𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐯𝐢𝐧𝐠𝐭-𝐜𝐢𝐧𝐪

« Une voiture dans les bois »

❘✶❘




Taehyun regarda avec tout autant d'effarement que ses amis le métro rouler à vive allure sous leur nez. Le passage fut bref, mais totalement surréaliste. En un rien de temps, la machine de fer bruyante qui avait surgi d'entre les arbres s'enfonça de nouveau dans l'épaisse forêt, et bientôt, ils n'entendirent plus un seul son.

– Dites-moi que je ne suis pas le seul à avoir vu ce truc, marmonna Yeonjun, sonné.
– Oh que non, lui répondit-il.

Beomgyu le regardait avec des yeux ronds, comme s'il s'attendait à ce qu'il lui fournisse une explication rationnelle et logique, mais Taehyun n'en possédait aucune. Il était tout aussi perdu qu'eux, comme depuis leur arrivée sur cette île maudite.

– Mais... Où va-t-il...

La voix de Soobin avait été faible, pourtant, tous l'avaient entendu : et Soobin avait raison. Où allait ce métro ? Ils avaient vu tous ensemble les rails s'enfoncer dans les eaux bordant l'île. Il n'y avait aucun autre chemin. À aucun moment, les rails ne partaient en deux directions opposées. Il n'y en avait qu'une seule, et cette dernière se jetait dans la mer. Beomgyu se racla la gorge, et un son étranglé s'échappa de ses lèvres. Aussitôt, Taehyun se tourna vers lui.

« Nous ne devrions peut-être pas rester ici. »
– Si, le coupa Soobin. Je ne repars pas sans Kai.

Taehyun soupira, il était du même avis que le plus grand.

« Beomgyu » signa-t-il « Nous ne pouvons pas nous éloigner de cet endroit car nous le connaissons, et Kai pourrait revenir par ici. C'est ici que nous sommes tous revenus. »

Beomgyu secoua la tête, visiblement énervé. Que lui arrivait-il enfin ? Taehyun soupira une nouvelle fois, ses sourcils fins légèrement froncés. Il avait pourtant eu l'impression de s'être fait comprendre une première fois, mais Beomgyu revenait une nouvelle fois sur son projet de quitter la clairière.

– Quelqu'un peut me traduire ? questionna Yeonjun d'une voix lasse.
– Beomgyu souhaite que nous fichions le camp d'ici, pour aller dans l'endroit avec lequel il nous bassine depuis son retour, pesta Taehyun.

Beomgyu ouvrit de grands yeux et détourna le regard. Merde. Taehyun, tu... Tu as parlé trop vite. Mais la colère le gagnait peu à peu. Il était toujours trempé, couvert de sable par endroit, et mal à l'aise. Ses visions sur la plage l'avaient retourné, presque écœuré. Il n'arrivait pas à s'ôter de la tête que là-bas, sur une plage qui n'existait sans doute pas, un Beomgyu différent de celui qu'il connaissait était mort. Un Beomgyu pourvu de la parole. Un Beomgyu qui avait aussi été son meilleur ami.

Et tout cela l'avait chamboulé plus qu'il ne souhaitait se l'admettre. L'espace d'un instant, quand l'autre Beomgyu avait pris la parole, il avait imaginé son meilleur ami prendre la parole à son tour, avec cette même voix grave et posée qui l'avait retourné. Il avait imaginé avoir une discussion orale. Il avait imaginé une relation moins ardue, plus facile. Trop simple. Et Taehyun s'en était immédiatement voulu. Ce sentiment lui avait retourné l'estomac, il s'était senti coupable, avant de se mettre en colère contre lui-même.



Il s'approcha de Beomgyu, qui esquiva son geste de la main, vexé. Merde, merde ce n'est pas le moment, Gyu... Pas maintenant.

– Pardon.

Un bruyant soupir lui fit lever les yeux quand il croisa le regard blasé de Yeonjun. Son ami s'était assis par terre, faisant fi du sol qui laisserait de nouvelles traces sur ses vêtements.

– Je suis exténué, souffla-t-il.

Taehyun vit Soobin s'agenouiller devant lui.

– Tout va bien ? Tu as du mal à respirer encore ?
– Nan. J'ai juste s'per mal partout. Et mes mains me font souffrir putain.

Taehyun avisa lesdites mains et serra les dents. Le sang avait imbibé le tissu de sa chemise rouge à carreaux.

– Il faudra retirer le dès que ça ira un peu mieux... Il ne faut pas que les croûtes se forment avec le tissu, souffla-t-il.

Soobin retroussa son petit nez rond, dégoutté par ses propos.

– Et toi Soobin ?

