𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝐪𝐮𝐚𝐫𝐚𝐧𝐭𝐞 𝐞𝐭 𝐮𝐧
« À court de temps »
❘✶❘
Il y a quatre ans.
Il y avait un certain nombre de choses dont Choi Yeonjun était fier. Il était fier de son statut familial. Des bonnes notes qu'il avait obtenues tout au long de sa scolarité. Il était fier de son groupe d'amis, de sa famille. Il avait été fier de sortir avec une fille formidable que tous avaient jalousée. Mais ce dont Choi Yeonjun était le plus fier, c'était de mener sa vie comme il l'entendait, du mieux qu'il pouvait. Pour une raison qui lui échappait, malgré toutes les embûches dressées sur son chemin, la réticence de ses parents quant à le laisser prendre la voie qu'il désirait... Il y arrivait. Il faisait les études qu'ils voulaient mais qui le mèneraient à ce que lui voulait. Il traçait son chemin, la tête haute et le torse bombé. Il avait ce besoin irrépressible que les choses aillent dans son sens, comme il l'entendait. Que rien ne lui échappe. Choi Yeonjun avait toujours été de ceux qui tapaient du poing le plus fort sur la table, et qui savaient s'affirmer. Choi Yeonjun détestait ne pas avoir ce qu'il désirait, haïssait ce qui lui faisait perdre son temps ou ce qui ne lui serait pas profitable dans les prochains mois.
Il savait garder la tête haute, mais surtout ce masque sur son visage que personne ne parvenait à faire exploser. Ce masque qui lui garantissait de rester de marbre. Ce masque qui ne se fissurait pas avec le temps, alors même qu'il regardait son reflet dans la glace de sa salle de bain, et qu'il en revenait toujours au même point : Choi Yeonjun se trouvait écœurant. Pourtant, il était fier. Fier de ce qu'il accomplissait et encore plus fier de le réussir. Comment rester fier quand son estime personnelle était au plus bas, tout le temps ? Choi Yeonjun avait cessé de se poser la question. Sa propre trogne le dégoûtait, mais il faisait avec. Il avait sa voix en horreur, mais il faisait avec. Il en était venu à détester la moindre parcelle de son corps, mais faisait avec. Ce qui sauvait Choi Yeonjun, c'était sa certitude de continuer à ne pas perdre de temps, et à profiter au maximum de sa vie de jeune adulte. C'était cette certitude de tout vivre à fond, pour lui, et rien que pour lui, et de ne rien regretter.
Car plus que tout, Choi Yeonjun manquait de temps, et le savait.
– Dis Yeonjun...
– Mmm ?
– Quand est-ce que tu as appris que tu allais mourir ?
Il faisait beaucoup trop chaud dans cette chambre, en ce début de soirée avec Taehyun. Pourtant janvier était un mois rude et compliqué, mais peut-être avait-il eu la main un peu trop lourde sur le chauffage. Il releva le nez de son ordinateur, et dévisagea Taehyun avec un mélange de confusion et de surprise palpable sur son visage rond. Essayant de ne pas perdre la face, il lâcha un rire nerveux, sous le regard presque courroucé de son meilleur ami. Sa question était sortie de nulle part, au beau milieu d'un moment de silence studieux.
– Mourir ? Tout le monde meurt Taehyun, je ne t'apprends rien...
Les sourcils du noiraud se froncèrent immédiatement. Mauvaise réponse, c'est ça ? Et Yeonjun sentit son palpitant battre un peu plus fort. Il se demanda s'il n'était pas en train de rêver, en cet instant, et de tout imaginer. Cela lui semblait si improbable que cette question sorte de sa bouche... Ce n'était pas le genre de question que Taehyun posait, en temps normal. Qu'un ami posait à un autre, de manière générale. Ce n'était pas une question à laquelle un être humain aimait répondre, et encore moins aimait être confronté.
Taehyun n'était pas censé savoir. Tout comme Soobin, Beomgyu, Kai, Jiwon et le reste du monde.
Oui, j'allais mourir. Comme toi, comme tous les autres. Tout le monde mourrait. Pourquoi cette question Taehyun ? Parce que tu avais deviné que moi, je partirais avant les autres ?
Pourquoi Taehyun lui posait cette question maintenant ? Ce n'était pas censé arriver. Rien dans les plans de Choi Yeonjun ne laissait présager que son meilleur ami mettrait le nez dans ses affaires les plus personnelles.
Son regard sombre ne l'avait pas quitté, comme s'il cherchait à lire en lui, et Yeonjun réalisa que quoi qu'il dise, tout était déjà trop tard. Pour une raison qui lui échappait, Taehyun savait.
– Depuis ma première année de lycée, lâcha-t-il tout bas.
Il réalisa avec peine qu'il était le premier à savoir. Le premier à qui il formulait cette triste vérité à voix haute. Mais surtout, le premier à le regarder comme ça depuis que le médecin avait posé son diagnostic devant ses parents. Il n'avait pas imaginé une seule fois que Taehyun finirait par le savoir avant tout le monde, pourtant, tout au fond de lui, la chose l'étonna peu. Son coeur se mit à battre un peu plus vite : la panique le gagnait. Alors il haussa les épaules, comme il le faisait toujours. Il reprit la lecture de son cours sur son petit ordinateur portable, mais avec beaucoup moins de concentration.
