𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐭𝐫𝐞𝐧𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐮𝐧
« Amandes douces et orage nocturne »
❘✶❘
Il y a quatre ans.
Yeonjun regardait avec consternation les divers aliments qu'il avait sous les yeux. En se rendant chez Taehyun, il avait à peu près tout imaginé sauf se retrouver embarqué dans une activité culinaire. Il lui avait téléphoné, démoralisé et au bout du rouleau, et comme toujours, Taehyun s'était empressé de l'écouter et de l'inviter chez lui. Il avait passé tout son trajet suspendu au téléphone, avec à l'autre bout du fil un Taehyun à l'écoute.
Dans quelques mois, il deviendrait un grand frère. La nouvelle était tombée la veille, et à ce moment-là, Yeonjun avait vu son monde tout entier s'écrouler. La famille Choi n'avait pas souhaité confirmer les choses avant quelques semaines, et quelques tests pour confirmer la grossesse, mais à présent, ils y étaient. Il avait accompagné ses parents dans un restaurant luxueux pour fêter la nouvelle, sans une once de joie en lui. Il avait feint son sourire toute la soirée, feint ses compliments et ses rires aussi. Sa mère semblait revivre. Son père également. Et les voir si heureux le peina encore plus. Mais il refusait de tout gâcher. Il refusait que sa mauvaise humeur et sa peur prennent le dessus et gâche ce moment si précieux pour eux. Il avait serré longuement sa mère dans ses bras, et malgré tout ce qu'il ressentait au plus profond de lui, l'avait félicitée.
Il avait ignoré les messages de Soobin toute la soirée, puis le monde tout entier. Il s'était enfermé dans sa chambre avant de hurler dans ses draps, et de se défouler sur tout ce qu'il avait sous la main. Quand il était retombé dans ses draps, essoufflé, Yeonjun réalisa que plus rien ne serait jamais pareil. Il avait attendu le lendemain seulement pour l'annoncer à Taehyun, ou du moins, lui confirmer ce qu'il savait déjà, puis au reste de la bande. Ils avaient été surpris, puis l'avaient félicité, l'inondant de messages transpirant la gentillesse et la joie qui étaient de mise lors de ce genre d'annonce. Il avait répondu comme s'il était tout aussi emballé par la nouvelle. Mais au fond, tous avaient compris que quelque chose clochait.
Je ne veux pas être remplacé, avait-il murmuré au téléphone avec Taehyun.
Et ce dernier s'était efforcé de le rassurer. Lui ne s'était jamais senti effacé par sa jeune sœur. Il n'y avait aucune raison de s'inquiéter. Tes parents t'aiment Yeonjun, et ça se voit. Alors pourquoi peinait-il à le croire maintenant ?
– Yeonjun ? Tu me passes le plat ?
Yeonjun sursauta, et leva les yeux vers Taehyun qui lui tendait la main.
– Le plat à quoi, tu en as sorti des tonnes...
En face de lui, de l'autre côté de la table-bar, Beomgyu esquissa un sourire amusé. Il avait espéré se retrouver seul avec Taehyun, mais Beomgyu avait semblé de très bonne humeur en le voyant, et avait chassé sa moue en un sourire. Ce dernier s'était empressé d'attraper sa tablette flambant neuve et de la lui montrer, tout sourire. La première fois, cela avait été dans le parc. Et Yeonjun avait été agréablement surpris de voir à quel point l'outil leur avait permis d'avoir une conversation plus que complète. Elle était un énième cadeau de Taehyun, encore un. Mais Yeonjun n'était pas prêt d'oublier ce regard émerveillé que son meilleur ami leur avait porté cette toute première fois, et toutes celles qui avait suivi dès lors qu'il se retrouvait à converser avec Beomgyu de cette nouvelle manière.
– Le plat rectangle !
Perdu il regarda autour de lui, constatant plusieurs plats de cette forme, et Beomgyu lui poussa discrètement le bon sous les yeux. Il le remercia d'un signe de la tête et le tendit à Taehyun.
– Alors, comment on fait ces machins-là...
Taehyun était rigolo quand il découvrait de nouvelles choses. Beomgyu pouffa, avant de se lever et d'aller allumer la télévision qui leur faisait face.
– Pourquoi tu veux à tout prix faire ces gâteaux ? Il y a une occasion spéciale ?
– Beomgyu en mangeait quand il était gosse, et j'avais envie d'occuper mon temps libre en apprenant une nouvelle chose.
Yeonjun haussa les épaules.
– Et je suis heureux de faire ça avec vous et- ... Beomgyu, sérieux...
Yeonjun releva les yeux pour le voir planté devant la télévision, les yeux grands ouverts. Au plus grand désarroi de Taehyun, il avait sélectionné la chaîne musicale.
– Ne râle pas comme ça, s'amusa Yeonjun.
– Il va encore avoir des envies capillaires extravagantes !
