𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐫𝐚𝐧𝐭𝐞-𝐭𝐫𝐨𝐢𝐬

« Pop-corn sucré et fleurs violettes »

❘✶❘

Il y a quatre ans.
– Qu'est-ce que tu as fait...
– Je me suis permis de faire du tri dans tes affaires Kai.

Les lèvres tremblantes, Kai regarda le contenu de son armoire, désormais presque vide. Il y avait deux chemises blanches pendouillant sur des cintres. Deux pantalons de son uniforme scolaire, ainsi qu'une cravate bien roulée. Quelques sous-vêtements que sa mère avait repliés. Un pull et un manteau.

– Qu'est-ce que tu en dis ?
– Merci beaucoup, murmura-t-il.

Un sourire radieux étira les lèvres de sa mère.

– Il était temps de jeter ces pulls informes et ces hauts qui ne t'allaient pas. De plus, ces chemises ont une coupe beaucoup plus masculine, tout comme le pull que ton père a accepté de te céder.
– Oui, merci...

Son remerciement se noya à moitié dans sa gorge quand elle tapota le haut de son dos. Il ne possédait plus rien. L'armoire était à l'image de sa chambre que sa mère avait rangée et triée également : vide. Une chambre aux murs blancs, sans âme. Un lit, une armoire et une table de chevet. Seul le bureau avec quelques livres de cours et un sac sur le siège donnait réellement l'impression qu'un lycéen vivait ici. Il n'y avait plus de rideaux enfantins ou de peluches. Tout avait disparu, jusqu'aux jeux de société qu'il avait entreposés toutes ces années sous son lit. Elle avait rajouté un tapis, sombre, carré, strict, qu'il se mit à haïr immédiatement. Elle avait modelé sa chambre comme elle l'entendait. À sa façon, sans prendre en compte une once de ses goûts. Une bile amère lui remonta dans sa bouche quand elle complimenta son propre travail avant de quitter la chambre, le menton relevé, un air satisfait sur le visage.

Désemparé, il balaya du regard cet endroit qui n'était plus à lui. Il se demanda ce qu'elle avait fait de ses anciens habits. De ses posters sur les murs et des peluches de son enfance. Il se demanda si elle n'avait pas brûlé tout ça dans la ruelle d'à côté et dut prendre sur lui pour ne pas hurler de rage. Et puis, soudain, il réalisa qu'il n'avait pas tout perdu. Que ces nombreux allers-retours chez Soobin n'avaient pas été en vains. Chez lui, il avait les habits qu'il préférait. Chez lui, il avait quelques peluches et jeux qu'il affectionnait. Sa palette de maquillage, une console, et un tas d'autres choses que lui avaient offerts les Choi au fil des ans. Alors il esquissa un sourire timide, mais heureux, essayant une nouvelle fois de garder cette petite lueur d'espoir qui le faisait vivre.

– Kai !!

La voix stridente de l'une de ses petites sœurs lui perça les tympans et il sursauta. Le sourire sur son visage s'atténua immédiatement et il se retourna, un air blasé sur le visage.

– Kai regarde ce que j'ai dessiné !

La porte de sa « nouvelle » chambre s'ouvrit en grand et il écarquilla les yeux en voyant ce que ce monstre tout droit sorti des enfers avait entre les mains.

– C'est...
– Maman m'a donné tes posters pour que je puisse m'entraîner à faire de grandes toiles !

La bouche entrouverte, complètement désœuvré, il contempla la peinture toute fraîche de sa jeune sœur. Ses yeux brillaient, fiers de sa nouvelle acquisition, et le cœur de Kai, lui, se liquéfiait un peu plus à chaque centième de seconde qui s'écoulait. Elle avait peint sur l'un des seuls cadeaux que Beomgyu lui avait faits. Le seul en réalité. Il le savait fan de ce groupe de musique japonaise, et lui avait acheté ce poster sans aucune occasion spéciale, dans le simple but de rendre plus belle sa journée. Et elle l'avait ruiné.

– Tu...
– C'est beau ? Tu trouves ça beau ?
– Espèce d'idiote...

Le visage de sa sœur vira au rouge cerise et son sourire se fana aussitôt, avant de se transformer en une moue terrible.

– Je vais le dire à maman.
– Va lui dire, cafteuse. Casse-toi.
– Tu...
– Casse-toi bon sang ! Sors de cette chambre !!