Il avait l'impression de patauger dans un rêve désagréable. Un songe où les choses allaient trop vite, à contre-courant. Un songe qu'il ne maîtrisait pas, pour son plus grand malheur. Rien de cette discussion n'avait de sens, aussi, Yeonjun se demanda s'il n'était pas réellement en train de rêver ce moment. Tout à coup, un stylo lui arriva en pleine figure, le ramenant à la réalité, et il releva la tête en jurant, les yeux grands ouverts. En face de lui, Taehyun avait blêmi, et ses yeux semblaient briller plus que d'ordinaire.
– C'est tout ?
– Quoi c'est tout...
– Tu te fous de moi ?
– Taehyun...
– Pourquoi tu ne nous as rien dit ? Pourquoi tu ne m'as rien ? Pourquoi tu fais comme si c'était parfaitement normal et que tu t'en foutais ? C'est quoi cette réaction de merde Yeonjun ?!
Il ouvrit la bouche, avant de la fermer immédiatement, incapable d'articuler le moindre le mot. Il referma doucement son ordinateur, qu'il glissa à ses côtés et passa une main tremblante dans ses cheveux. C'est quoi cette réaction de merde Yeonjun ?!
Oui, c'était quoi ?
La réaction d'un garçon que la vie avait pris au dépourvu bien trop tôt. Voilà ce que c'était. La réaction d'un garçon qui avait toujours essayé de passer outre. Qui vivait avec une épée de Damoclès au-dessus du crâne, et qui priait chaque matin pour que sa lame ne le lui fende pas tout de suite. C'était la réaction d'un garçon qui se trouvait bien trop jeune pour mourir, ou pour l'annoncer à ses plus proches amis. Celle d'un garçon qui manquait de temps, et qui voulait jouer contre la montre en faisant comme si de rien n'était.
– Taehyun...
– J'ai vu les médicaments, et j'ai fait le lien avec tous tes rendez-vous médicaux. Et la brochure pour la clinique, là, fit-il en désignant d'un geste du menton les papiers sur son bureau. Ton asthme s'est lié à tout ça, hein ?
Taehyun parlait très vite, paniqué. Et Yeonjun ne l'avait que très rarement vu ainsi.
– S'il te plaît, Taehyun... Reprends ton souffle. Calme-toi.
– Non.
– Taehyun, je suis très sérieux.
– Moi aussi.
Ce dernier s'était redressé à genoux sur son lit, les lèvres tremblantes. Il avait envie de lui dire de ne pas rendre les choses plus difficiles, qu'elles l'étaient déjà bien assez. Il le regarda s'approcher de lui, écrasant ses feuilles de notes au passage et Yeonjun releva que la situation était suffisamment grave pour que Taehyun se permette un tel geste. Taehyun leva une main qu'il posa sur sa joue, les lèvres pincées.
– Tu n'as pas le droit...
– Taehyun, je -
Et contre toute attente, il se jeta dans ses bras. Il le réceptionna du mieux qu'il put malgré sa position en tailleurs qui ne rendait pas les choses faciles. Taehyun le serra contre lui, et il lui fut incapable de passer à côté des battements de son coeur qui résonnait contre le sien. Et en cet instant, il s'en voulut. Il se détesta de le rendre aussi mal. De le sentir trembler contre lui et refréner des pleurs qui arrivaient à grands pas. De le voir dans cet état-là, tout simplement. Il ferma les yeux, le serra un peu plus contre lui. Il ne se souvenait pas un jour avoir échangé une étreinte aussi longue avec Kang Taehyun, le jeune homme qui fuyait le moindre des contacts physiques que ses amis lui offraient. Mais aujourd'hui, l'étreinte avait le goût des regrets.
– Qu'est-ce que tu as au juste ? le questionna Taehyun à voix basse.
Il semblait vouloir reprendre son souffle, meubler le vide pour ne pas craquer pour de bon.
– Ils n'en savent rien.
– Comment ça ?
– Je... Les médecins ne sont pas sûrs. C'est une pathologie que les gens de mon âge ne sont pas censés développer, alors, rien n'est sûr. Mais toi, comment tu as su que j'allais... Enfin...
– J'ai fouiné. Pendant que tu étais aux chiottes, les brochures ont attiré mon œil. J'ai vu tes fiches de rendez-vous, et tes bilans. Ce n'est pas la première fois que je me fais le commentaire que tu ne me disais pas tout. Je n'ai pas encore fait mon école de médecine, mais je sais reconnaître quelqu'un qui fait juste de l'asthme, et quelqu'un qui fait plus que ça. Et ces bilans ne ressemblent en rien à une visite de routine.
Ils se séparèrent et Yeonjun essaya de reprendre un peu de sa prestance disparue. Il attrapa ses mains minces et essaya de capter son regard, que Taehyun fuyait. Il regarda partout autour de lui, les sourcils légèrement froncés et Yeonjun connaissait bien ce regard : c'était celui d'un garçon qui cherchait une solution à un problème qui n'en possédait pas.