– Il est déjà blond platine. J'te rappelle que Soobin s'est mis en tête d'être son coiffeur attitré, tu n'es pas prêt de le retrouver avec ses cheveux noirs, rigola-t-il.
– Tsss...
À ce moment-là Beomgyu se retourna, tout sourire, avant de se rasseoir sur son tabouret.
« J'aime beaucoup ces cheveux rouges ! » signa-t-il en désignant la télévision, en usant ensuite de sa tablette pour que Yeonjun comprenne. Il leva la tête vers l'écran pour apercevoir brièvement un type aux cheveux flamboyants et esquissa un sourire.
– Beurk, se contenta de répondre Taehyun en déposant un peu de farine sur son plan de travail.
Yeonjun éclata de rire : il savait que Taehyun ne portait ni le groupe dans son coeur, ni leur musique, ni toute l'admiration et l'amour que Beomgyu leur portait. En particulier ce type sur qui il phasait en permanence.
– Laisse tomber Beomgyu !
« Pas pour moi, pour lui ! »
Yeonjun fronça les sourcils, et Beomgyu s'empressa d'attraper sa tablette pour lui répéter ses mots.
– Oh ! Eh, Taehyun, c'était pour toi les cheveux rouges !
– Très drôle, je me marre comme un fou... Tiens, passe-moi la pâte de patate douce !
Beomgyu lui fit glisser le pot.
– Désolé Beomgyu, mais honnêtement, j'ai d'autres priorités plus urgentes que teindre mes cheveux en rouge.
Yeonjun vit le blond hausser les épaules, avant de se retourner face à l'écran géant.
– Regardez-vous, on aurait dit un vieux couple, rigola-t-il.
Taehyun lui jeta un regard froid et Yeonjun leva les mains en l'air, comme si de rien n'était. Il savait depuis le temps que ses petites piques sur le sujet ne le faisaient pas rire, mais cela était plus fort que lui : il n'avait jamais perdu cette habitude de taquiner son ami sur le sujet. Et sans doute ne la perdrait-il jamais.
– Merci au fait...
– Pour quoi ?
– De m'avoir écouté hier soir.
– Les amis servent à ça.
– Oui mais...
– Yeonjun, tu es en droit de te plaindre de temps en temps. Il n'est jamais bon de tout garder pour soi.
– Dit-il...
– Eh, moi, je gère. Toi, en revanche, tu avais besoin de vider ton sac.
– J'espère que le bébé sera moche.
– Tous les bébés sont moches. Et c'est puéril comme pensée ça, Yeonjun.
– Tu te rends compte des années que l'on va avoir de différence ! C'est complètement débile putain.
Taehyun haussa les épaules avant de faire de petites boules parfaitement rondes avec sa pâte.
– Ça me colle aux doigts..., râla-t-il.
– Tu ne fais pas souvent la cuisine, si ?
– Parce que toi oui ?
– Ouais, je cuisine comme un chef.
Taehyun arqua un sourcil.
– Permets-moi d'avoir un doute, rigola-t-il. Je cuisine peu, mais bien.
– Eh, Beomgyu...
Beomgyu se retourna, surpris que Yeonjun s'adresse directement à lui.
– Est-ce que Taehyun cuisine bien ?
Il s'empressa de lui répondre que oui et Yeonjun soupira, amusé.
– T'es pas un jury très impartial...
Il regarda Beomgyu mettre ses doigts dans le plat, et l'imita, trop heureux qu'il craque le premier : Taehyun ne lui disait jamais rien. Il vit bien Taehyun se retenir de toute réflexion, avant de déposer des petites amandes sur chacune de ses petites boules de pâte. C'était très rond, très aligné, très Taehyun. Le plan de travail était impeccable, même la farine étalée sur ce dernier semblait ne pas vouloir dépasser de la zone que Taehyun lui avait dédiée. Jusque dans la cuisine ses drôles de tocs le poursuivaient, et Yeonjun s'en amusa une nouvelle fois.
– Alors, je dois mettre ça dans le four et... Beomgyu, j'espère au moins que tu auras la décence de nettoyer.
Beomgyu leva un pouce en l'air.
– Toi aussi Yeonjun.
– Oui chef !
– Mmm, je vais inviter les autres.
– Les autres ?
– Ouais, tu sais, Kai et Soobin, deux types qui semblent squatter avec nous depuis quelque temps déjà...
– Ça va, j'avais compris, c'était une question qui n'attendait pas de réponse...
– Une question attend forcément une réponse.
– Tu... Laisse tomber.
Taehyun plissa les yeux, comme s'il s'évertuait à chercher le sens de leur discussion.
– Ne me regarde pas comme ça, finit-il par lâcher. J'en ai vraiment fait beaucoup !
Yeonjun avait espéré que ses retrouvailles avec Soobin ne se feraient pas aussi vite, et dans un cadre qu'il aurait lui-même décidé.