Elle recula, paniquée et hurla à en faire exploser les vitres. Par réflexe, il plaqua les mains sur ses oreilles et ferma les yeux, soudain malade de savoir ce qui allait se passer à présent. Calme-toi, ça va aller... ça va aller... Devant lui, la plus jeune n'en démordait pas, criant et hurlant toujours plus fort, les deux mains rivées sur ses deux longues tresses qu'elle semblait sur le point d'arracher. C'était toujours la même chose, la même rengaine avec elles. Elles jouaient sur ses nerfs, savaient sur quelles cordes sensibles tirer pour le faire « déraper ». Ses sœurs avaient appris avec le temps que, quoi qu'il arrivât dans cette maison, il n'y aurait qu'un seul et même fautif.

KAI !

Trop tard. La porte s'ouvrit en grand et sa sœur se faufila derrière sa mère, un sourire mesquin aux lèvres.

– Qu'est-ce que tu lui as fait, hein ?!

Il craignait le visage déformé par la haine de sa mère. C'était un visage horrible sur lequel se peignaient les pires traits possibles.

– Rien du tout !
– Espèce d'imbécile, siffla-t-elle.

Et Kai évita de peu la claque lui étant destinée. Il recula précipitamment contre son lit, protégeant son visage de ses avant-bras et sa mère lâcha un soupir de dédain. Le visage était devenu encore plus terrifiant.

– Ne t'avise pas de descendre en retard. Nous mangeons dans trente minutes.

Et la porte se referma, le laissant dans un silence moite et désagréable. Il baissa ses bras lentement, de longues secondes après son départ. Il sentit les larmes lui grimper aux yeux et renifla, les yeux rivés sur ce tapis qu'il trouvait immonde.

– Pleure pas putain, arrête de pleurer..., maronna-t-il.

Mais il était déjà trop tard. Il perdait une nouvelle fois le contrôle. À nouveau, ses émotions le submergèrent et Kai écrasa ses poings sur ses yeux, réprimant un gémissement de malaise. Elles sont parties, tout va bien... Tout va parfaitement bien... Non, rien n'allait. Et il le savait.

Et comme un enfant à qui l'on avait montré la plus belle des cachettes en temps de crise, il se dirigea vers la sienne.




Les genoux repliés contre son torse, les bras enroulés autour de ces derniers, Kai inspira profondément. Autour de lui, tout était calme. Il était seul, et bien. Seul dans ces bois qu'il connaissait désormais sur le bout des doigts. Il se releva, et épousseta son jean avant de s'aventurer dans cette belle clairière non loin. Il fit quelques pas, et se pencha pour cueillir l'une de ces fleurs violettes qu'il avait toujours trouvé merveilleuses. Le jeune garçon avait toujours aimé les teintes de leurs pétales, et l'odeur qu'elles dégageaient. C'était un parfum sucré, enivrant, qui avait l'odeur de ces bonbons que l'on vendait dans les foires et qu'il n'avait jamais eu le droit d'avoir. Kai continua de marcher, un sourire heureux sur le visage, serein. Au-dessus de sa tête, un vent léger se mit à souffler et lui arracha un rire de joie. Ses pieds butèrent sur quelque chose, et quand il baissa les yeux et aperçut les rails du train qui l'avait amené ici, il fronça les sourcils.

– Pas tout de suite, encore un peu, se murmura-t-il.

Le vent souffla un peu plus fort, et l'air s'emplit d'une odeur encore plus délicieuse. C'était l'odeur des gâteaux que faisait la mère de Soobin quand il venait chez eux. Un souvenir heureux, encore un. Comme tous ceux qui peuplaient cet endroit où il se sentait si bien. Des souvenirs dans la cuisine des Choi. Des souvenirs de lorsqu'ils avaient pris cette première « photo de famille », et qu'il s'était retrouvé dessus. Il avait pleuré en silence dans leurs toilettes ce jour-là : il avait pleuré de joie pour la première fois de sa vie. Il étira ses bras vers le ciel, essayant d'attraper les feuilles et les pétales qui s'étaient mis à virevolter au-dessus de sa tête.