– Taehyun, s'il te plaît.
– Il doit bien y avoir une solution.
– Ce sont mes poumons qui déconnent Taehyun. Il n'y a pas grand-chose à faire. Je me sens déjà chanceux de pouvoir faire ce que je veux de ma vie, de ne pas être encore inapte à respirer comme je le veux, à ne plus pouvoir danser... Je peux voir mes amis, faire du saut en parachute si j'en ai envie... Et m'envoyer en l'air.
Taehyun esquissa un sourire, et Yeonjun soupira, soulagé de voir qu'il avait réussi à lui arracher un sourire.
– Désirs futiles, tu dis n'importe quoi. Ton cerveau est lui aussi attaqué je crois, souffla Taehyun.
– Eh !
– Tu me tends des perches, je les saisis.
Mais à nouveau, le visage de son meilleur ami s'assombrit. Il le regarda triturer un de ses stylos, anxieux. Il eut envie de lui promettre que tout irait bien, qu'il n'avait rien à craindre. Que rien ne changerait, et qu'il serait toujours là. Mais tout cela était faux, Yeonjun le savait, et Yeonjun ne savait plus quoi dire ni penser de la situation.
– Ne le dis pas aux autres...
– Même Soobin ?
– Surtout Soobin.
Taehyun soupira.
– Tu me mets dans une position délicate.
– Taehyun, s'il te plaît. Promets-le-moi.
– Tu ne veux pas qu'ils te regardent comme je te regarde, c'est ça ?
– Tu as tout compris.
– Je suis désolé, je ne le ferais plus.
– Taehyun...
– On trouvera une solution.
– Il n'y a p-
– Il y en a toujours.
Le regard que lui lança Taehyun à cet instant le fit blêmir.
– Je t'interdis de mourir, c'est bien clair ?
Il opina du chef, ne trouvant pas comment réagir à une telle interjection.
– Je ne te laisserais pas partir toi aussi.
Toi aussi. Ce ne fut qu'en cet instant que Yeonjun réalisa qu'il n'était pas le seul. Il y avait Beomgyu pour qui il se battait quotidiennement, mais pour qui il ne pouvait rien faire. Et puis... il y avait son père. Un père qui avait quitté sa vie trop tôt, de manière trop brutale. Jamais Taehyun n'avait, à lui ou aux autres garçons, fait le récit de cette journée épouvantable. Mais, les rares fois où elle avait été mentionnée, même un peu, avait suffi à Yeonjun pour savoir que l'évènement avait causé bien plus de troubles chez Taehyun qu'il ne voulait l'admettre. Il baissa ses yeux brillants et soupira tristement. En cet instant, il s'en voulait encore plus. Tu n'as pas à revivre ça une seconde fois Taehyun, j'en suis désolé ; sincèrement désolé. Son « toi aussi » résonna de manière différente à ses oreilles. Oui, lui aussi. Lui aussi allait le quitter plus tôt que prévu. Lui aussi ne ferait plus partie de sa vie, bien trop tôt. Et en cet instant, il ne passa pas à côté des larmes qui venaient de lui échapper.
– Taehyunie...
Il l'attira à nouveau contre lui.
– J'ai dû faire quelque chose d'horrible dans une autre vie pour perdre les gens que j'aime de cette manière, murmura-t-il.
– Ne dis pas ça, tu es une personne incroyable
– Alors pourquoi, hein ? Pourquoi tu dois t'en aller aussi Yeonjun ?
– Je...
– Tiens encore quelques années Yeonjun. Je te promets que je trouverais quelque chose. Je tiendrais le rythme, tu verras, je vais tenir ces études de malade, et je...
Le reste de ses mots se noyèrent dans sa gorge et contre lui, Yeonjun esquissa un sourire désolé.
Il était là son plus gros souci : il ne pouvait pas tous les sauver. Mais ça, Taehyun s'entêtait à se le répéter. Encore et encore. Persuadé qu'il parviendrait à changer le cours des choses.
Mais personne ne pouvait changer le cours du temps, pas même un esprit brillant.
❘✶❘❘✶❘❘✶❘
Yeonjun soupira et fit signe à ses parents de rentrer sans lui. Il les regarda grimper dans leur voiture, zyeuta une dernière fois la main de sa mère reposant sur son ventre légèrement bombé, et soupira. Malgré les temps difficiles et les derniers jours compliqués pour lui, elle gardait le sourire. De son côté, Yeonjun faisait tout son possible pour l'inquiéter le moins possible. La rendre nerveuse n'était ni bon pour elle, ni le bébé. Et aujourd'hui, la consultation s'était bien passée, mieux que toutes les autres, et pour la première fois depuis des années, Yeonjun avait entrevu une lueur d'espoir. Pas de dégradation. Une stabilisation. Pas pour longtemps, certes, mais toutes les années – ou mois – qu'on lui promettait en plus de celles qui lui restaient étaient bonnes à prendre. Il s'apprêtait à enfiler ses écouteurs et se plonger dans un de ses morceaux favoris du moment quand tout à coup, une masse sombre se planta devant lui, lui arrachant un cri de surprise.