❘✶❘
Il stressait. Et c'était une chose rare de voir Yeonjun stresser. Il regardait l'heure sur son portable toutes les deux secondes, comme s'il espérerait voir le temps remonter. Ou avancer un peu plus vite, il ne savait pas trop. Il avait envie de voir Soobin. Très envie. Les images de leur dernier tête-à-tête lui trottaient dans les méninges, et il ne parvenait pas à s'en débarrasser. Il avait pensé à leur dernier baiser dans son salon tous les jours l'ayant suivi. Cette fois-ci, il l'avait initié, et il n'était plus question de se draper dans le mensonge.
La sonnerie du grand appartement le sortit de ses pensées. Aussitôt, Taehyun se rua dans l'entrée pour leur ouvrir. Kai et Soobin semblaient avoir pris la pluie en chemin, et Taehyun s'empressa de leur apporter des serviettes à peine eurent-ils mis un pied dans le salon. Presque – trop – timidement, Yeonjun les salua avant de retourner dans la cuisine pour vérifier la cuisson des gâteaux. Depuis son poste, il entendit Kai s'extasier une nouvelle fois sur les cheveux de Beomgyu, et Soobin lui proposer d'éclaircir à nouveau tout ça. Taehyun arriva en râlant et en lui lançant une nouvelle serviette à la figure, accompagné d'un « tu en as déjà assez fait » et Yeonjun pouffa, tout seul dans son coin. Finalement, les quatre autres se retrouvèrent bien vite dans la cuisine. Kai prit place sur l'un des tabourets, à côté de Beomgyu qui lui montra à son tour sa tablette. Immédiatement Kai s'y plongea. Taehyun le poussa de devant le four, les sourcils froncés.
– Yeonjun ! Tu ne sers à rien !
Soobin lui souriait. D'un sourire adorable qui lui donnait envie de pincer ces joues. C'était absurde.
– Eh ! Tu m'écoutes ? Il fallait descendre la plaque ! Ils vont être ratés à cause de toi !
Yeonjun le fusilla du regard.
– Oh mon dieu !
– Quoi ?
– Une de mes amandes est devenue brune !
Sentant sans doute le drame arriver, Beomgyu se leva pour regarder par-dessus l'épaule de Taehyun, et, après avoir enfilé un gant à la va-vite, lui retira le plat des mains. Soobin avait toujours ce sourire amusé, mais cette fois-ci, il ne lui était plus adressé.
– Yeonjun ! Tu -
Beomgyu déposa le plat et retira les gants. Il signa quelque chose et Taehyun sembla se radoucir.
– Mais tu n'aimes pas quand c'est trop cuit.
Yeonjun leva les yeux au plafond ; ils étaient repartis sur une énième crise de Taehyun. Kai n'avait pas bougé de son siège, toujours en pleine découverte de la tablette, plongé dans son petit monde. Soobin contourna à son tour la table, et posa ses deux grandes mains sur les épaules fines de Taehyun, l'obligeant à poser ses fesses sur un tabouret.
– Allons, allons, ça va aller !
– Mais -
– Ils sont parfaits tes gâteaux, Beomgyu vient de te le confirmer. Et Yeonjun est un boulet, ce n'est pas vraiment une nouveauté !
– Eh !
Soobin lui intima de se taire en un regard et Yeonjun se rembrunit. Avec Beomgyu il possédait ce pouvoir étrange de raisonner Taehyun plutôt rapidement, là où Kai laissait complètement tomber, et où Yeonjun cherchait à envenimer un peu plus la situation.
– Je vais en prendre un, et te montrer que -
– Malheureux ! Ils sortent du four !
Soobin éclata de rire, et ce fut plus fort que lui, tout le monde dans la pièce l'imita à l'exception de Taehyun qui les regarda sans comprendre.
– Il faut que tu apprennes à te détendre, lui souffla Yeonjun.
Il eut le droit en retour à un regard de travers, et à un geste grossier du doigt.
Yeonjun adorait ce genre d'ambiance. Il aimait beaucoup les jeux de société et il aimait en faire avec ses amis. Même si pour l'heure, il perdait, et de loin. Kai et Soobin étaient aux aboies eux aussi. De l'autre côté de la table, Taehyun écumait, et pour cause : Beomgyu qui ne comprenait rien remportait toutes les manches. Yeonjun, qui avait décidé d'accepter sa future défaite, s'en amusait complètement. Le blond était complètement perdu, jouait au hasard ou invoquait des cartes pour leur design. Et gagnait. Taehyun s'arrachait les cheveux à essayer de comprendre une stratégie qui n'existait pas, Kai trichait avec Soobin depuis le début du jeu, et Yeonjun ne put s'empêcher de ressentir cette petite pointe de jalousie qui fleurissait en lui à chaque fois que ces deux-là se jetaient un regard un peu trop complice.
