chapitre 28
-Tu vas rester dans la forteresse ?
-Oui, mais je ne sais pas pour combien de temps.
Marie secoua la tête.
Au même moment, la porte s'ouvrit, c'était Ada.
-Bonjour toutes les deux ! Et voyant la peau sur le sol, elle regarda sa sœur et demanda :
Tu as dormi là-bas ?
-Oui, dit Rose en hochant la tête agacée, mon cher et bien-aimé monsieur a dit qu'il était trop fatigué la nuit dernière pour s'amuser avec Berta et que le lit était pour son propre repos.
-Oh... Ada soupira, regardant avec indignation sa sœur et Marie.
-Je suis désolée pour ça.
-Ada, sourit Rose. J'ai merveilleusement dormi, et j'ai préféré ne pas vouloir partager un lit avec lui.
-Mesdames, je vous laisse, s'excusa la bonne.
Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serai dans la cuisine.
Avec un sourire, Marie ouvrit la porte et disparut.
Elles s'assirent toutes les deux sur le lit où Niklaas avait dormi et commencèrent à manger pendant qu'Ada racontait à Rose les détails de sa nuit avec Albi.
Rose l'écoutait, sentant un petit pincement au cœur.
Quand elles eurent fini de manger, elles décidèrent de descendre dans la grande salle.
Il n'y avait personne là-bas.
Elle partirent donc par les grands portails de la forteresse.
Il y avait plusieurs guerriers qui s'entraînaient avec leurs épées et quand ils les voyaient, ils sifflèrent.
Sans les regarder, elles continuèrent leur chemin en souriant jusqu'à ce que des voix attirèrent leur attention.
C'était Hunter et Edwin qui demandaient avec véhémence aux guerriers le respect pour leurs dames.
Les sifflets cessèrent, laissant place au bruit de l'acier qui s'entrechoquait et des hommes haletant alors qu'ils se débattaient.
- Aller, dit Rose en prenant la main de sa sœur.
Allons rendre visite à Toby.
Elles entrèrent dans les écuries et Toby hennit de plaisir à leur vue, elles embrassèrent la tête du cheval tout en chuchotant des mots en anglais, l'animal les remercia.
-Bonjour mesdames.
-Bonjour, disent-elles.
-Mesdames, je m'appelle Bertrand, sourit-il de contentement en libérant un grand foin frais.
Quel âge a ce magnifique spécimen ?
-Eh bien... Ada sourit en caressant doucement le cheval.
-Exactement 20 ans, répondit Rose.
Je l'ai reçu en cadeau de mes parents quand j'ai eu 6 ans.
Soudain, elles entendirent un bruit sourd et un hennissement presque à côté d'elles, ce qui les fit passer rapidement aux côtés de Bertrand.
-Qu'est-ce qu'il se passe avec ce cheval ? demanda Ada, remarquant pour la première fois le cheval brun qui donnait des coups de pied et s'agitait nerveusement.
-Ne vous inquiétez pas mesdames, répondit l'homme.
Rose observait l'animal avec curiosité.
C'était une vraie beauté et un étalon merveilleux qui semblait la regarder avec ces yeux ronds et noirs.
-C'est Teddy et sa façon particulière de dire qu'il n'aime pas les visiteurs.
-Rassurez-vous, nous n'avons pas peur.
Nous avons été élevées parmi eux. Et vous savez quoi Bertrand ? Si mon grand-père était ici, il dirait à ma sœur de s'occuper de lui, elle s'entend bien avec les animaux, en particulier les chevaux qui sont capricieux et rudes.
Rose qui l'écoutait, sourit.
-J'en doute Milady.
- Vous le laissez sortir ? Un cheval comme ça ne peut pas rester à l'écurie toute la journée.
-Impossible, dit Bertrand, comprenant ce qu'elle voulait dire.
Il est inutile que l'animal nous attaque.
-Depuis combien de temps se comporte-t-il comme ça ? demanda Ada.
-Presque un an, répondit Bertrand, voyant l'inquiétude des filles.
Je sais que ce que je vais dire est terrible, mais cet animal est condamné à mort.