– Alors, bilan ?
– BORDEL TAEHYUN !
Kang Taehyun se tenait devant lui, son habituel air flegmatique sur le visage. Il avait les mains dans les poches de son pantalon noir droit, un pull au col rond sur le dos et Yeonjun nota qu'il avait encore ses affaires de cours sur ses épaules.
– Attend, comment tu savais que...
– J'ai mémorisé les dates de tes futurs rendez-vous l'autre jour.
– Putain...
– Alors ?
– Tu es terrifiant. Fascinant, mais terrifiant.
– Il n'y a rien de fascinant à avoir une bonne mémoire, cela peut même nous causer du mal, de temps en temps... Mais là n'est pas la question. Alors ?
– Alors je vais bien bordel... Tu... Bordel.
Taehyun fronça légèrement ses sourcils fins, et laissa échapper un soupir.
– Bon, tant mieux. J'ai fait quelques recherches, tu sais.
– Oh non, Taehyun, je t'en prie...
– Vous avez pensé aux greffes ? En fonction de ce que tu as, bien sûr. Je n'ai pas ton dossier sous les yeux et je -
– Tu ne l'auras jamais, marmonna-t-il.
– Et je ne connais pas l'ampleur des dégâts, mais cela ne pourrait-il pas être une solution ?
– Mes parents peuvent pas, et ce genre de greffes coûte affreusement cher et sont quasi impossible à cause de la faible part de donneur. Mais ce n'est pas la question puisque ce n'est pas envisageable, Taehyun.
– Je pourrais donner !
– Stop.
Yeonjun s'arrêta au milieu du trottoir sur lequel ils s'étaient mis à marcher. Taehyun allait lui faire perdre la tête, et sa bonne humeur naissante sans même le vouloir.
– Taehyun, arrête-toi immédiatement, gronda-t-il.
– Mmm ?
– Tu es en train de délirer.
– Pas du tout.
– Bien sûr que si ! Regarde-toi ! Tu t'entends déblatérer tes absurdités là ?
– Ce ne sont pas des -
– Tais-toi ! Je ne veux plus t'entendre. Je refuse que tu te pourrisses la vie en pensant à tout ça. Focus sur tes études.
– Mais je -
– Pitié. Je t'en conjure.
Taehyun le regarda avec des yeux ronds, et Yeonjun sentit son coeur se serrer un peu plus. Tu ne peux pas, hein ? C'est ça ?
– Je ruine déjà le quotidien de mes parents Taehyun. Je leur bousille la vie à chaque fois qu'ils voient ma tronche quelque part et que je leur rappelle que leur seul gosse ne passera jamais la trentaine. S'il te plaît, fait... Essaye de faire comme si tu n'avais jamais su, d'accord ? Je refuse de ruiner ta vie comme ça, c'est compris ?
Taehyun baissa les yeux, penaud, et Yeonjun lui tapota une épaule en soupirant.
– Désolé, je ne veux pas te sembler rude ou quoi que ce soit...
– Non, tu as raison. Il faut l'être avec moi quand je m'emballe comme ça. C'est juste que... Je refuse d'assimiler la nouvelle, tu vois ?
– Il m'a fallu des mois pour comprendre que c'était très sérieux, je te comprends, crois-moi.
– C'est pour ça que tu n'en veux pas de ce bébé, hein ?
Yeonjun esquissa un sourire, faussement amusé. Le bébé de l'espoir. L'enfant qui lui, aurait toute une vie complète devant lui. L'enfant en bonne santé, l'enfant qui rendrait fiers sa famille et ses parents. Il haussa les épaules, et ils se remirent à marcher.
– Je comprendrais.
– Vraiment ?
– Parfaitement. Je comprends mieux ta peur d'être soudainement remplacé.
Il souffla par le nez, avant de lâcher un rire jaune, teinté d'amertume. Si seulement tu pouvais comprendre l'étendue de la peur que ce gosse me procure. Mais Yeonjun ne disait rien. Attrister sa mère était la dernière de ses volontés. Il voyait et ressentait bien tout l'amour qu'elle lui donnait avec son père. Il voyait à quel point elle faisait en sorte de le rassurer, de lui promettre que la venue de ce nouvel enfant ne changerait rien à tout l'amour qu'ils lui portaient. Yeonjun ne demandait qu'à la croire.
– Yeonjun ?
– Mmm ?
– Ne dis plus jamais que tu ruines le quotidien de qui que ce soit. Ce n'est pas vrai. Je ne regretterai jamais d'être venu vers toi ce jour-là pour cet exposé.
– Ne parle pas trop vite, rigola-t-il.
– Et quand bien même tu parviens à prendre tout ça avec le sourire et à garder cette façade... Sache que je serais toujours là, ok ? Je ne te lâcherais pas. Quoi qu'il arrive.
– Tu me le promets ?
Il était sérieux en cet instant. Je ne veux pas me retrouver tout seul. S'il te plaît. Taehyun s'était à nouveau arrêté, puis tourné vers lui, un air parfaitement sérieux sur le visage. Il leva son petit doigt, un sourire malicieux pointant le bout de son nez sur son visage fin.