– Raaah ! Mais c'est pas vrai ça !
Et à la surprise générale Taehyun arracha les cartes des mains de Beomgyu et poussa un hurlement étranglé en voyant son jeu.
– Mais... Mais ! Tu devais poser ça ! Puis ça ! Ta manière de faire n'a aucune logique bon sang ! Qu'est-ce que... Quoi ?
Beomgyu lui fit signe de ralentir, visiblement perdu dans ses propos.
– Taehyun, tu devrais lui rendre son jeu, tu n'as pas le droit de faire ça, rigola Kai.
– Et toi ! Toi tu triches le début avec cet abruti !
Yeonjun éclata de rire, Beomgyu les regardait avec un air confus tandis que Taehyun continuait de râler dans son coin.
– Je ne l'ai jamais vu aussi survolté..., lui chuchota Soobin qui venait de se pencher vers lui.
– Si tu veux mon avis, c'est l'épisode des gâteaux, ça l'a chamboulé.
– Et vous ! Vous là ! Je vous entends !
Taehyun reposa le jeu de Beomgyu qui s'empressa de regarder ses cartes comme si ces dernières avaient miraculeusement changé.
– Pourquoi on ne joue jamais normalement avec vous ! En suivant les règles...
– Nous suivions les règles, protesta Yeonjun. J'étais justement en train de perdre à la loyale ! Et Beomgyu était en train de gagner, tu es juste mauvais perdant.
– Je ne suis pas un mauvais perdant !
Voulant très certainement bien faire, Beomgyu échangea son jeu avec Taehyun qui manqua de s'étouffer avec sa salive.
– Ah non ! Non non non !
Yeonjun se retenait de hurler de rire à nouveau. Kai avait abandonné, il était par terre, plié en deux, avec un Soobin qui lui donnait de grandes tapes dans le dos en l'accompagnant dans son fou rire. Yeonjun vit son meilleur ami se lever, un air mécontent scotché sur le visage, et filer dans la cuisine en râlant. Beomgyu lui jeta un regard perplexe avant de le suivre.
Les gâteaux de Taehyun étaient très bons, Yeonjun s'empressa de le lui dire une fois sa petite crise de perdant passé. Fidèle à lui-même Soobin en engloutit plusieurs en chantant les louanges de Taehyun et de son talent en cuisine. L'après-midi défila à une allure phénoménale, et quand arriva le moment de rentrer, Yeonjun se fit la réflexion qu'il avait réussi. Pas un seul instant de gêne avec Soobin. Pas une seule remarque à propos de ce qui s'était passé entre eux ne leur avait échappé. En fin de compte, tout s'était déroulé comme si de rien n'était, pour son plus grand bonheur.
– Beom, tu rentres avec nous ? demanda Soobin.
Ce dernier eut l'air mal à l'aise, et Yeonjun haussa un sourcil. Qu'il passe une énième nuit chez Taehyun n'allait étonner personne ici.
– Ses parents ont encore piqué une crise, expliqua Taehyun. Ils trouvent qu'il se laisse aller, qu'il s'empâte et que son nouveau style capillaire lui donne un air de voyou.
Yeonjun eut envie d'éclater de rire, mais devant la mine dépitée de Beomgyu et l'air sombre de Taehyun, il se retint. Taehyun était parfaitement sérieux, et il ne sut pas s'il devait rire ou pleurer devant cette constatation.
– Je lui ai dis qu'il n'était pas obligé de rentrer ce soir mais -
Beomgyu lui donna un coup de coude en rigolant et signa quelque chose à toute allure.
– Super alors !
Yeonjun leva un sourcil.
– On rentre tous les trois alors ! s'exclama Kai.
Il avait imaginé, l'espace de dix secondes, pouvoir rentrer qu'avec Soobin.
Beomgyu et Taehyun les saluèrent, Taehyun insista pour que chacun reparte avec une petite pochette de gâteaux et Kai fut le premier à le remercier. Tu me sauves de la bouffe immonde de ma mère ! avait-il lancé. Tous le savaient ici, quand Kai ne cuisinait pas lui-même ses propres plats, ce qu'il avait dans son assiette laissait à désirer. Une fois en bas de l'immeuble, Soobin ne put s'empêcher de jurer.
– Ça vous dit qu'un jour on aille frapper chez Beomgyu et qu'on hurle un grand coup sur les incompétents qui lui servent de parents ?
– Oh, je suis de tout coeur avec toi, bâilla Kai.
– Sans déconner, le jour où leur fils fera un poids digne de ce nom, ça sera déjà une putain de victoire, continua Soobin en râlant.
– Il peut compter sur Taehyun pour ça, lui répondit Yeonjun. Mais sinon, l'idée d'aller les secouer me va aussi.
