𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐧𝐞𝐮𝐟

« Dans l'œil du photographe »

❘✶❘


Il y a quatre ans.
Jiwon éclata d'un rire sonore en face de lui, et Soobin se crispa un peu plus sur sa chaise. Kai avait insisté pour qu'elle les accompagne au cinéma ce samedi soir, et il n'avait pas su refuser. Elle ne va pas bien ces temps-ci, je crois que sa relation avec Yeonjun bat de l'aile, lui avait confié son meilleur ami. Et Soobin s'était senti encore plus mal qu'il ne l'était déjà. C'est de ma faute. Et il ne cessait de se répéter ces mots depuis ce maudit bal du lycée. Yeonjun avait été diplômé peu de temps après cela ; il avait terminé avec brio son année, tout comme le reste de la bande, et une page se tournait définitivement. À la rentrée prochaine, il n'y aurait plus de repas à cinq ou six sur la table en bois où ils aimaient se retrouver. Yeonjun allait débuter un nouveau cycle de sa scolarité, et Soobin avait ressenti un vide immense en constatant cela.

Ils ne s'étaient pas beaucoup reparlé depuis leur baiser échauffé dans la remise. Ils avaient continué à papoter dans leur conversation de groupe comme si de rien n'était, à se comporter comme deux grands amis en présence des autres, mais en réalité, Soobin était gêné, et Yeonjun aussi. Ils peinaient à se regarder l'un en face de l'autre, Yeonjun faisait tout son possible pour éviter de se retrouver seul avec lui, comme s'il craignait un nouveau débordement.

Et secrètement, Soobin en rêvait. C'était mal et indécent pour Jiwon, mais c'était plus fort que lui. Et c'était cela qui hantait ses nuits, l'empêchant de dormir et de penser à autre chose. Il revivait encore et encore leur baiser, en essayant de ne rien oublier de cette scène magique. Il avait attendu qu'il pose ce regard sur lui pendant des mois, et enfin, il l'avait fait.

Mais Soobin était de ces gens avec la main sur le cœur qui regrettait leurs actes instantanément quand ces derniers portaient atteinte à d'autres. Ce soir là, quand ils avaient fini par se détacher l'un de l'autre, il avait reculé d'un pas, le visage grave et l'avait congédié. Tout simplement. Va voir Jiwon. Et Yeonjun s'était exécuté. Ils n'avaient plus reparlé de leur baiser, il n'avait même plus abordé le sujet du bal dans son ensemble, même quand Taehyun avait sous-entendu que cette soirée avait été de loin l'une des plus divertissantes de toute sa vie. Il y avait toujours Kai dans ces moments, qui refusait de l'entendre se moquer à nouveau de lui, et qui changeait précipitamment de sujet.

– Pourquoi, hein ?

Soobin cligna des yeux au moment où Kai lui donna un coup de coude dans l'avant-bras. En face de lui, Jiwon pleurait. Il ne sut pas à quel moment la conversation avait dérapé, mais la jeune femme tapotait un mouchoir sur ses joues et ses yeux, en reniflant doucement. Il ouvrit de grands yeux, surpris, mais surtout confus de s'être absenté assez longtemps dans ses pensées pour rater un tel revirement de situation.

– Oh tu...
– C'est Yeonjun, lui lança tout simplement Kai.
– Ah euh...
– Je ne pensais pas être si nulle, murmura Jiwon.
– Tu n'es pas nulle ! s'emporta Kai.
– Que se passe-t-il ?
– Tu n'as rien suivi ou bien ? soupira Kai.

Il n'aimait pas la manière dont Kai lui parlait. Cela ne lui ressemblait pas.

– Yeonjun voudrait qu'on prenne du temps pour réfléchir sur notre situation, je... C'est arrivé si soudainement...
– On ira lui parler pour comprendre, d'accord ?

Soobin la regardait d'un air interdit, bouche bée. Il n'avait pas osé...

