𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐬𝐨𝐢𝐱𝐚𝐧𝐭𝐞-𝐝𝐞𝐮𝐱

« À un fil »

❘✶❘


Il y a neuf mois.
Soobin, chéri...

La voix de sa mère lui parvint à peine. Les yeux rivés sur ses propres doigts tremblants, Soobin était incapable d'articuler le moindre mot. Dans sa tête, tout se bousculait : l'appel paniqué de ces illustres inconnus, au bord de la route, leurs voix, leur affolement. Il avait été le dernier numéro sur la liste des appels de Kai, le premier que ces gens – ses sauveurs – avaient composé juste après les pompiers. Taehyun avait essayé de le retenir. Il lui avait hurlé dessus, de toutes ses forces pour ne pas qu'il s'approche du véhicule. Beomgyu et Yeonjun l'avaient retenu pour l'empêcher de dévaler le ravin dans lequel sa voiture s'était enfoncée. Il avait hurlé, pleuré, comme les trois autres garçons et la suite... La suite avait été pire que tout. Les pompiers étaient arrivés une vingtaine de minutes plus tard. Il l'avait retrouvé hurlant comme un démon, trempé, retenu avec peine par ses amis et ce couple qui avait roulé ici au bon moment, au bon endroit. Taehyun avait téléphoné à sa mère, paniqué. Beomgyu avait fait une crise de panique violente, et il lui avait semblé voir Yeonjun à deux doigts de tourner de l'œil également.

Soobin se souvenait avoir été tiré dans une voiture, calmé par une femme au fort accent du sud. Elle avait pris sa tension, mis une serviette chaude sur ses épaules et il s'était effondré, à nouveau.

Kai n'était pas mort, sa vie ne tenait qu'à un fil.

Il avait fallu des heures pour extirper le corps et la voiture. Des heures que Soobin ne vit pas passer. Il avait refusé de quitter les lieux. Il avait besoin de le voir, de s'assurer qu'on ne lui avait pas menti, que son meilleur ami était toujours en vie. Il n'avait pas détourné son regard du brancard, ni du corps qui y était allongé. Tout lui avait semblé si surréaliste qu'il en avait refusé de croire que c'était bel et bien lui, allongé sous ses yeux.

– Soobin, ça va aller.

Cette fois-ci, il cligna des yeux et retrouva l'ambiance austère de l'hôpital.

– Ses parents sont en route, lui murmura sa mère.
– Je veux le voir.
– Il est encore au bloc Soobin, ça ne sera pas possible avant demain matin.
– Alors je vais attendre ici.

En face de lui, les trois autres garçons trempés jusqu'aux os acquiescèrent. Il évita sciemment le regard de Yeonjun posé sur lui. Il ne devait pas craquer maintenant. Pourtant lui hurler tout ce qu'il avait sur le cœur le taraudait. L'envie de cracher son venin, toute sa peine, toute la rancœur qu'il gardait pour lui depuis des mois... Mais la main douce de sa mère dans son dos l'en empêcha. Il le regarda se lever, sans doute pour aller chercher quelques snacks dans un des distributeurs. Il le suivit du regard, les lèvres pincées, le cœur battant à mille à l'heure.

– C'est de ma faute, souffla-t-il.
– Soobin, non, ne dit pas ça, murmura sa mère.

Taehyun se leva, avant de s'accroupir devant lui, le visage concerné.

– Eh, il va s'en sortir, ok ? Tu veux que j'aille fouiner ?

Il remua mollement de la tête et Taehyun se redressa, avant de faire signe à Beomgyu de le suivre. Ce dernier n'en menait pas large, blanc comme un linge et à deux doigts d'une nouvelle crise d'angoisse, et si Soobin lui aurait accordé en temps normal toute son importance, aujourd'hui, son attention n'était focalisée que sur Kai. Yeonjun revint quelques instants plus tard, et leur tendit timidement une poche de chips.

– Merci mon grand, la remercia sa mère. Soobin, je vais téléphoner à papa, tu restes ici, d'accord ?
– Où veux-tu que j'aille, grinça-t-il.
– Je reviens vite.

Elle lui déposa un baiser sur le sommet du crâne et tourna les talons. Sans qu'il ne puisse l'en empêcher, Yeonjun se posa à ses côtés.

– Je suis désolé, lui murmura-t-il.

