Arrivée en bas je ne pu retenir mes larmes. Je croisa le regard de Marwan et j'alla m'isoler derrière le bâtiment afin d'être tranquille. Au moins là-bas personne ne me verras et je pourrai prendre le recul nécessaire pour analyser la situation.

Je réfléchissais à ce que je pouvais faire et la seule solution était de suspendre mes études le temps de rembourser nos dettes. Mon plan était de passer mes partiels comme ça je valide mon semestre et je reprendrai dans six mois, au semestre suivant quand j'aurai obtenu toute la somme. 

Je ne voyais que cette solution pour nous sortir là. Ma mère me disait de ne pas m'inquiéter mais je sais qu'elle n'aura d'autre choix que d'accepter que j'arrête mes études quelques temps pour nous tirer de là. Elle a trop de fierté pour demander ne serait ce qu'un centime à quelqu'un. Elle préfère se priver de nourriture et que je mange moi plutôt que de demander 2 euros à quelqu'un. Je le sais car ça nous ai déjà arrivé ...

Je décide quand même d'appeler mon professeur pour qu'il me conseille sur la marche à suivre. Il était très gentil et extrêmement attentif à toute les difficultés qu'on pouvait rencontrer.

- Allo Frederik ?
Prof - Oui Maïssa comment ça va ?
- Ça va merci et vous ?
Prof - Oui ça va. Que me vaut cet appel ?
- J'aimerai vous parler d'un souci personnel s'il vous plaît, on peux se voir ?
Prof - Oui bien sûr viens à la fac j'y suis.
- Ok j'arrive.
Prof - À tous de suite !

~

- Voilà j'ai des problèmes financiers qui font que je dois m'arrêter ce semestre. Vous pensez que je peux reprendre après ?
Prof - Oui si tu n'as vraiment pas le choix mais le mieux c'est de continuer.
- Comme je vous l'ai dit ma mère doit beaucoup d'argent et je n'ai pas le choix que de tout rembourser.
Prof - Très bien je comprend tout à fait. Je m'en fait pas pour toi, tu as toute les capacités pour reprendre au semestre prochain.
- D'accord ça me rassure.
Prof - Et tu compte travailler dans quoi ? Ça peux être une bonne expérience à ajouter à ton CV.
- J'en ai aucune idée. N'importe, je suis prête à travailler dans n'importe quel domaine tant que je peux garder mon voile. J'ai vraiment besoin de cet argent.
Prof - Mmh je vois ... si tu veux je peux en parler à ma femme. Elle bosse à la Caf.
- Oh oui je veux bien svp ... Vraiment dans n'importe qu'elle domaine. J'suis pas difficile.
Prof - Ok je lui en parlerai ce soir, je t'appelle demain si elle a quelque chose.
- D'accord merci beaucoup.

Si ça serai pas interdit je lui aurai fait la bise lol. Il était vraiment compréhensif comme professeur et voulait la réussite de ses étudiants.

Je repris la route vers chez moi et je décide quand même d'en parler à ma mère. Elle sera déçu mais je n'avais pas d'autre solution et je pense qu'elle non plus d'ailleurs. Arrivée en bas du bâtiment, je sentis un bras me tiré vers le local à vélo, enfin ce qui servait anciennement de local à vélo. Maintenant c'était plus un local à encombrant.

- Ahhhh mais lâcher moi ! Vous êtes qui ?

La personne releva sa capuche de sa tête, c'était Marwan, le fils de la voisine.

- Marwan ? Mais t'es malade pourquoi tu m'as tiré ?
Marwan - Pourquoi t'as pleuré ?
- Mais c'est pas ton problème ça !
Marwan - Dis moi wesh !
- Nan c'est personnel.
Marwan - Vas-y arrête de faire pitié et dit.
- Mais j'te dois rien bouge ! Le mec jamais il me calcul et là ma vie t'intéresse.
Marwan - Pourquoi tu voulais que je te calcule ? T'es qui pour moi ?
- Ben voilà ! Lâche moi alors !

Je réussi à me dégager de son bras et pris l'ascenseur.

En rentrant chez moi, l'ambiance était glaciale. Ma mère ne m'a pas calculé de tous l'après midi, elle m'a juste dit que nous étions invité ce soir chez Khalti Djamila. Dans ma tête, je me disais tant mieux, un repas d'économiser ...

En attendant, j'étais plongé dans mes révisions. Ma mère continuait à coudre des vêtements en laine afin de les revendre. C'était quelque chose qui ne l'a fatiguait pas trop. Et vu qu'elle n'avait pas de contrainte de temps, elle y allait à son rythme. Elle se debrouillait très bien et les commandes étaient le plus souvent des bonnets et des écharpes. Elle pouvait gagner jusqu'à 50€ par mois, en revendant ça aux filles du quartier. Je ne sais pas si elles achetaient par pitié ou si ça leur plaisaient vraiment mais en tous cas, pour nous, c'était toujours ça de pris.

Le soir arriva rapidement et je fis mes ablutions et pria avant d'aller chez la voisine. Je redoutais un peu de croiser Marwan après notre entrevue ... houleuse.