Il n'osa pas rajouter quelque chose sur les parents de Kai, mais il savait que l'envie démangeait également Soobin. Mais la famille de Kai... La famille de Kai était un cas spécial. Il ne parvenait pas à mettre le doigt sur ce qui le gênait exactement chez eux. Il avait rarement vu le père de Kai, une ou deux fois à peine, mais avait plus souvent été confronté à la mère, ou à la grand-mère. Il émanait de ces deux femmes une aura toxique telle, que Yeonjun s'était longuement demandé comment Kai avait fait pour rester en vie si longtemps à leurs côtés.
– Yeonjun, tu ne devais pas descendre à cette station ?
– Oh merde...
Kai le dévisagea longuement, et il passa une main derrière sa nuque, mal à l'aise. Ils avaient marché longuement, puis pris le métro, et il n'avait pas fait attention au temps qui passait.
– C'est l'habitude du chemin, pour aller à la fac...
L'excuse était bonne, et Kai sembla s'en contenter.
– Je vous raccompagne et je prendrais un bus après.
– Tu sais que tu risques de ne plus en avoir ?
– Alors je marcherais, il fait plutôt bon, il neige pas encore, ça va le faire !
Soobin lui lança un drôle de regard.
– Il risque de pleuvoir, marmonna-t-il.
Mais Yeonjun fit mine de ne rien entendre. Quand ils descendirent, ils accompagnèrent d'abord Kai, qui les salua avant de leur demander tout un tas de prières pour sa survie.
– Tu sais que tu peux venir à la maison Kai...
– Il faut vraiment que je fasse acte de présence. J'ai un de mes oncles chez moi et... Pour une fois, je suis considéré comme un membre à part entière de cette foutue famille, je vais en profiter.
Soobin haussa les épaules, et ils regardèrent Kai franchir le pas de sa maison.
Quand ils se retrouvèrent enfin seuls tous les deux, Soobin prit la parole.
– Je te raccompagne au métro pour voir si tu en as un ?
– Si tu veux.
Il avait parlé d'une voix plate, alors qu'en réalité, son coeur était en fête. Il avait attendu toute l'après-midi, puis tout le début de soirée d'enfin se retrouver en tête à tête avec lui. Il se sentait un peu idiot, la situation n'avait rien d'exceptionnel, mais Yeonjun avait l'impression de se retrouver sur un petit nuage. Impression qui se dissipa très vite quand une main attrapa l'une des siennes. Prestement, il se dégagea et se figea au milieu du trottoir, dévisageant Soobin qui se mordilla la lèvre, inquiet.
– Je...
– Ne fais pas ça.
– Pardon, je me disais juste que -
– On pourrait nous voir.
– D'accord.
Sentant qu'il venait de jeter un froid, il se remit à marcher, et Soobin ne prononça plus un mot, les mains fourrées dans les poches de son épais manteau. Quelques gouttes de pluie éparses commencèrent à tomber, mais il ne s'en formalisa pas plus que cela. Soobin semblait ailleurs, plongé dans son petit monde, le nez levé vers le ciel déjà bien sombre. Il s'en était voulu au moment même où il avait retiré sa main. Il crevait d'envie de le toucher, mais s'y refusait. Il craignait le regard des autres, même dans une rue déserte. Il craignait de se faire prendre sur le vif, de se faire juger, mais surtout, Yeonjun ne parvenait pas à admettre qu'il en avait envie. C'est juste une phase. Juste tes putains d'hormones. C'est à cause du baiser dans la réserve. Laisse-toi deux petites semaines de plus et tu auras tout oublié, ça va vous passer. À tous les deux. Quand ça ira mieux entre Jiwon et toi... Aller Yeonjun, reprends-toi ! Il s'infligea une claque mentale telle qu'il en jura à voix haute.
– Pardon ?
– Désolé, j'étais dans mes pensées.
– On est arrivé, et tu n'as plus de métro, lâcha Soobin d'un air désolé.
Dehors la pluie tombait de plus en plus fort.
– Eh bien, je vais rentrer à pied.
– Ne fais pas l'idiot, je t'héberge pour la nuit va !
Non. Pas ça. Pitié.
– Yeonjun ?
– Si tu insistes.
Dehors, un grondement sourd se fit entendre, et un éclair creva le ciel. Yeonjun se tétanisa aussitôt, les yeux grands ouverts. Son coeur loupa un battement en songeant qu'ils leur restaient une dizaine de minutes à parcourir sous ce début de tempête et il manqua de trébucher.
Pourquoi fallait-il que ça arrive avec toi...
❘✶❘
Soobin avait le cœur qui battait à mille à l'heure. À cause de la pluie et de l'orage, tout d'abord, mais aussi à cause du garçon qui courrait à ses côtés. Quand ils se stoppèrent à l'abri, devant chez lui, il le vit en difficulté pour reprendre son souffle.
– Je ne savais pas que tu avais peur de l'orage...
– Je n'ai pas peur de l'orage, souffla-t-il, complètement exténué.