Soobin secoua la tête.

– Soobin...
– C'est à cause de moi.

Yeonjun ne répondit rien et Soobin releva les yeux vers lui. Il avait les traits encore plus tirés que ce jour-là, au café et ses cheveux trempés n'arrangeaient rien à toute la fatigue qu'il lisait sur son visage.

– Il est parti à cause de moi...
– Ne dis pas ça. Mange un bout, d'accord ?

Il ouvrit avec lenteur le paquet de chips et le regarda avec dégoût.

– Tu n'as pas causé l'accident. Enlève-toi ça de la tête, lui murmura Yeonjun.

Il ne répondit rien. Il n'en avait ni l'envie, ni le courage. La seule chose qu'il désirait était de le voir, de s'assurer de le voir toujours en vie. En cet instant, les mots de sa mère ou de ses amis ne lui faisaient ni chaud, ni froid. Il lui sembla que Yeonjun continuait à lui parler, mais aucune de ses paroles ne parvint réellement à ses oreilles. Il lui parut attendre une éternité avant que Taehyun et Beomgyu reviennent, complètement bredouilles.

Une nouvelle heure défila dans le plus grand des silences. Yeonjun avait arrêté de lui parler, concentré sur son téléphone. Beomgyu s'était assoupi contre l'épaule du garçon aux cheveux rouges qui lui, ne quittait pas l'accueil de l'hôpital des yeux. Ses parents ne l'avaient pas quitté non plus. Et enfin, le père de Kai arriva. Soobin le suivit des yeux, effaré de le voir ici si tard, des heures après l'admission de son fils aîné. Il était venu seul. Il se présenta à l'accueil, les yeux rivés vers le sol, les mains tremblantes et pendant une fraction de seconde, Soobin y crut presque. Il eut envie de voir là le visage d'un père effondré, les gestes d'un géniteur qui s'en faisait, qui avait peur de perdre son fils. Au même moment, Beomgyu se réveilla. Tous sans exception dévisagèrent cet homme qui se retourna vers eux, le regard un peu confus.

Et Soobin le vit.

La peur du jugement.

L'angoisse de se rendre ici, seul.

La honte et la peur lui collaient à la peau. C'était leurs quatre regards qui le rendaient aussi nerveux, et il le savait. L'homme baissa légèrement les yeux, souhaitant sans doute fuir l'oppression qu'ils exerçaient sur lui. Ce fut la voix de son propre père qui brisa le silence.

– Le voilà enfin, mais que faisait-il celui-là...

Une femme en tenue blanche lui fit gentiment signe de la suivre et l'homme s'exécuta, dans un silence lourd et pesant. Sans le quitter des yeux, Soobin le dévisagea jusqu'à le voir disparaître totalement derrière une porte.

« Son papa est le seul à venir ? »

Taehyun jeta un regard triste à Beomgyu et Soobin lâcha un rire jaune. Personne ne trouva la force de lui répondre.

Parce que ses parents n'en ont jamais vraiment été. Je ne serais même pas surpris qu'il soit venu ici comme pour une corvée. Qu'ils aient tiré à la courte paille qui devait venir le voir. Sa grand-mère doit dormir sur ses deux oreilles tu sais Beomgyu. Quant à sa mère, elle a cessé d'en être une il y a bien longtemps.

Le père de Kai ne refit surface qu'une dizaine de minutes plus tard, les yeux rouges, accompagné d'un homme en blouse blanche. Soobin tordit le cou pour n'en louper aucune miette, mais les murmures des deux hommes ne parvinrent pas à se frayer un chemin jusqu'à lui. Sans un regard pour eux, le père de Kai récupéra quelques papiers à l'accueil, et tourna les talons. Soobin se leva alors comme une bombe et accourut jusqu'à lui, déjà sur le parvis de l'hôpital.

– Attendez !

L'homme se retourna, surpris et lui lança un regard inquiet.

– Dites-nous au moins ce qu'il en est !
– Il a eu beaucoup de chance.
– Beaucoup de chance... ?
– Oui.
– C'est tout ?

Vous n'en avez à ce point rien à faire ? eut-il envie de lui hurler. Kai était toujours en vie, mais dans quel état ? Que voulait dire « beaucoup de chance » aux yeux de cet homme ?

– Il est dans le coma, souffla-t-il.

