Lorsque lord Albi Hopkins arriva, après avoir présenté les serviteurs à sa nouvelle maîtresse, il se détendit.

Ada semblait avoir repris des forces. Elle sourit en voyant sa sœur et son mari descendre les escaliers.

-Ça va mieux ? demanda Rose.

Niklaas, s'écartant après un rapide baiser, partit avec Hunter pour ordonner à ses hommes de se déplacer.

-Oui, je vais bien et enfin, je suis là, acquiesça Ada, souriant et regardant autour d'elle.

Le château d'Albi était impressionnant. Le salon possédait de riches biens immobiliers. De belles tapisseries colorées étaient accrochées à ses murs et une grande table en bois rendait la pièce confortable. La grande cheminée les attira et ils y allèrent.

-Qu'as-tu pensé de Sofia, ma gouvernante ? demanda Ada.

Rose, regardant la femme au visage ridé qui donnait des ordres aux servantes, dit :

-Je lui ai peu parlé.

-Ma question est : Qu'est-ce que tu penses d'elle ? clarifia Ada, un peu effrayée par la grandeur de cet endroit.

-Entre nous, elle semble un peu arrogante, répondit sa soeur, voyant la femme froncer les sourcils quand elle vit Kit et le chien courir à travers la pièce.

- Mais laissons-lui une chance, peut-être qu'elle est nerveuse à propos de ton arrivée.

-Eh bien... eh bien ma belle-sœur préférée ! s'exclama Niklaas en s'approchant avec un sourire non dissimulé. Bien reposée ?

- Pas autant que je le voudrais, répondit-elle en tirant la langue.

Au même moment, Albi les appela. Le dîner de bienvenue allait commencer.

La fête se poursuivit dans la nuit.

Sofia s'efforça de faire travailler dur les domestiques pour faire bonne impression à sa nouvelle maîtresses et elle réussit. Étourdie par tant de toasts, Ada demanda à Rose de l'accompagner pour prendre l'air frais de la nuit. Sa sœur accepta après avoir souri à Niklaas.

Après avoir franchi la porte latérale du château, elles s'arrêtèrent sur un vaste terrain ouvert, surplombant le magnifique et obsédant Loch Ness. Enthousiasmées par la paix qui y régnait, elles s'assirent sur des pierres que le temps avait sculptées, leur donnant l'apparence de chaises. Pendant un temps, elles admiraient le paysage en silence.

- Je n'aurais jamais pu imaginer vivre près du Loch Ness, dit Ada.

- C'est un endroit magnifique, chuchota Rose en regardant la lune, qui cette nuit-là, illumina tout d'une lumière brillante.

- Pourquoi souris-tu ?

Rose, avec un sourire rêveur, regarda Ada.

-Je pensais aux histoires que Russell et papy nous ont racontées à propos de cet endroit.

-Ah oui.

Ada sourit.

-Ici vit un étrange monstre au cou de serpent.

- Selon grand-père, la légende raconte que lorsqu'Ali Edward est arrivé dans les Highlands, il est tombé sur la sépulture d'un homme qui avait été attaqué alors qu'il pêchait dans le lac. Il a demandé à l'un de ses disciples de nager jusqu'à l'endroit où le malheur s'était produit, et le monstre est apparu dans les eaux.

Se levant, Rose continua :

-Alors, Ali Edward cria en faisant le signe de croix : " Tu n'iras pas plus loin, tu ne toucheras pas à cet homme. Retourne tout de suite d'où tu viens ! et le monstre à obéit et tout le monde est devenu chrétien.

Elles rirent, mais avec une certaine prudence pour ce qui pourrait être réel dans cette histoire. Et puis Rose s'assit, et Ada parla, les yeux remplis de larmes.

-Toi et Kit allez beaucoup me manquer. La seule chose qui me rassure, c'est de savoir que vous serez en sécurité avec Niklaas et que je pourrais vous rendre visite dès que possible.

Attristée par les paroles de sa sœur, Rose essaya de ne pas pleurer. Leurs jours ensemble étaient terminés et elles devaient l'accepter.

-Ada, nous ne devrions pas être tristes. Nous savons toutes les deux que tout ira bien, même si nous ne pouvons pas nous voir tous les jours. Mais c'était quelque chose que nous savions depuis que nous étions mariées. Promets-moi que tu viendras toujours à moi quand tu auras besoin de moi.