– Ah ouais ?
Yeonjun secoua la tête, et continua de le suivre jusque devant la porte de chez lui.
– Tes parents sont là ?
– Ils sont en déplacement familial.
Combien de fois les avaient-ils vus ces derniers mois ? Depuis que l'état de sa grand-mère s'était détérioré, ils étaient moins présents à la maison. Il pouvait presque le compter sur les doigts d'une seule main. Il adorait ses parents, et leur relation avait toujours été plus qu'excellente, mais parfois – souvent – il regrettait de les voir partir aussi longtemps. Mais tant que sa grand-mère refusait de quitter son petit coin de paradis au sud du pays, ils venaient lui rendre visite le plus souvent possible. Soobin leur avait souvent fait la remarque qu'ils pouvaient tous emménager chez elle, mais sa mère lui avait gentiment dit que les meilleurs lycées étaient à la capitale, et qu'il avait déjà suffisamment de retard par leur faute pour en plus se contenter d'un enseignement médiocre.
Soobin ouvrit la porte de chez lui et alluma les lumières, avant d'inviter Yeonjun à entrer. Ce dernier siffla d'admiration en faisant ses premiers pas, et son regard se posa absolument partout. Amusé Soobin referma la porte et le poussa légèrement de l'entrée.
– Tu as déjà vu tellement mieux dans les dramas que tu regardes...
– Hé !
Il le charriait, mais au fond, il savait que Yeonjun ne lui en tiendrait pas rigueur.
– Tu rigoles, tu vis dans un endroit magnifique ! C'est putain de luxueux ! Pourquoi c'est pas chez toi qu'on se réunit plutôt ?
– Je propose toujours, et tu es toujours celui qui préfère aller chez Taehyun.
Yeonjun ne répondit rien, et continua sa visite des lieux.
– Ils sont déjà venus ici ?
Soobin soupira. Ils, encore et toujours. Yeonjun voulait être le premier, et pour tout.
– Ouais.
Yeonjun se retourna d'un air étonné.
– Je suis le dernier ?
– Beomgyu et Taehyun sont venus quelques fois, ouais. Beomgyu a passé des heures sur le piano de ma mère d'ailleurs, je crois qu'il aime bien cet instrument. Et Kai...
Yeonjun s'était déjà détourné pour aller voir la cuisine.
– ...passe la moitié de sa vie chez moi, c'est plus vraiment un secret.
– J'm'en fous.
Classique. Yeonjun ne lui adressa pas un regard en retour.
Il t'en fallait si peu pour râler... Tu étais horripilant, tu le savais ça ?
– Viens avec moi, on va mettre tes affaires à sécher, je te passe des fringues pour la soirée.
Pour une fois, Yeonjun le suivit sans rechigner. Soobin vit son regard se poser un peu partout dans leur salon, sur les murs du couloir, et une moue se peindre rapidement sur son visage. Sans doute ne s'attendait-il pas à voir Kai aussi présent sur les murs de leur intérieur. Mais il était, comme aimait bien le dire son père, le deuxième fils qu'ils n'avaient jamais eu et occupait une place tout aussi importante – bien que différente – dans le cœur de ses parents. Cependant, le noiraud nota que Yeonjun se retint de tout commentaire à ce propos, ravalant sa jalousie maladive.
Il lui attrapa quelques affaires qu'il lui déposa dans la salle de bain avant de le laisser se changer, seul. Puis Yeonjun le rejoignit dans sa chambre, et Soobin se fit la réflexion qu'il portait pour la première fois ses habits sur le dos. Et ses joues chauffèrent légèrement.
Il aimait la vue que lui offrait sa chambre, et pour rien au monde, il aurait voulu une autre pièce de la maison pour lui tout seul. Cette fenêtre immense, avec une vue prenante sur les autres habitations, assez hautes pour dominer quelques immeubles voisins... Il avait une vue sur le ciel qu'il chérissait plus que tout. Au loin il distinguait quelques éclairs, s'approchant dangereusement de là où ils se trouvaient, mais Soobin s'en fichait, planqué derrière ses épais vitrages. Il aimait l'orage et son bruit, n'en avait jamais eu peur, et trouvait le spectacle d'un ciel zébré magnifique. Petit, il se souvenait avoir demandé à son père de coller son lit à cette grande baie. Il se fichait pas mal du froid, il voulait être au plus près de ce spectacle qui changeait chaque jour.
– Je ne savais pas que tu dessinais..., murmura Yeonjun.
Soobin tourna légèrement la tête, pour le voir regarder ses dessins punaisés sur l'un des murs de sa chambre. Au-dessus de son bureau étaient fièrement encadrés ceux qu'il trouvait les plus réussis, les plus beaux.
– Tu ne sais pas grand-chose de moi en dehors du lycée au fond, tu sais..., lui fit-il remarquer.