Le sol sous ses pieds sembla se dérober. Dans le coma. Sous ses yeux effarés, il le vit tourner les talons pour de bon pour rejoindre un taxi qui l'attendait non loin. La voiture s'éloigna sous une pluie battante qui ne lui fit ni chaud ni froid. Le manque d'émotion dans ses mots lui avait glacé le sang. L'image de Kai, allongé inerte dans un lit blanc s'imprima dans son esprit. Kai n'était plus vraiment là. Kai était entre deux mondes. Au-dessus de sa tête, le ciel gronda et sa mère apparut derrière lui complètement affolée. Un éclair d'un jaune étonnant déchira le ciel, et ce fut tout juste si le brunet lui prêta une réelle attention.

– Mon chéri ! Ne reste pas ici !
– Je l'ai perdu, sanglota-t-il.

Elle l'attira contre le lui, les larmes au bord des yeux.

– J'ai perdu mon meilleur ami, maman.


❘✶❘❘✶❘❘✶❘


Il y a deux mois.
La chaleur humide et étouffante du mois de juillet avait inondé tout Séoul. Comme toutes les semaines depuis le mois de janvier, Soobin suivait son planning à la lettre. À chaque fin de journée où il le pouvait, il prenait le bus pour se rendre dans cet endroit qu'il avait fini par connaître aussi bien que son propre chez lui. Les hôpitaux l'avaient toujours laissé indifférent mais désormais, il se sentait blasé en s'y rendant. Son prénom n'était plus un secret pour le personnel de l'accueil qui le voyait défiler souvent aux mêmes heures, presque tous les deux jours depuis des semaines.

Les visites dans la chambre étaient autorisées à des horaires précis, et Soobin les respectait toujours. De temps en temps, il venait avec Taehyun ou Beomgyu. Il savait que les garçons eux aussi venaient tous les deux, moins fréquemment que lui cependant car Beomgyu nourrissait à l'égard du milieu hospitalier une crainte profonde. De temps en temps, ses parents venaient eux aussi. Kai avait toujours été comme un second fils. Sa mère avait disposé de jolies plantes non loin de lui, pour donner un peu de gaité à l'endroit. Son père avait déposé – sur sa minuscule tablette de chevet – une petite photo d'eux quatre sous un cerisier en fleur, lors d'une sortie printanière.

– Bonjour Soobin !

Il salua d'un signe de tête poli la jeune femme au chignon impeccable devant lui.

– Il y a déjà une visite en cours, et la personne a spécifié vouloir rester seule pour le moment.
– Oh, d'accord... J'attendrais dans ce cas, merci.

Il s'avança un peu, et s'installa sur l'une des chaises en plastique blanc devant la porte de la chambre où résidait Kai depuis plusieurs mois. Comme toujours, Soobin espérait le trouver réveillé. Il avait toujours cette minuscule lueur d'espoir le matin en se levant. Aujourd'hui, Kai allait se réveiller. Pourtant, les jours passaient sans aucune amélioration. L'état de Kai restait stable, sans signal alarmant. Et ses parents continuaient de payer pour la chambre. Soobin s'était fait la réflexion qu'en vingt-et-un ans, ces derniers n'avaient eu aucun geste comparable à son égard. Il n'avait jamais vu sa grand-mère ici, ou bien même sa mère. Il avait croisé le père, une fois, sortant de sa chambre les traits tirés et l'air à bout. Soobin se demandait même si elles venaient ou non lui rendre visite, ou si elles se contentaient de prendre des nouvelles par son biais.

La porte de la chambre s'ouvrit à moitié, et Soobin se raidit légèrement en dévisageant le garçon aux cheveux récemment grisés en sortir. Yeonjun sembla presque surpris de le trouver là, et le salua d'un vague signe de la tête avant de tourner les talons, sans dire un mot. Raide, Soobin se leva et ne le quitta pas des yeux jusqu'à le voir tourner au détour d'un couloir. Voir Yeonjun ici le déstabilisait. Il se demanda même ce qui se passait réellement lors de ses visites. Parlait-il à Kai ? Restait-il là sans dire un mot, juste à attendre, tout comme lui de temps en temps ?