– Je sais que sa future rentrée l'angoisse, et sa situation familiale aussi... Je lui ai dit que je n'avais aucun problème avec ça, que je ne voulais juste pas être mise à l'écart de sa vie, je tiens tellement à lui...

Elle se moucha, et Kai tapota son dos avec maladresse. Désemparé Soobin se retrouva à court de réponses.

– Vous... Vous vous êtes séparés ?

Jiwon ouvrit de grands yeux et se moucha un peu plus fort, avant de hausser les épaules.

– Je crois que c'est plus ou moins ce qu'il a sous-entendu ? Ce n'était pas... Pas très clair.

L'envie d'attraper la tête de Yeonjun et de la frapper très fort contre un mur le prit soudainement. Évidemment, le principal intéressé n'était pas parmi eux. En face de lui, Jiwon sécha ses larmes et attrapa son verre.

– Ne t'en fait pas Soobin, ça va aller ! Tu sais, ce n'est pas la première fois que ça m'arrive !

Elle lâcha un rire, quoique teinté de tristesse, et picora dans l'assiette de Kai qui la laissa faire.

– Ça va aller Jiwon, on va tirer ça au clair !
– Tu es adorable Kai, mais ne te sens pas obligé, je suis une grande fille, j'irais lui parler à la fin de la semaine.

Kai haussa les épaules, et coula un drôle de regard vers Soobin.

– Tu en savais quelque chose toi ?
– Non !
– Bah, je sais pas, vous êtes proches...
– Taehyun est plus proche de Yeonjun que de moi, se justifia-t-il.
– Les garçons, ne vous battez pas, râla Jiwon en fronçant ses sourcils.

Kai sembla se radoucir, et aussitôt, la jeune femme changea de sujet.

Jiwon avait un don pour ramener les gens sur terre, et les rendre radieux. Et une nouvelle fois, Soobin en vit la parfaite démonstration. Même dans ses jours les plus tristes, Jiwon continuait de rayonner. J'espère que tu n'as pas fait ça pour moi Yeonjun, je ne pourrais jamais me le pardonner.

❘✶❘

Ils avaient raccompagné Jiwon jusqu'à chez elle, Kai avait insisté. Puis ils avaient emprunté le métro ensemble, en se dirigeant vers le quartier où vivait Kai. Il le trouvait étrange depuis leur sortie au cinéma. Kai avait l'air ailleurs, un poil anxieux. Et Soobin ne pouvait pas s'empêcher de penser que l'initiative d'inviter Jiwon au cinéma venait de lui, qu'il avait eu l'air très concerné par sa situation avec Yeonjun, mais aussi, qu'il semblait lui reprocher certaines choses. Ils avaient toujours été francs et honnêtes l'un envers l'autre, alors, n'y tenant plus, Soobin lui posa la question :

– Kai, pourquoi tu as convié Jiwon ?
– Je te l'ai déjà dit, elle ne va pas super bien ces derniers temps. Et c'est une amie.
– D'accord.

Kai s'arrêta dans la rue, et s'agrippa par la manche, les sourcils froncés.

– Il y a autre chose, hein Soobin ?
– J'ai l'impression que tu m'en veux, confessa-t-il à mi-voix.

Les yeux de Kai s'écarquillèrent légèrement.

– Pardon ?
– Je...
– Soobin je ne t'en veux pas !
– Tu n'as pas arrêté d'insister sur le fait que je sois proche de Yeonjun, j'ai eu l'impression que tu sous-entendais quelque chose et je... Je n'ai pas aimé.
– Que crois-tu que je voulais sous-entendre au juste ?
– Pas à moi Kai, souffla-t-il.
– Je sais très bien qu'il ne se passe rien entre toi et Yeonjun, si c'est ça ta question, lança-t-il tout simplement.

Soobin soupira, presque soulagé.