Ce n'était ni faux, ni vrai. Yeonjun savait de lui ce qu'il avait bien voulu lui montrer. Pas le reste. Comme pour tous les autres à l'exception de Kai. Il se laissa tomber sur son lit, s'y installa en tailleurs, face aux toits.
– Tu as un talent fou. Pourquoi ne pas postuler en art l'an prochain ?
Yeonjun avait ignoré sa remarque, mais Soobin ne lui en tint même pas rigueur.
– Mes parents ne veulent pas. Enfin, ils sont pas trop chauds à cause du côté imprévisible.
Mais il savait, au fond, qu'aucun des deux ne lui en voudrait de postuler dans ce genre de filière. Yeonjun s'installa à ses côtés et lui donna un petit coup de coude, pour l'inciter à détourner le regard.
– Comment tu fais pour regarder ça ?
– Je trouve ça beau.
– C'est effrayant.
– Pour toi, pas pour moi.
– On peut pas... se poser dans ton petit canapé ?
– Non.
Yeonjun soupira et Soobin devina sa moue boudeuse sans même la voir.
– Je croyais que tu n'avais pas peur de l'orage ?
– C'est pas ça...
Et à ce moment précis, un éclair creva le ciel en deux. La ville toute entière sembla illuminée de brèves secondes avant de replonger dans le noir, et Soobin ouvrit de grands yeux émerveillés. À ses côtés Yeonjun se pétrifia et quand un deuxième éclair vint zébrer le ciel sous leurs yeux, il plongea la tête dans son épaule. Soobin aurait presque pu l'oublier, s'il n'avait pas planté ses ongles dans son avant-bras.
– S-s'il te plaît...
Le timbre de sa voix l'interpella, et il baissa les yeux vers le corps de l'autre garçon, pétrifié à ses côtés. Il entrouvrit la bouche, avant de se ruer hors de son lit, et de baisser les stores en catastrophe.
– Ça va mieux ?
Aucune réponse. Yeonjun s'était roulé en boule sous la couette, et lui jeta un regard qu'il ne sut déchiffrer. Soobin hésita entre sourire attendris, ou se demander si Yeonjun ne jouait pas la comédie, une énième fois.
C'était peut-être le plus triste avec nous deux... Que je ne sache pas sur quel pied jouer.
Il s'approcha donc, et leva la couette pour se glisser à ses côtés, dos à la fenêtre, bouchant donc la vue pour Yeonjun. Ainsi blotti sous la couette, un silence épais mais pas désagréable s'installa entre eux. Yeonjun ne le lâchait pas des yeux, et avait attrapé ses mains, comme pour se rassurer.
– Le bruit me terrorise, finit-il par lâcher au bout d'un instant.
Soobin ne trouva pas les mots pour répondre.
– Ma mère m'avait enfermé dehors quand j'étais gosse. Elle ne l'avait pas fait exprès, évidemment. Mais elle avait fermé rapidement les fenêtres et les portes quand la tempête s'est approchée. Et j'étais dans le jardin de mon oncle, il avait une cabane que j'aimais bien, au fond de son jardin et...
Sa voix s'étrangla un peu, et Soobin soupira, avant de poser une main sur l'une de ses joues.
– Ils m'ont cherché pendant des heures.
– Ça va aller, ok ?
Yeonjun secoua la tête.
– Non... Non ça ne va pas, ça n'ira jamais... je suis incapable de passer au-dessus de ça... incapable... et ça fait des années Soobin. Je me sens si nul, si tu savais.
– Les peurs ne s'expliquent pas, et on ne peut pas toutes les guérir.
– De quoi tu as peur, toi ?
– D'un paquet de choses, comme tout le monde ! J'ai peur de l'eau, des araignées...
– Ta plus grande peur, c'est quoi ?
– J'ai peur qu'on m'abandonne.
Et il en était conscient. Yeonjun ne répondit rien, et se raidit légèrement quand la lumière des éclairs filtra à travers les stores de la chambre.
– Personne ne t'abandonnera..., chuchota Yeonjun.
Soobin le sentit se raidir une nouvelle fois en entendant l'orage gronder, au loin.
– Il s'éloigne, lui murmura-t-il pour changer de sujet.
– Rien à foutre, il reste effrayant.
Soobin laissa échapper un rire léger avant de réaliser que Yeonjun avait accepté de prendre ses mains. Toute à l'heure, en rentrant, son geste l'avait blessé plus que de raison. Et, fidèle à lui-même, Soobin avait tout pris avec douceur, sans se plaindre.
– Tu veux regarder quelque chose ?
– Mmm ?
– Pour oublier l'orage, tu veux qu'on regarde quelque chose ?
– Non, ça va...
– Tu veux essayer de dormir ?
– Mmm...
– Ça ne te dérange pas que l'on dorme ensemble ?