– Promis.
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Choi Yeonjun l'avait voulu, Choi Yeonjun l'avait. Son rendez-vous seul à seul avec Soobin. Il passa une main dans ses cheveux sombres, un peu anxieux, et ajusta son pull vert émeraude. Il se demanda si sa tenue n'était pas trop formelle, trop éloignée de son style habituel... Il se gratta la gorge et jeta un œil à ses cernes immenses. Il avait tenté de les camoufler tant bien que mal, mais force était de constater que ces dernières restaient bel et bien visibles. Il soupira, agacé d'avoir passé une nuit absolument infâme avant son rendez-vous. Il avait très peu dormi, incapable de succomber réellement au sommeil. Il avait repensé à Taehyun, à son visage dévasté, et à cette peine immense qu'il avait essayé de camoufler après sa confession. Il avait culpabilisé toute la nuit, incapable de fermer réellement les yeux, et de penser à autre chose.
– Tu vas voir Jiwon ?
Il sursauta, surpris par la voix derrière lui. Son père se tenait là, dans l'encadrement de sa porte de chambre, et Yeonjun lui adressa un sourire nerveux.
– Euh, ouais...
– Passe-lui le bonjour, et n'oublie pas de lui dire qu'elle est la bienvenue pour dîner un soir à la maison.
– Je n'y manquerais pas, souffla-t-il.
Yeonjun attrapa son sac et le salua d'un geste simple de la tête, sans aucune envie de s'attarder à parler de la jeune femme. Il salua à peine sa mère, en pleine discussion avec leur voisine qui ne manqua pas de lui lancer un sourire immense et intéressé. Il n'avait jamais aimé cette bonne femme à la langue de vipère, trop portée sur les études et la réussite de ses propres marmots.
– À ce soir ! Ou demain !
– Tu ne comptes pas dormir ici ? lui glissa son père juste avant qu'il ne referme la porte.
– Euh, si, bien sûr.
– Très bien. Reste raisonnable mon garçon.
Il se retint de lever les yeux au ciel et enfin, referma la porte de chez lui. Si tu savais papa.
La neige avait recouvert les trottoirs et les arbres en deux jours à peine. Désormais, Séoul dormait sous un manteau blanc, frigorifiée, comme chaque année en cette période. Un bonnet sur la tête, et une écharpe épaisse autour du cou, Yeonjun se dirigeait vers l'endroit que Soobin lui avait indiqué la veille. Il savait que le jardin du matin calme était, en cette saison, l'un des parcs de Séoul les plus agréables à visiter. Il se souvenait s'y être rendu plusieurs fois par le passé avec ses deux parents. Comme il s'y attendait, Soobin l'attendait à l'entrée du parc, dans son long manteau bleu marine. Il semblait un peu perdu, le regard ailleurs, le nez levé vers le ciel et ses couleurs hivernales. Mais en le voyant, son visage rond s'illumina immédiatement.
– 'lut !
– Salut !
– Très sympa comme endroit !
– Oh, et tu n'as pas tout vu ! J'adore y aller avec mes parents. On y pique-nique plusieurs fois dans le mois quand les températures sont agréables !
Yeonjun esquissa un sourire. Tout le monde dans la bande savait ô combien Soobin et ses parents partageaient une relation fusionnelle et emplie d'amour. Yeonjun avait beau avoir de l'estime pour les siens, et les aimer, il savait que la relation de Soobin et de ses parents détrônait tout. Il émanait de leur trio familial un sentiment de sécurité et d'amour unique, propre à eux.
– J'ai fait mes premiers pas dans ce parc, rigola-t-il.
– Vraiment ?
– Tu aurais dû voir ma mère... Mon père était en train de filmer ce moment, et elle s'est mise à hurler, et à danser. Les gens l'ont prise pour une tarée.
Yeonjun esquissa un sourire amusé, étrangement, il n'avait aucun mal à imaginer la scène.
– On y va ?
Il opina du chef et le suivit sans sourciller, les mains dans les poches. Il pouvait sentir son énergie à des kilomètres à la ronde, et d'aussi loin qu'il se souvienne, Soobin avait rarement été aussi bavard avec lui, et simplement lui. Aujourd'hui, il ne l'arrêtait plus. Il l'écoutait parler des souvenirs d'enfance qu'il avait ici – il en avait beaucoup et Yeonjun ne put s'empêcher de tous les trouver adorables –, des endroits à visiter plus en profondeurs lors des beaux jours, des fleurs et des arbres...
– Au fond, j'y connais rien du tout, je fais juste genre, lui glissa-t-il tandis que Yeonjun se penchait vers l'une des rares fleurs fleuries de la saison.
Il éclata de rire, et il l'imita immédiatement. Le rire de Soobin avait quelque chose de rassurant. Quelque chose qui lui réchauffait le cœur, et qui lui faisait instantanément oublier le reste. Visiblement heureux de l'entendre rire à son tour, les yeux du plus grand se mirent à briller de plus belle.
– Oh, je sais ! Viens !