Chassant Yeonjun de ses pensées, il poussa la porte de la chambre et comme à chaque fois, sentit la tristesse prendre sa gorge en tenaille. Il déposa son sac à côté de la porte, et tira le petit tabouret à côté du lit. Kai était seul ici depuis deux mois. Avant cela, une autre personne avait occupé la chambre avec lui, laissant désormais un lit vide à ses côtés. L'autre était arrivé bien après, et s'en était sorti bien plus vite.

La première fois qu'il l'avait vu ici, dans cette même pièce, Soobin avait voulu faire demi-tour. Il avait été horrifié par sa posture, l'état dans lequel il se trouvait, allongé dans son lit. Il avait détesté les bandages sur son corps, qui avaient disparu au fil du temps et de la guérison. Il avait manqué de tourner de l'œil en voyant la sonde sous sa blouse, qui disparaissait au niveau de son estomac, son visage noyé sous les adhésifs médicaux et ce fil dans sa bouche qui lui avait semblé si fin. Il l'avait détaillé avec horreur, réalisant que sa vie ne tenait qu'à lui et peut-être, peut-être seulement, à une volonté de son corps de survivre encore un peu.

– Comment tu vas Kai ?

Il s'assit, et attrapa l'une de ses mains, le visage fermé.

– Tu seras ravi d'apprendre que tes blessures guérissent bien, il n'y a presque plus de traces sur tes bras.

Parfois, il imaginait Kai serrer sa main en retour.

– Je n'ai pas vraiment passé une journée palpitante, les cours s'enchaînent et se ressemblent durant l'été... Mais je ne regrette pas d'avoir choisi de faire ce camp de remise à niveau.

Est-ce que Kai se réveillerait un jour pour lui répondre ? Soobin l'espérait, tous les jours.

– Beomgyu a terminé toute sa période d'essai au fait. Il est employé officiel depuis un mois... C'est lui qui me l'a annoncé par message, il a attendu pour me le dire... Je crois qu'il a eu du mal à le réaliser. On se voit moins tous les deux. Je vois moins Taehyun aussi depuis ton accident. De temps en temps, ici, mais... Je ne sais pas. Je crois que l'on s'évite tous un peu tous les quatre. Je sens que j'ai perdu en pratique de la langue des signes. Je m'en veux tu sais, mais... Mais je préfère rester seul. Ça va faire sept mois Kai...

Il comptait chaque semaine, chaque jour avec minutie.

– Tu me manques.

Tous les jours, à chaque heure de la journée. Mais il y avait quelque chose de pire que l'attente, et c'était l'oubli. La peur d'oublier le son de son rire, ou de sa voix. La peur d'oublier son odeur, ou ses mimiques. Soobin avait regardé des centaines de fois les films qu'il possédait de lui : ses moments de joie, ses éclats de rire, leurs moments complices...


Sa main ne lâcha pas la sienne les longues minutes qui suivirent. Il resta ainsi dans le silence, à essayer de faire le vide autour de lui. Ses yeux accrochèrent cette coupure fine sur l'une de ses joues, et le reste d'un duvet fin sous son menton, et il soupira. Au même moment, la porte de la chambre s'ouvrit doucement. La tête ronde de Jiwon lui apparut, et elle s'excusa poliment en se courbant.

– Oh, je pensais que tu en avais terminé...
– Tu peux rentrer Jiwon. Comment vas-tu ?
– Ça peut aller dirons-nous ?

Elle déposa sa veste légère sur le petit porte-manteau à l'entrée de la chambre et s'avança à petits pas.

– Pourquoi tu n'es pas venue avec Yeonjun ?

Elle leva un sourcil intrigué.

– Oh, eh bien, je ne savais même pas qu'il était venu ici à vrai dire, répondit-elle.
– Ah.

Soobin en fut surpris. La relation étrange entre Jiwon et Yeonjun le laissait perplexe. Il les voyait, de temps en temps au café. Il en était jaloux à chaque fois. Que ces deux-là se fréquentent de nouveau – Soobin en était intimement persuadé – l'avait rendu malade, mais pour tout le respect qu'il éprouvait envers la jeune femme, Soobin ne lui avait jamais rien dit.

– Oh c'est pas vrai, gronda-t-elle.
– Quoi... ?
– Ils l'ont encore mal rasé.

Soobin esquissa un sourire, amusé. Le visage de Kai était à moitié visible, il comprenait la maladresse de la personne chargée de cette tâche difficile.