– Tu crois que je n'ai pas vu dans quel état tu es depuis qu'il est diplômé ? Soobin, j'ai cru que tu allais pleurer après sa remise des diplômes.
– Tu exagères un peu... Ce n'est pas comme s'il partait à l'autre bout du monde.
– Mais il nous quitte, en un sens. Il commence une nouvelle étape de sa vie, et toi et moi savons très bien qu'il aura moins de temps à accorder à notre bande qu'avant !
– Aller, continuons de marcher, je ne veux pas en parler.

Kai passa un bras sous le sien, en lui jetant un regard inquiet. Oui, Kai avait raison. Les choses allaient changer, un peu. Encore un changement dans sa vie dont Soobin se serait volontiers passé.

– Soo ?
– Mmm...
– Souris-moi s'il te plaît.

Il haussa les épaules, esquissa un sourire un peu mollasson.

– Non, un vrai sourire !
– Kai, s'il te plaît, fit-il en continuant de marcher d'un bon pas.
– Je suis désolé, je ne voulais pas te vexer, ou te mettre mal à l'aise... Soobin, s'il te plaît !

Il se tourna légèrement vers lui, esquissa à nouveau un sourire et Kai sembla se reprendre un peu.

– Je ne t'embêterais plus avec cette histoire.
– Merci.
– Mais tu sais que tu peux tout me dire ?
– Je sais.

Ils s'arrêtèrent devant la maison de Kai, et ce dernier poussa un soupir à fendre l'âme.

– Aller, retour en enfer je suppose.
– Ça va aller ?
– Ne t'en fais pas pour moi, je suis un grand garçon !
– Si jamais tu -
– Oui, je te téléphone !

Il le serra dans ses bras avant de chercher ses clefs, et de lui faire signe de déguerpir. Comme à chaque fois qu'il le raccompagnait, Soobin n'allait jamais très loin. Il avait pris cette curieuse habitude de rester au coin de sa rue une bonne dizaine de minutes, juste au cas où. Kai le savait, c'était un rituel entre eux.

Au cas où il ne serait pas le bienvenu chez lui une nouvelle fois.

Au cas où la situation dérape à nouveau.

Soobin attendait, toujours dans l'espoir de voir son ami revenir vers lui en courant, sac sur une épaule. Car il préférait le savoir en sécurité chez lui, plutôt qu'entre quatre murs avec une famille malfaisante. Ce soir là, Kai resta chez lui, et ce fut le cœur serré que Soobin tourna pour de bon les talons.

Ce fut dans le métro que Yeonjun se manifesta. Soobin s'occupa d'abord d'envoyer une foule de messages à son meilleur ami, en lui demandant si tout se passait bien chez lui, avant d'ouvrir le message de l'autre garçon.

Yeonjun à 20h04.
Vous avez vu Jiwon aujourd'hui ?

Yeonjun à 20h04.
Avec Kai en plus ??

Yeonjun à 20h05
Que vous a-t-elle dit ?

Sentant la panique derrière ces mots, il pianota à toute vitesse sur son clavier.

Moi à 20h08.

Nous avons fait un cinéma ensemble, et oui, avec Kai. Nous étions tous les trois. Elle ne semblait pas au top de sa forme.


La réponse de Yeonjun ne se fit pas attendre.

Yeonjun à 20h09.
Tu peux passer chez moi ?

Soobin arqua un sourcil, intrigué. Passer chez Yeonjun, à cette heure ?

Soobin à 20h10.

Je ne sais pas Yeonjun, je dois rentrer chez moi il se fait tard. :((


Yeonjun à 20h11.
D'accord, comme tu veux, j'aurais juste aimé parler un peu. On se cale une sortie un de ces jours, ça ira tout autant.

Soobin à 20h12.

Yeonjun, tu es vexé ?


Pas de réponse. Un rire lui échappa, frustré de le voir couper aussi sec la conversation. Il était vexé, il le connaissait suffisamment assez pour savoir que c'était le cas.

Soobin à 20h15.

J'arrive !