Il l'agrippa par la manche de son manteau et se mit à courir dans la neige, riant aux éclats. Ne cours pas quand il fait trop froid, tu sais dans quel état cela te met. Yeonjun le suivit sans hésiter, les mains désormais hors des poches, un sourire immense sur le visage. Il n'avait aucune idée de l'endroit que voulait lui montrer Soobin, mais sa curiosité l'emporta. Je serais d'avis pour que votre fils limite, dans la mesure du possible, les sorties lorsque les températures deviennent trop froides.
– Ici ! C'est magnifique !
Et Yeonjun ne put qu'être d'accord. Légèrement essoufflé, les joues rouges, il se stoppa avant le petit pont devant lequel se tenait Soobin.
– J'adore cet endroit, lui lança-t-il.
– Avance-toi un peu, souffla Yeonjun.
Soobin arqua un sourcil et fit quelques pas sur le petit pont encore recouvert de neige vierge.
– Ne bouge pas !
Maladroitement, il attrapa et déverrouilla son portable.
– Je peux ?
– Me prendre en photo ?
– Ouais.
– Je ne suis pas le meilleur des modèles, bafouilla-t-il.
– Ne dis pas n'importe quoi.
Soobin haussa les épaules, et avec une moue faussement boudeuse, posa au milieu du pont en bois.
– Comme ça ? Ou comme ça ? Je ne sais pas prendre la pose...
– C'est bon, j'ai.
– Hein ?
Il esquissa un sourire devant ses photos.
– Je suis hideux, c'est ça ? Elles rendent mal ?
Non, tu es parfait, comme toujours. Soobin se rapprocha et se pencha vers son appareil, curieux. Il émit un petit sifflement admirateur et releva le nez vers lui. La peau de ses joues et du bout de son nez avait rougi légèrement à cause du froid, et Yeonjun ne put s'empêcher de le trouver adorable en cet instant. Une partie de lui avait cette envie pressante de déposer ses lèvres sur ce beau visage, si près de lui. Une autre lui hurlait que le lieu était public, et que n'importe qui pouvait les voir. Et que...
– Yeonjun ?
– Ouais ?
– Je pourrais les poster ?
– Ne me mentionne pas, c'est tout.
– Oh, oui... Je te laisserai anonyme si tu veux.
– Merci.
Je ne veux pas laisser de traces inutiles.
– Je peux te prendre en photo aussi ? Devant le bosquet gelé ?
– Euh, eh bien...
– S'il te plaît !
En le voyant trépigner dans la neige, Yeonjun n'eut pas le cœur de le lui refuser.
Ils passèrent une bonne heure dans le jardin du matin calme avant de finalement trouver refuge dans un petit café-restaurant. Et Yeonjun avait l'impression de vivre un drôle de rêve, avec Soobin à ses côtés, qui faisait défiler toutes les photos qu'il avait prises lors de leur sortie. Beaucoup de paysages, mais aussi quelques-unes de lui. Il se plaignit un peu de n'en avoir aucune d'eux deux ensemble, et Yeonjun lui marmonna que cela n'était que partie remise. Une fois leurs entrées bouillantes sous le nez, Soobin se jeta dessus, comme une bête affamée.
– Eh bah..
– Je meurs de faim !
Pourquoi avait-il encore envie de sourire bêtement ? Il se refréna et attrapa ses baguettes, regardant avec envies les petits plats qu'ils avaient commandés. De temps en temps, entre deux bouchées, Soobin lui glissait à quel point il était heureux de l'avoir juste là, à ses côtés, et Yeonjun essayait de ne pas trop bafouiller en répondant. Il hésitait toujours sur les mots à employer, aux gestes à avoir... Mais au fond de lui, il devait bien admettre que Soobin rendait les choses plus simples. Il se sentait un peu plus léger, loin de ses tracas, qui pourtant, n'étaient jamais bien loin. C'était tout le problème dès qu'il passait un trop bon moment. Il y avait toujours cette petite voix qui lui susurrait de ne pas trop s'y habituer, et que tout pouvait se terminer demain.
– Tu dois rentrer à une certaine heure ?
– Oh, euh, du moment que je rentre dormir, lui répondit Yeonjun.
– Cool, j'ai trop envie d'aller à la Tour de Namsan !
Il ne fut qu'à moitié étonné de l'idée. Jiwon lui avait répété plein de fois que l'endroit offrait – de jour comme de nuit – une vue imprenable sur la ville.
– Avec plaisir !
– Mais d'abord, dessert !
Il rigola en le voyant se pencher sur la carte des mets sucrés.
– Au fait; comment se passent tes études ?
– Euh, bien pour le moment. Je tiens le rythme.
Soobin l'écoutait parler, la bouche pleine et les joues rebondies, lui arrachant un sourire attendri. À bien y réfléchir, ses études lui plaisaient plutôt pas mal. Elles étaient intéressantes, assez pour capturer son attention pendant ses journées de cours, et le motiver à rendre ses devoirs à l'heure. Il n'avait pas vraiment essayé de nouer quelques liens avec ses nouveaux camarades, se contentant de ses anciennes connaissances de lycée, mais surtout, de ses plus proches amis.