C'était le plus beau des endroits. Le plus majestueux, le plus calme, et le plus serein de ses terrains de jeux. Il avait essayé à quelques reprises de se créer aussi beau et parfait, sans jamais y parvenir aussi bien que celui que la mère de Soobin lui avait décrit. Bien sûr, au fil des mois, il avait peaufiné les détails. Il avait décidé que son île serait invisible, tranquille au milieu des eaux, sans jamais déterminer lesquelles. Il avait aimé imaginer ce sable fin et blanc qui en faisait le tour, et ses roches sombres qui la protégeaient des vagues. Aux bois merveilleux et aux fleurs originelles de l'île, il avait ajouté une grande clairière. C'était là que venait le train. De temps en temps, Kai marchait jusqu'à ce lac sombre et mystérieux en se disant qu'un jour, il prendrait le temps de tout créer là aussi. C'était un endroit de l'île qu'il avait un peu oublié, qu'il voulait laisser empli de mystère. Il y avait ces grottes et ces boyaux souterrains un peu partout, qui le transportaient d'un bout à l'autre. Ici, tout lui obéissait. Tout était fait pour lui. Il était dans une échappatoire géante, qu'il ne cessait de peupler de rêves et de fantaisies à chacune de ses visites. Une petite fleur naissait à chaque rêve qu'il faisait ici, à chaque fois qu'il fuyait sa réalité. Et des fleurs, il y en avait bien trop pour un garçon de dix-sept ans.


– KAI !

Il sursauta, et se retourna, paniqué. Cette voix n'avait rien à faire ici. Il était dans son espace, dans son monde.

– KAI SORT D'ICI !

Il sursauta et la chercha des yeux, en vain. Il était seul ici. S'il entendait sa voix, cela voulait dire qu'elle n'était plus très loin. Et les monstres de la vie réelle n'avaient rien à faire ici.

– Le train... J'attends mon train, murmura-t-il.

À contrecœur la carrosserie luisante du véhicule se peignit à l'horizon. À travers les arbres, la silhouette en métal du train se dessina. Pourquoi je ne peux pas rester ici, hein ? Pour toujours. Je donnerai tout pour rester ici. Faites-moi disparaître et transportez-moi ici...

Et tout à coup l'endroit féerique se flouta. Il se dissipa aussi vite que tout le reste : sa joie fut remplacée par une peur primaire, horrible. Un instinct de survie qu'aucun enfant ne devait avoir à ressentir en présence de ses parents. Et au dernier moment, il rouvrit les yeux et rua ses mains sur les poignées intérieures du placard dans lequel il était.

– Qu'est-ce que tu fiches dans ce placard ? Idiot. Sors de là.

Et les portes tremblèrent. Une fois, deux fois. Il resserra ses doigts sur la poignée, paniqué. Une goutte de sueur lui dégringola du front et son cœur tout entier se contracta en sentant de nouveau l'armoire bouger.

– Sors d'ici ! Fais-nous l'honneur de descendre le jour où ton père dîne à la maison avec nous Kai ! Immédiatement !
– J'arrive !

De l'autre côté de la porte, la tornade se calma. Elle fit demi-tour, et claqua encore plus fort sa porte de chambre. Tremblant, il s'extirpa de son refuge. Son esprit était encore loin, allongé dans les fleurs violettes et les yeux rivés sur la cime des arbres. Son corps, lui, était bel et bien revenu dans cette réalité qu'il détestait. Il essuya ses yeux, passa de l'eau sur son visage, et descendit d'un pas traînant au rez-de-chaussée.




Ils étaient déjà tous à table. Et cinq paires d'yeux se rivèrent sur lui au même instant. Il resta un bref instant planté là, à les regarder chacun leur tour.

– Kai, installe-toi à côté de ta grand-mère.
– Oui maman.

Et il s'y plia, contraint et forcé. Cette dernière lui jeta un regard dédaigneux qu'il se retint de lui rendre.

– Aide-moi à couper ça toi, marmonna-t-elle.

Il crut, l'espace d'un très bref instant, voir un regard compatissant de la part de son père, assis juste en face de lui. Bien vite balayé par un mouvement de tête de sa part l'encourageant à s'exécuter plus rapidement. Dépité, il attrapa le couteau de la vieille femme et entreprit de lui couper des petits bouts de viande. Elle était capable de le faire toute seule, et il le savait. Mais malgré tout, comme toujours, Kai ne disait rien. Il se contentait de fixer cette lame brillante tout en s'appliquant à lui faire les morceaux les plus fins possibles. Il coupait avec minutie et patience, pour s'éviter la moindre remarque de la part de cette bonne femme aigrie.

– Les morceaux sont trop petits, soupira-t-elle.