Il l'imaginait sans mal sourire derrière son écran de téléphone.

Et Soobin ne se trompait pas sur ce point.

❘✶❘

– Je ne pensais pas que tu viendrais pour de vrai.
– Tu pensais me voir pour de faux ?

Yeonjun éclata de rire, et le laissa entrer dans l'entrée de son appartement.

– Tes parents ne sont pas là ?
– Ils sont chez la sœur de ma mère pour quelques jours. Ils profitent de leurs vacances en amoureux.

Soobin haussa un sourcil ; Yeonjun avait toujours fait partie des voyages de ses parents. Cependant, il ne releva pas ce détail, au risque de le chiffonner. Ses yeux ne manquèrent pas les dizaines de photos de Yeonjun dans le salon. Il était l'un des stéréotypes des enfants uniques en Corée du Sud, et le savait bien. Fils à papa, toujours propre sur lui, qui bossait sans relâche pour, plus tard, avoir une paye aussi grosse voir plus que celle de son père. Soobin savait que Yeonjun avait cette vie en horreur. Il rentrait dans le moule pour plaire, pas pour lui. Son rêve à lui, c'était de danser, et rien de plus. Mais ça, il le gardait secrètement pour lui.

Soobin se déchaussa et déposa sa veste dans l'entrée, sous le regard curieux de son ami.

– Tu voulais me voir pourquoi ? marmonna Soobin sans oser baisser le regard vers lui.
– On devrait parler.
– Oh.

Il ne s'était pas attendu à un tel revirement de situation. Naïvement, il avait pensé que Yeonjun continuerait de fuir la situation, comme si de rien n'était.

– On en a pas vraiment trop l'occasion depuis cette soirée et... ça me fait chier, voilà.

Soobin esquissa un sourire, amusé, avant de se reprendre aussitôt. Il se demanda ce que voulait aborder Yeonjun très exactement, sous quel angle, s'il allait revenir sur la question de Jiwon, mais une nouvelle fois, son aîné frappa fort et lui coupa l'herbe sous le pied :

– Pourquoi tu m'as embrassé ce soir-là ?
– Pardon ?!

Soobin ouvrit de grands yeux, sentant ses joues s'empourprer lentement. Était-il sérieusement en train de retourner la situation à son avantage ?

– Tu te fiches de moi ?

Yeonjun croisa les bras sur son torse, et arqua un sourcil, un air de défi sur le visage.

Tu as commencé !
– Certainement pas non !

Soobin vit rouge : à la vérité, il n'en avait pas le moindre souvenir. Les souvenirs de cette soirée-là étaient flous, incertains, et il refusait de lui donner raison sans être sûr de la bonne version des faits.

– Si cela te déplaisait, tu n'avais qu'à me repousser !

Ce fut au tour de Yeonjun d'ouvrir de grands yeux. Il venait de marquer un point.

– Ok ok, excuse-moi, marmonna-t-il.

Visiblement au bout – et très fatigué – Yeonjun se laissa tomber sur son canapé, les bras croisés. Le nez renfrogné, Soobin le suivit du regard, sans rien ajouter d'autre.

– Désolé je... Je ne sais plus où j'en suis. J'ai l'impression de faire n'importe quoi ces derniers temps.
– Tu as quitté Jiwon à cause de ce qui s'était passé ?
– À ton avis, maugréa-t-il.

Ce n'était pas une réponse claire, mais Soobin s'en contenta.

– Yeonjun, je suis désolé moi aussi.
– De ?
– Je n'aurais pas du faire... ça.

Yeonjun haussa les épaules.

– Et crois-moi, je prends sur toi pour t'en parler là. Ça n'a pas dû t'échapper que je te trouvais, euh...

Il passa une main dans ses cheveux, embêté. Yeonjun s'était tourné vers lui, un sourcil arqué, attendant la suite de sa petite tirade. Peut-être que Yeonjun n'avait tout simplement rien remarqué. Après tout, les autres non plus. Seul Kai avait réussi à comprendre, mais Kai était son meilleur ami. Il voyait en lui des choses que personne d'autre ne voyait.