– J'ai tellement hâte de goûter à ma vie étudiante !
– Vraiment ?
– Ouais, ça a l'air tellement plus fun que le lycée...
Yeonjun haussa les épaules ; il pouvait parfaitement comprendre cette impatience.
– Tu sais ce que tu vas demander déjà ?
– Non, pas du tout. J'ai encore un peu de temps !
Yeonjun acquiesça.
– Tu... Tu comptes rester sur Séoul ?
– Je me vois mal repartir, j'ai eu tellement de mal à me faire accepter...
Yeonjun eut bien du mal à dissimuler sa joie, et Soobin ne passa pas à côté. Il le regarda, surpris, et pencha légèrement la tête sur le côté.
– Tu... ça te rassure ?
Il haussa les épaules et se leva, et, voyant que Soobin avait terminé sa ribambelle de desserts, lui lança :
– J'vais payer !
– Eh !
– Tu tu tu, je suis le plus âgé à cette table ! J'offre !
– Seulement de trois mois, grommela Soobin qui capitula pourtant très vite.
Yeonjun eut envie de se plaindre pendant tout le trajet. Pourtant, à chaque fois, le rire de Soobin le rattrapait. Mais monter les escaliers dans ce froid, après une bonne heure de métro pour les mener àl'autre bout de Séoul, ne lui réussissait pourtant pas.
– Quand les beaux jours reviendront Yeonjun... Il faudra que je vous amène dans un coin que j'adore avec les garçons !
– Oh ?
– Nous n'avons jamais eu l'occasion de bouger réellement tous les cinq, ça serait l'occasion !
– Avec plaisir Soobin !
Enfin, ils y étaient. Au premier point de vue de cette tour que Soobin lui avait vendue sous toutes les coutures. Il le voyait se retenir de lui attraper la main à chaque minute qui passait, se retenir de le serrer dans ses bras aussi. Et son coeur se serra un peu plus. Il avait imposé ces barrières entre eux. Et quelque part, il se sentait soulagé que Soobin les respecte sans broncher. Il se rapprocha du bord, émerveillé par le jour qui déclinait, et la vue magnifique qu'il avait en cet instant sur sa ville natale. Soobin s'accouda à la barrière, juste à côté de lui, et se plongea lui aussi dans une contemplation silencieuse. La neige qui tombait du ciel rendait le spectacle d'autant plus beau, et Yeonjun ne put s'empêcher de trouver tout cela absolument magnifique. Il s'émerveillait avec mal devant les choses simples pourtant. Il n'avait jamais été très fan des moments de silence où l'on contemplait juste ce que la ville ou la nature avait à offrir. Mais ce soir-là, il apprécia. Il apprécia leur seule présence. Il apprécia ce spectacle, le vent léger dans ses oreilles. Le froid ne l'atteignait plus vraiment, lui et son corps défaillant.
– J'ai l'impression d'être le personnage principal d'une série, souffla Soobin.
Amusé, Yeonjun haussa un sourcil.
– Ah ouais ?
– Ouais. Tu sais, le personnage un peu rêveur, perché tout en haut de la tour avec son crush qui regarde la neige tomber.
Yeonjun laissa échapper un rire gêné, et Soobin sembla réaliser soudainement les mots qu'il venait de prononcer.
– Pardon, je ne voulais pas...
– Ce n'est rien, marmonna-t-il.
Il le savait déjà, à quoi bon le cacher ? Ce n'était plus un secret pour lui que Soobin était attiré par sa personne. Ni pour personne, il en était persuadé. Pour que la scène soit digne d'une série, il faudrait que tes sentiments soient réciproques, hein ? Yeonjun déglutit. L'étaient-ils ? Il avait envie d'y croire, très fortement.
Mais il en était incapable. Il avait reporté son attention sur les lumières nocturnes, le regard peiné. Il lui était impossible de l'aimer en retour. Quelque chose en lui l'empêchait de pleinement le réaliser. Ce même petit quelque chose qui lui soufflait que dans un mois, tout pouvait très bien s'arrêter si son état se dégradait brusquement. Si les calculs des médecins n'étaient finalement pas bons.
Choi Yeonjun vivait au jour le jour, à fond, mais pas pour Soobin.
Il se l'interdisait formellement. Il gardait cette distance sciemment, espérant que Soobin ne se mettrait jamais à espérer plus. Espérant faire passer tout ce qu'ils vivaient pour une simple passade. Je crève d'envie de plus, si tu savais. Mais s'il cédait maintenant, et que tout lui échappait du jour au lendemain... Je ne te rendrais jamais heureux.
Et c'était pour ça qu'il ne le lui dirait jamais, il s'en était fait le serment.
Tout sera moins douloureux si je ne prononce jamais ces petits mots dont tu rêves, hein ? Je partirais, et tu vivras avec le soulagement que tes sentiments n'étaient pas réciproques. Que tu méritais mieux. Il soupira, soudain peiné par toutes ses idées noires qui revenaient à la charge. Pourquoi avait-il fallu que tout tombe sur le garçon à ses côtés ? Pourquoi avait-il fallu que Soobin jette son dévolu sur lui ? Pourquoi avait-il fallu que Soobin réussisse à piquer son cœur de manière aussi juste ?