Il haussa les épaules.

– Eh bien, hormis le fait que je ne sente toujours pas certaines parties de mon corps, que ce dernier est totalement ravagé par endroits... Je n'ai plus mal. Je suppose que le pire était sur l'instant...

Il grattouilla l'une de ses joues, rouges et avec quelques traces de piqûres.

– Je suis le plus beau de nous tous, rigola-t-il.

Taehyun esquissa un sourire amusé, aussitôt imité par Yeonjun. Puis il coula un regard doux à Beomgyu, qui n'avait pas flanché. Lui, n'avait pas une égratignure.

– Gyu ?

Pas de signe en retour.

– Eh, tu pourrais au moins répondre...

Soobin et Yeonjun le regardèrent sans rien dire, un air peiné sur chacun de leur visage. Taehyun soupira, et alla s'asseoir à côté de Yeonjun, aussitôt imité par Soobin. Il se fit le commentaire qu'ils étaient bien trop mal en point pour survivre une journée de plus sur cette île, avant que Soobin ne se penche vers eux, triturant ses doigts.

– Taehyun, tu as dit que, là où tu te trouvais, tu m'avais vu...
– Mmm, ouais.

Yeonjun se redressa, l'air subitement intéressé. Taehyun passa une main dans ses cheveux rêches, et retrouva du sable sous ses ongles, le dégouttant immédiatement.

– Je suis arrivé sur une plage, que je connais. C'est celle où je me rendais tous les étés avec ma famille jusqu'à la fin du lycée.
– Oh.
– Et Beomgyu était là, et toi aussi. Enfin, Beomgyu était...

Il le vit, un peu plus loin, proche des rails, et souffla : il était bel et bien en train de bouder, à une distance raisonnable d'eux tout de même.

– Beomgyu était mort.
– Pardon ?
– Il était là, mais, sous forme de... Fantôme ? Tu vois le genre ?

Yeonjun laissa échapper un rire sans joie, avant de répondre :

– C'est complètement... Aberrant.
– Je sais, mais je te promets que c'est la vérité.
– Je te crois, Taehyun, mais... Cette histoire n'a pas de sens...
– Et moi ? demanda Soobin. Je faisais quoi ?
– Tu... On... Avait l'air de bien s'entendre.

Il riva son regard sur les bois qui entouraient la clairière, ne souhaitant pas s'étendre plus longuement sur le sujet. De vieux souvenirs jusque-là bien enterrés refaisaient surface un à un depuis qu'il avait vu le couple sur la plage, jouant dans les vagues. Et je ne veux pas de ces souvenirs. Yeonjun, coincé entre eux leva un sourcil, visiblement curieux lui aussi.

– Et c'est tout. On était là, Beomgyu est arrivé, puis il m'a parlé de vies rêvées, et il a essayé de me noyer.
– Sympa, marmonna Yeonjun.
– Et toi Soobin ?
– Euh, eh bien, j'étais dans notre ancien lycée. Tu étais là, avec Beomgyu, mais je n'ai fait que vous croiser. Vous n'aviez pas l'air de bien vous entendre avec Yeonjun, que vous cherchiez partout... Alors je l'ai cherché, et je l'ai trouvé. Tu étais blond d'ailleurs.
– Blond ? Oh mon dieu, quelle horreur...
– Ça t'allait plutôt bien, fit Soobin en haussa les épaules, et Yeonjun fit une moue.
– Et du coup ? Il s'est passé quoi avant que tu ne te fasses agresser par... ces choses... ?
– Euh, eh bien, un autre Soobin était là aussi. Et je... c'est tout.
– Rassure-moi, toi au moins tu avais l'air de m'apprécier ? Parce que si Taehyun et Beomgyu me détestaient...
– Est-ce que tu te prends d'empathie pour un autre toi irréel ? rigola Taehyun.
– Ça reste un autre moi ! Un autre moi blond, sans doute un gros looser... J'espère qu'il avait au moins un pote !
– Tu n'étais pas un looser, affirma Soobin. Enfin, je pense. J'en avais l'intime conviction en te voyant. Et nous étions ensemble, alors je suppose que ça va, tu n'étais pas seul.

Yeonjun ouvrit de grands yeux, et la bouche de Taehyun s'entrouvrit légèrement.

– Ensemble... Ensemble ?
– Ouais.
– Ah.

Sentant le vent tourner, Taehyun se gratta bruyamment la gorge, mais avant qu'il ne puisse en placer une, Soobin continua sur sa lancée.