– Que tu me plais beaucoup.

Les yeux de Yeonjun devinrent encore plus grands.

– Et je ne veux pas gâcher ce qu'il y a entre nous, notre amitié, l'ambiance du groupe... Crois-moi Yeonjun, c'est compliqué.
– Qui d'autre est au courant ?
– Personne. Enfin, Kai se doute de quelque chose, mais tu sais, c'est Kai, c'est -
– Tant mieux.

Un étrange silence s'installa, et Soobin continua de rester planté en face de lui, qui le dévisageait depuis son canapé. Il avait envie de s'enfuir, et pour la première fois depuis des années à présent, ce sentiment de honte l'envahit tout entier. Il n'avait pas le droit. Pas Yeonjun, pas l'un de ses plus proches amis, pas un garçon. Il n'avait pas le droit de faire ça. Tous les mauvais souvenirs de son collège remontèrent à la vitesse de l'éclair et ses mains se mirent à trembloter légèrement.

Désolé Soobin, mais, tu sais, à long terme, je ne me vois pas avec un gars.

Ça ne se fait pas.

Je ne suis pas sûr de pouvoir l'assumer, tu vois ?


– Soobin ?
– Pardon, je... J'étais ailleurs.

Sur son canapé, Yeonjun semblait perplexe. Lui aussi avait l'air de se triturer les méninges, de peser le pour et le contre. Mais peser le pour et le contre de quoi ? se demanda Soobin. Il s'en voulut immédiatement d'espérer que Yeonjun, de son côté, s'imagine des choses. Il s'en voulut pour Kai, à qui il avait répété qu'il n'y avait rien. Pour Jiwon, qui ne lui avait jamais fait de mal. Il culpabilisait, encore, pour s'être épris du mauvais garçon. Il avait l'impression de sombrer une nouvelle fois, comme après cette relation bancale qu'il avait eue il y a quelques années, avec ce garçon qui ne lui avait laissé que des souvenirs amers. Sans qu'il ne s'en rende compte, Yeonjun s'était levé pour se planter en face de lui, un air grave sur le visage.

– Que fait-on ?
– Comment ça ?
– J'arrête pas d'y penser Soobin. Le message, le baiser, ça me bouffe de l'intérieur. J'en ai marre de penser à toi à chaque fois que je m'égare.

Arrête, ferme là. Ne dis plus rien, s'il te plaît. Arrête Yeonjun.

Il aurait voulu lui poser la question, une bonne fois pour toutes, mais sa bouche resta close. Est-ce que je te plais aussi ? C'était trop beau pour être vrai, et Soobin n'avait jamais été un garçon chanceux sur ces choses-là. Il ne parvenait pas à s'ôter cette image de la tête, celle du visage effondré de Jiwon. Celle du regard sceptique de Kai à son encontre.

– Tu m'écoutes toujours ?

Non, il avait arrêté. Yeonjun était trop proche, dans sa bulle, son espace privé. Soobin louchait sur des lèvres qui lui étaient interdites et secoua la tête, sentant un vertige le prendre. Puis, en face de lui, le visage de Yeonjun sembla se radoucir. Cette fois-ci, il en était certain, ce fut Yeonjun qui l'embrassa en premier.

❘✶❘ ❘✶❘ ❘✶❘

Soobin poussa un soupir à fendre l'âme, et étira ses bras en avant. Il n'aimait pas attendre Kai en salle d'étude, et avait pris cette habitude de l'attendre dans la cour du lycée, dans les gradins qui donnaient sur le terrain de basket. Plus que dix petites minutes, et ils pourraient rentrer tous les deux chez lui pour une excellente soirée ; Soobin n'attendait que cela.