– Yeonjun, à quoi tu penses ?
– À nous.
Et malgré tout, malgré ses émotions contraires, ses envies, sa peur de tout perdre du jour au lendemain... Yeonjun ne pouvait s'empêcher de penser : et pourquoi pas ? Soobin avait envie de lui ? Il crevait d'envie, de son côté, d'expérimenter cette drôle d'aventure presque fantasque... Alors et pourquoi pas. Si je ne m'engage à rien...
– À nous ?
– Oui, enfin, je... Ne te fais pas d'idée, je... raaah. Putain.
Il sentit une main lui tapoter maladroitement le haut du dos, et soupira.
– Ne t'en fais pas. Je ne compte pas te forcer la main ou quoi que ce soit. Mais dis-moi juste si je dois arrêter de me faire des idées maintenant. Ou si je peux espérer échanger d'autres baisers avec toi sous un lampadaire.
Un sourire lui échappa en se remémorant ce dernier baiser. À Soobin aussi les détails de cette soirée-là ne lui avaient pas échappé.
– J'en ai envie, si tu savais, murmura-t-il.
C'était vrai.
– Mais...
– On ira à ton rythme.
– Soobin...
Choi Yeonjun se demanda à quel point il était amoureux de lui pour paraître si déterminé. Pour mettre de côté tout ce qu'il ressentait. Jusqu'où Soobin accepterait d'aller pour être avec lui, rien que lui, un tout petit peu. Pour rêver d'un semblant de relation. Il fut incapable de résister à son sourire encourageant et à ses yeux brillants. Incapable de résister à tout ce que Soobin émanait. Il baissa les yeux et contempla leurs doigts qui se frôlaient à peine. Soobin semblait si sûr de lui en cet instant. Lui, ne savait plus où donner de la tête. Il y avait cette partie de lui qui lui soufflait de tout envoyer valser de cette maladie qui lui pourrissait la vie. Et cette autre, plus sournoise, qui rappelait que tout ça ne rimait à rien.
– Si tu veux.
❘✶❘
Si tu veux.
Yeonjun enfonça ses poings sur ses yeux et laissa échapper un râle mécontent, allongé sur son lit. Mais quelle mouche l'avait piqué ? Il avait parlé et pensé trop vite comme toujours. Il avait saisi une opportunité de se lancer dans quelque chose de nouveau, sans penser un seul instant aux conséquences. Avec Soobin. Il n'avait vu que l'opportunité de vivre quelque chose d'inédit, une nouvelle fois. Quelque chose de grisant et d'interdit. Quelque chose qui ferait battre son cœur un peu plus fort, qui lui insufflerait un semblant de vie. Il n'avait pensé qu'à lui sur le moment, poussé par sa curiosité.
– Fais chier, soupira-t-il.
Et il y avait Jiwon, qui attendait. Jiwon qu'il faisait attendre et espérer. Jiwon qu'il refusait de lâcher, qu'il avait peur de voir partir s'il lui faisait disparaître tout espoir de se remettre ensemble. Il relaissa tomber ses bras le long du corps, les yeux rivés sur son plafond et lâcha un rire sans joie. Il se trouvait pathétique dans ses pires moments.
– Tu vas le regretter...
Il glissa une main sur sa poitrine et empoigna le tissu qui la recouvrait.
– Je ne pourrais pas crever maintenant s'il vous plaît ? Faites-moi disparaître putain.
Une larme lui échappa et un nouveau rire fade l'accompagna.
– Vous voyez bien que je fous toujours tout en l'air, c'est pathologique bordel, sanglota-t-il.
Il ne savait pas réellement à qui il s'adressait, s'il y avait bel et bien un ou des dieux au-dessus de sa tête qui l'entendaient.
Le visage de Soobin s'imprima dans son esprit et, entre deux sanglots, il esquissa un sourire rassuré. Ne me lâche pas. Il relâcha le tissu de son tee-shirt et prit une profonde inspiration, avant de fermer les yeux. Ne te pose plus de questions, et fonce. Soobin lui avait dit, à son rythme. Soobin lui plaisait. Il ne savait pas pourquoi. Mais ce fut le constat qu'il se fit ce soir-là dans sa chambre. Mais désormais cela sonnait comme une évidence.
─ 𝐊𝐔𝐊𝐈𝐇𝐈𝐌𝐄 𝐓𝐈𝐌𝐄 ─
ENFIN. Oh bon sang, depuis le temps que je l'avais sur le feu celui-là, et qu'il me tardait de le poster... Pour moi, en terme d'écriture, ce chapitre me fait revivre ! Plus besoin de pirouettes par miliers pour écrire avec le pvd de ce personnage, je peux désormais mettre des mots sur ce qui passe dans sa tête :3 BREF.
J'espère que ce chapitre un peu plus long que la normale vous aura plu ! :D Comme toujours, merci d'être toujours au rendez-vous, et de vos retours positifs, construits et motivants sur cette fiction !
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