- Je te le promets, acquiesça Ada en essuyant ses larmes. J'espère que tu feras de même.

Rose sourit et la serra dans ses bras.

-Bien sûr Ada, cela me rend heureuse de voir comment Albi te regarde et t'aime, et surtout de savoir que tu l'aimes. Je sais qu'il prendra soin de toi autant ou plus que moi. Et s'il ne le fait pas, je jure sur ma vie qu'il me verra.

Depuis une fenêtre voisine, Albi et Niklaas les regardaient avec ravissement. Ils sentaient qu'elles se disaient au revoir, alors ils préféraient ne pas les déranger et les laisser faire.

Le lendemain matin, tous les guerriers McCartney menés par Niklaas et Martin étaient prêts à se rendre à leur maison. Mathilda et Stanley, invités par Albi, décidèrent de rester quelques jours de plus. Mathilda n'allait pas bien et un peu de repos ne ferait pas de mal.

Ada, déguisant sa tristesse, dit au revoir à Kit qui, en raison de son jeune âge, était ravi de reprendre la route. Donnant à sa sœur un rapide baiser, il se précipita après Winston. Rose, comme Ada, cachait sa tristesse derrière un sourire nerveux. Alors qu'elles s'embrassaient, leurs maris se serraient la main en signe d'adieu.

-N'oublie pas ce qu'on s'est dit hier soir, et dis-moi si je vais être tante, dit Rose.

-Toi aussi, dit Ada lorsqu'elle vit Toby apparaître avec de nombreux autres chevaux.

-Ne t'inquiète pas, intervint Albi. Je te promets que bientôt nous irons.

-Vraiment ? Ada sourit.

-Bien sûr que oui ! dit Albi en hochant la tête.

-Nos terres ne sont pas loin, intervient Niklaas. Alors à bientôt.

Rose sourit, donnant à sa sœur un dernier baiser avant de suivre son mari.

-Très bien Impatiente, dit Niklaas avec un sourire radieux, alors qu'Albi s'approchait d'Ada et la prenait par la taille.

-Je vais monter avec toi, dit-elle en regardant son cheval attelé au cheval d'un des guerriers du clan. Je crois que pour Toby le voyage est déjà assez fatiguant. Il n'a pas besoin de moi sur lui.

Ada, qui avait compris ce qu'il se passait, regarda son mari et se mit à sourire.

-Tu as raison chérie, chuchota Niklaas, sachant qu'ils les regardaient.

Et lui prenant le menton, il dit :

-Pour Toby, ce serait assez fatiguant mais peut-être pas pour ton nouveau cheval.

En entendant cela, Alfi, qui avait disparu depuis qu'ils avaient quitté les terres de Banberry, libéra Teddy.

Le cheval hennissait et s'élança vers Toby, devant Rose déconcertée.

-Teddy ! chuchota-t-elle avec émotion, reconnaissant le cheval.

En regardant Niklaas, elle lui adressa un sourire avant de lui sauter au cou et de commencer à l'embrasser devant tout le monde.

-Merci, merci, merci !

Avec des sentiments mitigés, Niklaas reçut ses baisers alors que ses guerriers les regardaient avec un sourire sincère.

-Arrête... arrête femme ! gloussa Niklaas devant la gratitude de sa femme.

Et l'éloignant de lui, il dit :

- J'ai repensé à ce que tu as dit à propos de ce cheval. Après lui avoir laissé sa chance pendant plusieurs jours, j'ai vu qu'il avait besoin de ce que tu disais, de l'affection et de l'attention. Teddy est l'un des cadeaux de mariage que je veux t'offrir.

En entendant cela, Ada gémit d'émotion.

-C'est merveilleux, murmura Rose, lui donnant un baiser bref mais intense.

Mais elle s'interrompit lorsqu'elle remarqua que le cheval lui tapait dans le dos avec son museau. Se tournant vers l'animal impressionnant, elle dit affectueusement :

- Salut mon beau ! Tu m'as manqué.

Le cheval répondit par des hennissements joyeux.

Rose regarda sa sœur, émue, qui pleurait d'émotion et se rapprochait. Le guerrier Alfi, heureux de la joie de sa maîtresse, l'informa de l'état de l'animal.