Une main lui tapota sur l'épaule, et il se retourna, surpris de trouver Beomgyu (seul) juste derrière lui. Ce dernier souriait – comme toujours – et vint s'asseoir à côté de lui avait l'avoir salué. Il le vit farfouiller dans son sac quelques instants, avant d'en sortir une enveloppe en kraft, les yeux brillants.

« J'ai pris plein de photos hier ! »

Soobin esquissa un sourire ; il l'avait bien remarqué. La veille, les garçons s'étaient retrouvés dans un parc non loin de leur lycée pour déjeuner en compagnie de Yeonjun. Il avait anticipé ce moment, avant de finalement voir que tout se déroulait parfaitement bien ; Yeonjun restait distant, presque trop, et rien de leur secret naissant n'avait éclaté au grand jour.

« Yeonjun m'a beaucoup fait rire ! »

Soobin plissa les yeux, heureux de le voir signer une phrase pareille. Hier, Beomgyu avait amené une tablette étrange, et avait passé une bonne quinzaine de minutes avec Yeonjun – tout aussi fasciné par l'objet – à communiquer. Taehyun les avait regardés avec le regard le plus fier qu'il avait en stock.

– C'était plaisant de vous voir comme ça, répondit Soobin en signant dans le même temps. C'est pour moi ?
« Oui ! »

Curieux, il déballa la photo et ouvrit de grands yeux en la découvrant. C'était lui, tout simplement. Lui qui semblait heureux, et qui riait devant Yeonjun faisant le pitre, comme bien souvent quand ils n'étaient que tous les cinq. Il y avait quelque chose qui se dégageait du cliché que Soobin ne parvenait pas à saisir. Beomgyu lui tapota le dos de la main, visiblement très fier de sa photo.

« Tu es très beau là-dessus ! »

Soobin se sentit rosir légèrement.

« Et j'aimais beaucoup l'ambiance. Vous sembliez dans votre propre univers. Elle était vraiment belle, je devais te la tirer, juste pour toi. »

Beomgyu le couvait d'un regard doux, difficile à traduire, et Soobin se demanda un instant s'il n'avait pas vu ce qui avait échappé au reste.

– Merci Gyu, merci beaucoup, elle est magnifique...
« Tu ferais un bon modèle photo, Taehyun est aussi de mon avis ! »

Soobin arqua un sourcil.

– Ne dites pas n'importe quoi...

Beomgyu pinça les lèvres, amusé.

Ils étaient rares, les moments où ils communiquaient tout simplement tous les deux. Mais Soobin ne les regrettait jamais. Et plus le temps passait, plus il se demandait si Beomgyu n'était pas cette personne que Taehyun avait attendue tant et tant d'années. Il se remémora des souvenirs qu'il avait enfouis avec le temps, qu'il gardait pour lui car précieux, mais dangereux pour leur relation. Il se remémorait un garçon abattu, que la vie avait décidé de malmener. Un garçon à qui il en manquait un autre, et ce fut seulement en cet instant que Soobin comprit qui il était. Il était sous ses yeux, avec ses cheveux blond platine, souriant comme toujours.

– Beomgyu ?

Ce dernier cligna des yeux, leva les sourcils.

– Ne change jamais s'il te plaît.

Beomgyu entrouvrit la bouche, et Soobin posa une main sur son épaule.

– Reste ce garçon qui nous rappelle qu'il ne faut jamais baisser les bras.

Beomgyu eut un air gêné, seulement quelques secondes, avant de le prendre dans ses bras sans prévenir.

Je vais garder cette photo précieusement Beomgyu. Je la regarderais dans les pires moments pour ne jamais oublier comment toi, tu me vois.

Et merci pour lui.

─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─

Hello ! Avouez-le, les chapitres soft ça fait du bien de temps en temps... ! Profitez-en, car on va vraiment arriver dans les chapitres les moins réjouissants de la fictions ! Prenez soin de vous par ces fortes chaleurs, portez-vous bien, et à la semaine prochaine !  ♥

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top