– Avant les araignées, je pense tout simplement que l'île voulait jouer avec mes sentiments, mes souvenirs, et -
– Stop, arrête-toi là, grogna Yeonjun.
– Quoi ? Merde, Yeonjun, mon béguin pour toi au lycée n'est un secret pour personne ici...

Taehyun opina du chef.

– Ouais mais... c'est bon, on a compris.

Malgré son visage éraflé et les traces de sang qu'il avait encore sur le visage, Taehyun n'eut aucun doute sur la couleur rosé que venaient de prendre ses joues. Il leva les yeux au ciel, un peu agacé par ce trop-plein de faux semblants les connaissant. Soobin avait raison : cela n'avait été un secret pour personne. Si Kai, Beomgyu et lui s'étaient sans doute interrogés sur la véritable nature de leur relation (Taehyun en avait une idée assez précise), il n'avait jamais échappé à personne que Soobin avait profondément été sous le charme de l'aîné de leur petit groupe d'amis. Il s'apprêtait donc à détendre l'ambiance, quand soudain, Beomgyu s'avança vers eux, un air décidé sur le visage.

« Il faut qu'on parte ! »
– Oh bordel mais..., commença à rager Yeonjun qui comprenait plus ou moins que Beomgyu débutait une énième crise de nerfs.
– Kai n'est toujours pas là, répondit Taehyun le plus doucement possible.
« Tu ne comprends pas, je ne peux pas rester ici, s'il te plaît. »

Alerté, il se redressa légèrement et regarda un peu partout autour de lui, aussitôt imité par Soobin qui avait traduit les gestes de Beomgyu. Ce dernier s'agenouilla devant lui, et posa ses mains sur ses épaules pour le secouer avec vivacité, avant de se remettre à signer précipitamment.

« On doit retrouver la chambre numéro dix-sept, nous y serons tous en sécurité. »
– Beomgyu nous -
« S'il te plaît, je sens qu'il n'est pas loin, et j'ai peur. »

Taehyun fronça les sourcils, interrogeant Soobin du regard.

– Quoi, il dit quoi ?

Beomgyu agita nerveusement les mains, dans un fouillis que Taehyun peina à traduire, mais qui n'avait rien de très glorieux.

– Eh ! Ne l'insulte pas !
– Il m'insulte ? T'as voulu me faire brûler vif dans une forêt, et maintenant, tu m'insultes ?

Taehyun blêmit d'un seul coup, Yeonjun se redressa, hors de lui, et Beomgyu recula d'un pas, manquant de tomber en arrière, visiblement effrayé.

– O-on se calme, commença Soobin.
– Il nous fait chier sans dec ! Taehyun, pourquoi tu ne lui dis pas d'attendre sagement bordel !
– C'est pas un animal en cage, tu peux lui dire toi-même.
– Il pige jamais rien !

Taehyun se releva à son tour, et le fusilla du regard.

– Répète pour voir ?
– Oh non, les gars, s'il vous plaît..., geignit Soobin. Ne vous faites pas avoir... Nous sommes tous à fleur de peau, Yeonjun ne le pensait pas, Beomgyu a peur et c'est normal, hein Beom, c'est... Beomgyu ?

Taehyun se retourna au même instant pour le voir s'éloigner d'un pas décidé vers la forêt.

– BEOMGYU ! hurla Taehyun.


Pourquoi est-ce que nous perdions tous les pédales un à un, hein ? Pourquoi tu me faisais ce coup-là, maintenant, Beomgyu,hein ? Je n'en pouvais plus d'être écartelé entre Yeonjun et toi à chaque prise de parole. D'un côté, mon meilleur ami, et l'autre, toi, la personne la plus précieuse à mes yeux. Pourquoi avait-il toujours fallu que je compose pour que tout aille bien entre tout le monde... Pourquoi est-ce que malgré moi, ce rôle m'était tombé dessus ? Je n'avais fait que souhaiter notre amitié à tous, rien de plus.


Mais Beomgyu marchait d'un air décidé, aussi, Taehyun s'élança à sa poursuite, aussitôt suivi par les deux autres. Les membres toujours engourdis, la vision troublée par la fatigue, Taehyun essaya de lui attraper le bras, mais Beomgyu se dégagea avec force. Il accéléra le mouvement, et Taehyun se retourna brièvement pour voir Soobin et Yeonjun claudiquer vers eux, épuisés tout autant que lui.

– MERDE BEOMGYU REVIENS PUTAIN !

Il n'avait jamais autant haussé le ton sur le brunet mais la situation l'exigeait. Et Beomgyu n'en démordait pas, comme guidé par une peur invisible.

– Il faut qu'on retrouve Kai ! glapit Soobin.