-Milady, la plupart des blessures aux jambes sont déjà guéries. J'ai utilisé la pommade que vous avez donnée à Edwin, et je dois dire que cela a fonctionné. Teddy est un cheval un peu nerveux et impatient, mais très docile lorsqu'il accepte son propriétaire.

Et, souriant à sa maîtresse en jouant avec cheval, il ajouta :

-Il m' a fallu deux jours pour qu'il arrête de me mordre à chaque fois que je m'approchais pour soigner ses blessures, mais maintenant nous sommes de bons amis. N'est-ce pas Teddy ?

L'animal hennit aussi joyeusement qu'eux.

-Alfi, merci beaucoup, beaucoup !

Rose sourit, lui donnant un rapide baiser sur la joue. Ada fit de même, faisant rougir le guerrier.

- Merci de prendre soin de lui. Merci beaucoup.

- Lady Rose, lady Ada, c'était un plaisir, dit Alfi, rouge comme une tomate, en retournant à son cheval.

-Mais une chose... dit Niklaas en prenant sa femme par le bras pour attirer son attention. Je veux que tu sois prudente lors du montage. À mon goût, ce cheval est trop nerveux.

Cet avertissement, et surtout le regard dans les yeux de Rose, en fit sourire plus d'un. Parmi eux, Ada.

-Par tous les Saints ! s'exclama Martin en voyant l'excitation de sa belle-sœur. Mon frère ne sait pas ce qu'il vient de faire.

-Vous vous trompez, dit Hunter en hochant la tête. Il le sait très bien.

Niklaas, inconscient des commentaires, n'avait d'yeux que pour sa belle épouse. Il ne pouvait s'empêcher de la regarder et de la voir sourire, illuminant sa vie.

-Tu as entendu Impatiente ? J'ai besoin que tu m'assures que tu feras attention, dit Niklaas en la regardant.

-D'accord !

Elle hocha la tête, n'écoutant pas.

- Peux- tu m'aider à monter ?

- Bien sûr ma chère, répondit Niklaas tout sourire.

Niklaas la souleva et Rose s'installa sur son cheval. Prenant les rênes que son mari lui tendit, elle tapota le cou de Teddy et le guida soigneusement vers sa sœur et son beau-frère pendant que Niklaas montait sur son cheval et levait la main pour que les guerriers commencent à marcher.

- Je t'attendrai à Inverness, dit Niklaas.

- Je te souhaite un bon voyage, dit Albi avec un sourire franc.

Les sœurs, échangeant un regard intense, sourirent.

-À bientôt Rose, chuchota Ada.

-Comme grand-père le disait. Je volerai comme le vent, ne laissant aucun signe. Et quand la journée commencera, je volerai à nouveau ! cria Rose.

Et elle éperonna Teddy comme une flèche, laissant tout le monde bouche bée.

-Par tous les Saints ! Je t'ai demandé de faire attention, grogna Niklaas, incitant son cheval à la poursuivre.

-Elle fait attention, dit Ada.

-Tu es sûre ? gloussa Martin en regardant sa belle-sœur galoper avec l'aisance d'un Highlander.

Avec un sourire amusé sur les lèvres, Ada jeta un coup d'œil à Martin avant de dire :

- Oh oui, sans aucun doute.

Et, après leur avoir dit au revoir, il rejoignit les guerriers de son clan.

Le voyage à Inverness fut agréable et, d'une certaine manière, joyeux pour tout le monde. Les guerriers du clan McCartney étaient heureux. Ils sont rentrés chez eux, où ils ont pu voir leur famille, en particulier les femmes et les enfants. En chemin, ils gravirent plusieurs vallées dans lesquelles les couleurs brunes et rouges s'émerveillaient par leur splendeur. Du haut des montagnes, Rose observait l'étendue des Highlands, un terrain sauvage et peu peuplé, mais qui enchantait par sa beauté spectaculaire.

Des centaines de chênes poussaient sur les pentes où se formaient les célèbres lacs, qui sur leur chemin, se confondaient avec d'autres jusqu'à former de petits bassins qui se succédaient jusqu'à la mer.

Niklaas observait la curiosité avec laquelle sa femme regardait autour d'elle. Il commença à rire quand elle fut surprise de voir un pygargue émigrer vers le sud pour passer l'hiver ici.

