
Love is a dangerous game
Why do we play it ?
Why do we play it ?
Love is a dangerous game
Nothing can protect my brain
From a lovely virus like you      

Get out of my head
Get out of my head
Get out of my head
Get out of my head

If I can't have you then no one no one no one else can either
See her around you I wanna wanna wanna just delete her
Sorry for acting a little bit strange
But now I must have you whatever it takes
If I can't have you then no one no one no one else can either

I love you, I love you, I love you, I love you...
I love you, I love you, I love you, I love you...

'Cause love is a dangerous game
Love is a dangerous game
Why do we play it ?
Why do we play it ?
Love is a dangerous game
Nothing can protect my brain
From a lovely virus like you      

Get out of my head
Get out of my head
Get out of my head
Get out of my head

Il ne faisait que la chanter en boucle, de plus en plus attristé, de plus en plus déprimé, comme si quelque chose pesait de plus en plus lourd au fil du temps qui passe.

Puis doucement son chant se tourna plus en une plainte plus personnelle, le petit personnage finissant par se laisser choir contre un arbre en fixant des papillons sur des buissons de fleurs blanches.

-  I want so much that it is only for me
Only to me, my companion, my soulmate
Only mine...
But I... I want him to be happy too... and if he was not happy ? And if... he was already tied to someone ? And if he... he rejected my confession ?
Oh no... I do not want it to happen I... I do not want he... not that...

I love him so much, I don't want to hear him say no to me. I do not want him to reject me, I do not want him to be with anyone else, I don't want to... I can not bear to see someone in his arms and... take him what I would love to have... I... I would just...

Oh how I would like to be with him forever... But it's impossible... why he would love me for what I am... why accept me when so many nice people with no dust on the hands would like to have him... it's hopeless... why try if it's lost in advance...

I'm too stupid to believe in it anyway...

Les larmes roulaient sur ses joues sans laisser de trace, le jeune vampire écoutant de nouveau la musique sans faire le moindre bruit pendant un long moment.

- 'Cause love is a dangerous game...
Love is just a cruel game...
Why do I play it...
Why do I play it...
Love is a sadistic game
Nothing can protect my soul
From a lovely person like him      

Get out of my heart !
Get out of my heart !
Get out of my heart !
Get out of my heart !

Sans s'en rendre compte, le petit argenté avait placé ses mains devant son visage, appuyant leur paume contre ses orbites et repliant ses doigts contre son front en se balançant d'avant en arrière. Il haïssait tant sa nature pour le forcer à être complètement dingue d'une personne et à la vouloir coûte que coûte. Il n'aimait pas du tout ce besoin de faire de lui son compagnon à tout prix. Il refusait de faire ça. Mais ça faisait si mal... il avait l'impression de se consumer de l'intérieur en son absence, n'imaginant que trop bien ce qui devait se passer avec son aîné et son amie. Il aurait voulu crier, si sa voix n'avait pas refuser d'agir. Il aurait voulu pleurer si ses larmes ne refusaient pas de couler. Il aurait voulu tant de choses si il avait le courage de demander, de saisir ce qu'il voulait. Trop lâche, trop passif, il ne veut pas être trop présent, sachant ô combien un vampire pouvait se débrouiller pour avoir ce qu'il voulait sans problème, ce statut effrayant suffisant largement pour faire céder le moindre barrage fait par d'autre personne, s'attribuant ce qu'il veut quand il veut. Il sait à quel point lutter contre ça est dur. Son père avait souffert de ça, mais plutôt parce qu'il est tombé sur des êtres incapables de mourir. Vas-y pour tuer une matérialisation de la magie pure... du coup, il a dû obéir à des règles lui déplaisant énormément, l'empêchant de s'emparer de son âme soeur comme il l'aurait sûrement fait si il le pouvait. C'est ça que le petit reprochait à son père, à son grand père, et au reste de sa famille dans cette branche. Être capable du pire pour prendre possession d'une personne, le forçant à être son compagnon sans se soucier de ce qu'il pense. Il ne voulait pas être comme eux, s'imposant des barrières pour ne pas faire la faute qu'il considère comme irréparable. Quitte à en crever, il veut que son ami, celui qui fait battre son coeur de glace, puisse être heureux... et ce peu importe les conséquences.

Alors... après avoir passé la journée seul dans ce parc, sous la pluie qui s'est mise à tomber en début d'après midi, il a décidé de s'éclipser, ses origines lui permettant d'avoir une discrétion infaillible jusqu'à être quasiment invisible. Il pouvait sentir l'odeur de celui qu'il aime flotter dans l'air mélangé à celle de cette fille qu'il haïssait de plus en plus pour une raison qu'il détestait encore plus. Il pouvait deviner qu'ils devaient se tenir la main, sûrement se faire des câlins aussi. Rien que de l'imaginer dans ses bras... il se sentait de plus en plus mal.

Arrivant chez lui, il fila dans sa chambre après un bref salut, se laissant tomber dans le lit de sa chambre qu'il ferma à clef, se défoulant sur les meubles pendant des heures avant de s'écraser sur son lit fracassé au matelas éventré, épuisé, les larmes ayant enfin acceptés de couler alors qu'il sanglottait entre les coussins abîmés, l'âme au bord de l'explosion.