Solas me prend dans ses bras en me souhaitant bonne chance avant de monter dans le train. Ace fait de même, un peu plus longtemps. 

- M'oublie pas la naine. 

- C'est pas possible de t'oublier Ace. Même si je le voulais. 

Il pouffe de rire et me regarde tristement. 

- Veille bien sur Neo d'accord ? 

- T'en fais pas, je vais bien m'occuper de lui. C'est promis. 

Il hoche la tête et me serre contre lui encore une fois. 

- Tu vas me manquer Tori. 

- Toi aussi. Sois prudent surtout. 

- Ne t'inquiète pas. 

Je lui lance un dernier sourire triste avant qu'il ne monte lui aussi dans le train. Puis enfin je regarde Ajin. Il me sourit et pose ses mains sur mes joues. 

Je n'ai vraiment pas envie d'être loin de lui. Je me sens vide, triste. J'ai envie de lui hurler dessus, de lui dire à quel point sa décision est égoïste, que je l'aime et qu'il devrait rester avec moi. 

Que s'il s'en va, c'est tout mon monde qui s'écroule. 

Comme si tout ce qu'on avait vécu s'envolait. Je pourrai bien m'écrouler sous le poids de cette peine. 

- Au revoir Victoria. Ces mots me déchirent de l'intérieur. Tu étais une belle expérience. 

- Tu étais... Tout ce que je n'ai jamais osé désirer. 

Après tout, c'était trop beau pour être vrai. 

Il m'embrasse le front pendant de longues secondes qui me torturent au plus haut point et s'écarte pour monter sur les marches du train. Il se tourne vers moi pour me regarder une dernière fois. 

J'aimerai lui hurler que je l'aime. Mais la colère m'en empêche. 
Je lui en voulais de me faire ça. De me briser le cœur d'une telle manière. 

Je pourrai lui dire que l'on s'en fiche d'Enoch. Que s'il revient on lui règlera son compte ensemble. Main dans la main. Sans avoir à se séparer. 

Mais c'est son choix, et je ne peux rien faire d'autre que de l'accepter. 

Le train démarre et j'observe sa silhouette s'éloigner alors que dans mon esprit, tout s'écroule. Plus rien n'a de sens. 

Alors quoi ? 

Je suis juste supposée reprendre ma vie d'avant ? Je ne suis même plus la Victoria d'avant. 

Je quitte le quai lentement, la tête baissée. Je retourne à la voiture pour me rendre au seul endroit qui pourrait me donner un peu de réconfort. 

***

Je me gare devant la maison de mes parents et coupe le contact. J'y entre et trouve ma mère dans la cuisine, l'air inquiète. Elle relève le regard vers moi et se lève brusquement. 

- Vicky ! Est-ce que tu sais à quel point j'étais inquiète pour toi ? Bon sang ça fait 2 mois que tu ne réponds plus au téléphone, ton école a dit que tu ne vivais plus à l'internat et que tu n'allais plus en cours, qu'est-ce qu'il se passe ?! 

Je fonds en larmes et elle me regarde concernée. 

- Mon bébé, qu'est-ce qu'il se passe ? 

- Ajin et moi, c'est fini... 

Elle me serre dans ses bras alors que les sanglots me secouent, que ma voix se brise. 

- Je suis désolée maman... Je l'aime si fort que j'arrive à peine à respirer. Bordel, ça fait si mal... 

Elle me frotte le dos. 

- Je sais ma grande... Chut, ça va aller. Elle tente de me réconforter. 

- Comment je vais faire maintenant ?  

- Je sais que ça à l'air insurmontable ma grande... Mais ça va aller. 

Je secoue la tête dans tous mes états. 

- Maman, je peux pas faire sans lui. J'ai besoin de lui. 

- Oh mon bébé...