Crève. Il releva les yeux vers elle, lui lançant le regard le plus noir qu'il avait en stock. Autour du manche du couteau, ses doigts se serrèrent davantage.


Et l'espace d'une fraction de seconde, elle l'avait dans la gorge. Il avait du sang sur les mains et les genoux, et cette lame dans les mains qu'il refusait de lâcher. Sa mère avait hurlé, aussitôt imitée de ses sœurs et de son père qui s'était jeté sur lui. Deux corps. Trois corps. Quatre corps. Cinq corps. Tous assis autour d'une table funeste, la tête plongée dans leurs assiettes encore chaudes. Et Kai présidait. Il les regardait d'un air perdu, ailleurs, complètement absorbé par ce carnage et laissa tomber ce couteau à la lame autrefois si brillante. La seule chose qui lui vint à l'esprit fut de revenir sur l'île au plus vite. Là où personne ne pourrait plus jamais lui faire de mal.




– Kai ? Ma viande va refroidir !
– Oh, je... Oui, désolé...
– Empoté.

Il secoua la tête, perturbé par cette vision affreuse qu'il venait d'avoir. C'était la toute première fois, en dix-sept ans d'existence qu'une telle scène lui venait en tête, et il en était proprement terrifié.

Tout va bien, Kai. C'est à cause d'elles. Elles te poussent à bout. Tout va bien. C'est un cauchemar.

Tout était bien.

❘✶❘

Kai se demanda si, tout compte fait, son idée de sortie presque nocturne en était une bonne. Ils avaient fini le repas tôt, et il s'était empressé de débarrasser et laver les plats avant de filer, sous le regard réprobateur de ses parents. Il n'avait pas envie de regarder leur film du soir, ou encore moins cette émission idiote où les gens se forçaient à rire avec eux. Il avait téléphoné à Soobin et, pour la première fois, son appel avait résonné dans le vide. Il en avait déduit qu'il devait être en plein repas, ou peut-être déjà couché, plus tôt qu'à l'accoutumée. Malheureux de ne pouvoir se confier à son meilleur ami, il avait erré sans trop de buts dans son quartier, avant de prendre un bus pour se rendre dans le centre-ville. À vingt-et-une heures, les rues étaient encore pleines de vie et chaleureuses, malgré la rudesse du mois de mars, et cette ambiance lui plaisait énormément. Il regarda avec envie les stands de street food, qui lui rappelaient que son repas du soir avait été plus que léger.

Alors même qu'il s'apprêtait à rentrer dans un bar pour se changer les idées et tester de nouvelles choses en tentant de passer la sécurité, une voix familière le héla.

– Kai !

Il se retourna brusquement pour voir, de l'autre côté du trottoir, une petite silhouette fine agiter les bras vers lui. Il reconnut Jiwon immédiatement, emmitouflée dans un beau manteau marine qui lui descendait jusqu'à mi-cuisse. Il la trouva adorable, avec son béret sur la tête et ses bottines à lacets, et s'élança vers elle, un sourire aux lèvres.

– Comment tu vas ? Ça fait longtemps, dis-moi !

Depuis le début des vacances, se surprit-il à calculer immédiatement.

– Eh bien euh, oui ! Je vais bien !

Non, mensonge. Mais Jiwon n'avait pas à le savoir.

– Que fais-tu ici toute seule ?
– Oh, on m'a posé un lapin.
– Qui est le rustre qui a osé...
– Yeonjun.

Kai dû se retenir de jurer.

– Nous devions regarder un super film ce soir, fit-elle en désignant le cinéma derrière elle. Mais je crois qu'il a oublié.

Elle haussa les épaules.

– Je m'apprêtais donc à repartir. J'ai déjà acheté les billets..., soupira-t-elle en lui tendant le ticket.

Confus, il regarda les deux petits bouts de carton qu'elle avait dans les mains et haussa un sourcil. Elle semblait dépitée, triste pour sa soirée... Mais aussi à deux doigts de tout annuler pour rentrer chez elle sans voir ce film qui semblait lui donner très envie. Sans trop savoir d'où lui venait cet élan de bravoure, Kai releva la tête, sûr de lui et lui lança un sourire immense :

– Jiwon, si le film te tient à coeur... Je t'accompagne.
– Vraiment ?
– Oui, vraiment.
– Oh mais je ne voudrais pas -
Tu tu tu ! Je ne faisais rien de ma soirée !
– Merci, merci énormément !