Arrivée là-bas, il y avait Khalti Djamila, Loubna, sa plus grande fille, qui allait bientôt se marier d'ailleurs, elle avait 4 ans de plus que moi, donc 25 ans. Il y avait aussi Marwa et Lou'ayy, les jumeaux de 13 ans. Marwan n'était pas là et tant mieux, pas envie de voir sa tête me regardé de travers. A chaque fois c'était le cas, il était tous le temps énervé. Il est née comme ça je crois parce-que je l'ai jamais vu sourire.

Khalti Djamila vivait seule aussi, elle était divorcé et son ex-mari est parti vivre définitivement au Maroc avec une femme beaucoup plus jeune et belle, d'après ces dires. Tant mieux pour lui hein !

Le repas se passait plutôt bien, elle avait fait un tajine d'agneau aux pruneaux delicieux pour marquer les derniers jours de sa fille au domicile familiale. La conversation était principalement centré sur le mariage de Loubna. J'étais vraiment contente pour elle, ça se voyait qu'elle nageait en plein bonheur, contrairement à nous ... mais bon j'essayais de paraître la plus heureuse possible pour elle afin de ne pas gâcher la soirée.

Khalti Djamila - Alors Maïssa ? Comment tu vas t'habiller au mariage hein ? J'espère que t'as déjà acheté ta tenue ?
- Heuu ... je ne sais pas encore, j'ai pas eu le temps d'y réfléchir, avec les examens et tout ...
Khalti Djamila - Ah nan nan nan je veux rien savoir ! Loubna c'est comme ta soeur tu dois être au top ce jour là.
- Oui oui vous inquiétez pas.

Je sentais le regard de ma mère sur moi. Elle savait tous comme moi que je ne pourrai pas m'acheter de robe pour l'occasion. On fera donc avec les moyens du bord, pas le choix ...
Je vis également Marwan dans l'encadrement de la porte, il nous regardait, toujours aussi énervé. Je détournais la tête de lui, évitant son regard.

Khalti Djamila - Ahhh Marwan wouldi viens manger avec nous !
- Oui je vais me laver les mains M'ma !

Il embrassa sa mère et vint s'installer avec nous pour commencer à manger. Je sentis mon téléphone vibrer.

- Excusez moi je reviens.
Khalti Djamila - Ahh ça ! C'est son copain heinnnnn ! clin d'oeil

Marwan recracha la nourriture qu'il avait dans la bouche  et je sentais tous les regards sur moi.

- Non non c'est juste mon professeur.

J'alla plus loin pour répondre quand j'entendis khalti Djamila dire à ma mère :

" Oui oui le professeur, za3ma on connaît pas"

Elle était quand même culotté mais c'était plutôt marrant. Surtout la tête de Marwan, si il aurai eu un couteau sous la main, il m'aurai sûrement égorgé.

- Allo ?
Prof - Oui Maïssa excuse moi de t'appeler si tardivement.
-Heuu non pas de soucis. Vous avez des nouvelles pour moi ?
Prof - Oui j'en ai parlé à ma femme et elle a quelque chose pour toi. Tu es toujours ok ?
- Oui bien sûr !!
Prof - Très bien, comme je te l'ai dit elle travaille à la Caf et elle est amené à collaborer avec des associations d'aides à la personne.
- D'accord ... Et je devrai faire quoi ?
Prof - Ben justement, tu seras embauché par l'association d'aide à la personne. Tu seras envoyé en mission chez des gens qui en font la demande auprès de la Caf. Je pense tu devras faire un peu de ménage, d'accompagnement personnel, tâches administratives, ce qui est de cet ordre. Tu acceptes ?
- Heuu ben oui j'ai pas vraiment le choix !
Prof - Très bien ! Ma femme t'appelera demain pour les formalités et fixer le salaire net.
- D'accord merci beaucoup Frederik. Vous me sauvez la vie. 
Prof - Je t'en prie, bonne soirée.

Alors là, si je pouvais sauter au plafond je l'aurai fait. J'étais trop contente qu'il ai pu me trouver ce travail si rapidement. Bon ce n'était pas ce que j'imaginais, je me voyais assistante d'un avocat ou quelque chose du genre mais bon, mieux que rien al hamdouliLah.

Je retourna au salon, grand sourire aux lèvres, ce qui me valait le regard interrogateur de ma mère. Je lui expliquerai en rentrant ce soir.

La fin du dîner se passait bien, sauf quand je tombais sur les éclairs que me lançaient Marwan. Je l'ignorais jusqu'au moment de partir car il n'en valait pas la peine. J'embrassa khalti Djamila, Loubna et Marwa et rentra chez moi avec ma mère. 

Maman - Alors c'était quoi ce coup de fil ?
- On m'a proposé du travail et j'ai accepté.

Elle se retourna vers moi.

Maman - Et tes études ?
- T'inquiète pas je passe mes partiels, je valide mon semestre et je reprendrai au suivant. Le prof m'a dit que c'était possible et facilement réalisable. 
Maman - T'es sûre ? Tu dis pas ça juste pour me rassurer ?
- Nan wAllah, puis c'est juste le temps de nous sortir de là. Après je reprendrai.
Maman - Mmmh, je suis désolé. Normalement c'est moi qui m'occupe de toi, qui travaille pour toi et là c'est le contraire !
- T'inquiètes pas pour ça Maman.

J'alla lui faire un câlin et fit ma dernière prière avant d'aller me coucher. Finalement les choses se sont plutôt bien dénoués, ce qui me retira un énorme poids de mes epaules.

Maintenant plus qu'à réussir mes partiels ...

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