Chapitre 4

Une convocation dans le bureau du proviseur, ce n'était pas banal. Cependant, lorsque ça concernait le comportement d'un professeur, c'était toujours un peu plus intéressant.

— Monsieur Hwang, ce n'est pas une raison.

—Évidemment que si ! S'était énervé Hyunjin. Je me fous de ce que pense l'état, je refuse des propos homophobes dans mon cours, et ce devrait être pareil dans chaque établissement merde on est en 2023 en France, l'homophobie est un délit !

— Ça ne reste pas une raison pour exclure et coller un élève !

— Si ça l'est !

Hyunjin et le proviseur de l'établissement étaient en train de se disputer pendant quelques bonnes dizaines de minutes maintenant. L'ébène avait renvoyé un élève de cours après ses propos homophobe et son employeur ne cessait de lui dire sur ce n'était pas grave et que c'était l'éducation qu'on donnait aux enfants désormais. L'éducation qu'on donnait aux enfants désormais était bien triste alors. Il pensait que au contraire, le monde avait évolué.

Il n'en croyait pas ses yeux.

Hyunjin ne savait pas vraiment si c'était le fait de s'en prendre à une minorité ou alors parce que Rimbaud était l'insulté dans cette histoire, mais Hyunjin la prenait très à cœur. Il ne fallait ni toucher à son poète favori, ni à communauté, ou toute autre minorité.

— Écoutez Hwang, je veux bien admettre que votre façon de penser est la plus raisonnable mais malheureusement la politique nous interdit d'exclure un élève pour cette raison.

Cette discussion ne faisait que tourner en rond encore et encore. Elle n'avait plus aucun sens. Hyunjin était persuadé qu'il lui mentait, ce n'était pas possible autrement.

— De toute façon c'est trop tard. Je l'ai fait, et alors ? Que ses parents me convoquent je n'en ai que faire ! Et si c'était à refaire je le referai, si il recommence et bien je recommencerai aussi.

Alors que le proviseur comptait répondre, trois petits coups se firent entendre. Par la suite, Jisung était entré tout souriant sous le regard tueur de Hyunjin.

— Monsieur Han, bonjour. Fit le directeur alors que Hyunjin se contenter de l'ignorer.

— Bonjour à vous.

— Nous avons un problème avec un élève de votre classe principale, si vous voulez bien vous asseoir aux côtés de monsieur Hwang pour que l'on règle ce petit différend s'il vous plaît.

Hyunjin se frappait la tête intérieurement, il fallait qu'il tombe sur la classe de cet abruti.

— Je me contenterais de rester debout, merci.

L'ébène lâcha un rire nerveux, presque vexé. Jisung ne savait définitivement pas devenir professionnel même devant leur employeur, ce n'était qu'un gamin.

— Bien. Il reprit. Monsieur Hwang ici présent à renvoyer un de vos élèves pour une raison qui malheureusement, n'est pas acceptable.

— Elle l'est !

— Taisez-vous. Nous avons déjà eu cette conversation.

Il soupira avant de se taire par obligation. Jisung n'était pas étonné du manque de professionnalisme de Hyunjin, il n'avait jamais réussi à entreprendre quoi que ce soit de sa vie, c'était normal qu'il faute à un moment donné.

— Quelle est cette raison ?

Il n'attendait qu'une chose, donner tort à Hyunjin, et se dernier le savait. Il pencha sa tête en arrière sur le dossier de la chaise, ses cheveux retombaient vers le sol et ses yeux croisaient ceux de son ex petit ami.

— Propos discriminant et homophobe. Ça vous dit quelque chose peut-être ?

Évidemment que oui. Ils en avaient reçu une grande quantité au lycée, il y a huit ans de cela. Ça avait toujours beaucoup affecté le blondinet alors que l'ébène était à chaque fois prêt à se battre contre celui qui avait fait pleuré son copain, il ressortait souvent de ces batailles dans salle état et Jisung avait toujours culpabilisé après, mais Hyunjin lui avait avoué se sentir mieux tant qu'il était heureux.

Ses souvenirs remontaient bien trop rapidement. Toutes les fois où Hyunjin s'était battu pour lui, toutes les fois où ils s'étaient fait embêter, Jisung en avait particulièrement souffert, plus que Hyunjin. Hyunjin avait la tête dure, prêt à se battre, rien ne pouvait changer ses convictions. Jisung était plus du genre douteur, du genre à délaisser la main de son amoureux lorsqu'ils passaient aux côtés d'un groupe de personnes. Dans ces moments, Hyunjin le laissait faire. Il se retenait de reprendre sa main et de crier au monde entier que oui, il aimait un homme, il le faisait parce qu'il l'aimait et que sa priorité était qu'il se sente en sécurité.

C'était dingue de voir à quel point un être aussi adorable pouvait changer dès que votre relation changeait. Cependant, il était tout de même heureux de constater que Hyunjin se battait toujours pour ses droits et ceux de la communauté. Il aurait aimé pouvoir le remercier, il aurait adoré.

— Je pense que mon collègue a eu raison.

Pour la première fois en sept ans, Jisung était du côté de Hyunjin. Un simple jeu de regard s'était échangé entre eux avant que le professeur principal sorte définitivement de la salle, se retrouvant seul avec ses émotions. Encore une fois.

Cependant, Hyunjin ne put s'empêcher de penser à lui en sortant de la salle. Ses reflèxes se demandaient s'il allait bien, s'il n'était pas trop bouleversé par ce qu'il avait entendu. C'était un sujet sensible pour lui, il ne l'avait pas oublié.