Elle l'agrippa par le bras avant de le tirer en avant, son sourire retrouvé. Il se laissa guider jusque dans le cinéma, des étoiles dans les yeux. Il n'avait aucune idée du film exact qu'ils allaient désormais voir, ni même de si ce genre de film lui plaisait réellement ou non mais... Il se sentait soudain plus léger, loin de tous ses tracas.

– Tu veux quelque chose à grignoter ? C'est moi qui offre ! clama-t-elle joyeusement.
– Euh, tu as déjà acheté les billets...
– On s'en fiche ! Sélectionne ce que tu veux !


Quelques minutes plus tard, ils étaient confortablement installés dans de beaux fauteuils sombres, placés au centre de la salle. Entre quelques explications sur le film qu'ils s'apprêtaient à voir, Jiwon piochait dans le gros pot de pop-corn qu'ils avaient acheté, le sourire aux lèvres.

– Jiwon, je peux te confier quelque chose ?
– Vas-y ?
– Je ne suis pas retourné au cinéma depuis la dernière fois que nous y sommes allés ensemble avec Soobin. Ça m'avait manqué, souffla-t-il d'un ton rêveur.
– Vraiment ? Oh !
– Alors merci pour l'invitation...
– Oh mais Kai, on se refait des cinémas quand tu veux, tu sais ? Pas besoin d'attendre que monsieur Choi me plante, rigola-t-elle.

Il s'efforça de rire aussi – son sourire était contagieux – mais ne put s'empêcher d'être attristé en sentant une pointe de rancœur dans sa voix. Il avait l'impression que ce n'était pas qu'une première fois pour la jeune femme, et que sa patience commençait à atteindre ses limites.

– Comment ça se passe entre vous d'ailleurs ?
– Oh, tu sais... Il est étrange ces derniers temps. J'ai peur qu'il m'oublie...
– Comment pourrait-il t'oublier Jiwon ?
– Oh, euh...

Elle étouffa un petit rire avec une nouvelle poignée de sucreries.

– Nous avons un projet en commun, et j'ai si peur qu'il termine finalement par me tourner le dos... Je ne lui en voudrais pas, mais je voudrais savoir une bonne fois pour toutes si cela le gêne que nous restions amis, ou si j'ai une chance de... Enfin, tu vois ?

Kai haussa un sourcil.

– Tu l'aimes toujours ?
– C'est compliqué, ronchonna-t-elle. Les sentiments c'est toujours compliqué. J'étais bien avec lui, vraiment. C'est un petit ami en or.

Son cœur se serra en entendant ces mots.

– Je n'en sais rien, pour être honnête, reprit-elle. J'ai tout simplement envie de rester en contact avec lui. Ce n'est pas une personne que je veux perdre.
– Je vois. Tu lui as déjà dit tout ça ?
– Oui.
– Alors laisse-le mariner, il est lent à la détente.

Jiwon esquissa un sourire amusé.

– Le film va commencer, on en reparlera plus tard !

Elle lui lança un clin d'œil, et Kai se tassa un peu plus dans son fauteuil, à la recherche de la position idéale.

Il fut incapable de mettre le doigt sur ce que Jiwon lui avait fait, mais ce soir-là fut le premier où il ne regretta pas l'absence de Soobin. Pas un seul instant, il s'inquiéta à outrance de ce qu'il faisait. Pas un seul instant, il se surprit à penser que Soobin lui manquait cruellement pendant sa soirée. Et ce drôle de sentiment lui redonna confiance. C'était une toute petite pierre à son édifice, un caillou minuscule, mais non négligeable. Il en était capable. Il pouvait ne pas s'inquiéter à chaque minute pour lui. Il pouvait s'en détacher sans culpabiliser. Il pouvait côtoyer d'autres personnes que son petit groupe d'amis restreint. Il passait une bonne soirée, loin de sa famille. Loin de cette chambre impersonnelle. Loin de toutes ces embrouilles. Loin du garçon qu'il était et ne parvenait pas à assumer.

Ce fut un peu troublé qu'il se fit la réflexion que Jiwon agissait un peu comme son île, et qu'il le réalisait pour la première fois depuis qu'ils se connaissaient.




─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─

Hello ! Comment allez-vous ? **  J'espère que ce chapitre vous aura plu, je preds toujours autant de plaisir à écrire les intéractions de Jiwon avec les garçons :3 J'espère en tout cas que ce chapitre vous aura éclairé sur pleins de petites choses concernant l'île et tout ~ 

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