-Quelle horreur !
Rose était scandalisée en regardant l'animal.
- Qu'a fait ce cheval pour être condamné à mort ? demanda Ada, ne comprenant rien.
-C'était le cheval du fils mort de lord Banberry.
Ils continuèrent à parler dans l'écurie jusqu'à ce qu'ils décidèrent de sortir de là pour que Teddy puisse se calmer.
Incrédules à ce qu'elles avaient entendu, elles commentèrent tout cela jusqu'à ce qu'elles virent le géant Edwin avec Kit qui courait joyeusement avec son chien.
-Bonjour Edwin, sourit Rose en s'approchant.
Elle attrapa son frère rapidement pour l'embrasser, faisant se tortiller le garçon et s'éloigner.
-Bonjour mesdames.
Edwin était un homme de peu de mots.
-Rose ! protesta Kit. Arrête de m'embrasser comme si j'étais un bébé ! Rose, amusée, le regarda et le relâcha, Kit grandissait vite, mais elle refusait de le reconnaître.
-Et depuis quand n'es-tu plus un bébé ? sourit Ada.
-Maintenant, je suis un homme, annonça-t-il, faisant rire tout le monde.
J'ai mon propre poignard, et tu m'as dit que je pourrais avoir mon propre poignard quand je serais devenue un vrai homme.
-D'accord, dit Rose tout en hochant la tête et souriant à Edwin.
Je vais essayer de me rappeler que tu n'es plus un enfant.
-Nous allions au lac, annonça Edwin.
Vous souhaitez venir avec nous ?
-Trop tard, répondit Ada qui voulait visiter le village.
En leur disant au revoir, elles se dirigèrent vers le village.
Alors qu'elles arrivaient, des voix attirèrent leurs attention.
Quelque chose se passait dans le village, rassemblant leurs jupes, elles se mirent à courir.
Les femmes et les vieillards s'étaient regroupés autour d'un puits.
Un enfant y était tombé, et sa mère, essayant de l'aider, était également tombée.
- Appelez des guerriers ! cria Rose en s'approchant du puits.
Vous allez bien ? Elle n'entendait que les sanglots du garçon mais pas la maman.
-Ma mère est tombée, s'écria une fille au bord du puits, nerveuse et tremblante.
Ma mère et mon frère sont tombés là-dedans.
-Où sont les hommes ? cria Ada hystérique, ne s'approchant pas du puits.
-Ils travaillent à la construction du château madame, répondit une femme, tenant ses deux enfants.
Des femmes nerveuses regardaient par l'embouchure du puits, mais personne ne faisait rien alors Rose dit à sa sœur :
-Cours, va chercher Hunter et demande-lui d'apporter une très longue corde.
Assise au bord du puits, Rose dégaina son poignard et regarda où elle pouvait mettre les pieds.
-Je descends.
-Tu es folle ?! s'écria Ada en s'approchant du puits pour lui prendre le bras.
Mais sa sœur s'était libérée.
-Attends qu'ils ramènent la corde sinon tu vas mourir.
-Ada, tu te souviens de l'angoisse que j'ai traversée quand tu étais tombée dans le puits de Russell ? Ada hocha la tête, surprise.
-Eh bien tais-toi ! Un garçon et sa mère sont là-bas, et quelqu'un doit les aider.
-Madame, dit un vieil homme. Attendez je descends. -Pas question.
Rose secoua la tête.
-Mes bras sont plus forts pour me tenir, mais ce serait bien si tu apportais des fourrures.
Quand on sortira, il en auront besoin pour se couvrir, d'accord ?
-Oui madame, hocha l'homme.
Ada se tordit nerveusement les mains.
-Quelqu'un a une corde solide, tout de suite ! cria Rose tout en cherchant soigneusement où se tenir.
-Allez à la forteresse et cherchez Hunter ou Winston, cria Ada après une femme, ne remarquant pas que c'était Sabina, la pute de la nuit précédente.
La femme s'était enfuie, effrayée, mais dans sa maison, pas dans le château.