Mais Taehyun savait pertinemment que cela était peine perdue : Beomgyu avait une idée en tête. Et il avait toujours été impossible de les lui faire oublier quand il devenait aussi buté. Il avait développé ce trait de caractère peu de temps après le lycée, aussitôt plongé dans la vie d'adulte. Le choc terrible que cela avait été de se retrouver presque seul l'avait déstabilisé, presque détruit, et Taehyun savait que Beomgyu avait cherché par tous les moyens à se forger une nouvelle carapace.

Ils marchèrent encore quelques instants, avant que Beomgyu ne s'arrête brutalement. Taehyun pila net derrière lui, aussitôt imité des deux autres garçons et interrogea Beomgyu du regard. Ce dernier resta droit comme un piquet, les yeux rivés sur quelque chose qu'ils ne tardèrent pas à découvrir tous ensemble. Là, derrière un amas de mousse et de branches, se trouvait une voiture enfoncée dans un arbre. Les pneus étaient à plat, la carrosserie abîmée et rouillée. Le choc avait été si rude, que l'avant de la voiture avait été complètement défoncé. Beomgyu ouvrit la bouche, fébrile, et un son plaintif en sortit.

– Putain...

Taehyun le regarda s'avancer vers la carcasse de ferraille, les jambes tremblantes.

– Que...
– C'est sa voiture.

Beomgyu ne lui avait jamais montré le modèle, ni même expliqué en détail la nature de son accident, mais Taehyun avait compris immédiatement.

– Sa voiture ?

Beomgyu avait posé une main sur la peinture défraîchie, et ils l'entendirent renifler au loin.

– Celle dans laquelle il était, le jour de son accident.

Yeonjun et Soobin ne répondirent rien, blanc comme des linges. Taehyun se rapprocha doucement de Beomgyu et posa une main sur son épaule.

– Ce n'était pas censé être sur la route, hein ?

Beomgyu secoua la tête, et la peur s'empara soudain de lui. Il n'aimait pas ça du tout. Il se retourna, blême, vers ses deux autres amis qui eux aussi peinaient à garder le menton relevé. Il lui sembla que l'atmosphère autour de lui venait de devenir beaucoup plus étouffante, et une odeur particulière lui chatouilla soudain les narines.

Une odeur particulière, qu'il connaissait sur le bout des doigts. Une odeur de propreté irréprochable, d'un environnement qu'il côtoyait quasi quotidiennement pendant ses études.

– Taehyun...

La voix de Soobin n'avait été qu'un murmure.

– Il y a un truc qui vient par ici.

Soobin déglutit en prononçant ses mots, et Yeonjun s'agrippa à son bras.

– Je l'entends, il vient de loin, mais... Ce truc arrive de plus en plus vite.

Les battements de son cœur devinrent de plus en plus rapides. Instinctivement, il recula de la voiture, essayant d'avoir une vue d'ensemble. Ses yeux farfouillaient l'horizon, espérant ne pas croiser ce qu'ils redoutaient tous.


Je refusais d'affronter un autre cauchemar maintenant. Nous n'y survivrions pas.


Beomgyu continuait son inspection du véhicule, et Taehyun lui souffla de revenir près d'eux. Il avait tous ses sens en alerte, tandis qu'à ses côtés, il sentait Soobin se tendre peu à peu. Les yeux de son ami étaient grands ouverts, en alerte, le menton légèrement redressé pour se concentrer davantage.

– Beomgyu, continuons, ne restons pas là, le héla Taehyun.

Beomgyu releva la tête et opina du chef.

Et soudain, quelque chose dans les buissons derrière lui s'agita. Taehyun se figea, comme Yeonjun et Soobin près de lui. Tétanisé, il vit une masse sombre et informe s'extirper avec lenteur des feuillages émeraude. Elle avait comme de longs doigts épais, tout aussi lugubres que le reste de son corps, qui caressaient le sol sur lequel elle se déplaçait. Complètement paralysé, sa bouche peina à s'ouvrir pour en laisser s'échapper un léger son de détresse. Sa main se leva au même moment que celle de l'ombre derrière Beomgyu.

– BEOMGYU !

Ce fut Yeonjun qui retrouva la parole en premier. Sorti de sa torpeur, Taehyun s'élança, oubliant la chose infâme qui se dressait derrière son ami. Beomgyu se retourna à ce moment-là, sans comprendre, et Taehyun le vit avec horreur se figer face à la chose qui se tenait désormais face à lui.