Yeonjun lui lança un drôle de regard que Soobin ne sut déchiffrer. Leur relation était tellement étrange depuis quelque temps qu'il ne savait plus sur quel pied danser. Il avait peur de trop s'avancer, d'aller trop loin, de mettre des mots sur une relation qui n'existait pas vraiment... Alors il se contentait de ce qu'il avait, et rien de plus.
Ce fut un sifflement étrange qui le tira de son pré-sommeil. Dehors l'orage avait cessé, mais la pluie continuait de s'abattre en continu sur les vitres. Il entrouvrit légèrement un œil pour apercevoir Yeonjun assis sur le bord du lit, de dos. Il semblait pris de spasmes, et aussitôt, sa condition l'alerta. Putain, merde, son asthme... !
– Yeonjun ?
Il se rua hors de sa couette et l'attrapa par les épaules.
– Ça v-va aller...
– Viens dans la cuisine boire un truc, tu... Tu as tes médicaments ? C'est normal que tu fasses une crise comme ça ? En quoi je peux aider ?
Yeonjun lui agita la main sous le nez, sans doute pour lui intimer de se taire, et il le conduisit dans le salon, avant de le faire s'asseoir sur le canapé. Paniqué il courut jusque dans sa cuisine pour lui attraper un verre qu'il remplit. Il le regarda avaler des pilules aux noms imprononçables, le souffle court. D'un geste hésitant, il lui massa une épaule et Yeonjun le laissa faire, sans doute trop occupé à essayer de respirer à nouveau normalement. Son teint blême et sa respiration qui restait sifflante le préoccupaient réellement.
– Elles sont sévères tes crises...
– Je sais.
Il le vit sécher ses yeux devenus humides et l'attira contre lui.
– J'ai putain de mal, je n'arrivais pas à dormir... j'en peux plus Soobin...
Il le serra un peu plus fort, une main plongée dans ses cheveux sombre.
– Ne bouge pas, d'accord ?
Yeonjun opina du chef et le regarda se lever et filer dans la cuisine.
Quelques minutes plus tard, deux boissons chaudes posées sous leur nez, et un plaid sur leurs épaules, Soobin alluma la télévision.
– On va mater quoi ?
– Ce que tu veux.
Yeonjun se blottit contre lui, le rouge lui monta aux joues. Sans la crise de Yeonjun, la scène aurait été parfaite : fidèle aux espérances qu'il avait entretenues pendant des mois et des mois en le voyant tous les jours. Et pour la première fois depuis longtemps, il se sentit serein. Finalement, sentimentalement, quelque chose de bien lui arrivait. Yeonjun releva le nez vers lui, et il ne résista pas à l'idée de le lui embrasser avec douceur. Il monta un peu le volume de la télévision, dans l'espoir de dissiper les bruits de la tempête qui, dehors, continuait de faire rage. Contre lui, Yeonjun semblait reprendre une respiration normale à mesure que les minutes défilaient. Soobin avait glissé une main dans ses cheveux, et ce dernier semblait apprécier le geste, les paupières mi-closes.
– Soobin ?
– Ouais ?
– Moi aussi, j'ai peur de me retrouver seul.
Soobin releva un sourcil.
– C'est une peur viscérale que j'ai depuis gamin.
– Mais tu n'es pas seul Yeonjun... Tu nous as nous. Taehyun, Kai, Beomgyu... Moi. Tu ne seras jamais seul.
Yeonjun laissa échapper un « mmm » en guise de réponse, déjà prêt à se donner aux bras de Morphée. Soobin resta longuement assis dans ce canapé, à espérer que les secondes ralentissent. Il avait l'impression de vivre un rêve éveillé. Et il se demanda tout à coup s'il n'avait pas fait fausse route depuis le départ. Quelque chose entre lui et Yeonjun était possible, il voulait s'en convaincre.
Il y avait toujours cette photo, dans le tiroir de sa table de chevet, que Soobin chérissait. L'envie de l'accrocher avec toutes les autres photos qu'il avait dans sa chambre était grande, pourtant, Soobin l'avait laissé à l'abri des regards. Pour lui, les regards et les expressions que Beomgyu avait capturés étaient évidents. Et il refusait que Yeonjun le pense trop investi en voyant la photo accrochée sur son mur. Ou pire, que Kai pose les yeux dessus. Il avait comme un mauvais pressentiment au cas où la chose viendrait à se produire. Et Soobin avait toujours écouté ses pressentiments, bien souvent, ils s'étaient révélés bons.
─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─
Helloooooo ! bon, ok, ce chapitre était un peu à rallonge mais je vous avez prévenu, les flash-back risque d'être plus long désormais ^^' j'espère en tout cas qu'il vous a plu ! j'avais ADORÉ l'écrire, parce que mettre un peu de fluff, des moments d'amitié et de rigolade dans cette fiction me fait un bien fou ♥ prenez soin de vous, et à la semaine prochaine pour la suite !
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