– C'est sa mère qui a insisté, tu le savais ? Un jour je l'ai entendu, elle a hurlé sur les infirmières en leur demandant de le rendre présentable pour sa venue.

Soobin ouvrit de grands yeux.

– Elle n'est venue qu'une seule fois, et c'était ce jour-là.
– Comment tu le sais ?
– J'ai demandé à une femme adorable que je croise souvent ici, je voulais en avoir le cœur net.

Il se leva pour l'inviter à prendre sa place, et Jiwon le remercia d'un signe timide de la tête. Il se demanda comment elle faisait, pour garder cet air optimiste à longueur de temps, pour ne jamais sembler abattue en rentrant dans la chambre. Il se souvenait avec clarté du moment où il lui avait annoncé l'accident. Jiwon l'avait appris le lendemain : elle avait téléphoné à Kai plusieurs fois, sans réponse. Finalement, inquiète, elle s'était tournée vers Soobin. Il avait tenu à lui annoncer de vive voix, à ne pas la laisser seule. Jiwon était restée stoïque, comme si elle peinait à réellement le croire. Elle avait attendu quelques secondes le moment où Soobin dévoilerait sa blague de mauvais goût. Puis, elle s'était effondrée, pour la seule et unique fois en sept mois.

– Est-ce... Est-ce que ça te dérange que je reste encore un peu ?
– Pas du tout Soobin.
– Pour être tout à fait honnête, j'apprécie la façon dont tu lui racontes tes histoires.

Elle étouffa un rire timide du bout des doigts, et attrapa un petit carnet pastel dans son sac.

– J'ai demandé à l'infirmière s'il m'entendait... Ils n'en savent rien. C'est quelque chose de particulier le coma. Quand il se réveillera, il n'aura sans doute aucun souvenir de tous les films que je lui ai raconté.
– Ou bien, il te maudira de lui avoir raconté la fin de tous, rigola-t-il.
– C'est possible, renchérit-elle. Que je lui raconte tout peut sembler défaitiste d'ailleurs quand on y pense...
– Jiwon...
– Je sais qu'il va se réveiller.
– Je le sais aussi.

Il la laissa feuilleter son carnet et s'arrêter à la page du dernier film qu'elle était allée voir au cinéma. C'était un drôle de rituel : la première fois, Soobin l'avait entendue derrière la porte. Il était resté derrière le temps de l'entendre commencer à raconter ce film qu'ils s'étaient promis d'aller voir tous les deux. Rapidement, il avait compris que la jeune femme se rendait très souvent auprès de son meilleur ami pour rattraper le temps perdu. Jiwon venait, racontait des histoires et c'était l'une des choses les plus belles auxquelles Soobin avait assisté ces dernières années. Alors de temps en temps Soobin restait, en espérant ne jamais la gêner. Jiwon avait un don pour raconter les histoires.

– C'est la suite d'un film que nous avions vu il y a deux ans. Nous attendions vraiment la fin tous deux, introduit-elle.

Soobin acquiesça et s'installa avec précaution au bout du lit. Elle enfila une petite paire de lunettes rondes, et comme elle savait si bien le faire, se mit à narrer.


Soobin se plaisait à croire – tout comme elle – que Kai pouvait les entendre et les comprendre. Que lui aussi vivait par procuration ses histoires merveilleuses, toujours choisies avec soin, qu'elle savait sublimer mieux que quiconque. Ils restèrent ensemble une petite demi-heure, avant que Soobin décide de lui laisser un peu d'intimité. Il avait toujours été très reconnaissant envers elle, envers toutes les visites qu'elle lui rendait. Il se leva donc en silence, la salua poliment, et quitta la chambre. Comme à chaque fois, Soobin priait pour retrouver Kai éveillé le jour suivant, et la journée encore d'après.

C'était une promesse qu'ils s'étaient faits : jamais il ne l'abandonnerait. 







─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─

Hello !! Pour commencer, un immense merci pour les 10k, on me l'a gentiment annoncé ce matin, et ça me fait vraiment plaisir d'en être arrivée ici, pour moi, c'est juste énorme, surtout que l'on arrive à la fin ! <3 

ce chapitre marquait aussi la fin des fb !  ça me fait tout drôle d'annoncer ça ToT J'espère qu'il vous a plu ♥ 

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