À cette époque, les buissons étaient chargés de fruits d'un rouge intense qui égayait les yeux, et l'on pouvait entendre les cris perçants que poussait le cerf avec l'intention d'attirer les femelles. L'humidité de l'air provoquait au crépuscule un brouillard qui recouvrait les navigations.

Après un chemin sinueux qui gravissait une nouvelle montagne, apparut devant Rose, au sommet, l'endroit le plus merveilleux et magique qu'elle ait jamais vu de sa vie : le château d' Inverness. Avec fierté, tous les McCartney la regardèrent regarder là où leur maison les attendait.

Le gros château, perché sur un îlot entouré de montagnes, donnait l'impression de flotter sur le lac. Alors qu'ils descendaient la montagne, ses yeux noirs agités remarquèrent qu'il communiquait avec la terre ferme par un pont à trois arches de pierres sombres.

Pendant ce temps, les lumières roses du soir se reflétaient sur les eaux du lac qui offraient une vue imprenable sur l'endroit.

-Que penses-tu de ta nouvelle maison ? demanda Niklaas.

Il connaissait le sentiment que tout le monde ressentait en admirant ce magnifique château du haut de la montagne.

-C'est un endroit magnifique, presque magique, murmura Rose, à califourchon sur Teddy, incapable de quitter des yeux cet endroit merveilleux.

-Les lacs qui baignent Inverness sont le Duich, l'Alsh et le Long, informa Martin, ravi de l'expression d'admiration de sa belle-sœur. On pense qu'avant le château, il y avait une forteresse construite par une tribu appelée Pictos. Ce château a été construit sur ces ruines par Alexandre II d'Écosse pour se défendre contre les invasions vikings.

-C'est quoi là-bas, une galerie ? demanda Rose en désignant le lac et en faisant référence au vieux navire de guerre.

-Oui.

Niklaas hocha la tête, veillant à ce que tout soit en ordre à l'extérieur des murs.

-De l'emplacement du château, parmi les lacs, il est considéré comme un territoire défensif parfait. Pendant des années, cette région a été connue comme le « royaume de la mer des seigneurs des îles ». De là, plusieurs invasions vikings ont été empêchées. Notre grand-père est l'un des gouverneurs du clan des seigneurs des îles.

-Waouh ! murmura Rose, impressionnée.

Alors qu'ils traversaient le pont et la muraille provocante et majestueuse du château assombrie par la soirée, le bruit des rires et des voix attirèrent l'attention de tous. Plusieurs guerriers, parmi lesquels Hunter, tournèrent à gauche une fois le pont franchi, empruntant un chemin qui semblait longer le château.

Des enfants et des femmes les accueillirent joyeusement.

-Bienvenue chez toi ! Niklaas sourit, la guidant sur un chemin qui menait à une cour éternelle.

La grande porte d'entrée principale du château était en bois sombre et robuste, de forme ogivale, c'était une caractéristique du style gothique, formée par le croisement de deux courbes, et juste au-dessus, incrustées dans les pierres sombres et tannées, on pouvait voir les armoiries de l'Écosse et sa devise : "Personne ne me fait de mal en toute impunité".

Juste au moment où ils achevaient de lire la devise, la porte s'ouvrit et un grand homme grisonnant apparut devant eux, mais mince et d'apparence frêle, il était appuyé contre une grande femme blonde d'âge moyen.

-Gloire au Seigneur ! cria la femme avec un sourire reconnaissant. Eli, tu as vu qui est arrivé ?

Le vieil homme émotif ne pouvait pas parler.

-Papy, comme je suis content de te revoir ! salua Martin, sautant de son cheval pour serrer le vieil homme dans ses bras.

- Fais attention mon grand !

Le vieil homme sourit en regardant Niklaas aider la femme aux cheveux noirs à descendre de cheval.

- Grand-père.

Niklaas sourit, serrant tendrement le vieil homme dans ses bras.

Le grand-père regardait la femme qui accompagnait son petit-fils. Niklaas, sans plus tarder, dit en l'attirant à lui :

- Voici ma femme, Rose McCartney.

Pendant un instant, les yeux d'Eli et ceux de Rose se connectèrent et ils se regardèrent avec curiosité. Respirant à peine, elle contemplait la silhouette de celui qui aurait ressemblé à son beau-père mais cet homme semblait malade.

Eli l'étudia avec ses yeux verts et ses énormes cernes sous les yeux.