Il était persuadé que cela n'était pas sa véritable forme. Face à eux, se tenait l'ombre que Kai et Beomgyu avaient tous les deux vue dans la grotte. Elle n'avait ni forme précise, ni matière proprement définie. Il distinguait un corps mince légèrement humanoïde, des bras maigres et tordus. C'était l'ombre qu'ils avaient tous vue dans la clairière une dizaine de minutes auparavant. Seulement, cette fois-ci, elle ne resta pas en retrait. Beomgyu tituba en arrière, et alors que Taehyun se jeta sur lui pour lui attraper le poignet, un cri rauque accompagné d'une bourrasque puissante le projeta en arrière, lui, et les deux autres garçons. Il retomba sur son séant, à moitié sonné par le cri, ces odeurs médicales qu'il avait senti tantôt, qui lui empoisonnaient les narines. Dans la masse ébène se découpa une rangée de dents longues et tordues, et Taehyun hurla, aussitôt imité de Soobin et Yeonjun. La peur s'empara de ses entrailles, devant ce monstre cauchemardesque.

Toujours au sol, Beomgyu se retourna dans un dernier espoir de les rejoindre, mais la chose enroula ce qui s'apparentait à de longs doigts autour de ses deux chevilles et le tira en arrière. Le souffle coupé, dans l'incapacité de hurler comme il aurait voulu le faire, Beomgyu ouvrit grand la bouche en s'agitant, les yeux exorbités.

– BEOMGYU !

Taehyun se releva et la chose en face de lui hurla de nouveau, ce son rauque et absolument terrifiant, et son corps sembla s'élargir légèrement, lui donnant un air bien plus impressionnant.

– LÂCHE-LE !

Il se jeta en avant, et chuta, alors que le corps de Beomgyu lui échappa de peu. Il effleura à peine le bout de ses doigts, le souffle coupé par sa chute.


Non... !


Ses yeux croisèrent une dernière fois les siens avant que Beomgyu ne disparaisse derrière un buisson, après avoir lâché un son plaintif. Ses yeux étaient baignés de larmes, et de peur. En cet instant où Taehyun croisa son regard pour ce qu'il craignait être la dernière fois, il hurla.

Yeonjun et Soobin se ruèrent sur lui, pour l'encercler de leur bras tandis qu'il se débattait pour rejoindre Beomgyu, tentant vainement de le retrouver. Il se dégagea de leur étreinte et se mit à courir. Il n'avait aucune idée de l'endroit où il se rendait, de la piste qu'il suivait. Dans la forêt, rien ne laissait deviner qu'un garçon venait d'être enlevé par une force monstrueuse. Aucune trace de lutte, aucune brindille écrasée, le sol semblait dépourvu de toute trace de passage. Le visage humide, baigné par des larmes qu'il ne cherchait même plus à retenir, Taehyun se laissa tomber à genoux, et laissa échapper un râle de désespoir. Derrière lui ses amis arrivèrent, essoufflés, et s'agenouillèrent à nouveau auprès de lui.

– Taehyun...

Il balaya leurs mots doux d'un geste de la main, les yeux exorbités et rivés sur le sol.

Pas toi. Il n'avait pas pu t'arracher à moi. C'était impossible. Pas toi Beomgyu.





– Taehyun, on...

La voix de Soobin était incertaine, faiblarde. Et Taehyun ne chercha même pas à le rembarrer. Son cœur tambourinait si fort dans sa poitrine, qu'il eut l'impression qu'ici n'importe qui pouvait l'entendre. Il se foutait de leur réconfort. Il se foutait de Soobin qui caressait ses épaules, et tentait de calmer son corps tremblant. Il se foutait encore plus de Yeonjun qui essayait de le rassurer. Il se foutait d'où pouvait bien être Kai. Il se foutait de se retrouver dans cette forêt, peut-être coincé pour toujours. Il se foutait d'être dans un monde cauchemardesque, de se faire à nouveau noyer par des fantômes d'un passé qui n'avait jamais existé. Qu'un incendie ravage les arbres autour d'eux, qu'un énième train leur passe sous le nez, une nouvelle grotte dans laquelle ils se retrouveraient coincés... Plus rien ne lui importait.

Le centre de son monde venait de s'envoler.

Et Taehyun se sentait détruit pour la seconde fois de sa vie.





─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─

*évite les projectiles*

Bon euh, voilà, j'espère que ce chapitre vous aura plu, soyez cool avec moi s'il vous plait D8 J'avais vraiment adoré l'écrire - les chapitres dans le genre c'est mon dada - même s'il m'a fait aussi bien mal. Après celui de la semaine dernière, il faut dire que j'enchaîne...

Je vous dis à mercredi prochain pour la suite ! (et merci aux petits nouveaux qui arrivent par ici, à ceux qui recommandent également ma fiction sur la plateforme, ça me fait vraiment très chaud au coeur ♥)

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top