Elle n'avait aucune intention d'aider la femme qui l'avait embarrassée la veille ! Ada regarda sa sœur descendre et l'obscurité l'engloutit lentement.
-Est-ce que ça va bien ?
-Oui, reste calme.
Deux fois ses pieds et ses mains glissèrent, mais peu à peu ses yeux s'habituèrent à l'obscurité.
Avec précaution, Rose enfonça son poignard dans la pierre du puits et descendit.
Puis une main glissa et elle sentit quelque chose de pointu lui arracher la peau du bras.
Rose se mordit la lèvre aux sanglots du garçon.
-Ne t'inquiète pas mon garçon, ils arrivent.
Le sable du puits entrait dans les yeux de Rose et elle sentit sa peau ramper à cause de l'humidité et du froid.
Regardant vers le bas, elle vit le garçon agripper un rocher, mais la mère flottait, essayant de ne pas couler.
-Mon Dieu ! chuchota-t-elle.
Sans réfléchir, elle se jeta dans l'eau pour s'occuper de la femme en train de crier.
-Mon garçon, ne t'inquiète pas. Avec des mains douloureuses et ensanglantées, elle réussit à saisir un rocher et, tirant en puisant toute ses forces, elle enfonça le poignard dans le mur et traîna la femme avec elle.
-Rassurez-vous, tenez-vous Milady.
-mon fils... chuchota la femme en commençant à perdre connaissance.
-Votre fils va bien, dit Rose douloureusement. La blessure sur son bras saignait mais allait bientôt guérir.
Maintenant, elle avait besoin que la femme ne s'évanouisse pas.
-Comment t'appelles-tu ?
-Lilly, murmura la femme en fermant les yeux et en claquant des dents.
-Lilly ! Je m'appelle Rose, je suis l'épouse de lord McCartney, cria-t-elle en secouant la femme et en frissonnant.
J'ai besoin que tu m'aides, ne ferme pas les yeux ! Si tu perds connaissance, je n'aurais pas la force de te tenir toi et ton fils.
S'il te plaît ne ferme pas les yeux, attend jusqu'à ce qu'ils arrivent, ce ne sera pas long.
-Je vais essayer madame, hocha-t-elle.
Une foule toujours plus nombreuse s'était rassemblée autour du puits.
Ada regardait désespérément autour d'elle.
Où était les renforts ?
-Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda Stanley, blessé.
-Stanley ...chuchota Ada en tremblant.
Une femme et son fils sont tombés, et Rose est descendue pour les aider.
Mais elle ne répond plus.
Rapidement, Stanley atteignit le puits et, ne voyant rien, se tourna vers les gens qui regardaient avec angoisse.
-Qu'on apporte une fichue corde ! cria l'homme. Voyant que personne ne faisait rien, il courut au donjon, où il trouva Hunter et les autres.
Alertés, ils se précipitèrent vers le puits avec une longue corde.
Inquiète, Ada les vit arriver. -Hunter ! s'écria Ada, blanche de peur.
Lance la corde pour que ma sœur puisse grimper.
-Madame ? cria Hunter alors que Winston repoussait la foule loin du puits pour faire de la place.
-Hunter ! répondit Rose dans l'obscurité, épuisée de se tenir au mur d'une main et de soutenir la femme de l'autre.
-Lancez la corde, je vais attacher la femme.
Tirez-la soigneusement puis lancez-la à nouveau pour faire sortir le garçon.
-Apportez les couvertures, demanda Stanley.
- Les voici, répondit un vieillard en s'approchant.
Avec précaution Hunter, Winston et Stanley tiraient peu à peu la femme qui, voyant la lumière, finit par s'évanouir.
-Ma baguette demanda le garçon.
Rose le regardait.
Nageant à travers le puits, elle prit la baguette et la tendit au garçon, gagnant un charmant sourire édenté.
-Tu es tombé dans le puits pour ça, n'est-ce pas ? Le garçon, frissonnant comme elle, hocha la tête.
-Tu dois me promettre de ne plus jamais te rendre au puits seul, c'est très dangereux ! Le garçon hocha de nouveau la tête alors que la corde tombait une fois de plus à ses côtés.
-Viens maintenant, dit Rose et elle commença à attacher la corde au corps de l'enfant, remarquant que ses mains défaillaient à cause du froid et de la douleur.
Maintenant, tiens la corde.
Le garçon hocha la tête.
-Hunter ! cria-t-elle, mais d'une voix plus faible.
Tirez ! Cette fois sans trop d'effort, le garçon sortit du puits. Banberry et ses invités revenaient maintenant de leur visite des futurs travaux du château.
Arrivés aux grandes arches extérieures de la forteresse, ils observaient avec curiosité le tumulte des gens.
-Qu'est-ce qu'il se passe là-bas ? demanda Albi alors que la porte de la forteresse s'ouvrait.
Marie courait vers eux, Banberry qui était déjà descendu de son cheval, la prit par le bras et lui demanda.
-Que se passe-t-il dans le village ?
- Mon seigneur ... murmura-t-elle en tremblant, car ce qu'elle avait entendu l'avait rendue très inquiète.
Quelqu'un est tombé dans le puits, et lady Rose est partit le secourir.
-Comment ?! s'exclama Niklaas.
Il courut suivi d'Albi et des autres.
Alors qu'il s'approchait de la foule, une angoisse commençait à s'emparer de son corps.
Que faisait sa femme dans le puits ? Hunter, qui avait lancé la corde, attendait l'ordre de remonter sa maîtresse.
Mais cette fois, Rose n'avait pas la force de crier. Le froid commençait à s'emparer de son corps, alors, aussi maladroitement que possible, elle s'attacha et tira deux fois sur la corde.
Mais ce n'était pas assez fort pour qu'il le remarque. Niklaas était arrivé au puits.
Il vit la femme et le garçon trembler, couverts de fourrures.
Mais où était sa femme ?
-Mon Seigneur, dit Hunter en le voyant arriver. Milady est la prochaine à sortir, nous attendons qu'elle donne l'ordre.
- Ça prend trop de temps, s'écria Ada en regardant dans le puits. Même la proximité d'Albi ne pouvait pas la calmer.
-Rose ! Affligé par les événements, Niklaas appuya ses mains sur le puits et regarda à l'intérieur, avec l'intention de sauter.
Les ténèbres remplissaient tout, y compris son âme. Elle était là-bas, il ne pouvait pas la voir.
-Rose ! cria Niklaas, s'asseyant sur le bord du puits, prêt à se précipiter après elle.
-Tirez, gémit Rose, assez fort pour qu'ils l'entendent.
Hunter, Stanley et Winston se réveillèrent à nouveau.
Petit à petit, la corde montait au fur et à mesure que l'impatience de Niklaas grandissait.
Jusqu'à ce que cette femme qui lui donnait un tel mal de tête émerge des ténèbres.
Elle était trempée, ses cheveux emmêlés, ses vêtements sales et dégoulinants.
Marie courait vers le donjon, où elle ordonna qu'un bain à remous soit apporté dans la chambre.
-La voilà, soupira Niklaas.
Elle tendit la main et une vague de réconfort les envahit tous les deux alors que Niklaas la tenait fermement.
Alors qu'il l'éloignait, il la serra désespérément dans ses bras, la sentant frissonner de froid.
Avec des mouvements rapides, Albi dénoua les nœuds de son corps, et Niklaas, ne parlant à personne mais la serrant fort contre lui, se dirigea vers la forteresse, où sa femme pourrait se réchauffer.
Kieran remarqua l'angoisse sur le visage de Niklaas et s'écarta pour le laissa passer.
En voyant Niklaas tenir sa sœur et la serrer dans ses bras, Ada sourit.
Ce Highlander à la tête dure l'aimait.
Dieu merci ! Et embrassant son mari, elle regarda la femme et le garçon et prit la situation en main.
-Ramenez cette femme et son enfant à la maison, commanda-t-elle aux soldats.
Ils ont besoin de se réchauffer.
Puis, regardant Stanley et voyant le sang tacher ses pansements, elle dit :
L'effort a dû vous faire mal, retournez à la cabane, je viens m'occuper de vous.
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